Genre: General (Il y aura de la romance, de l'action etc.)

Rating: T (Pour l'instant… je pense changer le changer en M pour certains chapitres)

Disclaimer: Je ne possède aucun des personnages, mais ça vous en doutez un peu :) Je pense traduire mon histoire en anglais aussi. Si je ne suis pas trop paresseuse !

...

Chapitre 1. L'appel du large

La vie est parfois remplie d'injustices. Il n'y a aucune garantie, aucun contrat qui promet une existence facile, une existence heureuse. Lorsqu'un malheur surgit, soit on se laisse écraser soit on relève la tête et on se bat.

La vie de Morgane, simple servante dévouée corps et âme à la reine Annis de Carmélide était de celles qui sont réglées comme une horloge, se lever, travailler et s'endormir le soir, rompue. Elle n'avait jamais eu à se plaindre, la reine était bonne avec elle, presque amicale quoique souvent capricieuse. C'est pour sa beauté et son talent de lectrice qu'elle avait pu se hisser si haut dans les rangs de serviteurs.

Morgane avait tout pour être heureuse, la santé, la beauté de ses 17 ans, des admirateurs, une chambre confortable et l'accès à la grande bibliothèque. S'il y avait une chose qu'elle aimait par-dessus tout, c'était de se blottir dans le petit fauteuil rouge près de la cheminée dans la cuisine du château et de lire autant qu'elle le pouvait durant son temps libre au milieu d'odeurs toutes plus délicieuses les unes que les autres. Alice, la cuisinière en chef, sa protectrice qui l'avait recueillie et amenée il y a des années en Carmélide, l'avait toujours encouragée à s'instruire dans les livres. C'est ainsi que Morgane avait passé 10 ans de sa vie.

Sous ses traits délicats et son esprit acéré se cachait pourtant une ombre que seule Alice pouvait comprendre. Une ombre que bien des gens à cette époque devaient dissimuler. Chaque nuit, Morgane devait combattre la tristesse et la peur qui l'envahissait lorsque l'orage grondait dehors sous des torrents de pluies, la peur qui lui taraudait le ventre lorsque des bruits de pas se faisaient entendre dans le couloir. Morgane possédait le don. Elle était une sorcière tout comme Alice qui avait dû quitter Camelot 10 ans plus tôt afin d'échapper à l'horreur de la Grande Purge. C'est sur le chemin de la Carmélide qu'elle avait trouvé Morgane, seule et apeurée en plein milieu de la forêt. Ses parents avaient été brulés vifs, sur un bucher de fortune par les soldats d'Uther, le roi de Camelot.

Jamais elles n'avaient reparlées de cet épisode tragique de son existence. Le passé était le passé et il fallait vivre, plus que tout. Personne ne devait être au courant de sa magie, magie qui de toute façon ne se manifestait pour l'instant que sous forme de visions.

...

Cette nuit-là, Morgane se réveilla en sursaut, tout son corps était tendu. Elle ne se souvenait plus de son cauchemar mais il l'avait terrifiée. La main chaude d'Alice vint se poser sur son front.

-Réveille-toi Morgane, j'ai besoin de toi !

Morgane se détendit, un peu de rose vint recolorer ses joues. Alice avait toujours eu cet effet apaisant sur elle.

-Maintenant ? demanda la jeune fille, on est au beau milieu de la nuit.

Elle se redressa sur ses deux coudes afin de faire face à la femme assise sur son lit.

-La reine a du mal à dormir, elle m'a demandé de lui préparer une potion. Elle préfère que tu la lui apporte personnellement.

Morgane souffla et se leva péniblement. Une petite marche dans les couloirs sombres du château n'était pas pour ainsi dire son activité préférée mais elle ne pouvait rien refuser à la souveraine.

La reine Annis connaissait les talents de médecin d'Alice et ne se privait pas de lui demander de temps à autres de petits services. Les excès de colère du roi était connus de tous, il n'était pas rare de l'entendre hurler sur ses serviteurs ainsi que sur sa femme qui de ce fait était plus anxieuse que jamais. Carléon effrayait Morgane, il promenait sur elle des regards déplacés depuis quelques temps et la reine n'apprécier guère être dénigrée. La jeune fille s'était toujours arrangée pour le croiser le moins possible.

Morgane marchait tranquillement le long du couloir menant aux appartements royaux. A cette heure tardive, elle se fit la plus petite possible, la chandelle qu'elle tenait n'émettait qu'une faible lueur. Elle contempla le flacon qu'elle tenait dans son autre main, le liquide brunâtre destiné à la reine n'avait rien d'appétissant. Sa maîtresse avait toujours était très difficile, Alice devait redoubler d'efforts et élaborer des plats tous plus compliqués les uns que les autres pour ne pas devoir subir ses remontrances. Pourtant lorsqu'il s'agissait de potions, elle avalait le tout sans broncher. Dans son esprit, plus le gout était infect et plus le remède était efficace. Morgane fronça le nez, elle sourit en pensant à la reine avalant la mixture.

Le soldat qui se tenait devant la porte de la chambre, s'écarta reconnaissant la servante de la reine. Morgane entra dans la vaste pièce. Il y faisait très sombre.

-Majesté, appela-t-elle doucement, avançant avec prudence de peur de se prendre les pieds dans le gigantesque tapis sur lequel reposait le lit.

-Elle n'est pas ici, répondit une voix d'homme.

Morgana se retourna vivement, se maudissant de ne pas avoir remarqué la présence du roi derrière elle. Il était assis sur une chaise, derrière un petit bureau recouvert de parchemins. Heureusement, elle n'avait ni laisser tomber la chandelle, ni briser le flacon.

Tentant de maîtriser ses émotions, elle fit une révérence puis demeura silencieuse, la tête baissée. Elle n'avait qu'une envie, prendre ses jambes à son cou mais elle tint bon.

- Comment t'appelles-tu déjà ? Il semblait las mais ses yeux étaient cruels.

-Morgane votre majesté. Je devais apporter sa potion à la reine.

Le roi repoussa sa chaise dans un grand bruit, se leva et s'avança vers elle. Morgane devint blême. Un horrible pressentiment vint l'envahir. Elle recula instinctivement et vint percuter le grand lit. S'il s'approchait encore, elle pourrait peut-être basculer en arrière et utiliser le lit pour s'échapper.

-Je vais peut-être vous laisser votre altesse, tenta-t-elle d'articuler.

Avant même qu'elle eut finit sa phrase, il fondit sur elle avec une vitesse foudroyante et poussa ses épaules en arrière. Morgane tomba à la renverse sans même avoir le temps de réagir. Elle poussa un grand cri. Peut être quelqu'un viendrait il à sa rescousse. Il releva ses jupes d'une main, il tenait de l'autre les poignets de la jeune servante et les maintenaient au-dessus de sa tête. Elle tentait désespérément de se débattre, en vain.

-Lâchez moi, lui hurla-t-elle au visage.

Sous l'intensité du son, le roi relâcha quelques secondes les poignets de Morgane qui en profita pour le gifler de toutes ses forces. Elle était folle de rage, humilié et révoltée.

-Mais que ce passe t'il ici ! hurla la reine. Elle venait de rentrer dans la chambre et regarder la scène, ébahit.

Morgane émit un hoquet de soulagement. Lorsque le roi se releva pour faire face à sa femme, elle glissa le long du lit et se recroquevilla par terre.

-Madame, hoqueta-t-elle.

-Sors d'ici ! Elle lui avait craché ses mots au visage. Je veux que tu partes. Que je ne revois jamais ton visage !

Un sentiment de vide transperça le corps de Morgane comme une flèche empoisonnée, elle se sentit si seule tout à coup. Une envie de pleurer, d'être engloutie par la terre l'assaillit. Saisissant le peu de courage qui lui restait, elle s'enfuit à toutes jambes.

...

-Tu dois partir d'ici Morgane.

-Mais je n'ai rien fait ! Sa voix tremblait. La jeune fille ne pouvait s'empêcher de pleurer. Cette vielle harpie ! Elle me déteste alors que tout est de sa faute !

Assise sur son lit, son oreiller pressé contre son cœur, Morgane se sentait désemparée. Il ne s'était rien passé mais elle peinait à se remettre de ses émotions. Elle voulait partir, c'est vrai. Quitter ce château pour ne plus jamais y revenir mais une petite voix intérieure lui disait que c'était sa maison, les gens qu'elles aimaient étaient ici. L'inconnu l'effrayait et l'attirait de la même façon.

-Regarde-moi, lui demanda Alice. Tu n'as pas le choix.

-Je voudrais être laide, se plaignit la jeune fille. Si j'avais été laide, rien ne se serait passé. Je serai encore au service de la reine, le roi ne m'aurait même pas regardé.

-Ne dit pas de sottises, dit Alice en souriant, compatissante. Tu as beaucoup de chance d'être ce que tu es. Tu vas pouvoir commencer une nouvelle vie. Rencontrer de nouvelles personnes.

-Mais ou dois-je aller ? Je n'ai que toi !

-A Camelot.

Ce mot raisonna comme un coup de tonnerre dans la tête de Morgane. Camelot, le roi Uther, l'assassin.

-Jamais ! Commença-t-elle mais Alice la coupa.

- Tu n'es pas la première à te faire traiter de la sorte par le roi. Crois-mois tu as eu beaucoup de chance !

Le ton de sa voix impressionna Morgane, il était rare qu'Alice s'emporte de cette façon. Elle comprit que sa protectrice était indignée et soulagée que sa petite fille n'ait pas été blessée. Morgane ne put s'empêcher de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Elles en avaient autant besoin l'une que l'autre. Au bout de quelques minutes, Alice reprit.

-Tu te rendras chez Gaius, le médecin du roi. C'est une vieille connaissance. Il prendra soin de toi.

-Je ne peux pas…

-Mais ou veux-tu aller si ce n'est à Camelot ? Je ne connais personne en qui j'ai plus confiance que Gaius.

Elle prit le visage de celle qu'elle avait toujours considéré comme sa fille entre ses mains.

-Tu vas beaucoup me manquer mais tu n'as pas le choix. Surtout quand tu seras la bas, ne te laisse pas faire mais ne cherche pas les ennuis non plus. Je te connais trop bien ma fille, finit-elle avec un clin d'œil.

Morgane esquissa un sourire. Elle n'avait pas le choix.

-Je promets, mais avant de partir il faut que je fasse quelque chose et j'ai besoin de ton aide.

...

-Un vrai laideron, plaisanta Alice.

De même Morgane était satisfaite du résultat. Elle s'admira dans le petit miroir accroché au mur de sa chambre.

Elle portait une tunique de coton grossier, grisâtre si large qu'elle masquait la courbe de ses hanches et de ses seins qu'elle avait auparavant bandés pour en réduire la taille. Ses cheveux bruns ondulés d'ordinaire laissés libre étaient tressés en seule natte, elle-même relevée en chignon. Elle avait tout l'air d'un vagabond. Cependant son visage demeurait éblouissant de jeunesse et de beauté.

-Il faut remédier à ça, décréta-t-elle.

-Comment ?

Morgane observa le contenu de sa chambre. Elle plissa les yeux et se concentra. Son regard tomba sur le livre qu'elle lisait actuellement.

-Un bandeau !

-Un bandeau ? répéta Alice.

-Mais oui, sourit la jeune fille, comme dans mon livre !

Ne comprenant pas ou Morgane voulait en venir, Alice la regarda se précipiter vers le petit placard qui lui servait à ranger ses quelques robes. Elle en sortit un long ruban noir, très large qu'elle s'empressa de placer sur son visage, cachant ainsi son œil gauche. La jeune fille attacha le ruban derrière sa tête et fit quelques pas afin de s'habituer à ce changement de perception.

-Voilà ! dit-elle. Ainsi je serai tranquille.

...

Morgane partit tôt le matin après avoir embrassée celle qu'elle considérait comme sa mère. Après une longue étreinte, quelques larmes, elle ne se retourna pas. Elle n'avait pas emportée grand-chose, seulement des vivres. Un paquetage plus lourd aurait attiré des voleurs. De toute façon, Morgane n'avait jamais été attachée aux choses. C'était son cœur qui pesait le plus dans sa poitrine. Le voyage de l'effrayait pas mais laisser Alice derrière elle, peut-être pour plusieurs années lui faisait plus de mal qu'elle ne l'avait pensé. Une nouvelle voie s'ouvrait devant elle, une nouvelle vie.

Morgane marcha longtemps, le plus souvent en silence. Elle observait le paysage qui changeait. Plusieurs fois elle voulut retirer son bandeau mais il fallait bien qu'elle s'y habituât. Elle sentait le temps qui s'adoucissait au fur et à mesure de ses pas. Parfois elle s'arrêtait parler quelques minutes avec les paysans qui commençaient à labourer leurs champs, leur demandant son chemin. Parfois des enfants la suivaient, l'accompagnant quelques mètres pour lui demander comment elle avait perdu son œil.

-Je me suis battu avec un dragon, dit-elle en souriant.

Il n'y avait plus de regards déplacés, de remarques désagréables. La jeune fille se sentait libre.

La plupart du temps, Morgane laissait son esprit vagabonder. Trouverait-elle du travail ? Ce Gaius l'accueillerait-il à bras ouvert ?

Cela lui permettait d'oublier ses pieds endoloris et son estomac qui protestait.

Elle perdit le fil des jours. Le temps était clément, la nuit ne lui faisait pas peur tant que le tonnerre ne se mettait pas à gronder. La première nuit elle s'endormit rapidement, tentant de ne plus penser à ce qu'elle avait laissé derrière elle.

Au bout du cinquième jour de voyage, elle comprit qu'elle n'était plus loin de Camelot. Le nombre de marchands, de vagabonds qu'elle rencontrait avait fortement augmenté. Elle finit le voyage à bord d'un charriot remplit de paille fraîche qui se rendait au château. Elle s'allongea en songeant à ce qu'elle allait découvrir. L'homme qui avait eu la gentillesse de lui proposer de l'amener n'était pas bavard, il sifflotait simplement berçant de ce fait la jeune fille qui finit par s'endormir paisiblement.

-Eh petite, appela le paysan, petite !

Il la secoua gentiment. Morgane se réveilla, elle était finalement à Camelot. Quand elle aperçut le majestueux château blanc, elle fut émerveillée. Le château de Carmélide était sombre, rustique mais celui-ci était la plus belle chose qu'elle ait jamais vue.

Tout était animé, joyeux, chaleureux. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans la ville basse, son sourire s'agrandissait. Morgane voulait tout voir, tout toucher, les belles étoffes, les pains chauds. Dès ses premiers pas dans l'immense enceinte, elle fût enchantée par la vie qui suivait son cours et qui prenait la forme d'artisans, du forgeron ou de porteurs d'eau. Son sourire ne quittait pas ses lèvres alors qu'elle avançait gaillardement au milieu des bavardages.

Morgane se rendit soudain compte que tous les villageois se dirigeaient dans la même direction. Elle suivit le mouvement. Dans un coin était dressé une estrade surmontée d'un billot. Les gens s'agglutinaient autour de cette masse en bois. Le bruit des tambours fît naître en elle un sentiment de terreur. La foule se mit à crier de plus belle. Les têtes se levèrent vers le ciel, alors que le roi Uther apparaissait sur un balcon situé en hauteur, d'un geste il fit taire l'assemblée et déclara d'une voix forte.

-Que ceci serve de leçon à tous.

Un homme fut trainé sur l'estrade et fixa le roi avec mépris.

-Cet homme a été déclaré coupable du crime de sorcellerie et conformément aux lois de Camelot, moi Uther Pendragon je déclare que de telles pratiques sont proscrites et bannies de mon royaume. La peine encourue est la mort. Je m'enorgueilli d'être un roi juste et équitable, mais pour le crime de sorcellerie il n'y a qu'une seule sentence que je puis prononcer.

Morgane ne pouvait quitter le roi du regard.

-La mort.

Il signifia au bourreau s'abattre sa hache sur la tête du malheureux.

Le sorcier était mort si sorcier il était.

Un long frisson la glaça lorsque la foule se dispersa, la jeune fille se tint immobile, les larmes aux yeux. Elle sentit un bras entourer ses épaules.

-Viens, il ne faut pas rester là, dit un jeune homme brun.

...

Merci de votre lecture, ce chapitre est assez court mais c'est surtout pour introduire les personnages :)

J'espère avoir quelques commentaires pour savoir ce que vous pensez de ce premier chapitre *yeux de chien battu*