« - Fuckfriend ?! »

- … Oui.

Sous l'effet de cette déclaration, il resta scié, presque livide. Certains auraient rougis, lui non. Il supportait difficilement cette nouvelle et préférait sur le coup garder ses distances physiques. Ce n'est pas que le jeune homme aimait faire preuve d'étroitesse d'esprit, seulement le type devant lui aux cheveux rouges cerise en pétard, ne l'attirait, mais alors pas du tout !

« - Renji.. Tu.. Tu te rends comptes que tu me demandes de …coucher avec toi ? »

Il semblait réfléchir. Comment ce dernier pouvait expliquer à son homologue de la neuvième division qu'il avait besoin de son corps, troublant besoin que de vouloir le sentir sous lui toutes les nuits. Ce n'était pas bien mal aisé en soi, néanmoins la mine septique d'Hisagi Shuuhei empêchait toute approche, se demandant s'il fallait aller plus loin dans ses propos. Il se ravisa finalement sous ce regard où une lueur meurtrière y dansait au beau milieu, et obliqua sans plus attendre son visage vers.. un autre point ... un ailleurs, afin de fuir le jugement du brun.

Puis, sous un silence de plomb, menant leur sujet à un vertigineux vide, il prit les devants et quitta la chambre du vice-capitaine.

Quelques jours plus tard, le beau et amoureux Renji évitait du mieux qu'il pouvait un certain brun ténébreux au regard assassin, tandis que la personne en question s'entraînait avec son éternel compagnon : Kira Izuru. Il l'avait connu à l'Académie, ils étaient devenus tous les deux Lieutenants, et les évènements avaient naturellement agis sur leur relation, au point de bigrement les rapprocher pour faire d'eux un couple d'amis. Ils appréciaient autant l'un que l'autre s'exercer, manger, combattre , le tout ensemble, et personne n'y voyait là une quelconque relation malsaine ou sentimentale entre les deux hommes. Dans l'évidence même, la personnification du désespoir, c'était à dire, Kira, vomissait ses malheurs & tristes vérités quand Hisagi, lui, écoutait, tout attentif à sa personne. Il ne pouvait agir que de cette manière, si ce n'est autrement lui parler des futilités de la vie, qui malheureusement, avaient leur importance dans une vie de tout un chacun.

Cependant, il s'avère que le lieutenant aux cheveux noirs cultivait des sentiments bien plus profonds et doux pour son homologue. Kira.. Un ami ? Mais bien sûr…

Le lendemain matin, une réunion, aussi banale qu'un bonjour, devait se dérouler tard dans la matinée, rassemblant à peu près tous les vices-capitaines. L'objet du jour désintéressa quelque peu le jeune homme qui fixait inlassablement le sol. Pourtant, il était le premier à prôner la concentration dans n'importe quel domaine mais aujourd'hui, il repensait aux propos de Renji. Peut-être avait-il refusé sa proposition fort audacieuse, seulement… si lui à son tour demandait cette même chose à son collègue de la troisième, que se passerait-il ? Voilà bien qu'il se masturbait l'esprit à savoir quoi faire pour se rapprocher de lui. Dans tous les cas, il n'irait pas lui demander de devenir son … fuckfriend !

Non, et puis… après ça, Kira ne le regarderait plus de la même façon. Et si cela venait à s'apprendre, il serait irrémédiablement foutu. Autant dire adieu à son honneur. Pourtant il n'y avait aucune honte à aimer quelqu'un n'est-ce pas ? C'était sans contredit, d'un naturel aberrant. Et pourtant, si vous en tant que shinigami, vous saviez qu'un homme aime un autre homme de la même manière qu'un homme aime une femme… comment réagiriez-vous ? Mais tout d'abord, comme lui, réagirait-il ? C'était ça, la vraie question. Et Hisagi n'en demeurait pas moins pétrifié par la réponse qui assurément finirait par rompre tout lien entre les deux amis.

La journée s'écoula tranquillement. Hisagi ne tenait plus en place à son bureau, devant lequel il se trouvait rarement, car toujours préoccupé par le travail de ses hommes. Après quoi, il se décida finalement à quitter le Seiretei pour s'éclaircir l'esprit, pour aérer le tout, lui qui souffrait en silence depuis bien des années. Le beau blond à la mèche rebelle l'ignorait mais…son prétendu collègue le regardait toujours comme s'il souhaitait déverser tous les mots tendres existant au monde. Plus encore, ses yeux glissaient vers ses lèvres et un éventail d'idées toutes aussi coquines les unes que les autres le mettait sur la paille. Quelle idée après tout…tomber amoureux d'un type qui avait admiré aveuglément son Capitaine et se laissait facilement manipuler, surtout quand on savait qu'il était fragile sentimentalement parlant. Et Hisagi le savait, le sentait, voilà pourquoi l'envie monstrueuse et cruelle de le prendre dans ses bras pour le cajoler se faisait ressentir à chaque fois que Kira portait son regard de chien battu sur lui. C'était une torture, une doucereuse punition que de devoir ressentir ses sentiments aussi purs que celui d'un enfant, un supplice qu'il souhaitait mettre fin depuis nombre d'années.

Alors qu'il avait pensé s'approprier des lieux seul et en bonne compagnie - celle de Dame nature - l'unique personne qu'il ne souhaitait fatalement pas voir était bel et bien Kira, son obsession. Et cette même obsession… était présente, à deux pas de lui, planté là, l'épée sortie du fourreau et les bras relâchés, prunelles toutes dirigées sur la silhouette atheltique d'Hisagi, qui lui était assis en tailleur. On aurait dit que le blond sortait d'un entraînement intensif.

« Je veux être meilleur dans le Zanjutsu. Marre de me cramponner au Kido et à mes simples défenses.»

- Simple défense ? Fit Hisagi en s'étouffant.

« Ne te moque pas, Hisagi-san, je t'assure, j'aimerai te ressembler. »

Voilà la chose à ne pas faire, ou plutôt, à ne pas dire ! La violence des émotions de brun l'ébranla complètement et brûla au passage son visage, laissant des marques rougissantes au niveau des joues et du nez. Il n'en croyait pas ses oreilles, et pourtant c'était bien réel. Bien sur, son homologue ne lui faisait pas une déclaration amoureuse, intention que jamais il n'aurait le bonheur de toucher du doigt. Néanmoins, de savoir que Kira l'admirait l'emplissait … d'un bonheur fou. Mais comment vouloir lui ressembler, lui, alors qu'il se croyait justement faible en tout !? Il ne dirait rien afin de ne pas casser les illusions du jeune blond, et perdit son regard dans les profondeurs de l'horizon, préférant se soumettre au jugement du ciel qu'à celui de cette chimère se tenant altière devant lui, fidèle à son image : l'immuable inaccessibilité, Kira.

« Et que fais-tu ici ? »

- Oh, rien. Je t'ai vu de loin, alors j'ai pensé te tenir compagnie.

Toujours aussi attachant, ce Kira. Le lieutenant se releva, n'ayant guère profité de la fraîcheur de l'Automne, mais ne blâmait pas l'arrivée inopinée de son fidèle ami. Après tout.. Il ne voyait que par lui.

Hisagi lâcha d'une voix toujours aussi basse :

« Ah…Ce soir, ça te dirait de passer par chez moi ? Je n'ai rien à faire et … »

Le sourire ingénu de Kira fit accélérer son pouls tandis qu'il échappa une fois de plus à son regard.

- Je viendrai, Hisagi-san.

(_.•*`¯`*•.º°**°ºOOº°**°º.•*`¯`*•._)

Après cette longue journée, ayant au préalable donné une heure de rendez vous à son rêve ambulant, il put finalement retrouver la sérénité de son bureau. Manque de chance, quelqu'un avait délibérément passé ses portes, chose qu'il ne pardonnait pas facilement ! Par ailleurs, il ne fut pas surpris de l'identité de la personne qui paraissait s'ancrer au beau milieu de sa pièce.

« - Hisagi.... »

- Mais mon bureau, c'est pas un moulin !

« - Je sais bien mais je… »

- Reste où tu es, tu veux.... Dit-il d'une voix cassante, pendant que l'autre se retenait de se réfugier dans les bras du brun..

« - Hisagi, tu ne comprends pas.. Je sais pas ce qu'il m'arrive. »

- Et tu crois qu'à moi, rien ne m'arrive ?

Il arpenta la pièce en diagonal, passant devant Renji sans le regarder, et ne trouva pas la force de s'asseoir. Pourtant, il pouvait cueillir son confort, seulement, il faisait face, toujours de loin, à cet autre lieutenant, représentant de la sixième division. Non mais que lui prenait-il de venir squatter SON bureau…Ce dernier d'ailleurs se rapprocha ostensiblement de lui, Hisagi ne voyant plus qu'à amorcer des pas de recul, acculé jusqu'au mur, le corps en total répulsion.

- Renji, tu ne me prends pas au sérieux.

Le tatoué à l'artifice capillaire rougeâtre s'était arrêté d'avancer, dont l'envie indicible était de se lover dans les bras protecteurs d'Hisagi. Pourtant, tout le monde connaissait la nature un peu vantarde et assurée d'Abarai. Mais quand il se trouvait dans la même pièce que son ancien Senpai, rien n'y faisait, son cœur s'emballait, et il perdait raison.

« Tu me manques. …Pourquoi ne veux-tu pas essayer ? »

Le concerné se terra dans un profond mutisme, toujours en recul contre le mur afin de marquer son intention. Renji n'avait pas cherché à être attiré par le beau brun,, mais c'était plus fort que lui. Il était devenu sa drogue.

« Dis-moi pourquoi tu ne veux pas tenter l'expérience, ça nous sortirait du.. »

- J'aime quelqu'un...

Le malheureux releva la tête, éberlué et à la fois intrigué, bien que foncièrement déçu par la nouvelle. Hisagi.. Amoureux ? C'était difficile à concevoir à première vue. Certaines personnes le trouvaient froid, insensible.., voire même.. suffisant, quand d'autre ne cherchaient plus à percer les mystères l'embrumant. Mais le vice capitaine de la sixième tentait désespérément d'affiner leur relation.

« Je suis étonné. »

- Je ne te dirai rien sur ce sujet, Renji. J'aimerai maintenant que tu quittes mon bureau, je suis occupé.

Le cœur lourd, il obtempéra bon gré mal gré, le visage empreint d'une infinie tristesse, mais résolument persuadé qu'Hisagi ne s'intéresserait jamais à lui. Autant jetant son dévolu sur Kuchiki-Taisho dans ces conditions…

La porte coulissa, Kira avait entendu l'approbation du maître des lieux. Il mit alors pied dans le petit logement, dans lequel il devait passer la soirée en excellente compagnie. Toujours avec Hisagi San. Et qui vit-il, avec un tablier crasseux autour du cou ?

- Désolé Kira, commença-t-il avec un adorable sourire, j'ai voulu faire mes boulettes mais…je les ai cramées.

Le bon cordon bleu qu'était le blondinet s'obligea alors à rejoindre la toute petite cuisine qui à la base n'en était pas une. Il semblerait qu'on lui ait prêté une plaque chauffante et tout le tralala. C'est donc en parfait chef qu'il rattrapa le tout, laissant un Hisagi à la fois gêné et heureux.

Après ça, ils purent se régaler, surtout Hisagi qui raffolait de ces boulettes de viandes, les Niku-Dango No Amakara-Ni ! Les divers sujets traités étaient plus que badins, mais au moins, ils échangèrent quelques mots, ne laissant pas au silence sa place. C'est que notre héros était de nature réservée allant jusqu'à s'enfoncer dans la discrétion à l'état brut. Alors, il laissait les honneurs à son homologue, qui trouvait toujours quelque chose à dire, bien que le contenu des fois l'importait très peu. Seulement.. Sa voix.. sa voix…

« Hisagi-san ! »

- Mmh.. ?

« Je vois, tu étais ailleurs. »

- Excuse moi, il y a des phénomènes étranges par chez moi.. quelle idée de lui parler de ça..

« Des phénomènes….étranges »

Le sourire d'excuse que lui renvoya son collègue le laissa .. dibutatif, mais le blondinet attendit une explication, le regard accroché à celui de son interlocuteur, qui lui avait difficile justement à laisser perdurer le plaisir de le voir.

- Un de mes sièges a disparu…Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais il ne restait plus que son shihakushô par terre, autant te dire que je suis intrigué et inquiet.

Les deux hommes demeurèrent silencieux, se jaugeant sous l'étonnement…avant que Kira ne se relève pour déclarer :

« Bon, je vais rentrer chez moi. Je ne voudrai pas te déranger plus encore. »

- Mais non, tu ne me déranges absolument pas, Kira, reste !

« Hein ? » Fit-il en se retournant, alors qu'il voyait son ami le retenir en lui empoignant le bras, comme désespéré. Celui-ci ne supportait pas l'idée d'être une fois de plus seul ce soir…Il le voulait lui et pas un autre.. Au moins pour discuter…Il allait presque le supplier quand il vit qu'il n'y avait plus d'espoir.

« Hisagi-san.. Es-tu sûr que tout va bien ? »

Sa main relâcha le bras presque rachitique de son ami et ses cheveux noir de jais dissimulèrent la confusion qui régnait en lui ; dans ses yeux principalement.

- Oui, bien sûr.

Il n'osait même plus le regarder droit dans les yeux tellement il avait mal de se savoir finalement amoureux à sens unique. C'était difficile d'envisager la vie sans lui, qui plus est quand leur amitié ne déboucherait sur rien d'autre que…de l'amitié. C'était déjà ça, vous me direz… Sans doute.

Deux heures plus tard. Il l'avait laissé partir, tout en se morfondant dans sa chambre, retraçant les réminiscences de sa courte vie. Il avait tout de même croisé le grand ex- Capitaine Muguruma Kensei, avait servi un autre du nom de Tôsen Kaname, et portait l'insigne du lieutenant maintenant, outre le fait de posséder de rares capacités. De ce point de vue, il s'en sortait plutôt bien. Mais du reste... il n'y avait que le vide, si ce n'est une touche d'amitié qui incitait une partie de ses sentiments à prospérer. Mais au final, il se rendait compte que sa grande solitude emplissait son espace.

Alors, résolu à l'oublier, il prit les devants, arborant sa tenue habituelle ainsi que cette façade de félin intouchable. Les sourcils toujours froncés et le nez à peine retroussé dans l'idée de marquer son mécontentement, les cheveux d'ébène et épars, il allait jouer de sa belle frimousse de rebelle pour amadouer quelqu'un d'autre.. que Kira. Si ce dernier se désintéressait de lui , il ne pouvait décemment pas lui en vouloir. C'est pourquoi il guida ses pas vers une autre destination : celle de la sixième.

Les minutes se firent longues, très longues… voire même éternelles, se demandant quand et enfin il pourrait se retrouver devant les portes de la chambre d'Abarai. Son cœur tambourinait fortement dans sa poitrine, appréhendant ce qui allait se passer. Quand ce fut fait, Il frappa à la porte. Après quoi, il pénétra les lieux, étant invité à entrer, et tomba évidemment sur le profil d'un Renji sortant de la douche, serviette de bain blanche enroulée autour de sa taille, une autre sur les épaules et cheveux relâchés avec quelques gouttes d'eaux sur le torse fier et tatoué. Hisagi demeura planté devant l'entrée tandis que son tout récent interlocuteur gardait son regard écarquillé sur le beau brun, cherchant une explication à sa venue. Pire encore, être vêtu de la sorte devant celui qui le faisait bander …le mit dans un état pour le moins inexplicable et douloureux.

« - Hi… Hisagi ? Que.. qu'est-ce que ...? » Tlin Tlin.. tention à ta syncope, ducon.

Le silence fit office de réponse, tant que cela devint insoutenable pour le beau Renji. Il renchérit :

« Tu.. As oublié quelque chose.. Enfin, je ne sais pas, tu..»

- Non, rien de cela. Je crois que…je vais devoir me lancer.

L'intéressé, dont les pulsations s'accélérait dans sa frénésie, immobilisa tout mouvement, une même expression de surprise voilant son visage.

« Qu'entends-tu par.. Te lancer ? »

Hisagi Shuuhei était certes décidé à tourner la page, mais ses yeux exprimèrent une très grande peine, faisant frissonner son compagnon qui dans son cas s'attendait à voir l'homme de ses rêves quitter la pièce sans mot dire. Pour toute réponse, le brun s'avança vers lui pour s'arrêter finalement à deux mètres de lui. Et sans plus attendre, il porta sa main sur ses ceintures, qu'il délia lentement…

Renji ne comprenait plus rien, et la peur lui vrillait l'âme. Il était incapable de bouger, c'était irréel.

« - Hisagi…....? »

Après avoir ôté avec nonchalance ses bandes, l'absence d'hakama laissa entrevoir ses jambes orgueilleuses et musclées. Tout en remontant, il degusta des yeux sa poitrine élargie mais Renji se mit à redescendre du regard par instinct, pour tomber sur une intimité certes dissimulée sous une étoffe blanche, mais bel et bien affamée de sens.

Renji alors laissa tomber ses serviettes sans chercher à comprendre, et ne se fit pas prier. Il se jeta sans préambule sur Hisagi, plaquant son corps contre le sien, déjà affolé par l'excitation et scella ses lèvres à celle de son … Fuckfriend.