Chapitre 1 : À l'aube du changement
Note de l'auteur : Voici le premier chapitre de ma nouvelle fanfiction ! J'espère qu'elle vous plaira. Comme il s'agit d'un UA, nous ne sommes pas dans le monde de Fairy Tail provenant du manga, mais bien d'un univers que j'ai inventé. Avec l'aide de la talentueuse Moody Poison et de la fantastique Baella, j'ai réussi à rendre ce chapitre plus intéressant que le premier jet que j'avais pondu. Forcément, avaler en bloc un bon gros contexte bien chiant passe moins bien que si on l'insère de façon plus originale ! Si vous avez des questions, n'hésitez pas, bien que tout soit ou sera expliqué au fil des chapitres.
La nuit était tombée depuis quelques heures à présent : des myriades d'étoiles et un voile d'encre avaient remplacé le ciel bleu ainsi que ses nuages. Proche de la fenêtre de sa chambre, une jeune fille blonde se tenait installée à son bureau. Consacrée entièrement à son travail, elle laissait le vent du soir soulever ses cheveux et faire voler les rideaux blancs. Ce qu'elle faisait ? Comme chaque jour, elle remplissait le journal intime qu'elle tenait.
« Le vieux Makarov s'est encore énervé aujourd'hui. Il devrait pourtant savoir que son cœur ne le supporte pas. Si cela continue, il ne tiendra pas jusqu'à mes dix-huit ans et je me retrouverais sans tuteur. Si ma mère et mon père étaient encore de ce monde, il n'aurait pas eu à supporter le poids des affaires familiales en plus de la vieillesse. J'ai l'impression que je ne serai pas prête à suivre cette voie-là, même dans un an. Toutes ces histoires me paraissent tellement barbantes et compliquées… Donc, s'il pouvait éviter de trop se malmener, je pense qu'il s'agirait d'un gros avantage pour tous les habitants de la maison Heartfilia.
Lorsqu'il a lu le journal ce matin, je crois qu'il n'a pas pu s'en empêcher. À force d'entendre le gouvernement rabâcher que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ou que la crise économique est moindre et sans importance, la coupe a certainement débordé. Elle était déjà pleine depuis un long moment. Comment ne pas se montrer tendu quand on sait que ce sont les trois familles les plus riches qui ont condamné le système économique d'antan ? Basé sur les guildes de travailleurs et sur l'argent qu'elles obtenaient en échange de services, il avait pourtant permis l'avancée technologique de tout le royaume. Je conçois que cela nuisait aux Doma, aux Journel et également aux Heartfilia. Mais de là à interdire les guildes pour que leurs bénéfices reviennent à l'État, puis à "nous" qui possédions déjà tant de richesses, je trouve la décision irrationnelle et surtout trop excessive.
Certes, à cette époque je ne me trouvais reliée en aucune façon à Fairy Tail, cette guilde dont Makarov était le dirigeant. Je me sens tout de même impliquée maintenant que j'héberge ses membres. Cet accord tacite entra en vigueur au moment où le vétéran devint mon tuteur. N'ayant pas retrouvé de travail, ce fut avec une joie immense que j'accueillis tout ce beau monde dans la demeure de mes parents. Après leur mort, je ressentais le besoin de penser à autre chose, de me changer les idées. Ceux de Fairy Tail ayant à peu près mon âge, cela me paraissait la solution idéale. Depuis ce jour, ils vivent avec moi, mais chacun vaque à ses occupations en dehors ou à l'intérieur de la propriété. Ceux qui n'ont pas retrouvé d'emploi travaillent ici et sont également rémunérés.
Quoi qu'il en soit, j'ai le sentiment tenace que ce procès - celui qui a forcé Makarov à dissoudre Fairy Tail - a laissé des cicatrices indélébiles à l'ancien maître. Après tout, il était question du travail de toute une vie. Il considérait sa guilde comme sa propre famille. Il sait pourtant que la vie ne s'arrête pas là, la situation pourrait être bien pire. Du moment que la santé et les amis sont présents, tout va bien non ? »
Poussant un bref soupir de fatigue, la main de la jeune femme se suspendit en l'air, tenant toujours sa plume. Elle se perdit un court instant dans ses réflexion puis la reposa, ne voyant pas ce qu'elle pourrait ajouter d'autre à ce texte d'une longueur déjà bien conséquente. À la place, elle glissa une simple coupure de journal entre les deux pages datées d'aujourd'hui. Elle fixa intensément le titre et un air triste se dessina sur son visage. « Ça frôle le ridicule », avait déclaré Makarov rien qu'en lisant la première phrase. Lucy passa ses doigts sur le fin papier gris et le relut une énième fois.
La fin des guildes est annoncée avec le démantèlement de Fairy Tail : le royaume entre dans une nouvelle ère de développement !
« Depuis maintenant près de cent cinquante ans, le royaume de Fiore connait un essor grandissant et sa renommée n'est plus à faire. La technologie y est avancée et l'économie stable grâce à ses dix sept millions d'habitants. Avec la fin des guildes de travailleurs, un gouvernement bourgeois s'est instauré, basé sur l'argent. Le capitalisme vient de faire son apparition. Le royaume est à présent gouverné par trois grandes familles : les Doma, les Journel et les Heartfilia, qui concentrent la plupart des richesses du pays. Guran, l'homme à la tête du clan Doma, a été élu il y a peu, devenant le représentant officiel de Fiore à l'étranger. Il prend dorénavant les décisions pour le pays, les pleins pouvoirs lui ont été accordés. Accompagné et conseillé par les deux autres familles, il eut tôt fait de démanteler les guildes, visant à rétablir un ordre plus sain. Fairy Tail fut la dernière à tomber après plusieurs mois de lutte. Il lui était impossible d'arracher la victoire malgré tous les arguments que son maître était parvenu à rassembler. Car l'argent qui revenait à ces guildes était gaspillé sans parvenir à l'État. Par conséquent, il ne servait aucunement au progrès technologique. C'est cet aspect-là que Guran a voulu éradiquer. Pour le bien du pays, il a réussi. S'en est suivi une crise économique qu'il avait prévue. La disparition du moyen le plus courant de recherche d'emploi avait entraîné un chômage massif qui fut cependant régulé à merveille. À présent, tous s'aperçoivent que les temps sont bien mieux sans les guildes et que la vie est plus facile et paisible. »
Lucy se frotta lentement les yeux, ses paupières alourdies par la fatigue. Un bâillement lui échappa, qu'elle masqua en plaçant sa main devant sa bouche, et elle s'étira longuement. Refermant son journal, elle éteignit sa lampe de bureau et se prépara à dormir en prévision de la dure journée qui l'attendait le lendemain. La vie était plus facile et paisible oui. Elle savait que cette phrase ne s'appliquait qu'à ceux qui avaient de l'argent, qu'elle était une des rares personnes à bénéficier de cette tranquillité.
~ Plus pour longtemps ~
L'atmosphère dans la librairie était chargée de l'odeur du papier et de la poussière. Une fragrance plutôt plaisante pour ceux qui appréciaient ce type d'endroit. Des tasses traînaient d'ailleurs un peu partout, principalement sur la grande table au centre de la pièce. On ne discernait même plus le bois verni sous l'amas de feuilles et de livres. Du côté de la presse qui vrombissait perpétuellement, il n'y avait pourtant pas la moindre trace d'un liquide quelconque. On ne connaissait que trop bien les ravages qu'ils pouvaient causer et cette presse-là leur était vitale. C'était la seule que possédait cette modeste maison d'édition : tout reposait donc sur cette machine qui se révélait souvent être capricieuse et menait la vie dure aux employés. Ils se trouvaient être au nombre de quatre, par ailleurs.
Tous installés dans une grande pièce à la tapisserie jaune et vieillie par le temps, chacun avait un but précis. Jason était toujours près de l'ordinateur et gardait le téléphone à portée de main, gérant les commandes de livres. Avec lui, tout était toujours fait dans une rapidité qui le faisait aisément passer pour hyperactif. Ses amis restaient convaincus que la source de ce comportement n'étaient due qu'au café et à cet écran auquel il restait scotché tout au long de la journée. Il parlait vite, mangeait vite, marchait vite, réfléchissait vite. Même si, pour ce dernier point, la pertinence de ses propos n'état pas toujours présente. Ensuite, il y avait Laki, une jeune femme aux étranges cheveux violets qui s'occupait habituellement de l'accueil et passait ses journées à conseiller les gens sur les livres à acheter. Raide comme une planche, elle pouvait rester debout des heures entières. Fried – qui s'occupait également de la bibliothèque des Heartfilia – et était chargé de la mise en page et du triage des ouvrages. Vêtu de son éternel manteau rouge, ses longs cheveux verts faisaient forte impression. Il détestait par-dessus tout quand Jason mâchait du chewing-gum, ce dernier ne prenant même pas la peine de fermer la bouche. Il s'énervait rarement, son calme restait légendaire en toutes circonstances. Et enfin, parmi ce beau petit monde, il y avait Levy.
C'était une jeune femme de dix-sept ans, possédant de longs cheveux bleus aux reflets cyans, bouclés et attachés par un ruban orange à motifs carrés. Ses yeux d'une tendre couleur chocolat, son petit nez tout mignon, ses joues roses et son sourire communicatif rendaient tout le monde heureux. Mais pas suffisamment pour espérer que cela n'aille plus loin, selon elle. Beaucoup de choses dans son physique semblaient être à revoir : trop petite et pas assez de formes pour attirer les garçons. Elle adorait lire par-dessus tout et aurait ardemment souhaité vivre une petite romance comme dans ces contes de fées qu'elle dévorait. C'était justement cette passion qui l'avait poussée à travailler ici. Elle avait tendance à oublier ce qui l'entourait lorsqu'un bon livre tombait entre ses mains. Elle n'en restait pas moins une traductrice et une correctrice remarquable. Personne ne lisait un livre plus vite qu'elle. De plus, elle était dotée d'une mémoire fantastique et retenait presque tout ce qui terminait sous les yeux. Autant utiliser ce don pour gagner sa vie. Auparavant, elle faisait partie de Fairy Tail, elle aussi. Elle s'est très bien entendue avec Lucy dès leur première rencontre et les deux filles sont bien vite devenues inséparables.
Habituellement, elle se tenait à un peu à l'écart des autres pour lire tranquillement, même si elle arrivait plutôt bien à se couper des bruits parasites qui régnaient dans la pièce (comme Jason en train de taper sur son clavier ou la presse qui peinait à cracher le papier). Aujourd'hui ne faisait pas exception, silencieuse, elle se trouvait en bout de table et ne répondait que lorsqu'on l'interrogeait, sans même relever la tête.
Plongée dans l'essai d'une jeune auteure qui semblait passionnant et surtout prometteur, elle avait une fois de plus oublié l'heure. Levy lisait si vite et était si absorbée à chaque fois qu'elle ne corrigeait qu'après avoir entièrement terminé l'œuvre une première fois. Mais aujourd'hui il était un peu tard, comme en témoigna la main de Jason qui se posa sur son épaule.
— Levy ? C'est la fermeture. On y va ? lui demanda-il. Tu peux emmener le livre si tu veux.
— Oh, pardon Jason, j'avais totalement oublié l'heure ! s'exclama-t-elle avec un sourire amusé par sa propre erreur.
Emmener le livre chez elle ? C'était si gentiment proposé qu'elle ne pouvait pas refuser. Elle ne considérait même pas cet acte comme du travail supplémentaire, il s'agissait juste d'une passion. Ce fut donc avec joie qu'elle le glissa dans son sac avant d'aller saluer et faire la bise à tout le monde. Comme chaque soir, Fried l'accompagnait et les deux jeunes gens attiraient de nombreux regards avec leurs coupes de cheveux excentriques. Ils n'y prêtaient guère attention, préférant discuter littérature et philosophie. Lucy avait déjà envoyé un message à son amie pour savoir quand elle rentrait, disant qu'elle avait beaucoup de choses à lui raconter. Sans doute son amourette avec Loki, un beau parleur à la crinière de lion qui venait souvent chez elle pour discuter et se détendre. Il avait tourné dans quelques publicités à la télévision et on le voyait aussi traîner dans les boites de nuit. Comme il avait touché la blonde en plein cœur, elle acceptait volontiers qu'il vienne s'entretenir avec elle. La jeune femme, quant à elle, pour des questions de sécurité, ne sortait pas sans un garde du corps. Qui, le plus souvent s'appelait Elfman et était assez… massif. À vrai dire, on ne remarquait que lui et il remplissait sa fonction dissuasive à merveille. Personne ne s'aventurait à moins de trois mètres de la blonde. C'était quelque chose qui devenait vite étouffant pour la jeune Heartfilia.
Si une longue heure de marche séparait la demeure des Heartfilia du centre-ville, seulement dix minutes suffisaient en voiture si la circulation restait fluide. Pourtant, Levy ne put s'en empêcher : sitôt calée sur le siège passager de la voiture de Fried, elle rouvrit le livre et replongea dans sa fascinante lecture. Elle ne parvenait plus à s'en détacher et souriait à chaque ligne. C'était un récit fantastique, parlant de Dragons, de magie, et bien évidemment de princesse à sauver. Sauf que dans ce récit, ladite princesse avait la particularité de préférer le Dragon au le chevalier.
— Prometteur ? demanda soudainement Fried, lui jetant un bref regard.
Elle releva la tête et rajusta ses lunettes de lecture avant de lui répondre.
— Je pense que oui, le scénario est vraiment original !
Ils échangèrent un bref sourire en arrivant devant les grilles de la propriété. Entourée d'un épais mur à la peinture blanche, l'entrée se trouvait gardée par un homme appelé Arzack ainsi que sa petite amie, Bisca. Ils n'en avaient pas l'air ainsi, habillés de façon tout à fait banale, mais il s'agissait de vrais tireurs d'élite. Levy les salua brièvement en baissant la vitre puis la voiture entra, suivant un sentier de terre battue entouré d'une pelouse absolument impeccable. Fried roula jusqu'au bâtiment qu'on avait aménagé en garage, un peu à l'écart de la grande bâtisse qu'on distinguait de loin. Elle aussi constituée de murs blancs, on y voyait de nombreuses et grandes fenêtres sur deux étages. Un seul mot suffisait à la qualifier : luxueuse. Les parents de Lucy n'avaient pas fait les plans à la va-vite : en plus des jardins qui s'étendaient sur au moins un kilomètre, la maison faisait forte impression.
À peine Levy eut-elle posé le pied sur le sol couvert de fleurs et de gazon entretenu au millimètre près que deux voix se firent entendre ainsi que des bruits de pas précipités.
— Levy-chan !
— Bon retour, Levy !
Les deux garçons qui venaient de se jeter sur elle s'appelaient Jett et Droy. Le premier adorait le jogging et faisait le tour du parc plusieurs fois par jour. Il était donc bien normal qu'on l'ait élevé au rang de gardien. C'était un ami d'enfance de la jeune fille, il lui avait même demandé un rendez-vous galant, mais Levy avait décliné. Tout comme pour Droy d'ailleurs. Qui lui se trouvait justement être le jardinier, adorant les plantes, mais également le cuisinier. Et cela se voyait qu'il aimait la bonne nourriture autant que la préparer, il était assez… volumineux. Mais ça n'empêchait personne de lui faire de bons câlins. Pourquoi ne voulait-elle pas que cela aille plus loin avec eux ? Eh bien, elle ne souhaitait pas que leur amitié se brise par des disputes ou de la jalousie par sa faute. Surtout qu'elle les considérait plus comme des grands frères que comme de probables ou futurs petits-amis. Ils avaient grandi ensemble, les liens formés étaient différents.
— Merci les garçons, rit la jeune femme en se faisant serrer chaleureusement contre les deux hommes.
Chaque jour elle se faisait saluer ainsi. Grâce à cet accueil, elle oubliait ses tracas si quelque chose n'allait pas. Elle les embrassa sur les deux joues, remit correctement la bandoulière de son sac sur son épaule, puis partit avec ses deux amis pour continuer la discussion au court d'une petite promenade. Ils iraient manger ensuite, pour retrouver Lucy ainsi que les autres filles. Tout se passait bien, Levy était heureuse, la vie allait et venait, sans aucun souci.
Et pourtant, sans même le savoir, la jeune fille était déjà au centre de gros ennuis qui n'allaient pas tarder à lui tomber dessus.
