Fandom : HP.
Beta : 3lle.
Genre : Sérieux. Romance. Et heu... déconnade. Un peu?
Disclamer : Harry Potter et ses joyeux compagnons appartiennent tous à J. Comme on est sûres qu'elle ne nous les donnera pas, on ne fait que les emprunter. On ne gagne pas d'argent avec. Heureusement, dans quel monde irions-nous, sinon?
Warning : Harry fille. Oui, c'est un avertissement. Ça peut choquer les âmes sensibles.
Résumé : 1995 : Harry Potter est dingue, Dumbledore est has-been, Ombrage, Grande Inquisitrice de Poudlard. Et au milieu de toute ça, Theodore Nott essaye de survivre aux examens, à son père, à l'adolescence et à l'amour. Dur.
IMPOSSIBLE N'EST PAS NOTT
par Les Trois Moires
Chapitre un : Méfiez-vous du chaudron qui bouillonne.
Severus Rogue, estimé maître des potions de la grande école de sorcellerie de Poudlard, errait sans but dans les couloirs du château. Au long de sa promenade, plongé dans ses pensées, il avait machinalement donné un avertissement à deux morveux qui se bécotaient sur un banc, défiant en leur âme et conscience les nouvelles directives de la crapaude en chef, Dolores Ombrage.
Quelle déchéance, songea-t-il en regardant Peeves desserrer amoureusement l'attache d'un lustre en cristal pour qu'il se détache à la moindre vibration. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il aurait volontiers enfermé les insipides petits vermisseaux qui se moquaient du règlement intérieur au fond d'un cachot et jeté la clé. Cependant, la rainette rose était l'une de ces affaires qui en appelait à la raison d'état. Tous les enseignants s'étaient groupés pour faire front et il en était réduit à suivre le mouvement s'il ne souhaitait pas qu'on le taxe de chien du ministre dans la salle des professeurs.
Il n'y avait bien que Rusard que ça ne gênait pas. Le planqué avait son propre bureau. Si on avait demandé son avis à Severus, le crakmol fielleux serait logé dans l'un de ses chers placards à balais. Mais puisque tout le monde se fichait de son opinion...
Cet appel muet à la mobilisation brimait son sadisme naturel et le rendait encore plus grognon que d'ordinaire. Il aboya à une élève de resserrer sa cravate à moins qu'elle ne désire passer quelques heures devant un chaudron pour le récurer à la brosse à dent. La jeune fille partit en larmes sous son ton incisif. Il soupira en se passa une main sur le visage.
Car, plus encore que la menace en rose, Severus avait un problème. L'un de ses élèves, un de ses Serpentards était amoureux. Rien d'étonnant à ce fait en particulier, il recevait tous les ans des flopées d'adolescents sous hormones qui venaient lui demander conseils ou tout simplement pleurer sur ses robes en vidant ses réserves de thé au jasmin et de gâteaux aux noix de macadamia pour trois mois. Depuis le temps, il connaissait le truc. Il était blindé.
Non, ce qui était stupéfiant, c'était que cet événement abominable arrivait à un des Serpentards qu'il estimait le plus. Le genre de personne qu'il n'aurait jamais soupçonné de tomber dans le piège le plus vieux de la création. L'un des esprits les plus intelligents et complexes de sa génération, doté d'une logique serpentardienne et d'une tendance à placer la Raison avant toute autre chose, bref, armé de tout ce qu'il fallait pour éviter la monstruosité que représentait l'Amour.
L'erreur était humaine, certes, mais, il n'aurait jamais deviné que Theodore Nott y était sujet.
Theodore Nott : quinze ans, fils de Mangemort, élève studieux, calme, mâture, solitaire et n'éprouvant aucun besoin d'appartenir à un groupe, ayant grandi dans un manoir avec seuls compagnons son vieux père et une poignée d'elfes de maison.
Toute l'histoire avait commencée au début de l'année scolaire, quand le directeur de maison avait constaté que le jeune cinquième année faisait du vague à l'âme dans sa classe, entre toute autre. A l'époque, il n'y avait pas prêté beaucoup d'attention. Il fallait dire que, malgré cela, le garçon avait d'excellentes notes et que Severus n'avait rien à redire sur sa conduite. Intrigué par son attitude inhabituelle, il laissa néanmoins filer, supposant que c'était le résultat d'un devoir compliqué à rendre prochainement, et que ça lui passerait vite.
A la fin du premier mois, le garçon n'était pas redevenu lui-même. Puis, un trimestre. Ses camarades lui envoyaient des regards interloqués, et Rogue entrevit le jeune Malfoy s'adresser durement à son condisciple dans un couloir peu de temps après Noël. Quoi que le brun ait pu lui répondre, le fils de Lucius sembla vexé et partit dans l'autre direction à la vitesse d'un vif d'or poursuivi par deux Attrapeurs au coude à coude, le visage cramoisi. Encore un point anormal. Nott ne recherchait pas la compagnie de Malfoy et de sa bande, mais ne les rejetait pas non plus. Il était trop malin pour se mettre à dos des élèves de sa propre année et maison, des enfants qui allaient avoir beaucoup de pouvoir dans le futur. D'autant que la famille Nott n'était pas aussi riche qu'elle l'avait été dans le passé.
Severus se convainquit qu'il tenait là le nœud du problème. Le père Nott, Eudes, avait été un Mangemort très dévoué et avait financé les campagnes de Voldemort avec l'argent familial. Le Mage Noir, étant le Sang-Mêlé sans terres qu'il était, avait parasité ses 'amis' en habitant chez eux, en se nourrissant à leur table et en tenant sa cour dans leur salon comme un monarque en voyage. Les Nott étaient loin d'être pauvres. N'empêche que leur fortune avait souffert des excentricités de Voldemort.
L'été dernier, le Seigneur des Ténèbres était revenu d'entre les morts et, en dépit de ce que voulait faire croire le ministère, recommençait à bouger.
Severus avait crut bien cerner son élève, et conclut que le garçon était anxieux pour l'avenir des Nott. Précoce pour son âge, l'adolescent avait sans nul doute consulté le registre des dépenses de la famille et avait remarqué que lors du soutient de son père à Voldemort l'argent était parti du coffre mais n'y était jamais revenu. Il devait craindre que ce gouffre financier ne se répète encore une fois.
Le maître des potions avait un œil sur le garçon depuis longtemps, ainsi que quelques autres, car il ne paraissait pas partager l'avis de ses condisciples sur l'importance de la pureté du sang. Le pragmatisme de Nott semblait le protéger du monceau d'absurdité qui se transmettait dans les granges familles. Son pragmatisme, et le fait qu'il a grandi très isolé des siens. Quelques discussions à double-sens devant une tasse de thé et des utilisations prudentes de legilimencie lui avaient montré que Nott était très réceptif aux idéaux de l'Ordre et pourrait faire une recrue de premier choix. Albus serait ravis d'avoir du sang neuf.
Rassuré, et songeant que tout ceci arrangeait ses affaires, Severus se dit qu'il valait mieux attendre un peu avant de confronter le petit génie. Il laissa le gamin cogiter dans son coin et préféra réfléchir à des affaires plus plus pressantes, comme le genre de crasse qu'il allait bien pouvoir faire à la bande Potter, miss-je-sais-tout, Londubat et rouquins associés.
Interrogation surprise?
Inspection des dortoirs?
X
Ce fut vers la fin des vacances de Noël, alors que lui venaient des rumeurs inquiétantes, que Fillius fit une halte dans son bureau. Il glissa le mot anonyme sous une pile de feuilles et accueillit cordialement le petit professeur d'enchantements. Fillius Flitwick était l'un des professeurs avec lesquels il s'entendait le mieux. "Fillius, que puis-je pour vous?" demanda-t-il en présentant cordialement une chaise à son collègue.
L'ancien champion de duel sauta sur le siège et son visage se fendit un sourire rassurant bien que son expression garda un air préoccupé. "A vrai dire, rien de vraiment très urgent, Severus. Néanmoins, je dois vous avouer que je m'inquiète un peu pour un de vos étudiants."
Severus haussa un sourcil. "Je vous demande pardon?"
"Oui, oui. Il s'agit du jeune Nott. Il n'est pas dans son état normal depuis quelques temps. Il est... distrait. Ho, rien de grave, rassurez-vous. Ses résultats n'en pâtissent pas, mais il lui faut plus de temps que d'habitude pour réussir ses exercices. Je ne sais pas ce qui lui tourne dans la tête cependant, depuis cinq ans que je lui enseigne, je ne l'ai jamais vu comme ça," dit-il de sa petite voix flûtée. "Je souhaitais juste vous prévenir."
"Et vous avez bien fait, Fillius. J'ai aussi remarqué son comportement dans mes cours. Je pensais attendre un peu mais puisque ça rejaillit aussi dans les vôtres..."
"Ne soyez pas trop dur avec lui, Severus. Je ne veux simplement pas qu'il se blesse pendant un exercice par faute d'attention."
"Pareillement, cher collègue. Du thé?"
"Non merci, je ne faisais que passer." Fillius quitta son siège et marcha jusqu'à la porte mais Severus avait bien remarqué qu'un de ses précieux biscuits avait disparu. La main sur la poignée, Fillius se retourna, hésitant. "Au fait, Severus, une dernière chose..." Le petit professeur lança un sortilège de silence sur la pièce dans le regard intrigué du maître des potions. "J'ai entendu des bruits de couloirs, voyez-vous."
"A quel sujet?" répondit Severus, devinant à quoi il faisait allusion.
"Certains élèves sortiraient des retenues de madame Ombrage avec des... séquelles physiques."
Severus acquiesça en soupirant et sortit la note non signée qu'il avait trouvée glissée sous la porte. Il l'agita distraitement. "Un étudiant bien intentionné m'a remis ceci. Je vous passe la manière dont le nom de notre chère Inquisitrice est mentionné, mais ceci l'accuse en effet d'utiliser des plumes sangsue durant ses retenues."
"Doux Merlin," souffla Fillius en secouant la tête, faisant vaciller son chapeau de sorcier. "Cette femme est folle à lier."
Quelques minutes plus tard, Severus était de nouveau seul dans son bureau et relisait la note. Des noms d'élèves ayant été soumis à l'usage de la plume sangsue pendant leur colle était ajoutée au verso. Quiconque avait écrit ceci était très bien renseigné. Et avait une imagination florissante pour trouver des insultes et des jeux de mots sur le thème des batraciens. Il arqua un sourcil en lisant le dernier nom de la courte liste. Intéressant. Alors comme ça, Potter s'était faite rudoyée par un professeur et n'était pas allée faire un esclandre dans la presse? Voilà qui ne ressemblait pas au personnage.
Qu'avaient-ils tous a agir bizarrement en ce moment? D'abord Nott, et maintenant Potter?
X
Au terme de la deuxième semaine de vacance et d'une entrevue rapide durant laquelle Minerva vint se le voir pour discuter de l'inattention chronique de Nott depuis le début de l'année, Severus se dit qu'il était temps de reprendre les choses en main. Vendredi, il convoqua le fautif dans son bureau par le biais du Baron Sanglant. Le Serpentard se présenta sous peu, arborant une expression neutre et contrôlée. Serverus ressentit une bouffée de fierté pour son étudiant. Un Gryffondor qui serait convoqué par son directeur de maison pour une raison indéterminée serait déjà en train de se faire dessus. Severus fit s'asseoir l'adolescent et lui proposa une collation. Son vis-à-vis accepta poliment et l''enseignant se servit de même du thé au jasmin.
Par dessus sa tasse en porcelaine de Limosges, Severus détailla le garçon. Nott pouvait être facilement décrit par le mot 'efflanqué'. Il était grand pour son âge, promettait de continuer sa croissance, et était très mince. Quelques mois encore et il se remplumerait certainement, pensa Severus qui avait vu des tas de gamin avec la même constitution de moineau détrempé. Les yeux bleu outremer étaient alertes et brillaient de la lueur caractéristique de l'intelligence. Ses cheveux noirs bien peignés retombaient dans son cou et des mèches indisciplinées lui léchaient les joues. Nott pourrait attirer la convoitise des membres féminins de Serpentard s'il n'était pas aussi solitaire.
L'agent double reposa sa tasse sur la coupelle. "Mr Nott, savez-vous pourquoi je vous ai invité à me rejoindre ici?"
Nott hocha prudemment la tête. "Je crois, oui. Le professeur McGonagall m'a fait part de son mécontentement quant à ma distraction en cours."
L'espion opina mentalement. Cette chère Minerva. "Je ne crois pas savoir qu'elle vous ait donné de punition."
"Non, elle... m'a juste avertit, Monsieur." Nott se dandina sur sa chaise, mal à l'aise sous le regard scrutateur de son enseignant.
"Tant mieux. A présent, Mr Nott, sachez que je n'aime pas beaucoup punir mes élèves et j'ai cru comprendre que vos résultats ne pâtissaient pas de votre manque de concentration. Toutefois d'autres professeurs sont venus me parler de votre comportement étrange de ces dernières semaines. Si c'était pour me dire qu'ils sont mécontents de vous, je n'en ferais pas grand cas; le professeur McGonagall me rend visite toutes les semaines pour se plaindre de l'attitude de Mr Malfoy et de Miss Parkinson."
Sa tactique se révéla payante et un sourire se profila sur les lèvres du jeune homme. Severus devait s'assurer qu'il était décontracté afin de pouvoir aborder le problème. Une décennie et des poussières d'enseignement avait apprit à Severus que les enfants demandaient de la patience et une relation de confiance pour pouvoir s'ouvrir aux adultes. La patience et la confiance, il les avait. Un nombre d'heures significatives de son emploi du temps étaient dévolues à la communication avec ses Serpentards pour tisser des liens avec eux. Dans une maison où la solidarité était résumée à 'chacun pour soi', il faisait figure de seul confesseur. Tout était donc une question de temps et de subtilité avant que Nott ne crache sa valda.
"En toute honnêteté, je suis plus inquiet qu'ennuyé. Toutes les personnes qui sont venues me voir sont unanimes : cela ne vous ressemble pas."
Nott se mordit la lèvre et baissa les yeux. Le garçon avait vite comprit que son directeur avait des talents de legilimens accompli. Un gamin impressionnant, vraiment. "Ce n'est pas très important, professeur."
Severus fronça légèrement les sourcils. Bin tiens. "Ça l'est assez pour que vous rêvassiez toute la journée."
Voyons. Comment aborder le sujet du retour de Voldemort? Il passait pour un Mangemort encore actif pour la plupart de ses élèves, ce qui, par parenthèse, lui attirait la sympathie et le respect de ces derniers, mais lui était préjudisciable envers les quelques adolescents qui ne suivaient pas la voie ténébreuse.
"Vos camarades semblent penser la même chose," hasarda-t-il.
Nott ouvrit la bouche avant de la refermer rapidement. Haha! Il y avait bien quelque chose ici. Le tout allait être de s'y prendre de la bonne manière. Il se rappela de l'altercation minime qui avait opposée Nott et le petit prince de Serpentard.
"Mr Malfoy, par exemple."
"Malfoy vous a dit que-" débuta le plus jeune avant de se reprendre en fermant sa bouche à la vitesse de l'éclair. Les joues pâles se colorèrent de pourpre.
Merlin, pensa Severus, luttant pour réprimer un rictus. Le jeune homme avait des crises de rougissements impressionnantes. De quoi faire concurrence aux Weasley de tous poils, ça. Nott avait l'air furieux.
"Quoi qu'il ait pu vous raconter, Malfoy est toujours à côté de tout. Il ne pourrait pas trouver Gringotts même si on lui donnait une carte et une armée de niffleurs," siffla-t-il en tripotant sa manche droite, à la fois nerveux et furieux.
En effet, il y avait quelque chose. Pas nécessairement entre Malfoy et Nott. Celui-ci savait l'importance de conserver de bonnes relations avec ses pairs. Or Malfoy connaissait la raison de l'étourderie de Nott. Il serait facile de convoquer le blond pour lui extorquer cette fameuse raison, mais celà risquait de mettre en danger leur relation de confiance. Les deux garçons n'étaient pas vraiment 'amis', au sens fort de terme, mais s'estimaient mutuellement. Si Severus n'avait pas entendu crier dans tous les couloirs le pourquoi de l'affaire, c'est parce que Malfoy avait gardé le secret. De plus en plus intéressant.
Malfoy, une petite peste ambulante qui fermait son clapet. La curiosité naturelle de Severus fut piquée au vif. Effectivement, les adolescents étaient bizarres ces derniers temps. Toutefois, sa curiosité ne valait pas de détruire la confiance qui régnait entre les deux garçons. Une telle chose était rare à Serpentard, et proportionnellement appréciable.
"Je ne crois pas que vous pensiez vraiment ce que vous venez de dire, Mr Nott. Par ailleurs, Mr Malfoy ne m'a pas fait de confidences," expliqua-t-il avec diplomatie. "J'ai eu vent d'un rafraichissement dans vos relations. J'en ai déduis qu'il partageait l'avis général."
Nott eu l'air foudroyé. Puis très en colère contre lui même. Très divertissant, jugea Severus. Le Serpentard n'était pas encore assez socialement expérimenté pour voir venir ce genre d'attaque sournoise. A son âge, il n'y en avait pas beaucoup pour y parvenir, du reste. Avec réluctance, il admit que, peut-être, Granger sentirait le piège arriver. Et si cette dernière n'était pas trop loin et qu'elle pouvait lui envoyer des signaux, éventuellement que Potter pourrait aussi.
A l'extrême limite.
Et encore.
Un silence s'installa dans le bureau de Severus et s'étira une longue minute. Bon, d'accord, il était patient mais il ne fallait pas non plus en abuser. Il changea de tactique. "Est-ce en rapport avec votre père?" La question était assez large pour couvrir plusieurs domaines.
Nott réfléchit une dizaine de secondes, regardant sa tasse de thé à moitié vide sans la voir, avant de répondre. "Oui. En quelque sorte."
Severus l'encouragea du regard. "En quelque sorte?"
"J'ai... dans trois ans, j'aurais dix-huit ans, l'âge légal pour... contracter une union matrimoniale," grimaça Nott dans un marmonnement inarticulé, désirant visiblement être partout sauf dans ce siège.
Ha. Le mot était donné. Mariage.
"Je vois."
Le garçon soupira et lâcha du leste, plus vite que Severus l'aurait supposé. "Et mon père m'a écrit, récemment. Nous suivons les vieilles pratiques, vous savez. Je suis censé trouvé une fiancée répondant aux six critères traditionnels avant l'année suivant ma majorité. Sans quoi mon père choisira pour moi. Je ne doute pas un seul instant que père fera au mieux, mais, je..."
Severus poussa la boîte de gâteaux aux noix de macadamia vers son élève. "Mais vous ne vous sentez pas prêt pour le mariage, n'est-ce pas."
Nott saisit un des gâteaux et le grignota songeusement.
Non, ça ne pouvait pas être ça. Pourquoi est-ce qu'un sujet aussi trivial aurait pu conduire à une dispute entre Malfoy et lui? Il était très improbable que Nott ait conclu que son meilleur parti était Parkinson ou Greengrass, deux jeunes filles en compétition pour le titre de future madame Malfoy. De toute évidence, cela avait un rapport entre Eudes Nott, le mariage et Malfoy. Peu importe la façon dont il retournait le problème, il n'arrivait pas à relier les points entre eux. Par Vivianne, ce que c'était frustrant.
Severus nota le détachement de Nott au sujet de son mot sur le mariage. Non, ce n'était pas ça qui l'importunait le plus. C'était sans doute trop flou pour lui, qui avait perdu sa mère trop tôt pour en avoir de souvenirs. Il avait été plus tendu à la mention de Malfoy. Cette histoire de mariage était venue trop rapidement, trop facilement. La racine du problème était plus profonde.
"Vous en avez discuté avec Mr Malfoy?"
"Hum? Ho, oui. Il ne se pose pas trop de question, puisque ses parents ont déjà presque décidé. Il pense que je devrais me conformer à la tradition et ne pas chercher plus loin."
La tradition des cinq critères. Respect des traditions, puissance, richesse, beauté et intelligence. Heureusement pour Severus, il était un misérable sang-mêlé et n'avait jamais eu à se conformer à ces âneries. Pour l'énorme majorité de sang-purs de sa maison, c'était une autre affaire. Le ou la fiancée idéale devait répondre à ces critères de perfection. Évidement, dans la pratique seules les plus grandes familles telles que les Malfoys et les Black se préoccupaient encore des six anciens points. Le sixième était un sang indéniablement pur sur sept générations. Les familles plus mineures s'accordaient à dire que cinq critères suffisaient amplement, voire quatre. Quant aux autres, elles s'en fichaient éperdument et le disaient haut et fort. Mais les sorcières des contes pour enfants étaient toujours décrites avec ces qualités. Cette hypocrisie flagrante ne cessait de faire sourire Severus.
"Mais vous n'êtes pas d'accord," fit-il avec une voix monocorde, conservant un visage dépourvu d'émotion afin de ne pas influencer la réponse de son interlocuteur.
Nott ne répondit pas, fixant sa tasse dorénavant vide avec une intensité telle qu'il aurait pu la faire flamber.
Son opinion était pourtant claire. Non, il n'était pas d'accord. Pourquoi est-ce qu'un sorcier élevé dans le respect des tradition aurait une objection à ces mêmes traditions? La solution de l'énigme était si simple que Severus manqua de s'étouffer avec son thé au jasmin. Parce que tous les ans, il recevait des adolescents angoissés et beaucoup plus directs que Nott, qui lui expliquaient de but en blanc qu'ils ne voulaient pas de leur mariage arrangé parce qu'ils étaient follement amoureux d'un ou d'une autre.
Par tous les godeluraux de Vivianne.
Ses ongles crissèrent sur ses accoudoirs. Impossible. Improbable. Inconcevable! Non, pas lui!! Pas lui aussi!!
Il se reprit, le ventre douloureux a l'idée de vocaliser la seule explication qui lui venait à l'esprit. "Mr Nott, vous êtes amoureux, n'est-ce pas?"
Le concerné recracha un morceau de gâteau. Sa carnation, qui s'était calmée, reprit une teinte rouge foncée. "Non! Heu, je-" Il déglutit sous le regard sarcastique que Severus lui envoya. "Si," admit-il.
C'était donc ça. L'Amour. Le plus grand maux de la création. La crasse que le Destin avait en réserve pour tout le monde et se débrouillait pour la balancer au pire moment. Theodore Nott, cet enfant si prometteur et intelligent était tombé amoureux. Pauvre âme.
"Bon. Je ne vois pas ce que ça a de si catastrophique," dit Severus en resservant le garçon en thé.
Oui, qu'est-ce qui était si ennuyeux pour le jeune Nott, après tout? Il répondait à tous les critères, ce qui faisait de lui un petit prince dans le monde sorcier, au même rang que Malfoy ou Zabini. Ces trois là pouvaient obtenir tout ce qu'ils souhaitaient. Qui ils souhaitaient. Le facteur de l'amour changeait cependant la donne. Severus revint sur son interrogation de tantôt. Et si, en effet, Nott était tombé amoureux de l'une des presque-promises de Malfoy? Greengrass était plus plausible que Parkinson, et avait son lot de prétendants. Voilà qui aurait pu causer sa periode de tension avec Malfoy.
"C'est à dire que..." Nott ne savait clairement plus ou se mettre. "Elle... ne correspond qu'à quatre critères. Et même le cinquième pouvait se négocier, je doute fortement que mon père l'accepte."
Severus haussa un sourcil. Il allait approfondir cette dernière déclaration quand Nott consulta sa montre et se raidit. "Merci d'avoir prit sur votre temps, professeur Rogue, mais j'ai un devoir de Métamorphose à terminer avant demain et je dois y mettre un point final."
"Oui, oui, bien sûr," dit l'adulte avec indolence. "Nous en reparlerons, si vous voulez."
L'instant d'après, Sevrus était seul.
X
Et le lendemain, il en était à se creuser la cervelle pour trouver qui était le mystérieux béguin de Theodore Nott.
Severus assassina des yeux un Gryffondor qui traînait des pieds et se dirigea vers la grande salle quand le jeune homme se mit à lever correctement les jambes, suant à grosses gouttes, vert de peur. Sur le chemin, il confisqua aussi un journal intime que deux Pouffsoufle se disputaient.
Il s'installa à sa place habituelle, répondant machinalement au salut mielleux de Dolores et plongea son nez dans son plat de patates. Il ignorait pourquoi la question le taraudait à ce point, mais Severus ne parvenait pas à trouver la réponse. Cela lui rappelait ses années Poudlard en tant qu'étudiant, lorsque tous les mystères de l'école défilaient devant lui. Ça le dévorait littéralement. C'était un défi à ses capacités cérébrales.
Nott était le genre de personne qui voulait le meilleur. Mais l'amour ne se commandait pas, songea-t-il en écrasant sombrement les pommes de terre pour en faire de la purée. Il en avait fait les frais, merci bien. Au moins Nott lui avait-il assuré que l'élue était une fille. Il aurait été dans le purin jusqu'au coudes si ça avait été un garçon. Ou qu'il n'avait pas précisé.
Quatre critères sur cinq. Et le vieux Nott ferait la fine bouche? Il avait du mal à le croire. Il lorgna la table de ses Serpentards. Les élèves étaient pour beaucoup rentrés chez eux pour les fêtes, mais Severus connaissait tous ses Serpents. Le respect des traditions était inculqué très tôt ici. Si ce n'était pas par la famille, ça l'était au moins par la maison. Le tiers était des Sang purs dont la puissance financière était bien installée. Certes, ils n'étaient pas tous beaux et intelligent et puissants, mais c'était pour ça qu'on prévoyait un critère de moins sur les six. Sinon il n'y aurait pas beaucoup de mariages chez les Sang-purs.
Severus dirigea son regard vers les Serdaigles. Les sorcières intelligentes étaient légions, là-bas. Il y avait quelques beautés relativement puissantes. Pouffsoufle comptait aussi ses perles rares. Severus massacra consciencieusement ses patates.
Il s'y prenait mal. De cette façon il en aurait pour des mois. Il devait aborder le problème sous un autre angle. Songer comme Nott. A la place de ce garçon, quel critère était plus important que les autres?
L'intelligence, se dit-il immédiatement. Il ne voyait pas Nott tomber durablement pour une idiote écervelée. La beauté était probablement secondaire bien que la mère du Serpentard eut été remarquablement belle. Même chose pour la puissance. Ou la richesse. Ou le respe- crotte.
Il n'avançait pas non plus.
Minerva recula sa chaise sous la force des ondes négatives presque papables qu'il émettait. Sybille, à côté, le considéra avec inquiétude et imita sa collègue de Métamorphose. Les autres professeurs lui glissèrent des regard perplexes avant de revenir à leur assiette, habitués aux humeurs changeantes du directeur des vert et argent.
Bon. Que savait-il? Le vieux Nott désapprouverait. Et Malfoy aussi, visiblement. Donc : possiblement une sang-mêlée ou une née-moldue. Pauvre ou ne roulant pas sur l'or. Exit Parkinson et Greengrass.
Peut-être qu'elle avait un certain dédain pour les règles et les traditions?
Quatre sur cinq... le pire du pire parmi la pauvreté, le non respect des coutumes et le sang? Étant donné que le vieux Nott était un Mangemort convaincu, il avait tendance à choisir le dernier. Ça semblait plus logique, au vu du ton catégorique de l'héritier avait adopté. Mais la pureté du sang était un critère 'bonus'. Le non respect, alors?
Si on partait de là, quelle sorcière dans cette école, toute année confondue, était jolie, puissante, riche, fûtée et détestait les traditions? Severus grogna et regarda de nouveau Serpentard. Selon sa réflexion, il n'imaginait pas un instant que la dulcinée mystère fasse partie de ses protégés. Il ne connaissait pas de fille a la réputation assez sulfureuse pour que cela cause à Nott sr. une réaction épidermique. Sans doute une Serdaigle. Ou peut-être une Pouffsoufle. Adèlle Valentine collait à la description.
Il fronça les sourcils en contemplant la dernière table. Peut-être qu'il s'agissait d'une Gryffondor. Après tout, les adolescents avaient toujours le chic pour tomber amoureux de qui il ne fallait pas.
Il faillit embrasser Minerva (et se retint au dernier moment, merci à qui de droit) quand il repassa le fil de ses pensées en sens inverse. Bien sûr! Le truc était de savoir qui, dans l'école, avait assez mauvaise réputation pour qu'elle arrive aux oreilles d'un Nott sr. retranché dans son manoir en hermite!!
Serverus aimait ses capacités de raisonnement.
Alors qu'il allait méticuleusement passer toutes les étudiantes au crible et procéder par élimination, son épouvantard personnel prit la parole. "Severus?"
Le concerné grimaça sous cape, avala sa purée et se tourna à moitié en direction de Dumbledore. "Monsieur le directeur?"
Dumbledor souriait mais ses yeux n'arboraient pas leur scintillement caractéristique. Ils étaient fixes et sombres. Severus connaissait assez le vieil homme pour pouvoir affirmer que le directeur était sacrément emmerdé. Dolores tendit l'oreille si peu discrètement que ça frisait l'insulte.
"Si vous aviez une minute après le repas?"
Severus lut la gravité dans le regard de son supérieur. Est-ce que cela avait un rapport avec Voldemort? "Bien sûr."
La suite du repas se déroula en silence, au grand désappointement de Dolores qui aurait bien voulu capter plus de leur conversation. Le vil crapaud se replongea dans ses pensées, réfléchissant certainement à son prochain décret inquisitorial. Peut-être qu'elle allait obliger tous les élèves à porter du rose bonbon, pronostiqua-t-il avec un sourire sardonique. Quelle horreur. Il arrivait au dessert quand les autres enseignants finirent. Bientôt, il fut seul avec le directeur. La salle elle-même se vida au fur et à mesure, la poignée d'étudiants restée à Poudlard regagnant les salles communes. Sa tarte à la mélasse terminée, l'ex-Mangemort suivit Dumbledore dans son bureau. Fumseck les accueillit en se posant sur l'épaule du vieux sorcier et en envoyant son regard d'or liquide à Severus. Le maître des potions ressentit une chaleur très agréable se répandre en lui, comme une tasse de chocolat bien chaud après une promenade en plein hiver sur les berges du lac. Severus aimait plus l'oiseau que son propriétaire, parfois. Minerva était là, et se leva à leur entrée.
"Severus, Minerva," débuta le directeur en caressant la tête de son phénix, "l'heure est grave. Et je ne parle pas seulement de Voldemort. Actuellement je suis plus préoccupé par les manigances de Dolores. Cette femme étrangle Poudlard avec son interminable série de décrêts plus idiots les uns que les autres. Je doute qu'elle s'arrête avant de m'avoir expulsé du château."
"Je crois qu'elle travaille conjointement avec Lucius Malfoy dans ce but." Ces deux-là devaient s'entendre comme larrons en foire, oui!
"Lucius ne serait que trop heureux de ne plus m'avoir dans les pattes," souffla ironiquement Dumbledore. "Peut-être que je ne fais que retarder l'inévitable. Il faudra bien un jour que je passe la main. Mais certainement pas à cette sorcière fanatique humainement médiocre. Elle était déjà dangereuse lorsqu'elle siégeait au Magenmagot."
"Et à Poudlard, elle se surpasse," renchérit Minerva. "Elle prévoie de faire renvoyer Sybille et elle donne plus de retenues aux Gryffondors pour un 'oui' ou pour un 'non' que vous dans vos mauvais jours, Severus."
Lequel accepta le compliment avec un hochement de tête gracieux tout en songeant que le renvoi de Sybille n'était peut-être pas une si mauvaise idée que ça. "Très aimable à vous, Minerva."
"Je vous en prie. Messieurs, nous devons faire quelque chose pour nous débarrasser de cette vermine ambulante."
"Je vois bien un moyen... et il est tout à fait légal. Ne me regardez pas comme ça, Minerva. Vos paroles pouvaient être mal interprétées. Un moyen légal, disais-je donc. Vous n'êtes pas sans savoir que Dolorès utiliserait des objets ensorcelés pour dissuader les élèves de revenir en retenue."
"Ce sont des rumeurs sans fondement," tempéra prudemment la professeur de Métamorphose. "Aucun élève n'est venu me voir pour en témoigner. Je ne crois pas que Dolorès soit assez bête pour utiliser des objets illégaux simplement pour punir des enfants alors que le ministère prohibe leur usage."
"Il faut croire que la bêtise de cette femme est n'a aucune limite, alors. Une bonne âme a abandonné un papier incriminant cette idiote et donnant une liste d'élèves victimes de ses plumes sangsue. La liste était assez courte mais exhaustive."
Minerva échappa un hoquet choqué. "Pourquoi ne m'en avez-vous rien dit, Severus?"
"Celà n'aurait rien changé. Vous savez aussi bien que moi qu'un bout de parchemin griffonné par un élève et non signé ne pourrait pas servir de preuve sérieuse. De plus, j'ai réussi à coincer un des élèves impliqués. Le pauvre garçon, un Pouffsoufle de troisième année, était tellement terrifié par ce qui s'était passé dans le bureau au goût douteux de Dolores qu'il a refusé de parler."
"Si vous n'avez rien pu en tirer... Severus, j'ose croire que vous avez conservé ce parchemin? Ça pourrait s'avérer utile."
"Oui, monsieur le directeur."
La conversation s'orienta ensuite sur le pourcentage de chance de réussir à faire renvoyer Dolorès du ministère si un ou plusieurs étudiants portaient plainte pour usage d'item prohibés sur sorciers de premier cycle. Avec de la chance Kingsley pourrait se charger du dossier et le traiter assez rapidement pour que Lucius n'ait pas le temps d'y fourrer son grain de sel. Merlin savait comment, mais Dumbledore réussit aussi à le convaincre d'enseigner l'Occlumencie à cette petite teigne de Potter. Quel perte de temps.
X
Le soir même, Severus Rogue eut la mauvaise surprise de découvrir que son bureau avait été mis à sac. Et que la note incriminante s'était volatilisée.
Note de fin :
En attendant la suite de Point de Rupture (mais non, pas la peine de flipper, elle n'est pas arrêtée) un petit cadeau pour tous les anciens fans de Harry-fille et ceux nouvellement convertis. Les Harry-fille, c'est bien. Les Harry-fille, ça sauvera le monde. Si.
Puisqu'on vous le dit.
D'ailleurs, pas de malentendus, cette fic n'a rien à voir avec sa grande sœur. C'est une histoire complètement différente de PDR. On espère quand même qu'elle vous plaira. Elle durera probablement pas longtemps. Sept chapitres, peut-être.
Prochainement dans Impossible n'est pas Nott :
Cette année était indéniablement mauvaise. Il tombait amoureux, il se disputait avec Malfoy pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient et les gens s'intéressaient à lui. Quel désastre.
Personnage :
Théodore Nott.
