San Francisco

Portant une cigarette à mes lèvres, je l'allumais et en tirais une taffe. Appuyé contre la portière de ma voiture, une magnifique Audi R8 rouge (oui j'avais de l'argent, et oui j'aimais le montrer), j'observais les gens entrer et sortir du club devant lequel j'étais posté. J'en étais sorti quelques minutes plus tôt, avec, bien entendu, une idée bien précise en tête. En début de soirée, mes yeux s'étaient posés sur un charmant jeune homme, brun aux yeux bleus. J'en avais alors fait ma proie, lui lançant des regards aguicheurs, et des gestes plutôt implicites. S'il n'avait pas compris qu'il me plaisait, s'est qu'il avait un sérieux problème. Quant à moi, je savais que je ne lui étais pas indifférent. Il avait répondu à mon jeu de séduction par de petits regards. En sortant, je lui avais fait un clin d'œil, signifiant clairement : rejoins-moi. C'est lui que j'attendais. Je remontais un peu le col de ma veste. Même si nous étions encore largement au-dessus des températures New-yorkaises, la température avait baissé, et les nuits étaient fraîches. La porte du club s'ouvrit, laissant brièvement entendre le bruit sourd de la musique, avant de se refermer dans un claquement. J'écrasais ma clope au sol avec le pied, baissant légèrement la tête pour cacher le sourire qui étirait à présent mes lèvres. J'avais une fois de plus gagné, et réussi à attraper ma proie dans mes filets.

- Tu n'aurais pas une cigarette ?

Mon sourire s'agrandit un instant, avant que je n'affiche de nouveau un visage neutre. Je relevais la tête. Il était là, devant moi, sa veste en cuir passée sur ses épaules. La lumière, provenant des lampadaires de la rue, faisait briller ses yeux. Une mèche de cheveux bruns lui tombait sur le visage. Il me souriait. Vraiment sexy ce garçon. A mon avis, j'allais passer une très, très, agréable fin de soirée. Je sortis mon paquet de cigarettes de la poche intérieure de ma veste, l'ouvris et le lui tendis. Il en prit une et la porta à ses lèvres. Je la lui allumais. Il tira une taffe avant de toussoter et d'afficher une grimace de dégoût. Je souris. Ouais, c'est bien ce que je pensais…

- Tu utilises souvent cette technique ? Lui demandais-je.

- Quelle technique ?

- Demander une cigarette alors que tu ne fumes pas. C'est bien une technique de drague, non ?

Il me fit un sourire en coin, tout en rougissant légèrement. Hum, je commençais à avoir plein d'idées qui me venaient en tête pour cette nuit….

- D'accord, je reconnais, je ne fume pas. Je ne sais pas comment tu fais d'ailleurs, c'est absolument immonde. Avoua-t-il.

- On s'habitue…

- Hum… Et donc, est-ce que ça a marché ou pas ?

- Je sais pas, qu'est-ce que tu en penses toi ?

- Et bien, tu es toujours là, et vu la position dans laquelle tu viens de te mettre, je dirais que tu n'as pas l'intention de partir tout de suite…

Je haussais les sourcils en souriant. Effectivement, sans vraiment m'en rendre compte, je m'étais appuyé un peu plus contre ma voiture, allongeant légèrement les jambes, et avais croisé les bras sur ma poitrine.

- Peut-être que j'attends juste quelqu'un…

- Oui, peut-être…. Mais je ne pense pas…

Je le détaillais de la tête aux pieds.

- Tu penses que tu peux m'avoir juste en me demandant une clope ?

Il rit.

- Je sais pas, à toi de me le dire… Me fit-il.

Mes yeux se posèrent sur sa bouche. J'allais la faire crier, hurler de plaisir, dans pas longtemps, s'était décidé. J'approchais mes lèvres de son oreille, et lui murmurais :

- Je suis descendu dans un hôtel à deux pas d'ici, et… Je n'ai pas très envie de dormir seul ce soir…

Il rougit à nouveau, mais je pus lire son acceptation dans ses yeux azur, avant même qu'il ne la formule à haute voix.

- Je te suis…

Je lui ouvris la portière côté passager. Il y monta sans poser de questions. Je fis ensuite le tour, et montais à mon tour. Je démarrais en trombe. Certes, l'hôtel n'était pas loin, mais je n'étais pas sûr de réussir à attendre jusque-là. Ce jeune homme m'attirait beaucoup trop. Je quittais la ville demain matin, et je dois dire que pour le moment, il était vraiment l'une de mes plus belles rencontres. Restait à voir ce qu'il valait au lit. Je lui jetais à nouveau un regard en coin. Le sien croisa le mien et je souris. Je crois que je n'avais pas à m'inquiéter pour ça. Je garais la voiture devant l'hôtel. Je descendis, et il en fit de même. Il émit un sifflement admiratif en apercevant l'hôtel 5 étoiles dans lequel je l'avais emmené. Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai de l'argent, et j'aime le montrer. Je passais ma main dans le creux de ses reins. Je le sentis frisonner.

- Tu n'as encore rien vu… Crois-moi, cet hôtel offre une quantité illimitée de moyens pour nous permettre de nous amuser cette nuit… J'espère que tu n'avais pas dans les projets de dormir ?

- Pas vraiment… Chuchota-t-il.

Satisfait, je jetais les clés de ma voiture au chauffeur, et, prenant ma proie par la main, je l'entraînais à l'intérieur. Le sol du hall était fait en marbre noir. D'immenses lustres luxueux pendaient des hauts plafonds. Cependant, je ne le laissais pas admirer plus longtemps la vue, et le poussais dans l'ascenseur. Lorsque les portes se refermèrent sur nous, je le plaquais contre la paroi, et me collais à lui, avant d'écraser mes lèvres sur les siennes. Il sursauta, mais posant ses mains sur mes hanches, il m'attira un peu plus contre lui. J'approfondis le baiser en forçant le barrage de ses lèvres avec ma langue. Elle caressa la sienne avec envie. Il y répondait, et se débrouillait plutôt bien. Ses lèvres étaient douces. Le bip de l'ascenseur nous indiqua qu'on était arrivé. Ma chambre, ou plutôt ma suite, était située au dernier étage de l'hôtel, donnant sur la baie de San Francisco. Je le fis entrer à l'intérieur et le poussais sur le canapé. Allongé sur le dos, il me lança un regard provocateur.

- Tu ne m'offres même pas un verre ?

Je m'allongeais sur lui, avant de taquiner la peau de son cou, de mes lèvres.

- Pas le temps… Lui fis-je. Puis tu n'es pas là pour ça, si ?

Il secoua négativement la tête, avant de m'embrasser.

- Enlève ta veste ! Lui ordonnais-je. Je reviens !

Il m'obéit, mais me lança un regard interrogateur en me voyant me lever et disparaître dans la salle de bain. Je souris et fouillais dans les tiroirs. Je pris d'abord un préservatif, puis tout bien réfléchi, j'en pris deux autres. Je sentais que ça allait être une très longue et agréable nuit.

- Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda-t-il.

Je sentais de l'inquiétude dans sa voix. Je le rejoignis et posais un doigt sur ses lèvres.

- Chut, ne t'inquiète pas…

Je déposais à nouveau des baisers dans son cou.

- Laisse-toi faire… Économise ta voix pour plus tard, tu en auras besoin…

Mes mains s'aventurèrent sous son tee-shirt bleu. Il le moulait parfaitement. Je l'avais dévoré avec envie toute la soirée, fantasmant sur ce qui pouvait bien se trouver au-dessous. Je le lui enlevais et le détaillais. Il était juste… Parfait. Il n'y avait pas d'autres mots. Ses muscles étaient dessinés à la perfection, sa peau était douce et sans défaut. J'avais séduit un mannequin ou quoi ?! Abaissant légèrement son pantalon, j'aperçus le haut d'un tatouage. Il semblait partir de sa hanche droite et remontait sur le bas de son ventre. Je ne saurais pas dire ce qu'il représentait, mais bon sang ce que c'était sexy et existant. Je le déshabillais entièrement. Il passa sa main dans mes cheveux. Lui attrapant les poignets, je les lui relevais au-dessus de la tête. Il se mordit la lèvre inférieure. Je sentis la bosse dans mon pantalon se faire de plus en plus imposante. S'en était presque douloureux. De plus, il commençait à faire vraiment chaud.

- Ne bouge pas ! Lui ordonnais-je, tout en enlevant, à mon tour, ma veste et ma chemise.

Je les jetais au sol, où ils rejoignirent ses vêtements. Je commençais alors à embrasser son torse. Mes doigts effleurèrent ses flancs, avant de descendre sur son bas-ventre. Ma langue s'en rapprocha à son tour. Je lui écartais les cuisses et en embrassais l'intérieur. Je l'entendis gémir.

- Ce n'est pas fini… Crois-moi, ce n'est que le début… Lui fis-je sensuellement.

- J'es… père…. Haleta-t-il, alors que je suivais les trajets de son tatouage avec ma langue.

Maintenant que je le voyais en entier, il me semblait l'avoir déjà vu quelque part. Enfin, j'avais des choses plus importantes à faire pour le moment. Je descendis un peu plus et taquinais l'extrémité de son sexe avec ma langue, tout en plantant mon regard dans le sien. Ses yeux irradiaient de plaisir. Je sentis une étrange sensation dans mon ventre, qui n'avait rien à voir avec mon envie de lui. Non, c'était autre chose… Je reportais mon attention sur son intimité et la pris totalement en bouche. Il poussa un cri à la fois de surprise, et à la fois de plaisir. Il mouvait ses hanches au rythme de mes va-et-viens. Une de ses mains passa dans mes cheveux, appuyant dessus, me faisant de ce fait le prendre un peu plus en bouche. Je poussais à mon tour un gémissement étouffé. Qu'est-ce qui pouvait être… excitant. Mes mains caressèrent ses cuisses. J'en fis glisser une vers son intimité, la frôlant légèrement. Il haletait de plus en plus. Je sentais ses doigts resserrer leur prise dans mes cheveux. Je me retirais. Il poussa un soupir de frustration, ce qui me fit sourire. Je le soulevais et le portais dans mes bras, avant de le plaquer contre le mur et de le reposer.

- Retourne-toi !

Il m'obéit. Il se mordait toujours la lèvre, et avait toujours ce petit rougissement sur ses joues, qui me rendaient dingue. J'enlevais le peu de vêtements qui me restait, et le fit se cambrer. J'entrais un doigt en lui, un peu brutalement, je l'avoue. Mais je n'étais pas du genre précautionneux et patient. Par ailleurs, il ne sembla pas sans plaindre, bien au contraire. Il rejeta la tête en arrière, la posant sur mon épaule. Je lui mordillais le lobe de l'oreille, tout en bougeant mon doigt en lui.

- Encore… plus…. Me murmura-t-il.

Ce fût à mon tour de me mordre la lèvre. On semblait se compléter parfaitement. On était vraiment sur la même longueur d'onde, à tel point que s'en était presque perturbant. J'en introduis un deuxième en lui. Il gémissait de plus en plus fort. Il était en sueur, et moi aussi, alors qu'on venait à peine de commencer. Il était d'ailleurs temps de passer aux choses « sérieuses ». Je déballais le préservatif que je tenais à la main, le mis en place, avant d'approcher doucement mon sexe de son intimité, cherchant son accord pour aller plus loin. Et j'eus plus que ce que je n'osais espérer : il s'empala littéralement dessus, m'arrachant, au passage, un cri de plaisir.

- Putain ! Hum… Je ne sais pas qui tu es bel inconnu, mais sache que tu es parfait ! Lui fis-je en embrassant son épaule.

Je lui donnais coup de reins sur coup de reins, le faisant hurler de plus en plus de plaisir. Le mien montait crescendo. Il plaqua ses mains sur le mur, se cambrant un peu plus, me permettant d'aller plus loin en lui. Merde, merde, merde, je n'allais pas tarder à venir s'il continuait comme ça. Mes mains rejoignirent les siennes, et nos doigts s'entremêlèrent. Tiens, la sensation que j'avais ressentie tout à l'heure refaisait surface…. Étrange… Je lâchais une de ses mains, pour poser la mienne sur son sexe. Je le caressais, imprimant dessus un rythme identique à mes coups de reins. Il vint quelques minutes plus tard, dans ma main, et dans un cri de plaisir. Je le plaquais un peu plus contre le mur alors que je venais à mon tour en lui. J'étais complètement ailleurs, comme si je m'étais drogué et que je planais, déconnecté du monde. Je posais ma tête contre son dos. Il tremblait. Je me surpris à le serrer contre moi. Je n'avais habituellement de geste de tendresse pour personne, et certainement pas pour une de ces conquêtes d'un soir, qui n'était pour moi, rien d'autre que des numéros qui défilaient dans mon lit….

- C'est quoi ton nom déjà ? Je ne me souviens plus ! Me fit-il, essoufflé.

- Normal, je ne te l'ai pas dit.

- Moi c'est Alec !

J'hésitais. Habituellement, je ne donnais pas mon nom, mais pour lui, j'avais étonnamment envie de faire une exception. Après tout, il venait de largement gagner ce droit.

- Magnus…

Lorsque le réveil de mon portable sonna, je grognais. Je n'avais jamais été du matin. Quelle idée de prendre un avion aussi tôt, aussi… J'éteignis cette sonnerie insupportable. Je n'avais pas envie de rentrer… Trop de mauvais souvenirs étaient associé à ma ville natale : New York. Mais bon, on ne m'en laissait pas le choix. Il y a cinq ans, mes parents ont perdu la vie dans l'incendie de notre maison. La cause criminelle étant restée longtemps envisagée, le testament de mon père n'avait pu être révélé. Aujourd'hui, faute de preuves suffisantes, l'enquête avait été bouclée, et je pourrais enfin toucher mon héritage…. Comme si j'en avais envie… Ce n'était rien à côté de la douleur de leur absence. Si la police rejetée à présent la cause criminelle, moi, en revanche, je restais persuadé qu'ils avaient été assassiné. Et je finirais bien par découvrir par qui… Voilà donc la raison de mon retour à New York. Oh, et j'allais oublier. En plus des douloureux souvenirs que m'infligeait cette ville par perte de mes parents, il y avait aussi des personnes que je redoutais de croiser : les Lightwood. Le père était un riche homme d'affaires. Avide, arrogant, manipulateur, et j'en passe. Je frémis. Cet homme me dégoûtait. Il avait une femme, aussi méprisante que lui, et trois enfants : deux garçons et une fille, je crois, mais que je n'avais jamais rencontré. Et je n'en avais d'ailleurs aucune envie. Robert et Maryse Lightwood jouaient au couple-modèle, mais en réalité, il gardait des secrets bien sombres dans leur placard. Je sentis les larmes me montaient aux yeux et des frissons parcourir ma peau, alors que ma respiration s'accélérait. Je sursautais en sentant une main glisser sur mon ventre, et la repoussais immédiatement, sous l'effet de la panique. J'aperçus alors mon bel inconnu de la veille, qui dormait toujours à poings fermés, malgré la violence et la brusquerie de mon geste. Allongé sur le ventre, le drap blanc, qui couvrait à moitié son corps, laissait voir une très grande partie de sa peau nue. Je sentis une vague de désir m'envahir. Je secouais la tête. Je n'avais pas le temps. La veille, nous avions passé la nuit à s'adonner aux douces joies du plaisir charnel. J'allais le regretter, mais j'avais une règle : une seule et unique nuit. Je me levais et partis prendre une douche, tout en veillant à ne pas le réveiller. Lorsque je fus prêt, et que j'eus récupéré toutes mes affaires, je déposais la clé de la chambre sur la table de chevet. La suite était déjà payée, je pouvais donc l'abandonné là, mais quelque chose, j'ignorais quoi, me retenais. J'écartais une mèche brune qui lui tombait devant les yeux. Il semblait si fragile comme ça… On aurait dit un ange. Comme je le faisais avec toutes mes conquêtes, je ne connaissais rien de lui, et donc de ce fait, j'ignorais son âge. Il ne devait pas avoir plus de 17/18 ans. Je remontais le drap sur son corps. Je pris ensuite un morceau de papier et un stylo, et lui écrivis mon numéro, avant de m'en aller, direction New York.