Il y a 45 ans l'homme posait le pied su la Lune pour la première fois. Un moment de grande importance et d'émotions pour tous les habitants de cette petite boule bleue qu'est notre Terre. Ce fut aussi un jour capital pour les gardiens du Sanctuaire d'Athéna, en particulier les futurs Gold. Hommage à ma façon à ces pionniers de la conquête spatiale que sont l'équipage d'Apollo 11, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins.

Saga et Kanon, 11 ans, Aiolos 10 ans, Shura 6 ans, Aiolia, Camus et Mû 3 ans.


Disclaimer: Saint Seiya ne m'appartiens certes pas, mais Alexis (Verseau) est à moi et Orreaga et Anael sont à Albafica des Poissons, qui me les a aimablement prêté (merci à toi). ^^


Mardi, 15 Juillet 1969 (1)

Le soleil se levait tout juste quand Saga se faufila en silence hors de sa chambre pour aller se préparer, laissant son insomniaque frère dormir encore un peu. Il avait encore passé une mauvaise nuit et était venu la finir dans son lit. Il devait se dépêcher. La veille, il avait demandé la permission au Grand Pope de quitter le Sanctuaire pour aller au village et l'avait reçu, à condition d'être à l'heure pour l'entraînement. Il avait fait mettre de côté et commander un certain nombre de livres sur l'événement qui agitait le monde cet été : l'homme irait dans quelques jours sur la Lune. Il avait dévoré tout ce qu'il avait trouvé sur le sujet, diverses connaissances parmi les agents extérieurs du Sanctuaire lui avait permis d'en obtenir d'un peu partout dans le monde. Kanon s'était moqué de sa nouvelle lubie, mais il pouvait bien dire ce qu'il voulait, il savait que ça l'intéressait aussi, il laissait des cornes partout dans ses livres. Preuve qu'il les lisait.

Il aurait très bien pu envoyer un des serviteurs de sa (future) Maison les chercher à sa place, mais il voulait s'assurer lui-même que tout serait là. Il avait dû jouer de tout son charme avec Shion, son maître, pour obtenir ces deux permissions.

Il dévala donc à toute vitesse les escaliers des premières Maisons, puis suivit le chemin sinueux qui menait au rempart sud du Sanctuaire. Lorsqu'il arriva en vue de la porte il ralentit et avança vers le poste de garde. Les soldats chargés de sa surveillance se levèrent en le voyant arriver et le saluèrent.

"Bonjour, jeune maître Saga!", dirent-ils en chœur. Ils s'adressaient toujours à lui ainsi, avec déférence, alors qu'il n'était encore qu'un apprenti. Tout ça parce qu'il était le disciple du Pope. Ce qui l'ennuyait un peu. "Bonjour, Thanis. Bonjour, Miguel", répondit-il. "Vous êtes bien matinal. Qu'est-ce que vous venez faire par ici?

_ Je vais à Rhodorio. Voilà mon autorisation", dit-il en sortant le précieux sésame, devançant la demande du garde. Thanis prit le papier, l'ouvrit avec soin et l'examina rapidement. "Tout est en règle, on va vous ouvrir", dit-il en lui retendant son laissez-passer. "Miguel, viens m'aider". Les deux gardes s'approchèrent de la porte, puis soulevèrent la barrière qui la bloquait et la posèrent contre le mur de la guérite qui se était à côté. Puis ils poussèrent de toutes leurs forces les massives portes de chêne qui grincèrent douloureusement sur leurs gonds d'être ainsi dérangées. "Allez-y, maître Saga et ne tardez pas trop à revenir!

_ Oui, merci. A toute à l'heure!" Saga fila en courant sur le chemin qui conduisait au village de Rhodorio tandis que derrière lui les gardes s'efforçaient de repousser complètement un des battants de la porte. Elles n'étaient que rarement fermées en temps de paix.

Arrivé à l'entrée du village il virevolta entre la foule des villageois vaquant à leurs occupations quotidiennes et les délicieuses odeurs de boulangerie et le parfum des roseraies qui cernaient Rhodorio, lui rappelant qu'il n'avait rien mangé ce matin. Il s'achèterait quelque chose en repartant. Il aperçut enfin l'enseigne du libraire et s'y dirigea d'un pas plus calme, le temps de reprendre son souffle, puis entra dans le magasin. La cloche tinta doucement. Un vieil homme un peu courbé sortit de l'arrière-boutique, posa une seconde son regard sur son visiteur. Son visage s'illumina d'un grand sourire. "Bonjour, jeune maître", dit-il en s'installant derrière son comptoir. "Bonjour, monsieur Stephanos", dit aimablement Saga. Le vieil homme et lui se connaissaient depuis quelques années maintenant, il fréquentait souvent son magasin. Il appréciait cet homme très cultivé sous ses airs tranquilles et simples. Le vieux Stephanos lui aimait bien ce garçon très calme et sérieux, mais d'une incroyable curiosité qui dévorait tout ce qui lui tombait sous la main. Ça l'amusait de voir que malgré tout les apprentis Chevaliers restaient des enfants comme les autres quand ils s'émerveillaient ou se prenaient de passion pour de nouvelles choses. "Vous êtes venu chercher vos livres?

_ Oui, ils sont là?

_ Oui, je vais vous les chercher". Il passa dans l'arrière-boutique et en ramena une grosse boîte bien pleine. Il s'impatientait d'en voir le contenu. Une fois entre ses mains il défit les ficelles qui la maintenait fermée et inspecta chaque livre. Tout était là. Il était content. C'était un cadeau d'anniversaire en retard, Noël avant l'heure. Le vieux Stephanos était ravi de la mine réjouie de son jeune client. "Merci pour tout, monsieur Stephanos!

_ Je vous en prie", dit-il en souriant. Un grand bruit au dehors empêcha la conversation de commencer. Un camion venait de se garer devant le café d'en face et les deux hommes à son bord s'efforçait d'en sortir quelque chose du coffre. Cela ressemblait fort à une télévision vu d'ici. "Qu'est-ce qui se passe chez votre frère?", demanda l'apprenti Gémeau. "Ha, mon frère et quelques membres de la famille avons cotisé pour acheter une télévision pour voir les astronautes sur la Lune. Nous allons l'installer dans le café pour que d'autres puissent le voir aussi", dit-il avec un brin de fierté. "D'autres dans le village en ont fait autant, et il y a la radio aussi. Et vous, vous allez regarder ça aussi?

_ J'aimerais bien, mais ce genre de machines ne fonctionnent pas dans le Sanctuaire, à cause de la barrière de la Déesse. Si mon maître nous autorisait à sortir ce jour-là ce serait fantastique. Cet événement est important pour nous aussi", dit-il pensivement. "Si Son Excellence acceptait, nous serions honorés de vous recevoir. Vous serez toujours les bienvenus", dit-il en affichant son plus beau sourire. Saga se sentit rougir. C'est certain que ça lui ferait plaisir que Shion accepte. "Je lui en parlerai, merci". Il ramassa tout son paquet et salua le commerçant, puis quitta le magasin. Il remonta la rue rapidement, s'arrêta chez le boulanger chercher son petit-déjeuner, plus la part de son frère et repartit par le chemin par lequel il était arrivé et se hâta de retourner au Sanctuaire. C'était presque l'heure, il serait là juste à temps.

En arrivant en haut des escaliers il découvrit son frère qui l'avait guetté. Il avait l'air grognon. "Où est-ce que tu étais? Je t'ai cherché partout", lui lança-t-il, les bras croisés et la moue boudeuse. "J'ai été chercher quelque chose. Je n'ai pas voulu te réveiller en partant", dit-il en s'approchant, collant son front au sien. "Qu'est-ce que c'est? Tes bouquins?", demanda Kanon, un peu calmé par ce contact affectueux. Kanon n'aimait pas être séparé de lui sans prévenir. "Oui, et le petit-déjeuner aussi. Je vais poser ça dans la chambre et on mangera en allant s'entraîner", dit-il en lui tendant le paquet de croissants tous chauds. "Attends-moi là!" et il se dépêcha de déposer sa boîte sur son bureau et jeta dans la cheminée son laissez-passer désormais inutile, puis rejoignit son jumeau. Sur le chemin de leur lieu d'entraînement ils discutèrent de ce que Saga avait vu dans le village. Kanon aussi pensait que ce serait génial de pouvoir le voir comme si ils y étaient. Ils devraient absolument convaincre Shion. Leurs petits yeux de chiens malheureux avaient toujours fait fondre le vieux Bélier, ça marcherait bien encore cette fois-ci! Mais pour l'heure, ils devaient se concentrer sur leur entraînement. Alexis, le Verseau, ne leur ferait pas de cadeaux.

A la fin de cette journée d'entraînement harassante, Alexis les ramena à la Maison des Gémeaux le temps de se laver et de se changer et les traîna ensuite à la salle d'étude, dans le Palais du Pope. Ils y retrouvèrent le petit Shura, concentré sur ses devoirs d'histoire avec Aiolos. Les cours théoriques finis, ils parlèrent avec eux de ce matin, leur transmettant leur enthousiasme. Ils iraient tous voir Shion pour le convaincre. Ils feraient le pied de grue devant son bureau jusqu'à ce qu'il cède si il le fallait. Au fond de la salle Orreaga s'approcha d'Alexis, intrigué par les bavardages et l'agitation inhabituelle chez les enfants.

"Salut, Alexis. Qu'est-ce qui se passe?

_ алло, Orreaga. Я не знаю (2). Les enfants ont l'air très excités par la prochaine mission lunaire des Américains.

_ Ah, d'accord.

_ Toi par contre tu n'as pas l'air de l'être, dit Alexis, un brin moqueur.

_ Pas des masses non. Surtout cette course entre pays que je trouve ridicule.

_ Hahaha! Allons, un peu d'émulation ne fait de mal à personne!

_ Je ne dis pas le contraire, mais ce sont les armes derrière qui me gênent, Alexis.

_ Je sais, mon ami, je sais. Ce serait mieux si il n'y avait pas de conflit ouvert ou non dans le monde, nous aurions moins de travail. Mais qui sait quel effet cela aura dans le futur?

_ Un bon j'espère.

_ Comme nous le souhaitons tous. Allez viens, allons rejoindre ces canailles", dit Alexis en lui tapant l'épaule. Tous les deux s'approchèrent du groupe d'enfants. "Chers disciples, il est temps de rentrer chez vous, allez filez!", dit Alexis en essayant de les pousser vers la sortie. Shura se précipita dans les bras de son maître. "Maestro! Maestro! ¿ Acaso podremos mirar los astronautas pisar sobre la Luna?"(3) lui demanda-t-il, excité comme une puce. "¿Por favor?" Orreaga sourit à cette bouille qui faisait de son mieux pour le faire craquer. Et il avait presque réussi. "No sé, Shura. Tout dépendra si le Grand Pope est d'accord". Shura était un peu déçu. "Nous essaierons de lui en parler, mais je ne te promets rien. D'accord?". Shura hocha de la tête. "Allez, mauvaise troupe en avant!", lança Alexis, impatient de retrouver le calme de sa demeure et Camus, son jeune disciple - qui pour l'instant ne faisait que jouer avec Aiolia et Mû, bien trop petits pour un quelconque entraînement -. Dans un brouhaha de discussion animée et un mélange fantasque de diverses langues, tout ce beau monde sortit et traversa les couloirs du Palais. Aiolos les quitta pour aller retrouver Aiolia et sa nourrice, Shura continua la descente des escaliers en tenant la main de son maître, suivant les jumeaux. Il leva la tête vers le ciel, le regarda pensivement. La lune n'était pas visible depuis quelques jours. Est-ce que l'on pourrait voir d'ici ces petits hommes marcher sur cette lune? Ils iraient vraiment là-bas? Ça lui paraissait si étrange.

Loin d'ici, en Amérique, à la base de Cap Canaveral, les astronautes et tous ceux qui participaient à cette aventure faisaient les derniers préparatifs avant le décollage de la fusée. Encore deux jours4 et ce serait le début du voyage. D'un voyage auquel l'humanité rêvait depuis toujours.


1 : D'après le calendrier lunaire. C'était une période de Nouvelle Lune (on ne la voyait dans le ciel).

2 : en russe. Prononcés "Allo" et "Ya ne znayu". Signifient "bonjour" et "je ne sais pas".

3 en espagnol : "Est-ce que nous pourrons regarder les astronautes marcher sur la Lune? S'il vous plaît?"

4: quand on est le 15 juillet à Athènes, on est encore le 14 en Amérique. Donc encore deux jours.