La perception de brûlure disparu rapidement pour faire place à une chaleur délicieuse. C'est cette sensation qui le poussait toujours à revenir soir après soir. Un effet de déchirement qui s'accordait à celui éprouvé par son cœur. Mais son cœur, comme son corps, oubliait la souffrance pour se pelotonner dans une bulle de jouissance. Là, sous Raphael qui grognait son appréciation, il se sentait à sa place. Utile. Chaque coup de rein l'enfonçait davantage dans une passion aussi addictive que destructrice. Donatello était la tortue rationnelle. Il aurait dû se tenir loin, mais chaque soir, cette soif de plénitude et de sensations le possédait. On aurait dit que son frère Raphael était la pièce manquante du puzzle de son être, s'encastrant si bien dans le vide de sa personne. Il était destiné à être là.

Il n'écoutait pas ce que son frère disait, trop perdu dans la béatitude et le plaisir. Ses paroles n'avaient aucune importance. Raphael était une tortue d'action et ce qui comptait pour lui était le contact, n'est-ce pas ? Chaque friction de leur chair lui envoyait des étincelles tout le long de son épine dorsale. C'était le paradis perdu et c'était aussi sa place. Les va et vient s'accéléraient, signifiant que son frère était déjà proche de la jouissance. Donnie ne voulait pas quitter si vite. Il ne voulait pas que cela s'arrête. Jamais. Il voulait conserver ce membre chaud qui l'emplissait si bien éternellement en lui. Rien le lui apportait autant de bien-être, de paix, de plaisir. Plus rien d'autre ne l'intéressait maintenant hormis ces vingt minutes quotidiennes sous les assauts passionnés de son frère. Un dernier soupir lui apprit que son rêve achevait et comme à chaque fois la réalité allait le frapper à la figure. Raphael se retira et Donnie, rapidement, se nettoya sommairement afin de ne pas éveiller la suspicion s'il était vu sortant de la chambre de Raphael. La mort dans l'âme, il se leva. Peut-être un jour, Raphael sera assez satisfait pour le garder un peu plus longtemps. Peut-être un jour, il sera touché par sa docilité et laissera éventer leur secret. Peut-être un jour que cela ne sera plus nécessaire. Il ouvrit la porte.

-Donnie !

La voix de Raphael était pressante, il se retourna, espérant :

-Enlève ce bandana bleu tout de suite ! Si Léo te voyait !

Donnie détacha le bandana en soupirant. Un jour, peut-être, il n'aura plus à se faire passer pour quelqu'un d'autre, mais pas aujourd'hui…