Titre
: La couleur de tes yeuxAuteur
: Gaëlle (qui n'a rien de mieux à faire en anglais)Genre
: POV - angstSource
: Saint SeyaBlabla d'auteur
: J'aime bien les 'tits chevaliers mais je n'aime pas leur pouvoir… pas dans le contexte dans lequel je veux les faire agir, en tout cas… Donc, comme je suis seule maîtresse à bord, considérez que les chevaliers au retour de toutes leurs batailles ne possèdent plus leur cosmos. Qui a dit c'est habituel dans mes fics ? Mauvaises langues, va ! Z'avez bien raison ! ^-^Côté disclaimer
: le blabla habituel : Les chevaliers ne m'appartiennent pas, ce sont les bébés de papa Kurumada (j'ai failli écrire papa Hervé, comme quoi le conditionnement… le premier qui m'apporte une gamelle en agitant une clochette, hein ! -_-). Bref les choupis ne sont pas à moi et c'est bien malheureux… On disait que je possédais Mu et Seya et on me laisse rêver, meeerciiiii ! ^-^Bon j'arrête la mon petit délire et je commence la fic ! Bonne lecture !
La couleur de tes yeux
I
La première sensation qui me parvient est la douleur. D'abord générale, elle me submerge sans que je puisse y résister avant de se scinder en un milliers de déchirures, d'élancements. C'est seulement à ce moment-là que je prends conscience de mon corps. Meurtri, brisé, je n'arrive pas à le bouger. Je sens pourtant les draps crisser sous mes mains, l'oreiller sous ma nuque mais c'est tout.
Il fait noir… La nuit doit être tombée, je ne vois rien.
Ai-je seulement ouvert les yeux ?
Je n'en sais rien, je suis tellement fatigué.
Je veux lever la main et la passer sur mon visage mais elles reste immobile et je me sens retomber dans l'inconscience.
***
Lorsque je me réveille, il fait toujours noir et mon corps semble pulser au rythme des battements de mon cœur.
Où suis-je ?
A vue de nez, je dirais un lit. Mais ce fameux lit… où ce trouve-t-il ?
Si je dois me baser sur mes précédentes expérience, je parie vingt mille yens que je me trouve dans un hôpital… Ce qui expliquerait les clics sonores et réguliers qui réseonnent à mes oreilles…
La grande question est maintenant : pourquoi suis-je coincé ici ?
Très bonne question, revenez en semaine prochaine, vous avez gagné une sucette.
Rester immobile ne me gène pas, je suis trop cassé pour vouloir bouger déjà… Non, c'est cette impression de vide qui me pèse…
D'où cela vient-il ?
Pourquoi ai-je l'impression d'avoir perdu quelque chose d'important ?
Je n'arrive pas à me souvenir au-delà de mon premier réveil… Et le sommeil me gagne, je ne peux y résister.
***
Je ne suis plus seul quand je reviens à moi…
" Il est si… immobile comme ça… Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point il est… petit. "
Shun… Gentil et doux Shun, toujours inquiet pour ses frères d'armes, au mépris de lui-même. Je veux ouvrir les yeux mais mes paupières semblent peser des tonnes. Allez ! Un petit effort… Je vais bien parvenir à les soulever.
" C'est fou… Il est toujours tellement… vivant qu'il paraît plus grand qu'il ne l'est réellement… "
Que de compliments…
Pourtant, j'ai toujours l'impression de jouer l'imbécile de service, les gens ont l'habitude de me voir ainsi, pourquoi ne pas leur faire ce petit plaisir, n'est-ce pas ? Au moins, je sais ce qu'on pense de moi… c'est plus facile pour tout le monde, moi y compris…
Eh oui ! Le grand Seya, celui qui semble trop bête pour réfléchir plus loin que le bout de son nez, est en réalité terrorisé par le regard des autres. Je suppose que tu serais déçu si tu le savais, petit Shun… n'est-ce pas ?
Je devine que tu ne parles pas dans le vide… Ton frère doit sans doute être présent à tes côtés.
Ikki…
Je ne peux retenir un ricanement intérieur et amer…
S'il me connaissait vraiment, comme aucun d'entre vous ne peut s'en vanter, il ne te laisserait certainement pas t'approcher de moi à moins de dix mètres, petit Shun, encore moins me prendre la main comme tu viens de le faire…
S'il me connaissait réellement, tu n'en aurais même pas l'occasion, je serais mort, il m'aurait tué… par réflexe… comme on écrase un insecte répugnant.
" Oh ! "
Quoi oh ?
" Seya ! Tu es réveillé ! Regarde Ikki, il a ouvert les yeux.
J'ai réussi à soulever mes paupières ?
…
Il y a quelque chose qui ne va pas… qui ne va pas du tout même !
Je ne vois rien, pas même un rai de lumière.
" S… Shun ? "
Son nom sonne davantage comme un vague croassement que comme parole humaine.
" Seya ! Ne parle pas… Ikki ! Il faut appeler un médecin ! "
Il a lâché ma main…
Non, non Shun ! Ne me laisse pas ! Ne m'abandonne pas tout seul dans le noir !
Je lève la main à tâtons dans un geste de panique, porté par une charge d'adrénaline… pour aussitôt le regretter. J'ai l'impression que des milliers d'échardes le transpercent mais c'est le cadet de mes soucis. Je suis perdu dans un univers de pénombre…
Je ne vois rien…
Je suis aveugle…
Aveugle !
Comment Shiryu a-t-il fait pour le supporter.
Je n'ai plus aucun repère…
Je ne peux que rester figer sur ce lit que je sens à peine, la respiration haletante, à ouvrir désespérément les yeux dans l'espoir d'apercevoir même une silhouette trouble… quelque chose… n'importe quoi…
" Seya ? "
Shun ! Où es-tu ?
" Seya ! que se passe-t-il ? Où as-tu mal ? "
Ses doigts se referment sur mon avant bras et je tâtonne tant bien que mal avant de réussi à me cramponner à sa main. Ma gorge se contracte sur les mots qui se bousculent pour en jaillir.
" N… N…oir "
C'est tout ce que je parviens à articuler.
" Seya ? "
Je reconnais la vois grave d'Ikki et je sens son souffle sur son visage. En d'autres circonstances, je sais que j'apprécierais mais… que se passe-t-il ? Je me crispe sur mon seul point d'ancrage et je sens Shun serrer ma main en réponse.
" Ne le lâche pas, petit frère… J'appelle un médecin. "
La pièce grouille bientôt de monde. Je ne peux les voir, juste les entendre… un maelström de voix qui me donnent le vertige…
Un homme me parle, je ne comprend pas…
J'ai l'impression de tournoyer…
Et je me souviens…
Hades.
Il veut tuer Athéna.
Je m'interpose et prend le coup, l'épée me transperce…
Je perd connaissance.
…
Je me rappelle…
La douce énergie de Saori m'enveloppe, me ramène à la vie.
Je me souviens d'une chute… d'un impact…
Ma tête explose…
J'ai mal…
Je sombre.
***
Je me réveille lentement, ma tête pulse au rythme d'une migraine carabinée tandis que les évènements me reviennent en mémoire.
Je suis aveugle…
Et je ne sens plus mon cosmos…
…
Je suppose que c'est un effet de notre combat contre Hades, il a du nous vider de notre énergie… En fait, je n'en sais rien mais je comprend mieux cette sensation de vide.
Shiryu se guidait grâce à cela… Je n'aurai même pas ce petit avantage.
Je ne comprends pas, je n'ai pourtant pas été frappé aux yeux…
Un médecin m'a parlé de… je me concentre pour m'en rappeler, tout est tellement flou… Il a dit que c'était peut-être temporaire. J'aimerais le croire mais j'ai peur de tomber de haut… Je suis lâche, je le sais mais je ne peux m'en empêcher.
Shun est revenu, il m'explique tout. Nous avons été retrouvé dans des sortes de cratères aux quatre coins de la terre avant d'être rapatrié au Japon… Merci à la fondation Kido. Les chevaliers d'or ont connu le même sort.
Il hésite avant de m'avouer être privé de cosmos.
" Je sais. "
Il se tait un moment avant de m'annoncer d'une voix tremblante que Saori n'a pas été retrouvée.
Je ne dis rien… Je comprend juste.
Son dernier sacrifice…
Nos vies…
Une autre explication au vide que je porte en moi.
Il paraît que ma cécité est due à un traumatisme crânien. Les médecins ne peuvent rien faire. Il fait attendre, ma vue me reviendra peut-être.
Merveilleuses perspectives d'avenir.
Je suppose que je n'ai pas le droit de me plaindre… Je suis en vie après tout.
Mon corps me fait moins mal, je suppose qu'il se réhabitue à être vivant… Je cherche à me relever et réussis à m'asseoir.
Un petit pas pour l'humanité et un pas de géant pour moi.
Un toussotement me fait sursauter, il y a quelqu'un d'autre dans la pièce, je ne l'ai même pas entendu entrer. Je me sens… vulnérable, à la merci de n'importe qui. Une réalisation me frappe soudain ? Je suis un infirme, à présent, dépendant de la volonté d'autrui…
Une marionnette brisée entre leur mains.
" Comment te sens-tu Seya ? "
C'est Shiryu.
" Merveilleusement bien ! Ca se voit non ? "
C'est moi qui vient de grincer comme çà ? Je ne me savais pas aussi amer… Je suppose que je n'ai pas encore pleinement réalisé ma situation. Quelqu'un ricane dans la pièce, je devine qu'il s'agit d'Ikki.
" Désolé. "
Je le pense vraiment, Shiryu n'a rien fait de mal.
" Et vous ? Vous allez bien ? "
" Meurtris et nous avons l'impression d'avoir vieilli de vingt ans mais à part ça, tout roule ! "
Je reconnaîtrais cet accent russe n'importe où et souris dans la direction approximative de Yoga. Shun émet un " hum " embarrassé et tourne ma tête dans le sens opposé. Je vais devoir travailler mon sens de l'orientation…
" Tu vas pouvoir quitter l'hôpital d'ici quelques jours… "
Ikki.
" Shun a proposé que tu viennes avec nous… "
Il n'a pas l'air ravi… Ca fait mal mais je ne veux pas lui être un poids mort. Et puis, petit Shun va m'enfermer dans un cocon, je le connais…
" Tu peux m'accompagner en Chine, " propose soudain Shiryu.
Il s'interrompt un moment avant de reprendre une peu embarrassé.
" Shunrei est partie, elle en avait assez d'attendre… Il faudra que tu te contente de ma cuisine et de celle du vieux m… de Dokho, qui ne vaut pas mieux.
***
Seya ressemblait à une poupée brisée par un enfant négligent, décida le chinois en fixant le petit brun assis dans un siège près du hublot de l'avion. Ses grands yeux bruns ouverts sur le vide, il triturait nerveusement les accoudoirs, toujours pas habitué à sa cécité.
Shiryu ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine culpabilité à l'idée d'avoir retrouvé l'usage de la vue tandis que son ami en était privé. Athéna avait pris soin de ses guerriers avant de les renvoyer sur terre… Quelle malchance que le japonais soit mal tombé… Fallait croire que c'était sa spécialité après les falaises en tout genres…
Tendant la main, il prit les doigts crispés entre les siens.
" Tout ira bien, Seya, " fit-il doucement en resserrant légèrement sa prise devant le mouvement de recul du garçon. " Tout va bien… "
L'adolescent laissa échapper un petit rire nerveux.
" Désolé… Je… Je n'ai pas l'habitude… "
Il se cala contre son dossier avant de soupirer.
" En fait, je ne m'y habitue pas, tout simplement, " avoua-t-il. " Je n'ai aucun repère… C'est le noir complet, je ne sais pas si le prochain pas que je poserai par terre touchera le sol ou va rester suspendu… dans le néant. "
Il hésita avant de secouer la tête.
" Ca fait mélo dit comme ça, hein ? "
Un pauvre sourire étira ses lèvres tandis qu'il passait une main tremblante sur son visage.
Seya…
Brusquement, Shiryu quitta son siège et s'assit à côté de son ami avant de le serrer contre lui.
" Non… Ca ne fait pas dramatique… Je comprends, Seya… Je comprends plus que tu ne le penses. "
Dans ses bras, son compagnon se raidit avant de lui rendre son étreinte à tâtons.
" Merci, " souffla-t-il simplement.
***
Je n'aime pas les marches… J'ai l'impression que je vais tomber à chaque pas. Shiryu semble comprendre ma peur et me soulève comme un enfant pour descendre de l'avion.
C'est encore pire !
Il me traite comme un infirme.
…
Rectification.
Je suis un infirme.
Mais je pouvais les descendre ces satanés escaliers, je l'aurais fait s'il m'en avait donné le temps. Il me suffisait de me cramponner à la rampe et de la suivre jusqu'en bas… D'accord, j'aurais eu l'air ridicule mais ça n'aurait pas changé de l'habitude, non ?
Il me repose sur la terre ferme et me laisse quelques instant pour retrouver mon équilibre avant de lâcher mes épaules et de saisir doucement mon poignet.
" Viens, Dokho nous attend. "
Je le suis docilement, je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre de toute façon. Autour de nous, j'entend des gens parler… chinois. Je n'y comprend rien…
" Ah ! Shiryu… Seya ! "
Dokho.
Il me donne une brève accolade et nus sortons de l'aéroport. Je sens des gens nous croiser, parfois ils nous bousculent et lorsque nous débouchons à l'extérieur, je suis cramponné des deux mains au bras de Shiryu, terrifié à l'idée de me perdre au milieu de tout ce monde. Il finit par se dégager et passe un bras autour de ma taille.
C'est humiliant de se retrouver aussi dépendant et de se découvrir aussi lâche mais le geste est réconfortant. Mon ami est là et ne me laissera pas. J'ai un peu honte de ma faiblesse mais cela ne m'empêche pas de serrer mon poing à tâtons sur un pan de sa veste.
Arrivés à la voiture, il m'aide à y grimper.
Traduction : il me pousse aux fesses et je m'étale le nez sur les coussins du siège.
Vu la hauteur de l'engin, je dirais que c'est une Jeep. Mes deux compagnons s'installent à leur tour sur la banquette et je me retrouve coincé entre les deux. Devant les cahots de la route, Shiryu passe à nouveau un bras autour de ma taille et je me repose contre lui. C'est étrange, je sens que je pourrais vite m'habituer à être tenu comme ça…
Houla ! Mauvaise direction de pensées !
Pense à autre chose, Seya ! Shiryu est tout sauf gay… comme Ikki. Sauf que le frangin de Shun te déteste sans connaître tes penchants. Vais pas forcer mon dragon à me haïr, non plus !
Mon dragon ?
Couchées les hormones !
Poser ma tête contre son épaule ne peut pas être dangereux, n'est-ce pas ? Ca ne va pas lui donner de soupçons…
Il resserre son étreinte.
Ca veut juste dire qu'il tente de m'apporter un peu de réconfort, rien de plus. Nous sommes amis, c'est tout…
Je ne veux pas tomber amoureux d'un autre compagnon d'arme… Ce serait trop bête.
***
Je crois que je me suis endormi contre Shiryu. Quand je me réveille, je suis allongé dans un lit. Il n'y a aucun bruit… Je dois être seul dans la pièce. Je n'aime pas me retrouver seul, je ne l'ai jamais aimé. Soudain, je me fige. J'entends une autre respiration que la mienne, si ténue que c'est un coup de chance si le l'ai perçue.
" Il y a quelqu'un ? "
Pas de réponse.
Je me lève à tâtons, la main collée au mur et m'approche du bruit. Tout à coup, quelque chose se jette dans mes jambes et je tombe, tête la première, dans une sorte de fauteuil. Je peux sentir l'une de ses roues sous mon ventre et je me rends compte que c'est moi qui me suis " jeté " sur une sorte de chaise roulante. J'entends alors l'autre occupant de la pièce ravaler son air.
Heureusement que le ridicule ne tue pas…
" Seya ? "
Je connais cette voix…
" Mu ? "
A suivre…
