Le silence régnait dans la salle de réunion où Kamenashi Kazuya et Yamashita Tomohisa étaient seuls. Assis chacun à une extrémité de la longue table, ils se tournaient le dos, s'ignorant royalement, exactement comme ils l'avaient fait pour y entrer et comme ils s'efforçaient de le faire chaque jour depuis qu'ils s'étaient rendus compte qu'ils ne s'aimaient pas du tout et que rien en l'autre ne trouvait grâce.
Les débuts entre eux avaient été particulièrement houleux, le ton montant malgré eux à chaque fois qu'ils se croisaient puis, à la demande pressante des membres de leur groupe respectif, avaient décidé de simplement faire comme si l'autre n'existait pas. Le calme était donc revenu dans l'agence à partir de ce jour pourtant, cette attitude rendait difficile toute collaboration entre KAT-TUN et News, puisque leurs leaders ne s'entendaient pas du tout. Heureusement, ce n'était pas souvent que ce genre de partenariat était exigé d'eux. Du moins en règle générale.
Lorsque leur manager respectif leur avait demandé de se rendre dans la pièce où ils se trouvaient à présent, ils n'avaient reçu aucune explication supplémentaire, mais constaté sans aucun plaisir la présence indésirable de l'autre. Cela faisait donc un bon quart d'heure qu'ils attendaient sans rien faire, ce qui commençait à lasser la patience du plus jeune des deux.
- Bon ça suffit, je me casse, lança Kame en se levant. Avec le boulot qu'on a, j'ai autre chose à foutre que poireauter comme un con.
Sur ces mots, qui n'étaient même pas destinés à son compagnon de galère, il se dirigea vers la porte.
- Je serais toi, je resterais là, intervint alors Yamapi d'une voix tranquille. Si on nous a demandé de nous pointer là, c'est pas pour rien.
Ravalant la réplique cinglante qu'il avait sur le bout de la langue, le leader de KAT-TUN se contenta de hausser les épaules et ouvrit la porte. Pour se retrouver bloqué par l'arrivée de deux hommes et d'une femme.
- Où allez-vous, Kamenashi-san ? demanda l'un des hommes, qui était son manager. Nous n'avons même pas commencé. Retournez vous assoir.
Un grognement agacé franchit les lèvres de Kame, déclenchant un rire étouffé de son rival.
- Qu'est ce qui te fait marrer toi ?! l'apostropha alors le plus jeune, vexé.
- Je t'avais prévenu, Kamenashi. Tu aurais du m'écouter.
- Allons allons messieurs, du calme. Nous allons débuter, fit le second homme. Permettez-nous d'abord de vous présenter Amaguchi Kuriko, créatrice du parfum Switch et initiatrice du projet qui nous réunit aujourd'hui.
- Quel projet ? demanda alors Yamapi.
- Je vais y venir, fit alors la jeune femme. Bonjour messieurs, enchantée.
- Bonjour, salua poliment le leader de News, imité de son cadet.
- Donc, mon parfum est conceptuel en fait, reprit Amaguchi-san. Il représente la dualité constante qu'il y a en chacun de nous et j'ai pensé que vous en étiez les meilleurs visages.
- He ?! Tous les deux ?! s'exclama alors Kame. Pas question. C'est mort.
- Joue pas au con, c'est le boulot là. Met ta putain de fierté dans ta poche avec le reste. T'auras tout le temps de me détester quand on aura fini. Et j'en aurais autant à ton service.
- … Ok… céda-t-il finalement.
- Parfait ! Vous m'en voyez ravie, car je tenais essentiellement à ce que ce soit vous. J'aurais été bien ennuyée si vous aviez refusé, leur dit-elle en souriant.
Etonnés, les deux idoles la virent ensuite fouiller dans son sac et en tirer un vaporisateur, qu'elle sembla vider sur les chanteurs médusés.
- Heu… Merci mais on avait pas besoin d'autant, fit remarquer le News.
- En plus ça shlingue votre truc ! Personne de sain d'esprit acceptera de mettre un truc pareil même si c'est nous qui…
- Kamenashi-san, excusez-vous immédiatement ! le coupa immédiatement son manager.
- Et bien, sans aller jusqu'à dire que ça empeste, disons que ce parfum n'a pas une odeur agréable. Le faire acheter par les gens sera compliqué, sur ce point je rejoins Kamenashi.
- Ah je suis navrée que ça ne vous plaise pas. Mais il est possible que vous ayez simplement l'un et l'autre le nez trop fin. La majeure partie des personnes qui ont senti cette fragrance l'ont trouvée agréable.
- Vous rigolez ?!
- Kamenashi, arrête. C'est bon, c'est pas grave. Y'a pas mort d'homme alors pas la peine d'en faire un drame. (à la jeune femme) Quand doit avoir lieu le tournage ?
- Après demain. Vos managers auront le détail des horaires.
- Très bien. Dans ce cas à dans deux jours, fit encore Yamapi qui ne perdait que très rarement son légendaire calme.
Qualité qui lui était très utile en l'occurrence, car l'immonde chose dont elle les avait aspergés et qu'elle osait sérieusement qualifier de "parfum", sentait les égouts ou à peu près. Si des gens avaient réellement trouvé que ça sentait bon, il fallait qu'ils aillent consulter d'urgence.
A cause d'elle, il allait devoir rentrer chez lui avec ses vêtements de répétition trempés de sueur et sentant la mort en prime. Adieu sexy-tude. Il restait à espérer que cette atroce puanteur ne collerait pas à sa peau ni à ses cheveux, sinon plus personne ne voudrait l'approcher pendant des jours, voire plus.
Il remonta donc à la loge, passablement agacé mais ne voulant pas le faire ressentir à son groupe qui n'y était pour rien, tandis que Kame faisait de même de son côté ans toutefois avoir les mêmes égards pour ses amis, sur qui il se défoula dès que l'un d'eux fit une remarque sur l'odeur qui émanait de lui.
Et bien que les cinq autres membres de KAT-TUN aient l'habitude du caractère difficile de leur cadet, s'en fut trop pour l'un d'eux.
- Oi tu vas te calmer ouais ?! aboya Jin, en colère. Je sais pas ce qui s'est passé, mais on est pas tes clébards, alors met-la en veilleuse ok ?!
Le silence retomba dans la pièce. Akanishi Jin était vraiment la seule personne sur Terre à oser rembarrer son ami quand il était furieux et certainement la seule aussi à être capable de le rendre muet en ne s'écrasant pas devant lui.
- Je vais me changer et on reprend, marmonna alors le leader, calmé.
De son côté, Yamapi devait faire face aux questions des News, intrigués par son nouveau fumet.
- Heu… Pi-chan, c'est quoi cette odeur ? demanda Yuya en s'approchant de son leader pour le renifler. Ca pue.
- Il faut avouer… appuya Keiichiro qui, bien que ne s'étant pas approché de si près, plissait le nez de dégoût.
- Je sais, je sais… Un accident pendant la réunion, fit le concerné après avoir soupiré. Je peux pas m'en débarrasser pour le moment, alors il va falloir faire abstraction pendant la répète.
- Facile à dire. Tu shlingues comme une vieille grand-mère qui aurait trempé dans le formol.
- Merci de ton soutien, Ryo. Ca fait chaud au cœur, vraiment. Bon, je me change et on s'y remet. Sinon on avancera jamais.
Sur ces mots, il se dirigea vers le casier où il avait tout juste eu le temps de mettre son sac avant qu'on ne vienne ne chercher et troqua ses vêtements qui empestaient le soit-disant "parfum", contre le marcel et le baggy qu'il portait toujours pour répéter.
Pendant qu'il mettait ses baskets, Shige s'approcha à une distance assez raisonnable pour ne pas être trop incommodé et demanda :
- Et sinon, la réunion c'était pour quoi ?
- Merci Shige. Ravi de savoir qu'il y en a au moins un que ça intéresse.
- Dis pas ça comme ça, répliqua alors Massu. C'est juste que c'est difficile de penser à autre chose que…
- Oui c'est bon, merci Massu on a compris. Donc pour répondre à ta question, Shige, fit Yamashita en se redressant, je me retrouve obligé de collaborer avec Kamenashi sur un cm pour du parfum.
- HEEEEEE ?!
Le cri incrédule avait jailli en même temps des bouches des cinq News.
- Heu… mais ça va aller ? s'inquiéta Koyama.
- Pas le choix de toute façon. C'est du boulot, alors on fera ce qu'il faut tous les deux.
- Vous en avez parlé ? Il est d'accord pour enterrer la hache de guerre ? demanda Massu.
- Plus ou moins.
- Plutôt plus ou plutôt moins ?
- Connaissant Kame, il a pas du accepter de gaîté de cœur, fit remarquer Ryo. Ca m'étonnerait que ça se passe bien, ce truc.
- On est tous les deux des adultes responsables, Ryo. En plus, on est des pros. Le boulot c'est le boulot. En parlant de boulot, on a du pain sur la planche. Allez.
Les répétitions prirent fin en début de soirée, quand les membres des deux groupes déclarèrent que l'odeur du parfum mélangée à celle de la sueur de leur leader respectif devenait insupportable et qu'ils ne pouvaient plus travailler dans ces conditions. Un peu agacé, chacun rentra chez soi, pressé de prendre une douche qui le débarrasserait de cette puanteur. Ils en profitèrent également pour se coucher tôt, car il leur faudrait mettre les bouchées doubles le lendemain pour compenser à la fois le temps perdu à la réunion et celui de la répétition trop tôt abrégée.
Le son strident d'un réveil tira du sommeil l'occupant du lit qui, sans ouvrir les yeux, tâtonna plusieurs secondes avec ses deux bras pour rechercher l'objet dont il ne e souvenait plus de quel côté il l'avait mit. Il finit par le trouver et émit un grognement d'ours des cavernes mal embouché, avant de se décider à s'asseoir sur le bord du lit et à bâiller et s'étirer dans tous les sens. Il se leva ensuite en se frottant les cheveux et, les yeux encore collés de sommeil, se dirigea vers la porte de sa chambre. Ou du moins là où aurait du se trouver la porte de sa chambre. Qui n'y était manifestement pas car il heurta le mur de plein fouet.
- Ittttttai… murmura-t-il en frottant son crâne endolori.
Mais la collision eut au moins le mérite de l'éveiller tout à fait. Ce fut donc totalement ahuri, qu'il promena les yeux sur la chambre dont le décor ne lui était pas du tout familier.
- C'est quoi ce bordel ? Je suis où là ? dit-il à voix haute comme si quelqu'un pouvait l'entendre.
Sans saisir ce qui se passait, il quitta la pièce par la porte réelle et déambula dans cet appartement qui n'était pas le sien et dans lequel il ne reconnaissait aucun de ceux de ses amis. Cherchant à comprendre, il observa chaque objet à sa portée, jusqu'à tomber sur une photo posée sur le meuble d'entrée. Une photo des six News tout souriants.
- C'est quoi ce bordel ? répéta-t-il. Je suis allé chez une fan sans m'en rendre compte hier soir ou quoi ? Je deviens dingue ?
Il réalisa alors que sa voix sonnait très étrangement, même à ses propres oreilles. Perplexe, il chercha la salle de bain… et se figea immédiatement en apercevant son reflet dans le miroir au dessus de la vasque.
- HAAAAAA ! MAIS POURQUOI JE SUIS YAMAPI ?!
