Chapitre 1
Cela faisait plusieurs jours qu'Harry se sentait mal à l'aise. Il ressentait un sentiment diffus qui lui donnait le sentiment de n'être plus vraiment lui-même.
Non pas qu'il devenait fou, mais il avait une conscience aigüe de ce qui se passait autour de lui.
Il faisait des rêves et des cauchemars dans lesquels ils rêvaient de grandes batailles épiques et de grandes passions. Il se réveillait souvent anéantis, la peur au ventre et la rage au cœur.
Il ne savait pas trop ce qui le mettait dans cet état. La violence de ces combats sanguinaires ou la douceur des rêves interdits ou il était aimé, adoré toute la nuit, par une ombre dont il ne savait rien.
Harry sombrait dans la solitude chaque jour un peu plus et il vivait le jour dans l'attente de la nuit et des rêves qui les accompagnaient.
Ron et Hermione ne se préoccupait pas vraiment de ce qui lui arrivait. Non pas qu'ils se fichaient de lui mais l'amour avait pris le pas sur l'amitié et l'euphorie de leur nouvelle relation agissait comme un film opaque entre eux et le monde. Harry ne leur en voulait pas. Paradoxalement, il appréciait cette solitude qui lui permettait de vivre encore plus intensément ces nuits incroyables qu'il ressassait chaque jour.
Harry se rendait dans la grande salle pour le petit déjeuner lorsqu'il se fit bousculer si violemment qu'il en tomba par terre, dispersant autour de lui le contenu de son sac, livres, plumes et encre.
-« Par merlin, tu ne peux pas regarder ou tu vas ! » S'exclama-t-il en ramassant ses affaires. Il leva les yeux vers la personne qu'il l'avait bousculé avec si peu de ménagement et il croisa les yeux orages les plus intenses qu'il eu jamais vu, appartenant à celui qui le considérait comme son pire ennemi.
-« Malefoy ! Tu l'as fait exprès ! ».
Draco ne répondait pas. Il se contentait de fixer Harry intensément, comme s'il pouvait lire à travers lui. Harry se sentait trembler sou son regard.
Puis Draco se détourna brusquement et continua son chemin sans un regard pour Harry, toujours affalé par terre. Harry reprit son souffle avec difficulté et tenta de calmer les battements de son cœur qui battait à un rythme effréné.
Il avait depuis longtemps accepté les sentiments étranges qu'il ressentait à la vue de celui qui était considéré par tous comme son ennemi juré. Passion, Désir, Amour.
Depuis que Draco avait décidé contre toute attente de rejoindre l'ordre dans la bataille contre Voldemort, cet été, allant à l'encontre des idéaux de son père et de ce que tout le monde attendait de lui, les sentiments d'Harry n'avait fait que croître.
Pourtant, l'attitude de Draco ne faisait rien pour encourager cela. Bien au contraire. Si vous pensez que son passage du côté du bien aurait modifié son comportement avec « Le Sauveur », détrompez-vous. Bien au contraire, Draco avait remplacé sa haine constante par un mépris et une indifférence glaciale qui causaient bien plus de dégâts à Harry que sa haine affichée d'antan.
Avant au moins, Harry savait qu'il procurait des sentiments à sa Némésis, même s'il s'agissait d'une haine farouche et d'un dégout profond.
Aujourd'hui il se sentait sombrer dans une solitude quasi dépressive, peuplée de rêves qui ne se réaliseraient jamais.
Pourtant dans leur lutte contre le mal, et se battant du même côté, ils avaient depuis le début de leur septième année des cours commun de combat, de lutte, de duel et de stratégie, dispensés en cachette dans la serre par des membres de l'ordre.
Trois fois par semaine ils étaient réunis avec d'autres volontaires, pour la plupart des septièmes années voulant apprendre à se battre, rescapés de l'AD, amis d'Harry ou de Draco qui l'avaient suivi après qu'il ait choisi son camp.
Pendant son cours d'histoire la magie, Harry s'installa au fond de la classe et sombra presque immédiatement dans un sommeil profond.
Comme à chaque fois qu'il s'endormait depuis plusieurs semaines, il se mit à rêver.
Il était dans une salle toute en pierre à l'allure spartiate, de larges ouvertures dispensaient la lumière. Des adolescents uniquement vêtus d'espèces de shorts de tissus blanc épais se battait deux par deux, et Harry avait l'impression de regarder de loin, la page d'un livre d'histoire sur les us et coutumes de la Grèce antique.
Harry était spectateur et acteur impuissant de ce rêve où il ne contrôlait plus rien.
Les adolescents âgés d'environ seize ans, luttait deux par deux sous la direction d'un homme qui les entrainait et leur donner des directives. Harry lui-même se battait contre un garçon, dont il distinguait mal les traits, plongés dans l'ombre.
Peau contre peau, ils tournaient, se poussaient, se rapprochaient, comme une danse ou corps contre corps ils cherchaient à prendre le dessus. Harry se sentait déstabilisé par leurs peaux s'effleurant dans de brutales caresses, par le corps chaud pressé sans cesse contre le sien, brûlant par cette bataille qui n'en finissait plus.
Ils luttaient durement, sans se faire de cadeau, et au bout de plusieurs minutes ou Harry tentait avec acharnement de faire plier son adversaire, il se retrouva plaqué au sol, un corps souple dur pressé contre le sien, des cuisses puissantes enserrant ses hanches, les mains emprisonnées au sol. Il avait perdu.
-« Aurais-tu préférais que je te laisse gagner ? » murmura le jeune homme penché au dessus de lui
-« La prochaine fois je te battrais ! » répondit Harry
L e jeune homme se baissa et chuchota à l'oreille d'Harry qui avait du mal à ne pas trembler : « C'est toujours ce que tu dis cher Achille ».
-« Si je suis Achille, alors c'es que tu es Patrocle, son plus fidèle ami». Harry n'arrivait pas à contrôler ses paroles, comme s'il n'était qu'un habitant passif de ce corps qui ressentait ces émotions si violentes.
Le jeune homme se releva souplement et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il le remit debout si brusquement qu'Harry manqua de s'effondrer contre lui. Il lui chuchota à l'oreille :
-« A jamais, tu resteras mon Alexandre… »
