Parkour
Parkour : n.m : Manière la plus efficace de se déplacer dans son environnement.
Tirée du Larousse 20XX
Assis dans un coin avec Whisky et Cigarettes, mes plus vaillants lieutenants, j'observais le champ de bataille. Là où il y encore peu régnais ordre et propreté, voilà que le chaos avais établi sa domination. A la place du sang, des tubes de peintures éclatés, à la place de la poudre, des gommes déchiquetées, à la place des corps, des cadres éventrés, à la place des fusils, des pinceaux brisés, à la place des détonations, du métal hurlant. Derrière la porte aussi, du bruit, des cris, ils avaient dû entendre la détonation tout de même. Peu m'importe, je suis déjà finis. Ils arriveront trop tard, trop tard pour me sauver, trop tard pour l'art.
Car l'art est explosion, n'est-ce pas mon Amour ?
Tu es si beau, tes bras ouverts comme ça. Tu m'attends non ? Réponds-moi Love.
Mais bien sur tu ne peux pas me répondre. Pas grave j'aurais ta réponse d'ici peu. Car je viens te rejoindre Love. Je n'ai pas fait ça pour toi, ce serai trop facile. Je n'ai pas fait ça car je ne pouvais plus supporter de vivre, ce serai trop classique. J'ai fait ça par ennui. Arrivé en haut, je n'avais plus personne à battre, plus rien à surpasser. Enfin si… Toi. Mais dépasser sa Muse, pour un artiste est impossible. C'est bien dommage, j'aurais pu grappiller quelques années de plus ainsi.
Je n'avais plus rien à perdre, t'ayant perdu toi. Ça aussi c'est bien dommage. On aurait pu bien vivre Love. Mais bon, en enfants des rues on aurais tout envoyé voler pour faire le grand saut. Comme moi il y a peu.
Tiens, voilà qu'elle se montre enfin. Tu sais, notre grande amie vêtue de noir, celle qui hantait nos nuits, tes pas, mes traits. Elle pleure tu sais. Elle a perdu ses deux enfants. Mais je lui ai laissé un cadeau. Pas qu'à elle d'ailleurs, au monde entier. Tout le monde la verra cette œuvre je te le promets. Il s'extasierons devant ta beauté Love. Je te le promets aussi.
Elle me prend dans ses bras, aussi maigre que la Famine. Mais elle me soulève. Je te rejoins Love. Tu pourras me hurler dessus si tu veux, comme on l'a si souvent fais. Tu ne me feras pas regretter l'Ennui que j'ai quitté.
Finalement elle m'emmène. Et les gens se décident à entrer, pile quand je parts. Dommage pour eux. Ils pleurent, ils crient. Ne t'inquiète ce n'est pas moi qu'ils regrettent c'est l'Art. Les moins passionnés, ceux qui ne pleurent pas, qui ne crient pas, t'ont finalement vus. Ils te voient dans toute ta splendeur, dans toute ta majesté. Je vois leurs visages, marqués d'adoration, touché par le Divin, par l'Art. Puis s'en suis l'effroi mon ange. Je m'en doutais aussi, tu es trop beau, trop réaliste, trop violent pour eux. Mon Ange aux cheveux de feu, encapuchonné et courant. Je trouve avoir bien représenté le mouvement, on dirait que tu es en vie sur cette œuvre Love. Tu cours sur notre Reliquaire, sur notre cité et sur nos morts. Tient c'est peut être ça la cause de leur effroi. Je ne pensais pas que la vue d'un homme courant sur des cadavres frais entremêlés de squelettes blanchis par les années pouvait donner des haut-le-cœur. Enfin on m'a toujours déclaré insensible, peut être que c'est ça aussi.
J'espère que tu n'as pas changé là-haut, que tu as toujours ta hargne comme bouclier et ta langue comme arme. Oh et tes ailes aussi, comme celles sur mon mur, tes grandes ailles blanches, que tu trainais même dans le noir de notre cité. Mais je ne me fais pas de souci, même si tu n'étais plus le même je t'aimerais toujours, de toute façon. C'est ma drogue, mon addiction, ma folie. On m'a toujours déclaré fou, faut il y voir un lien.
Je vais me taire maintenant. Je t'attends. Je sais que tu viendras me voir.
…
Tu n'as vraiment pas changé Love. Absolument pas Sasori.
