Bonjour ! Je suis une petite nouvelle sur ce site alors excusez les éventuels ratés de mise ne page ou quoi... Cette fanfiction me tient beaucoup à coeur et j'espère qu'elle vous plaira !
Chapitre Un : Trois naissances, deux enterrements.
Le vent faisait craquer les branches des immenses arbres de la forêt. Il sifflait entre les feuillages, et dans les oreilles de Magorian. La nuit était particulièrement agitée. Magorian avait rassemblé les siens dans la clairière où ils avaient l'habitude de lire le ciel. Ils étaient une dizaine, le regard perdu vers le ciel obscur. Aucune étoile ne brillait ce soir là, il y avait beaucoup trop de nuages. Pourtant la dernière lecture du ciel avait donné cette date précise comme rendez-vous. S'était-il trompé en interprétant les signes ?
Ils attendaient ensemble depuis plusieurs heures, immobiles, le visage orienté vers la cime des arbres, attendant de découvrir le message des étoiles, les muscles tendus et la patience à l'épreuve. Ce n'était pas non plus la première fois que le temps était capricieux et gâchait une lecture du ciel, et les centaures savaient attendre leur heure, tranquilles.
Firenze, les yeux grands ouverts, observait calmement les nuages bouger. Une bourrasque de vent balaya soudain l'écran noir, révélant à son regard bleu magnifique un milliers d'étoiles scintillantes.
« - C'est l'heure, annonça-t-il sereinement aux autres centaures qui regardaient plus loin. C'est ici !, fit-il en tendant le bras vers la zone de ciel découverte de tout nuage. »
Magorian s'avança aux côtés de son jeune ami, accompagné par le bruit étouffé de ses sabots sur le sol herbeux, et ils commencèrent à décoder le message que les étoiles leur avaient envoyé.
Quand ils eurent fini la lecture du ciel, les nuages noirs se réinstallèrent devant les étoiles. Les centaures n'étaient plus aussi calmes et sereins qu'il y avait quelques heures. Magorian prit la parole et les centaures formèrent un cercle autour de lui pour écouter.
« - Comme toujours, les astres ont délivré un message de très haute importance. Chacun d'entre vous a pu le lire, et vous êtes maintenant chargés de le transmettre au reste du troupeau, dit-il d'une voix rocailleuse. Quant à toi, dit-il en se tournant vers le jeune centaure aux cheveux blancs et aux yeux d'un bleu étonnant, Firenze, tu iras prévenir le demi-géant, afin que le chef humain du château soit au courant. Il doit absolument partir à sa recherche, il est d'une importance capitale qu'il soit mis en sécurité. Ils sont trop rares pour que l'on puisse négliger cet évènement. »
Firenze acquiesça d'un signe de tête et partit au galop en direction de la cabane au bord de la forêt.
Quelqu'un toqua énergiquement à la porte. On entendit le grognement significatif d'un dormeur réveillé. Une voix de femme se fit entendre par delà la porte de bois :
« - Albus, ouvrez ! Hagrid vous apporte un message de grande importance.
Le vieux sorcier se redressa illico de son lit, enfila sa robe de chambre tout en se dirigeant vers l'entrée de son bureau. Il ouvrit l'épaisse porte de bois, ce qui provoqua un léger grincement.
- Bonsoir Minerva. Bonsoir Rubeus. Installez vous, dit-il d'une vois douce.
La sorcière était vêtue d'un pyjama écossais et d'un bonnet de nuit rouge et or, le demi-géant portait une longue robe miteuse et ses cheveux étaient encore plus hirsutes que d'habitude. Des bougies s'allumèrent sur les étagères et le bureau de Dumbledore. Un brouhaha s'installa dans la pièce tandis que les anciens directeurs de l'école s'éveillaient dans leurs toiles, offusqués d'être dérangés à une heure si avancée de la nuit. Dumbledore fit apparaître deux fauteuils moelleux, un décoré de motifs écossais et l'autre si immense qu'on aurait pu assoir trois personnes dedans. Albus prit place derrière son bureau et fit signe à Hagrid de commencer son récit.
- Eh bien, voilà : il ya quelques minutes, un messager centaure est venu frapper à ma porte. Je n'ai pas très bien compris de quoi il parlait mais il a dit que vous deviez être prévenu.
Dumbledore haussa légèrement les sourcils.
- Un centaure, vraiment ?, demande-t-il un peu surpris.
- Oui monsieur, Firenze. Il a parlé d'un « Avènement », professeur Dumbledore. Il a dit que les centaures avaient lu le ciel ce soir, et que le message était : « Il y a eut un Avènement. Protégez le futur gardien ». Vous comprenez quelque chose, professeur Dumbledore? Cela a-t-il un rapport avec Vous-Savez-Qui ?, dit Hagrid de sa voix bourrue en écarquillant les yeux comme s'il n'en croyait pas les mots qui sortaient de sa bouche.
- Je comprends de quoi il s'agit, Rubeus, et ce n'est pas en rapport avec les agissements de Tom, répondit Dumbledore d'une voix lointaine.
Il tortillait sa barbe blanche du bout de sa baguette, le regard vague, perdu dans ses pensées. Ses yeux croisèrent ceux de Minerva MacGonagall et il revint sur terre.
- Très bien. Le centaure n'a rien dit de plus Rubeus, vous êtes sûr ?
-Euh…, fit Hagrid en fronçant les sourcils pour réfléchir du mieux qu'il pouvait. Il a dit que vous deviez partir sur le champ pour « protéger le futur gardien »…
- A-t-il dit où je pouvais le trouver ? A-t-il dit quoi que ce soit d'autre ?, demanda-t-il calmement pour ne pas stresser davantage Hagrid qui n'arrêtait pas de frotter ses mains moites sur sa robe de chambre.
-Si ! …euh… il m'a dit qu'il fallait se diriger vers « l'école de magie de l'autre géant ». Je n'ai pas bien compris ce passage là non plus : aucun géant ne va à l'école, n'est-ce-pas professeur Dumbledore ?
- Non certes, mais Mme Maxime dirige une école de magie, fit Dumbledore avec un petit sourire. Et elle doit être le seul « autre géant » que les centaures de la Forêt Interdite connaissent, vu qu'il n'y en a pas dans ces bois…
Hagrid rougit sous son épaisse barbe noire.
- … Minerva, auriez-vous la gentillesse de vous occuper de l'école pendant quelques jours ?
- Bien sûr, professeur. Dois-je prévenir quelqu'un ?, fit MacGonagall, prévenante.
- Oui ! Puisque vous m'y faites penser, prévenez Severus de l'Avènement, répondit Dumbledore qui cherchait déjà quels objets mettre dans son sac de voyage.
- Excusez-moi professeur mais que dois-je lui dire … ? , s'enquit MacGonagall, pour qui cet « Avènement » restait un mystère aussi épais que sa robe écossaise.
- Oh ! Quel étourdi je fais !, fit Dumbledore avec un sourire joyeux. Dites lui qu'un shaman est né, et que je pars à sa recherche. Mais d'abord je dois demander quelques détails à ce Firenze. Rubeus ? Pourriez-vous me conduire jusqu'à lui ?
- Oui professeur, mais vous savez comment ils sont, ces centaures ! Ils croient toujours qu'on leur veut du mal et ne supportent pas qu'on entre dans « leur » forêt !
-Ne vous inquiétez pas, je crois que s'ils ont pris la peine de nous prévenir, c'est qu'ils accepteront notre présence, pour cette fois-ci ! »
Une dizaine de minutes plus tard, Dumbledore et Hagrid franchissaient la lisière de la forêt, éclairés par la baguette de Dumbledore. Firenze les attendait, pas plus loin que dix mètres après la lisière. Il avait reçu pour mission de prévenir le mage car Magorian savaient que seul Dumbledore pourrait protéger le futur gardien comme il se devait. Aussi il s'attendait à ce que le professeur vienne lui demander plus de détails.
Ils se saluèrent respectueusement et Firenze accepta de répondre à ses questions.
« - Mes questions vous paraîtront peut-être futiles, prévint Albus en souriant, mais les shamans sont des sorciers extrêmement rares, et je n'ai pas souvent eu l'occasion d'en entendre parler de façon raisonnable. Pouvez-vous m'instruire à ce sujet ?, demanda Albus très humblement, diplomatique.
- Un Avènement est toujours indiqué dans les étoiles car c'est un mouvement majeur pour tous les êtres, magiques ou non-magiques. Le shaman est le gardien de la nature, des vivants, et des morts aussi, dit Firenze de sa voix douce et grave.
Albus resta silencieux un moment : la réponse de Firenze semblait l'avoir perturbé.
- … des morts… S'agit-il d'une forme de ce que nous sorciers appelons Magie Noire ?, s'enquit Dumbledore.
- Ce que vous appelez magie noire est une magie guidée par les plus mauvaises intentions qui soient, elle n'existe d'ailleurs que chez les humains, lança Firenze en bombant légèrement le torse. Le shaman œuvre pour la paix des esprits et le repos de tous. Il est lié à la vie, à ce que vous appelez « la nature », et si c'est un sorcier : à la magie. Il en fait partie.
Albus réfléchissait aux questions qu'il désirait poser, les « bonnes questions » uniquement. Il s'agissait de ne surtout pas briser le lien fragile qu'ils avaient établis en vexant le centaure ou en faisant preuve d'arrogance.
- L'enfant pourra-t-il intégrer Poudlard à ses onze ans ?, demanda Albus.
- Etre shaman n'est pas être sorcier. Et il sera probablement sorcier avant d'être shaman : c'est pourquoi le message parle du « futur gardien ».
Albus acquiesça de la tête. Hagrid lui, la bouche entrouverte, ne comprenait pas un traître mot de ce que disaient les deux autres. Les phrases implicites de Firenze avaient toujours été un problème pour lui, car la place que les centaures laissaient à l'interprétation quand ils parlaient avec les humains avait souvent mené Hagrid à se tromper dans la compréhension même du message. Il admirait le professeur Dumbledore, pour qui ces réponses paraissaient claires comme de l'eau de roche.
- Enfin, est-il possible de prévoir quand est-ce que le sorcier deviendra shaman ? Ou comment cela se manifeste-t-il ?, demanda Dumbledore.
Firenze regarda Dumbledore de ses yeux d'un bleu étonnant, et resta silencieux pendant près d'une minute. Ses cheveux blancs voletaient dans le vent. Le sorcier ne cilla pas d'un poil, et fit preuve de patience. Le vent faisait onduler sa longue barbe et sa robe de sorcier. Hagrid gesticulait derrière Dumbledore, mais cela ne dérangeait pas Firenze qui avait appris à connaître le demi-géant, et le savait peu patient. Firenze répondit :
- Le sorcier devient shaman quand il n'est plus un poulain, mais pas encore un sage. Il est envahit par les esprits tout d'un coup, et son enveloppe ne peut pas contenir le flux de vie qui passe à travers lui. Alors il tombe malade.
Dumbledore se pencha en avant en signe de remerciement, et le centaure fit une révérence également.
- Je vous remercie énormément Firenze, fit Dumbledore.
- Je suis satisfait d'avoir put accomplir ma mission en vous aidant. Partez maintenant. Au revoir.
- Au revoir, conclut Dumbledore avec un sourire.
Albus Dumbledore salua Hagrid qui retourna à sa cabane, et alla préparer son petit voyage en France.
Un mois plus tôt, en cette même année 1978, dans la campagne russe, naissait un autre bébé.
Celui-ci n'attira l'attention d'aucun troupeau de centaure, ni d'aucun grand mage anglais. Personne ne prédit d'évènement important dans son avenir, ni ne s'intéressa à lui. C'est à peine s'il attira l'attention de sa propre famille.
Il était le cinquième enfant d'un couple de moldus paysans qui travaillaient dans un kolkoze. Il représentait un épuisement monstrueux pour sa mère, et une bouche à nourrir de plus pour son père. Il ne fut pas, pour ainsi dire « accueilli à bras ouverts », il n'était même pas attendu. Il n'eut pas de beau berceau ni de couverture moelleuse et douillette, mais se contenta d'un tonneau de vin tranché en deux et monté sur pieds, et d'une couverture rêche confectionnée par sa mère, et qui avait servi aux quatre précédents. Il n'eut pas non plus de tendres câlins de la part de ses parents ou de ses proches, qui étaient trop occupés à reprendre le travail et qui de toute façon, n'avait que faire de ce petit être.
Deux ans plus tard, en juillet 1980, naquit un troisième enfant, dans le Nord de l'Angleterre.
Un petit enfant choyé et attendu avec impatience par des parents aimants, dans un grand manoir sorcier. Dès sa naissance il fut adulé par son entourage.
Mais pour lui on avait prévu un tout autre avenir que cette petite vie heureuse et tranquille qu'il apercevait depuis son berceau, et qu'il pouvait presque toucher de ses petits doigts potelés. Lui, il correspondait à une description faite dans une prophétie. Il avait été destiné à perdre ses parents lorsqu'il n'aurait qu'un an à peine, assassinés sous ses yeux pleins de larmes.
Il frôla la mort lui-même, mais finalement eut le droit d'être un survivant, le Survivant, et son nom devint célèbre dans tout le monde sorcier. Mais il était orphelin, et on l'emmena dans une autre famille que la sienne, une famille moldue qui ne voulait pas de ce petit être dans leur vie, eux non plus.
Trois bébés naissaient dans des mondes totalement différents, avec chacun plus ou moins de chance dès le départ. Trois vies nouvelles dont les chemins allaient se croiser.
