J'en avais parlé avec heughae et finalement l'inspiration suscité par une fan du petit couple est venue pour boucler ces 6 pages, ce qui devait etre une one shot se retrouve en deux.
je comptais finir le tout avant de poster, mais le regain d'anxiété que j'ai eu à cause de cette histoire un peu décalée au pairing bien trop rare m'a poussé à le poster pour avoir de premiers avis avant de me jeter dans l'ensemble.
Oui les caractères sont 'uniques' ^.^ mais j'aime le changement, le tout c'est que j'espere etre au moin capable de vous convaincre :p
Enjoy 3 (I hope)
-Je crois que je me suis trompé, répondis-je l'air gêné, ma main replaçant quelques mèches de cheveux.
-Tout le monde ne peut pas être un génie, sourit avec un léger sarcasme le présentateur de l'émission.
Timidement, je souris à mon tour à cet idiot qui croyait me dominer à coup de mots acerbes. Le regard toujours pétillant, teinté d'innocence faisant fondre à mes pieds ce public féminin qui n'avait de cesse de m'aduler.
-Désolé.
C'est intéressant de voir à quel point les gens sont courageux face à ceux qu'ils imaginent inférieurs. Étrangement ce lâche n'avait pas fait preuve d'autant d'audace face au répondant de Changmin.
-Ce n'est rien, nous ne sommes pas là pour faire des tests de QI après tout, renchérit l'imbécile en riant, micro à la main, on ne peut plus fière.
Un test de QI … évaluer le Quotient intellectuel, l'intelligence. Voilà une chose que j'avais toujours trouvé fort drôle. Ce QI, une norme comme le monde aime tant en poser. Celle-ci n'était que la convention actuelle pour évaluer l'intelligence d'une personne.
Foutaise. Ils me faisaient tous bien rire, se laisser berner par des chiffres.
Je ne saurai dire le mien, je l'ignore, je l'ai toujours ignoré. Je n'en ai pas besoin. Je sais que je suis plus capables que tous ceux qui s'attachent bêtement à ce genre de conformisme, ça me suffit.
On me croit simplet, je m'en amuse. Je ne me voile pas, je suis intelligent. Je le sais. Je n'ai jamais été brillant, ni jamais cancre, le genre d'élève moyen à faire juste le minimum pour qu'on lui foute la paix. Je ne travaillais pas, mais j'en donnais l'impression quand il le fallait. Étrangement mon entourage a toujours prit cela pour du sérieux, juste au niveau de mes capacités. De l'école primaire au lycée où j'ai décidé d'arrêter de gâcher mon temps, professeurs comme élèves, tous l'ont cru sans rechigner. Autant dire que ces personnes là ne savent pas à quel point elles m'ont sous-estimées.
Cela fait quelques années déjà que j'ai quitté le lycée et rien n'a vraiment changé à ce niveau. Je suis célèbre, une vrai star, mais pour le public, si je brille, ce n'est pas pour ma vivacité d'esprit.
Pourtant à conserver cette discrétion dans chacune de mes actions, je dois bien être au dessus de la norme, pas vrai ? Je décide ce que je veux et je pousse les gens à le faire pour moi. Tout le monde m'aide sans forcément le savoir et j'arrive toujours à mes fins dans le plus grand silence. Non, ce n'est pas de la manipulation. C'est plus subtile, plus silencieux, plus sournois encore.
En réalité ma spécialité, c'est l'empathie.
Je sais ce que les gens veulent, ce qu'ils ressentent parfois avant qu'eux-mêmes ne le remarquent. C'est comique de voir de l'intérieur tout ce que ces ignorants veulent cacher au reste du monde. À force de subir toutes leurs petites tracasseries quotidiennes, j'ai fini par haïr les autres. Tous autant qu'ils sont. Je déteste leurs petits problèmes de cœur sans la moindre importance et pour lesquels ils sont prêt à tant de sacrifice, je haïs leurs joies futiles, j'ai en horreur leurs sentiments de pitié et de reconnaissance qui sont si souvent synonyme de leur égoïsme.
Et pour faire bonne figure, j'agis selon leur attente. Parce que je les connais mieux qu'eux-mêmes. Ils me sont reconnaissants, parce qu'ils prennent ça pour de la gentillesse. Stupide. Toute chose à un prix. Et ces ignorants ne savent même pas que je leur fais payer de leurs vies.
L'enregistrement est fini, on nous libère enfin.
-Merci pour votre travail.
Souriant à toute épreuve, je remercie chaque personne du staff, m'inclinant pour chacun d'eux. Une politesse et une éducation que l'on plait à accorder à ma supposée simplicité d'esprit. Mes affaires à la main je rejoins notre véhicule à travers une mare de fans surexcitées.
-Attention Junsu, prévient Yunho alors qu'une main s'accroche à mon bras, laissant l'empreinte de ses ongles dans ma chair découverte.
Inquiet, le leader ouvre la porte et nous invite tous à rentrer rapidement, me libérant de la pression devenue douloureuse.
Parfois je me demande ce que je fais ici, dans ce genre d'univers. Comment ai-je abandonné la droiture que je m'étais imposée encore enfant. Comment m'étais-je retrouvé si bas, si désabusé ?
Un regard vers les lumières qui crépitent de toutes parts à travers les fenêtres de notre van et les souvenirs me reviennent. En réalité je le savais très bien, c'est ce qui me maintenait en vie.
Comme tant d'autres, la scène m'avait fasciné dès mon plus jeune âge. Si tôt, si jeune, que ma vie entière s'en était trouvé conditionnée.
Petit être perdu sur les planches, j'exécutais docilement les quelques mouvements basiques longuement travaillés que notre professeure, cachée dans les coulisses nous mimait.
Plus que la danse elle-même, ce fut l'ambiance qui me marqua. Ces lumières, ces sourires, ces applaudissements, tout était si merveilleux pour l'enfant que j'étais.
Tous en ligne, nous avions salué notre public comme les plus grandes stars sous un tonnerre d'encouragements festifs. Le bonheur auquel j'avais gouté ce soir-là, je me promis de le capturer un jour.
J'avais cinq ans. Mais ce rêve ne m'a jamais quitté depuis.
Perdu dans mes pensées, la voix de Yunho me rappela sur terre.
-Est-ce que ça va ?
Perplexe, je l'interrogeais en silence, me délectant de cette sorte de détresse qui teintait son regard si fier. Je me fis plus doux, le gentil angel xiah qu'il se plaisait à retrouver, le cœur soudainement volatile. Il baissa les yeux vers mon bras, désignant la marque rougeâtre de griffure de laquelle avaient perlées quelques goutes de sang.
-Oh, ça. Ce n'est pas grand chose. C'est toujours bon de se sentir aimé, pas vrai ?
Il sourit, heureux. Il ne lui en fallait pas plus. Il avait toujours aimé cette intonation chantante que prenait mes mots dans certaines situation. Cette sorte d'égocentrisme faussement teinté de doute. Il était satisfait par cette affection que je portais à notre travail. Lui trouvant un certain charme.
Ce qu'il ignorait, c'est qu'en réalité, je ne rêvais que de la scène. Chanter ou danser, qu'importe. Lui-même n'avait été qu'un instrument de ma réussite. Un ignorant et fort utile instrument.
Plusieurs heures par jour, des années durant, je travaillais d'arrache-pied pour être la hauteur de ce rêve. Ne me laissant de répit que celui que mon corps suppliant demandait. Pendant près de dix ans je m'acharnais pour avoir un jour l'opportunité de me produire devant un public réunit pour moi.
Rien de tel que le travail pour surpasser mes rivaux et leurs talents.
Yunho aussi était de ce genre-là. Il voulait nous faire grimper les échelons, chanter la meilleure musique, toucher le public. Il voulait les meilleures chansons, moi, je ne rêvais que d'être sur le devant de scène pour les chanter.
Nous n'avions jamais particulièrement envisagé de poursuivre notre ambition ensemble. Il voulait être reconnu pour ses talents, je voulais être une star. Nous avions à peu près le même âge et le même acharnement au travail, mais notre similitude s'arrêtait là.
La compétition a toujours été rude. Pourtant à cette époque j'avais encore cette illusion que le travail suffirait à atteindre mon objectif. J'étais loin de penser que ce n'était là qu'une étape des sacrifices que cet environnement demandait. Rien ne peut plus changer le cœur d'un enfant que ce genre d'atmosphère perfide.
Pourtant nous ne lésinions pas sur les efforts. Il faisait partie de ceux qui œuvraient dur pour atteindre ce qu'ils estimaient être parfait. La différence, pouvait sembler infime cependant le gouffre était immense.
Ce travail, j'y mettais des efforts, il y mettait du cœur.
Les yeux de Changmin me toisait comme il le faisait si souvent. Plus d'une fois j'ai sentis ces interrogations que son regard trahissait si fort. Il était loin d'être le seul, mais il était le plus persistant. S'en était presque amusant. Comme une chasse au trésor, le voir toujours s'approcher si près du but pour s'en éloigner durablement. C'était un divertissement perpétuel que seul le cadet parvenait à m'offrir. Souvent quand je discutais avec Yunho je dois dire. Peut-être savait-il aussi, inconsciemment, il devait le sentir sans le réaliser.
Je ne cherchais pas à me moquer, dans le fond je n'avais rien contre le magnae, mais ces situations avaient le don de me faire sentir cette supériorité que les autres peinaient à voir. Rien de plus agréable.
Comme toujours pour le détourner, je le taquinais gaiement, sous les expressions amusées de Jaejoong et Yunho. Yoochun ne se gênant pas pour participer lui aussi. Il aimait ce genre d'ambiance pour le détourner de sa nostalgie permanente. En tout altruiste, je poursuivais, pour maintenir cet état de joie qui leur plaisait à tous.
Ils ne l'avaient pas remarqué, mais à moi tout seul, j'étais devenu leur bonne humeur.
Le van s'arrêta et je laissais en paix notre cadet pour me rendre jusqu'au studio où nous étions attendus. A peine rentré, on nous indiquait le chemin pour notre passage obligé au maquillage. Le staff était prêt et le calme bien trop présent. Presque par automatisme je me décidais à revêtir mon rôle de clown pour divertir ces visages sombres qui n'attendaient que cela. Devant mes efforts, les autres membres m'aidèrent avec amusement à réchauffer l'ambiance. Que ne fallait-il pas faire.
Nous étions presque prêt, il ne manquait plus que Jaejoong. Les deux pestes décidèrent de combler l'attente en me maltraitant un peu, à coup de chatouilles et autres taquineries. Je savais qu'ils me considéraient tous amicalement. Un bon ami, un bon collègue. Joyeux, heureux, aimable, enfantin, parfois têtu. Une belle image conforme à mon travail. Ils étaient là pour moi.
Il n'y a qu'avec Yunho que ma relation était différente.
On s'était rencontré pour l'audition. Par hasard, au détour d'un couloir. Il était à la fois perdu et sûr de lui. Du haut de ses onze ans, il ne pensait pas être plus capable que les autres, il pensait juste être capable. Et ça lui suffisait.
Amusé, encore empreint de l'innocence de l'enfance, je lui avais souris chaleureusement. Lui souhaitant bonne chance. Pourquoi lui ? Je ne me suis jamais posé la question. Je sentais qu'il y croyait, j'y croyais avec lui.
Surpris, il m'a aussitôt remercié gaiement. Avec une joie pure. Ce jour-là, il m'a classé parmi les rares personnes qui pouvaient dépasser la solide barrière qu'il avait tissé contre le monde extérieur. Il était entré le sourire aux lèvres. Je l'avais imité peu après dans une pièce adjacente, suivis de quelques autres garçon de notre tranche d'âge.
J'avais passé l'audition avec l'assurance qu'elle méritait. Impossible de douter de l'attention que l'on saurait porter à mes talents, à mon travail.
On me demanda d'effectuer quelques pas de danse, je m'exécutais. Les regards scrutateurs du jury ne me quittaient pas. Ma petite âme d'enfant fut bouleversée de les sentir juger tant mon physique que ma performance. Jamais je ne m'étais senti si mal à l'aise, mais je ne me démontais pas. Je savais à leurs états d'âme que l'on ne pouvait rien redire à l'un comme à l'autre.
Pour mon âge, j'étais plutôt grand, brun, légèrement musclé et les traits fins ourlés d'un regard espiègle. J'attirais facilement l'œil et mon moi de l'époque se contentait de le prendre avec modestie. Mais je le savais. On me qualifiait alors de mignon, par la suite plutôt de séduisant, moi j'aurai simplement dit séducteur. Mais certains mots sont plus adéquats que d'autres. Et ça comme le reste, je savais le cacher.
Ce jour-là déjà, je n'avais pas eu à quitter la pièce pour savoir que j'étais pris. Tout en eux l'exprimait si fort, que je n'avais pas eu à douter. J'étais aux anges.
Plusieurs de mes congénères furent renvoyés chez eux. Et les rares élus avaient été regroupés quelques semaines plus tard. Il était toujours là, prêt de moi, me considérant comme son seul allié au milieu de ce groupe d'inconnus. Pourtant, j'en étais un aussi, d'inconnu. La confiance qu'il m'accorda alors conditionna l'ensemble de nos relations. Contrairement aux autres, en grandissant je n'avais jamais eu à adapter mon comportement.
Il m'était d'ores et déjà acquis.
Par pure esprit de provocation, je pris Yunho par les épaules pour aller jusqu'à la salle où nous étions attendus. Je me délectais des sursauts de son esprit presque autant que de son acharnement à clarifier ses pensées. Je me plaisais à me perdre dans le brouhaha de sensations que ma proximité provoquait.
Généreux, je m'éloignais à une distance raisonnable et me préparer au début de cette conférence de presse. Tous les cinq en lignes, vêtus de nos plus beaux apparats faussement naturels, de nos coiffures savamment négligées et de nos sourires si joyeux.
Sans pouvoir dire d'où ils venaient, les appareils photos nous mitraillèrent sans relâche pendant que les micros envahissants se pressaient jusqu'à nous.
Le bal commençait.
Ils n'avaient d'yeux que pour nous. Pour notre existence, jusqu'à en oublier la leur. Journalistes comme admirateurs, le cœur à l'assaut, palpitant à la moindre occasion, ils vivaient à travers nous.
Ce qu'ils pouvaient être drôles. Ridicules même. Les questions fusaient et nous répondions à tour de rôle, suivant un schéma habilement orchestré. Pas une réplique manquante, nous connaissions les règles à la perfection. Sans laisser la moindre note évasive, sans avoir besoin de temps de réflexion qui s'avérait inutile, notre spontanéité passait pour de l'honnêteté. Un jeu de marionnettes dextrement maitrisé, mais où le maitre de jeu demeurait inconnu, dans l'ombre qui lui permettait de contrôle le jeu.
Pour ma part, je contrôlais bien plus qu'eux n'en étaient capables. Tapis dans l'ombre et sous les feux des projecteurs. Discret et ostensible.
J'étais à la fois marionnettiste et pantin.
Moi qui étais athée, j'ai souvent eu l'impression d'être devenu polythéiste. Apprenant rites et coutumes pour me conformer à chacun. Dans l'espoir unique d'atteindre un public toujours plus varié et surtout plus nombreux.
Pour atteindre mon rêve, j'avais enfilé un à un tous les costumes qu'il était nécessaire. La danse, le chant, le théâtre, l'animation, la bienséance et quelques bases pour l'amusement collectif, il fallait être polyvalent pour réussir.
Dans mon cas, la tâche était plus simple, je me contentais de suivre la voix que me dictait leur âme, mais dans le fond, il fallait toujours une certaine adresse.
J'étais une idole, un chanteur, mais j'avais l'impression d'être avant tout un acteur. Dissimulé derrière son personnage, une image de moi que même ma mère devait peiner à reconnaître.
J'avais appris ce que j'aimais, ce que je détestais, ce que j'avais fait de mes années de lycée et quels étaient mes amis …
Comme un amnésique redécouvre sa vie, moi j'apprenais la mienne.
Les uns après les autres, les magasines se présentaient pour obtenir un rapide entretien que nous accordions avec amabilité. Nous dissimulions toute fatigue sous des raccords de fond de teint, qui seuls nous permettait d'obtenir quelques minutes de répit.
Saisissant l'excuse, à l'abri des regards, je soupirais lassement et me redressait rapidement pour rejoindre le groupe.
De sa place en retrait, le regard de Yunho se posa sur moi une fois encore. Se sentait-il ainsi obligé de me couver du regard à la moindre occasion ? Pauvre homme qu'il était en lutte avec lui-même. J'avais parfois à cœur de le libérer de son fardeau, pourtant jamais l'idée n'avait dépassé ce stade de simple hypothèse. Je savais pourtant on ne peut mieux ce qu'il supportait, mais les choses me convenaient mieux ainsi.
Faire mine de rien, sourire, observer, toucher. Sentir toutes ses réactions s'amplifier à ces banalités quotidiennes, sous couvert d'innocence voilée.
Je fis mine de supporter bien mal la situation, au bord de l'épuisement et évite son regard. Son expression se couvre de détresse, son attention toute portée à moi seul.
Que croit-il ? Être subtile ? Être unique ? Il m'observe, il se languit. Pour un regard ou un mot que je lui accorde au gré de mes humeurs. Il se croit différent mais il est pareil que tous les autres, en mon pouvoir.
Il le tait, mais son cœur le hurle. Il m'aime.
