Vous le savez sans doute, mais j'apprécie énormément les Fondateurs. Et comme, jusqu'à présent je n'ai écrit que des trucs drôles sur eux, il est temps d'équilibrer la balance avec quelque chose de dramatique ! Sur ce, je vous laisse et bonne lecture pour cet O.S.

Ha, et pour des raisons scénaristiques, cela se passe dans le contexte de la Guerre de Cent Ans.

Harry Potter ne m'appartient pas, sinon on aurait déjà eu des tas de livres ou de films sur les Fondateurs.


Le sorcier incompris

« Je tuerai tous ces moldus, soyez en certain, Godric. Et vous ne pourrez pas m'en empêcher. »

Toutes ses années, Godric avait cru que son vieil ami ne parlait pas sérieusement. Il ne pensait pas qu'il serait capable de réaliser ces souhaits si sinistres, si horribles.

Pourtant Salazar l'avait fait. Rowena, Helga et Godric n'y avaient pas cru pendant des années, mais Salazar l'avait fait.

« Pourquoi ne pouvez-vous pas voir la terreur qu'ils représentent ? Le danger qu'ils sont pour nous ? Pourquoi êtes-vous si aveuglé par votre bravoure et votre fierté, Godric ?

— Vous me dites cela, Salazar ? Vous n'êtes qu'un hypocrite et un lâche ! Vous voulez vous débarrassez de tous ceux qui sont différents de vous ! Vous ne sentez donc aucun remord à l'idée d'anéantir tout un peuple sous prétexte que vous lui êtes supérieur ? Cela me répugne. Vous me rendez malade, Salazar ! »

Il se rappelait encore de la surprise et de la colère qui envahissaient le visage de Salazar lorsqu'il lui avait dit ces affreux mots. Sur l'instant, il les avait sincèrement pensés. Il voyait Salazar comme un être odieux et indigne, quelqu'un qui ne méritait nulle considération. À cette époque, il ignorait que ces mots blessaient profondément celui qui appelait encore son camarade, son compagnon, son frère.

Son cœur s'était déchiré en apprenant, par Rowena qui tenait une lettre à la main, que Salazar était parti, le lendemain même de cette dispute. Il se rappellerait toujours de la tristesse qui habitait Rowena depuis le départ de Salazar, le remords que ressentait Helga à ne pas avoir réussi à convaincre Salazar de rester parmi eux, de ne pas avoir pu empêcher à une dispute entre Godric et Salazar de briser leur amitié.

Il était orgueilleux et, dans sa fierté dont Salazar parlait à juste titre, il ne pensait pas qu'une dispute saurait toucher Salazar. Il pensait, naïvement et bêtement, que Salazar ne tenait pas compte de toutes leurs jérémiades, leurs habituelles disputes. Jamais il n'aurait pensé que leur divergence d'opinion tenait tant à cœur Salazar.

Pourtant, ils s'étaient toujours battus à ce sujet : les moldus. Godric et Helga partageaient le même avis concernant les humains non magiques, ils voulaient que tous puissent vivre en paix avec les sorciers. Rowena, jamais, ne s'exprimait à ce sujet. Lorsque la question lui était posée, elle se contentait d'offrir un doux sourire en répondant qu'elle laissait l'avenir décider. Salazar, lui, soit répondait avec arrogance, soit avec une méchanceté féroce.

« S'unir avec les moldus ? Vous avez perdu la tête. Cela n'arrivera jamais. Je préfère encore la mort que d'accepter une paix illusoire avec ces sales veules. »

Godric sentait son cœur se briser en entendant de tels propos. Il ne cessait d'être surpris à chaque fois que Salazar proférait de telles absurdités. Lui qui désirait la paix, ne pouvait croire que celui qu'il considérait comme son frère, puisse avoir de telles opinons sur les moldus.

Il en avait fait part un jour à Rowena. Celle-ci, dans toute sa sagesse, lui avait répondu ainsi :

« Tous ne peuvent pas penser de la même manière que vous, Godric. Il faut savoir accepter chacun selon son caractère et ses idées, quand bien même celles-ci peuvent vous paraitre saugrenues.

— Mais comment faisons-nous pour nous entendre avec autrui lorsque nous possédons vraiment des opinons opposées qui peuvent nous entrainer à la haine ?

— Cela réside dans la force de vos liens. Vous divergences ne sont pas obligatoirement un fossé qui vous sépare. Voilà qui fait la richesse des humains. Le monde ne serait-il pas ennuyeux si tous étaient pareils ? Le monde est fait de différences et de ressemblance. Il suffit de trouver une contrepartie qui ne blesse personne si vraiment vos différences vous engloutissent. »

Jamais il n'avait réussi à trouver cette contrepartie. Et désormais, il était trop tard. Il s'en rendait bien compte alors qu'il marchait dans ce long couloir sombre, éclairé par de simples torches.

Que faisait-il ici ? Pourquoi ne se trouvait-il pas à Poudlard, profitant de sa noble qualité d'enseignant pour partager son savoir à d'autres ? Que faisait-il dans ce lugubre cachot humide ?

Il attrapa sa baguette et chuchota :

« Lumos ! »

À sa grande surprise, rien ne se passa. Il cligna des yeux. Quoi ? Sa magie ne fonctionnait pas ici ?

Soudain, une voix s'éleva de l'obscurité.

« Vous perdez votre temps à essayer, Godric. La magie est interdite en ce lieu. Sinon des incapables comme vous seraient en mesure de s'échapper sans problème. Enfin, à supposer que vous vous souvenez comment utiliser la magie sans votre bout de bois. »

Le Gryffondor frissonna et s'arrêta. Cette voix railleuse et sarcastique, il la reconnaissait parfaitement. Il fit quelques pas et se retrouva devant une lourde porte en bois. Le verrou et les barreaux dessus étaient en fer. Il faisait tellement sombre qu'il était impossible d'y voir à l'intérieur, mais Godric savait qui s'y trouvait. Alors, puisque la magie ne fonctionnait pas, il résonna logiquement et attrapa une torche au mur. Désormais éclaire, il se replaça devant la porte, tendant la torche pour éclairer la sombre salle.

Et finalement, il le vit. Les bras attachés à des chaines aux murs, ses cheveux gris d'habitudes si soyeux ne faisaient plus que le vieillir, cela sans compter les rides sur son visage, l'éclat dans ses yeux désormais disparu, ses haillons qui lui servaient de vêtement.

« Salazar, déclara doucement Godric.

— Mmh, vous vous rappelez de moi, Godric ? J'en suis flatté, enfin, je crois. »

Godric serra les dents à la condescendance de son ancien camarade qui souriait. Mais ce sourire moqueur ne ressemblait en rien à celui de Salazar Serpentard, Fondateur de Poudlard, et plus grand sorcier d'Europe. Il n'était que celui d'un pathétique prisonnier qui attendait la potence.

« Salazar ! répéta Godric, avec plus de fermement.

— Quoi ? grogna finalement Salazar, en le foudroyant du regard. J'espère que vous n'êtes pas venu ici pour me casser les oreilles parce que, dans ce cas, votre insupportable présence peut disparaitre. Je n'ai vraiment pas la tête à me disputer avec vous. Pas cette fois. »

Godric s'apprêtait à rétorquer quand il se tut subitement en entendant une toux sèche. Il le remarquait à présent : la voix de Salazar était rauque, comme si cela faisait de nombreux jours qu'il n'avait pas bu quoi que ce soit.

« Allez-vous bien, Salazar ?

— Je vais parfaitement bien, cela ne se voit pas ? moqua le sorcier. Sérieusement Godric, vous avez d'autres questions bêtes comme celle-ci ?

— Que vous ont-ils fait ?

— Eux ? Rien de spécial. Juste le traitement d'un sorcier prêt à la condamnation, voyons.

— C'est ignoble.

— Tiens, vous ressentez de la compassion pour moi, à présent ? N'était-ce pas ce que vous désirez ? Que je ne puisse plus faire de mal à vos chers et précieux moldus. Eh bien, voilà qui est fait. Je ne ferai désormais plus de mal à quiconque puisque, oh, étonnamment, je serai mort. Alors réjouissez-vous, Godric, vous pourrez faire la paix avec...

— Taisez-vous, bon sang ! »

Godric frappa fortement du poing contre la porte, ce qui stoppa net Salazar dans son discourt railleur. Le sorcier ambitieux cligna des yeux, surpris par l'explosion de Godric, qui respira lourdement.

« Vous... Vous ne vous en rendez pas compte, Salazar ? Vous allez mourir, déclara Godric d'une voix qu'il tentait de garder ferme – assez mal par ailleurs.

— Oh, je le sais bien. Mais que voudriez-vous que je fasse ? Que je pleure ? Que je supplie pour ma vie ? Si tel est le cas, vous ne me connaissez pas

— Je vous connais très bien, je vous ferai signaler ! Je sais que vous préféreriez mourir plutôt que de regretter vos choix. Mais... Mais est-ce là vraiment ce que vous désirez ?

— Que voulez-vous dire, Godric ? demanda Salazar en haussant les sourcils.

— Vous savez très bien ce que je veux dire. N'avez-vous donc aucun remord, aucun regret ? Ne serais qu'envers nous, vos proches ?

— Vous parlez de Rowena et d'Helga, observa Salazar.

— Bien sûr que je parle d'elles ! Dans votre égoïsme, vous n'avez jamais fait attention à nos sentiments. À ce que vous représentiez à nos yeux. Depuis votre départ, il ne se passe pas une journée sans que je ne vois Helga se sentir responsable de votre départ. Depuis que vous êtes parti, ne lui laissant qu'une lettre comme seul adieux, je n'ai jamais revu ce bonheur qui habitait Rowena, elle dont le plus grand désir était de pouvoir faire partager son savoir. Vous les avez abandonnés. Vous m'avez abandonné, Salazar. Cela ne vous a-t-il rien fait durant toutes ces années d'absences ? »

Il n'obtenu aucune réponse. Il vit Salazar fermer les yeux et respirer profondément, comme dans une intense réflexion. Godric ne tenta pas d'entamer la conversation cette fois-ci. Il se tut, attendant une réponse de son interlocuteur.

« Je devais partir, annonça finalement Salazar d'une voix calme, sans une once de sarcasme ou de moquerie. Vous le savez.

— Non, j'ignore les raisons de votre départ, Salazar, défendit Godric. Je vous ai pourchassé pendant des mois après avoir pris la décision de vous ramener, pour que Poudlard redevienne comme avant. Mais entretemps j'ai appris les horreurs que vous avez fait et j'en suis venu à me demander si le sorcier que nous avions connus pendant toutes ces années avait-il même existé. »

Il souffla et reprit, d'une voix tremblante.

« C-comment avez-vous pu faire cela, Salazar ?

— Vous l'avez dit vous-même : parce que je suis le plus grand sorcier d'Europe.

— Alors dites-moi pourquoi ! s'écria furieusement Godric en tapant de nouveau contre la porte en bois. Dites-moi pourquoi vous avez besoin de massacrer tant de moldus, tant d'innocents !

— Des innocents ? répéta Salazar avec mépris. Voilà votre problème, Godric, ainsi que celui d'Helga. Vous ne voyez à travers le monde que des innocents. Vous pensez qu'ils étaient innocents lorsqu'ils adhèrent à ce que l'on brûle des sorciers et des sorcières qui n'ont rien fait ? Vous les voyez, vous, les innocents lorsque même des enfants crient de joie lorsqu'on déclare des crimes qui n'ont même pas de raison d'exister avec pour seule solution la mort ? Ou est-elle, leur innocence ? Dites le moi, Godric. »

Godric n'avait pas de réponse à donner. Il savait le problème que représentait la peur de la magie, ce qui transformait les moldus en des monstres sans cœur. Et il ne savait pas comment régler ce problème. Mais cela n'excusait pas la mort de milliers d'innocents.

« Vous avez... commença-t-il sans grand enthousiasme, créé un fléau qui s'est abattu sur l'Europe. La Peste Noire a fait des ravages en tuant des centaines de milliers de personnes. Vous me parlez de l'injustice de tuer des sorciers et des sorcières innocents. Mais là, pouvez-vous encore prétendre à faire la bonne chose, lorsque vous faites exactement pareil ?

— Mmh, vous retournez mes arguments contre moi ? comme cela était prévisible, moqua Salazar en souriant. Nous sommes en pleine guerre, Godric. Les Anglais et les Français se font la guerre et même sous la menace d'une maladie inguérissable, ils continuent de vouloir se battre. Les moldus ne changeront jamais Godric, faites-vous une raison.

— Ce ne sont pas les moldus dont vous parlez actuellement, mais des humains Salazar, rectifia Godric. Des êtres humains, comme vous et moi. Nous pouvons changer. Mais il faut que chacun fasse preuve d'un peu de bonne volonté et non agir comme vous.

— Gardez votre mépris pour vous, Godric. Vous n'avez nullement le droit de juger mes actes, déclara Salazar.

— Si ! J'en ai le droit, en tant qu'être humain ! J'ai le droit de vous juger pour ce que vous avez fait à vos semblables, Salazar ! s'écria furieusement Godric.

— Mes semblables ? cracha Salazar en serrant les dents. Eux, ces horribles moldus, mes semblables ? Comment osez-vous ? Comment osez-vous me dire ça, quand vous n'avez aucune idée de la cruauté dont ils font preuve ? »

Godric fronça les sourcils.

« De quoi parlez-vous ? »

Devant l'incompréhension du courageux sorcier, Salazar éclata d'un rire mauvais.

« Vous n'avez donc même pas conscience de toutes ces souffrances qu'endurent les sorciers ? Vous êtes fantastique !

— Arrêtez de rire, Salazar ! Et dites-moi de quoi vous parlez donc ! »

À son grand étonnement, Salazar se tut. Il soupira. Ce soupir surprit Godric. Il était si fragile.

« Je... commença Salazar. Avez-vous idée, Godric, de la douleur que l'on ressent ? »

Godric ne répondit rien. Il était bien trop étonné par la voix de Salazar pour répondre. Pourquoi Salazar parlait-il si doucement, et d'une voix si chancelante, comme si à tout instant elle risquait de se briser ?

« Savez-vous ce que l'on ressent en voyant cela arrivé ? Je... Je ne savais pas comment guérir ce mal. Je... Je ne le pouvais pas. J'étais impuissant.

— Salazar... appela doucement Godric. De quoi parlez-vous ?

— De cet enfant, Godric, de cet enfant, expliqua Salazar, sans changer de timbre de voix. Il était si jeune, si apeuré. Je ne pouvais que le comprendre. Celui qui crache sur les enfants ne nobles n'est évidemment qu'un sot qui n'a jamais vu la douleur que cela peut entrainer. J'ai vu cet enfant, si différentes des autres enfants de noble. Il n'avait pas l'arrogance ni la gaieté de son âge. Il avait à peine dix ans et pourtant il n'avait jamais vu la lumière du soleil... »

Salazar s'arrêta un instant, respira, et reprit :

« Son père, un seigneur qui possédait de nombreuses terres, était tombé amoureux d'une femme. Mais il ignorait qu'elle était une sorcière. Quand il l'a appris, à la naissance de leur fils, il l'a fait brûler. Pourtant, il n'a pas donné le même destin à son fils. Il lui a donné un sort pire que la mort. Il l'a fait enfermer dans un cachot, pensant pouvoir se servir des pouvoirs de l'enfant. Mais il ignorait qu'un enfant de si bas âge ne pouvait pas savoir contrôler sa magie. Alors il le punissait. Cela dura des années. Et finalement, l'enfant en a eu assez. J'étais là lorsqu'il s'est transformé.

— Transformé ?

— Godric... Savez-vous ce qu'est un Obscurus ? »

Godric hocha la tête. Il en avait déjà entendu parler, sans jamais en voir. L'Obscurus, cet être si maléfique, ce parasite qui se nourrissait du refoulement de la magie d'un sorcier à bas âge.

« Attendez... Vous voulez dire qu'il... ?

— Oui. Cet enfant possédait un Obscurus en lui. J'ai tenté de lui venir en aide, mais c'était déjà trop tard. Il s'est transformé en Obscurial sans que je ne puisse le sauver. Je... J-jamais je ne me suis senti aussi impuissant qu'à la mort de cet enfant qui, toute sa vie, n'avait connu que la souffrance. Son Obscurus était si fort, preuve de la souffrance de son hôte. Il m'a fallu un temps fou pour parvenir à le... à le tuer. »

Godric déglutit et baissa les yeux. Il aimerait pouvoir dire quelque chose, mais il ignorait quoi. Il n'avait jamais été forcé à faire face à une telle situation mais il ne se doutait pas de l'horreur que cela représentait.

« Je... hésita-t-il. Même si cela n'excuse pas toutes les atrocités que vous avez faites, Salazar, je... Je comprends pourquoi vous détestez tant les moldus. Je suis désolé de vous avoir mal jugé.

— Ne vous excusez pas pour rien Godric, sourit Salazar. Jamais vous ne pourrez comprendre ce que j'ai vu. Si ma haine envers les moldus était déjà forte, ces dernières années, elle n'a fait que s'intensifier. Jamais vous ne saurez la haine qui m'habite. Jamais.

— Non, sans doute pas. Mais je sais compatir et pardonner.

— Me pardonner ? répéta Salazar. Amusant. Vous pardonneriez à celui qui a laissé l'Europe être ravagé par la Peste Noire ? Cela doit être une mauvaise plaisanterie. »

Godric serra des poings. Il savait, au fond de lui-même, que Salazar avait raison. Ni lui ni ceux qui décident de la justice magique ne pourraient pardonner à Salazar. Mais Godric était perdu dans la justice qu'il tentait de mener à bien pour l'égalité entre les sorciers et les moldus et ce qui ressentait pour son ancien compagnon.

Que ferait Rowena dans une telle situation ? Quelle était la bonne solution ? Devait-il respecter ses convictions ou son cœur ?

Il fut brisé de ses réflexions par un rire moqueur.

« Je peux sentir votre intense concentration d'ici, Godric. Ne pensez pas un instant à me pardonner et à vouloir me sauver, je vous préviens.

— Mais...

— Mais rien, interrompu Salazar. Vous seriez prêt à briser tout en ce quoi vous avez foi juste pour de stupides sentiments comme l'amitié ? Laissez-moi rire tellement cela est pathétique. Maintenant, partez.

—... Quoi ?

— Vous m'avez très bien entendu. Partez et laissez-moi seul.

— Salazar, je ne peux point faire cela ! s'écria Godric.

— Si, vous le pouvez. Vous ne me devez rien, et cela est réciproque. Allez-vous en, Godric. Vous avez voulu me retrouver pour me convaincre de revenir, mais par la suite vous avez appris toutes les horreurs dont je suis l'auteur et maintenant vous êtes assuré que je vais être justement jugé pour mes crimes. Que vous faut-il de plus ? Craignez-vous que je puisse m'enfuir ? Ne vous en faites pas, je n'y compte pas. Mon œuvre est accompli et c'est sans regret que j'accepterai ma sentence, quand bien même je sais déjà que celle-ci est ma mort.

— Vous... Vous seriez prêt à mourir ? en conclua Godric, horrifié.

— Oui. J'ai fait ce qu'il fallait. Et sans hésitation je l'assumerai. Je ne tiens pas à me défiler de mes actes. Maintenant, partez. J'en ai assez de vous voir. Laissez-moi profiter de cette dernière nuit d'existence. »

Ces propos brisèrent le cœur de Godric, qui ne pouvait concevoir que son ancien camarade se résigne à la mort si calmement. Salazar, si ambitieux, si fier, acceptait de mourir ? Il avait raison depuis le début : le Salazar Serpentard qu'il avait connu était depuis longtemps disparu. Il ne restait désormais plus que son ombre. Une ombre pitoyable qui tentait de garder la face.

« ... Bien. Si tel est votre volonté, je vais vous laisser Salazar. »

Il s'écarta de la porte, posant la torche là où il l'avait trouvé. Il jeta un dernier coup d'œil à l'intérieur du cachot. Même s'il n'y voyait rien à cause de l'obscurité, il devinait le sourire satisfait de son vieux camarade.

« Adieu, Salazar. Peut-être nous reverrons-nous dans l'au-delà.

— Je n'y compte pas. »

Sans ajouter quoi que ce soit, Godric quitta le donjon. Désormais, il devait annoncer à Rowena et Helga que leur ancien ami allait mourir. Même s'il se doutait déjà que la rumeur avait dû atteindre Poudlard. Cette fois ci, Godric n'avait pas pu défendre les actes de son rival. Il n'avait pas pu le sauver. Parce que le sauver reviendrait à accepter le fait que la paix entre les moldus et les sorciers ne pourrait exister. Godric ne pouvait pas abandonner cette si grande ambition. Salazar n'aurait pas voulu cela.

Laissé seul dans son cachot, Salazar soupira.

« Nous ne nous reverrons pas dans l'au-delà, Godric. Tandis que vous partirez pour le Paradis, je descendrais aux Enfers. »

Mais il acceptait ce châtiment. Parce qu'il faut toujours quelqu'un prêt à se sacrifier pour les autres. Et aujourd'hui, ce quelqu'un, c'était Salazar. Pour le bien de la société magique. Pour que les siens puissent survivre, quand bien même personne ne comprendrait ses raisons et le traiteraient de tous les noms. Il acceptait ce sacrifice. Parce qu'il était Salazar Serpentard et qu'il désirait que tous puissent avoir de l'ambition. Et pour avoir de l'ambition, il faut avoir un futur.

Ce futur existerait grâce à lui.