Un petit Albator, histoire de se faire plaisir et de renouer avec les mangas qui ont bercé mon enfance


Titre : Le 42ème passager

Thème : caché en pleine lumière

Fandom : Albator

Personnages : Albator/Tochiro

Rating : G

Disclaimer : Ce manga qui a bercé mon enfance, est la création de Rin Taro (réalisateur) et de Kazuo Komatsubara (dessinateur)


Parfois, lorsque je réussis à voler quelques heures de répit à ces temps de guerre, je laisse mon esprit s'égarer dans le passé. Les souvenirs affluent à travers moi comme les vagues s'échouent sur les rivages bleutés de l'ilot de l'Ombre Morte et je suis submergé comme toujours par leur intensité. Amitié perdue, absence douloureuse des êtres aimés, regrets d'un autre temps, solitude…

L'esprit ailleurs, je quitte alors la salle de commandement et parcours le Corsaire de l'Espace d'une foulée lente mais assurée. J'aime l'Atlantis. Sa ligne harmonieuse de vaisseau pirate, son étendard qui jette une ombre sur le cœur de mes ennemis, ses canons qui jamais ne ratent leur cible, sa force de frappe infaillible, le tranchoir de proue, qui reste la terreur des mers sidérales et surtout, son âme.

L'Atlantis est un peu comme une amante qui ne s'attache jamais mais hante mes pensées. Indomptable mais soumise à mes volontés, indépendante mais liée à moi par des liens plus sacrés que le mariage.

Lorsque le silence de l'espace est trop lourd à supporter, lorsque l'éclat des étoiles me paraît bien pâle, lorsque ces souvenirs m'oppressent, je marche dans les couloirs de l'Atlantis. J'effleure les parois glacées de mon vaisseau d'une caresse légère, comme je le ferais sur les courbes tendres d'une femme puis souris en sentant cette vibration étrange sous mes doigts pourtant gantés. Inconsciemment, mes pas me dirigent vers l'ordinateur central de l'Atlantis, vers mon passé, vers mes souvenirs.

L'impatience me gagne, je franchis les sas blindés avec un pincement à la poitrine et ma respiration devient plus rapide. La porte s'ouvre sur mon passage et enfin, je le retrouve.

Pour un étranger, l'ordinateur n'est que cliquetis et lumières clignotantes, une machine de métal qui ronronne légèrement sans jamais s'arrêter. Mais pour moi, il est plus que cela. Derrière ces lumières et cette cuirasse métallique, il y a autre chose, un secret enfoui au plus profond de mon être. Une blessure, une réminiscence, un regret. C'est un cœur qui bat dans un géant de fer, c'est un souffle de vie qui nous insuffle sa force, c'est mon ami, mon compagnon d'armes…

L'âme de l'Atlantis.

J'entre et les lumières se mettent aussitôt à scintiller.

Il sait que j'allais venir. Il sait tout de moi. Lorsqu'il vivait, nous étions un, indestructibles. Lorsqu'il est mort, il a rendu ce vaisseau indestructible.

Je m'approche lentement, retire mon gant et pose ma paume sur le métal. Comme toujours, le froid de l'acier ne m'atteint pas et mon cœur se réchauffe sous ce contact tandis que l'ordinateur se met à frissonner.

Et je reste là, immobile, à savourer cette caresse entre moi, le Capitaine et lui, mon ami, mon frère, le 42ème passager.