« Moins fort tu veux réveiller tout le temple. »

« Pour le moment c'est toi qui cries. »

« Idiot. »

« Oi. Bonne nuit. »

L'archer traversa la petite cour et pénétra la demeure, mais alors qu'il marchait en direction de la demeure l'adolescent laissa courir un léger sourire sur ces lèvres. Watanuki avait une façon bien à lui de remuer et de se faire entendre avant de refermer la porte il se tourna vers le jeune garçon qui se tenait toujours devant l'entrée du temple.

« Je veux des yakitori pour le déjeuner. »

« Je ne prends pas de commande. Tu mangeras ce que je te préparerai. »

Invisible et cachée aux yeux des deux adolescents une tierce personne avait assisté à l'arrivée bruyante du duo. Légèrement blessé, Doumeki avait une légère estafilade qui courait le long de son bras tandis que Watanuki avait un œil au beurre noir.

Elle connaissait le secret de cette famille, son beau père avait été prêtre et exorciste de renom dans le monde fermé de l'occulte, elle avait appris l'étendue de sa renommée et de ses dons le jour de sa mort, malheureusement son mari n'avait pas hérité de ses pouvoir mais leur fils oui.

Ses pouvoirs semblaient s'être révélés à lui c'est ce qu'avait dit son mari lorsqu'un soir par hasard il avait vu son fils procéder à un exorcisme, c'était l'hiver dernier.

Elle devait faire quelque chose. Elle refusait de voir son fils mourir pour protéger quelqu'un ou ce bruyant enfant.

Il était venu à plusieurs reprises à la maison, toujours poli et très soigneux, ses vêtements paraissaient usés mais toujours propres et jamais un faux pli. Un soir durant la discussion Shizuka avait laissé tomber que l'enfant était orphelin et depuis la mort de ses parent alors qu'il n'était qu'au primaire il avait vécu seul dans un appartement sous la garde de la gérante et son conjoint.

Elle l'appelait l'enfant car parler de lui ou penser à lui par son prénom signifierait lui donner un visage et une réelle présence. Elle l'appréciait pour son éducation et ses bonnes manières mais son fils avait préséance.

Les deux adolescents avaient tous les deux disparu depuis un long moment mais ce ne fut qu'un long moment plus tard que Hana Doumeki lâcha le rideau et alla se coucher.

Miya était inquiète, depuis quelques temps son frère avait changé, la tête brûlée à la langue bien acérée avait disparu pour laisser apparaître un autre Takaya. Plus sombre et torturé mais aussi plus fort, cette fois ci les coups de leur père apparu pour une brève visite n'avaient laissé aucune trace. Au contraire cette fois-ci la répartie de son aîné à la violence de leur géniteur avait été une telle violence égale si bien que l'homme qui dépassait son fils de plusieurs kilos alla s'écraser comme un vulgaire fétu de paille.

Cette nuit là, Takaya s'enferma dans sa chambre et ne la quitta plus. Enfermé il ne fit aucun bruit, son frère n'était plus que l'ombre de lui-même.

- « j'aurai du me débarrasser de toi lorsque ta mère est partie en vous abandonnant toi et ta sœur. »

- « tu es parti en même temps qu'elle alors où est le problème ? »

- « je n'ai jamais voulu de toi. Dire qu'on m'avait proposé une petite fortune pour t'adopter quand tu avais cinq ans, j'aurai du accepter. Mais il n'est pas trop tard, dés demain tu ne feras plus partie du décor. »

En retrait Miya avait assisté impuissante à la dispute qui avait déchiré le père et le fils. Depuis toujours, elle avait assisté impuissante aux effort désespérés de Takaya pour plaire à ce père hargneux et violent. Jusqu'au départ de leur mère Takaya avait été un élève doué mais turbulent, à la fin de chaque trimestre il revenait avec un prix qu'il serrait précieusement pour le montrer à leur parent. Leur mère dépressive les rencontraient avec un regard rendu vitreux par le mélange d'alcool et de médicaments tandis que leur père plus indifférent se contentait de balayer d'un geste de la main le précieux trophée.

Les bras ballants et les larmes aux yeux, Miya du haut de ses cinq ans regardait son aîné encaisser sans broncher le mépris de ce père qu'il idolâtrait. Lorsque celui-ci lassé partait en claquant la porte pour disparaître pour de longues semaines, le jeune garçon de huit ans ramassait le prix et tentait de le recoller du mieux qu'il le pouvait.

Miya se souvenait de ces événements à partir de son cinquième anniversaire mais elle avait vu dans un carton que son frère cachait soigneusement que ces maltraitances et humiliations duraient depuis bien plus longtemps.

Mais à douze ans, Takaya s'était révolté, une poussée de croissance avait formé son corps le faisant paraître plus âgé mais lui donnant aussi la force pour se défendre.

Watanuki était anxieux depuis quelques jours, un étrange sentiment l'étrennait à chaque fois qu'il raccompagnait Doumeki chez lui.

On l'observait, il sentait un regard peser sur lui, il n'était pas malveillant non, mais vide dépourvu de toute émotion, ce regard qu'il sentait peser sur lui était indifférent.

Même Yuuko semblait distraite ses derniers jours, elle buvait moins et disparaissait pour de longues heures. Même Maru et Moro ne savaient pas où la sorcière disparaissait.

La rentrée approchait, malheureusement pour le jeune orphelin l'été avait été chargé si bien qu'il n'avait pas pu finir tous ses devoirs. Il allait devoir s'y mettre sérieusement, c'était sa dernière année de lycée puis par la suite il allait devoir se mettre à la recherche d'un emploi. Il n'était pas sûr de pouvoir se permettre des études supérieures.

Doumeki avait reçu des sollicitations de la part de plusieurs universités, ses talents d'archers finalement reconnus après sa victoire lors du championnat national mais il n'était pas le seul Himawari-chan aussi allait intégrer une prestigieuse université, celle de Tokyo et Doumeki parlait aussi de s'inscrire à la même université.

Un pincement d'envie venait de temps à autre enserrer le cœur de Watanuki lorsqu'il voyait ses camarades autours de lui parler de ce qu'ils allaient faire à la prochaine rentrée. Malgré ses qualités de coureur aucune université n'avait été suffisamment intéressée par ses performances scolaires ou sportives pour lui proposer une bourse si bien qu'après la remise des diplômes il allait se mettre à la recherche d'un emploi.

Plus jeune il avait envié ses camarades de classe dans une certaine mesure. Mais au fur et à mesure qu'il grandissait le jeune garçon apprenait de diverses façons qu'il ne pouvait tout avoir. Il avait du renoncer à des chaussures, des habits et même voyages scolaires car il manquait de ressources pour les payer.

Souvent il s'était tenu sur le bas côté pour regarder le car partir sans lui, à l'intérieur les enfants puis les adolescents qui lui faisaient de grands signes de la main et cette année rien n'avait changé, alors que le bus s'éloignait la forme de Himawari qui lui faisait de grand signe de la main finit de disparaître à côté d'elle une large et masculine forme lui présentait son dos.

Watanuki quitta la relative sécurité de la cours de l'école et se dirigea vers le magasin de la sorcière des dimensions. Le jeune adolescent marchait vite, sans se laisser distraire par quoi que ce soit depuis quelques temps une étrange vibration semblait planer sur Tokyo. Il y était presque parvenu mais les esprits avait fini par le repérer alors il piqua un sprint pour finir par s'arrêter au milieu de la cours de la demeure de Yuuko, à bout de souffle Watanuki se pencha pour reprendre son souffle ses mains reposant sur le haut de ses cuisses. Dans un premier temps il ne ressentit rien mais au fur et à mesure que l'adrénaline se dissipait il vit les gouttelettes écarlates s'écraser sur le sol puis le léger tiraillement.

Il s'était ramolli, la présence quasi constante de Doumeki à ses côtés lui avait fait relâcher sa vigilance. Sortant son mouchoir de sa poche, il l'appliqua sur sa blessure et pénétra le manoir.

Naoe ne répondait pas au téléphone, Takaya avait tenté de le joindre à plusieurs reprises mais sans succès. Haruie était partie à Osaka pour le week-end en compagnie d'un groupe de motard de sa fac et quant à Nagahidé le jeune lord ne se sentait pas la force de le joindre, le dernier arrivé du groupe méprisait Kagetora et malgré l'amnésie de Takaya et son incapacité à comprendre Chiaki lui faisait porter l'entière responsabilité du désastre qu'était les rapport entre Naoe et Kagetora.

Et il ne pouvait demander de l'aide à Yuzuru, les parents de ce dernier voyait d'un très mauvais œil l'amitié entre leur unique enfant et lui, reconnu par tout comme était un adolescent à problème dont même les parents avaient cessé de se préoccuper.

L'horloge devant la station affichait vingt trois heures résigné Takaya enfourcha sa moto et se dirigea vers la maison d'un de ses camarades de virée et dont les parents étaient plus permissifs tant que leur fils passait toutes ses classes.

Le téléphone finit par se taire, ramenant le silence dans la pièce, son propriétaire avait distraitement jeté un œil pour voir qui pouvait l'appeler à cette heure tardive de la nuit mais ne réagit nullement à la vue de l'appelant l'heure était grave il ne pouvait se laisser distraire.

La porte de la salle à manger privée s'ouvrit pour laisser passer Nagahidé et Haruie, le jeune homme de dix neuf ans laissait pendre ses cheveux librement et portait pour changer un pantalon en jean et un tee-shirt offrant ainsi une image différente de celle qu'il offrait habituellement même ses lunettes qui servait à lui donner un petit air intello manquait.

Il apparaissait maintenant dans toute sa puissance loin de Tokyo et de ses connaissances il pouvait laisser apparaître sa véritable personnalité.

Haruie fut la suivante à entrer, elle portait contrairement à son habitude une robe de coupe sobre et dont la couleur sombre flattait sa chevelure, son visage était inexpressif et dépourvu de tout maquillage l'insistance de Naoe lui avait fait abandonné son voyage avec le club de moto.

- « je ne vois pas Takaya-san, il n'est pas encore arrivé ? »

- « Kagetora-sama ne sait rien de cette rencontre, elle ne le concerne pas. »

- « depuis quand peux tu te passer de lui. Sauf nécessité absolue tu t'éloignes rarement de lui. »

- « ça suffit Nagahidé, j'ai reçu la visite de Kenshin sama et il m'a donné des ordres. »

L'air railleur de Nagahidé disparut immédiatement, Kenshin Uesugi apparaissait rarement, le saint homme laissait à son fils Kagetora le soin de s'occuper de la guerre contre l'Underworld Féodal.

- « et que voulait Kenshin sama ? »

- « il m'a ordonné de me rendre chez la sorcière des dimensions. Je…

Le bruit de la coupe de saké s'écrasant contre la table empêchant Naoe de finir sa phrase.

- « pas elle, tu sais que les prix à payer pour un vœu sont incommensurables.»

- « cela dépend des vœux, et puis comment sais tu pour ce qu'il y aura à payer. »

- « j'ai été au service d'une sorcière des dimension une fois. Crois moi Naoe quoi que ce soit trouve un autre moyen. »

- « ce n'est pas moi, Kenshin sama m'a demandé de me rendre chez elle afin qu'elle effectue un sortilège. il m'a ordonné de briser les scellés qui bloquent la mémoire de Kagetora sama. »

- « je suppose que tu connais le prix, Takaya disparaîtra complètement et le peu d'avancée que tu auras obtenu de lui disparaîtra avec le dernier scellé. »

- « la mission est plus importante. »

- « tu pourrais continuer à lui enseigner ce qu'il doit savoir. »

- « ça suffit Haruie, Naoe a pris sa décision. »

- « Nagahidé, est ce que tu sais ce que Kenshin sama lui demande, notre mission est éternelle, pour nous tout n'est qu'éternel recommencement mais nous sommes maudits par un seul aspect. Nous n'aimons qu'une fois et nous vivons nos réincarnations dans l'espoir de pouvoir les revoir. »

- « je ne vois pas ce qu'il y a de si magnifique à chanter les louanges de ces amours qui nous ont rendus si misérables. »

- « ça suffit vous deux. Je voulais juste vous informer des ordres de Kenshin sama. »

Haruie, s'était tue et avait reporté son regard scrutateur sur l'aîné de leur groupe. Il était avec Takaya celui doté du plus de pouvoir, ce qui faisait de lui l'alter ego parfait à leur lord.

- « est ce que tu nous as tout dit ? »

- « oui, je vous ai tout dit. »

- « en es tu sûr Naoe? »

Naoe prit le temps d'aspirer une longue bouffée de la cigarette qu'il venait d'allumer avant de répondre à l'exorciste dont le regard perçant ne le quittait pas.

- « en fait je dois récupérer en moi le pouvoir de Kagetora sama. »

- « donc, Takaya ne sera plus qu'une coquille inutile. »

- « Nagahidé. »

C'était la voix de Naoe, celle-ci avait couvert celle de Haruie, plus puissante et plus coupante elle coupa court aux paroles fielleuses de Chiaki.