DISCLAIMER: Les personnages appartiennent à l'oeuvre de C.S Lewis. L'histoire, en revanche, m'appartient. Merci de ne pas plagier.
Bonne lecture!
Le son de la cloche retentit tout autour de lui, un peu trop fort à son goût. Là, dans les couloirs, des centaines d'élèves se déversaient de toute part pour rejoindre la cours de récréation, juste un moment, pour souffler un bon coup avant de retourner en classe. Le jeune homme replaça son sac sur son épaule, et se dirigea dans la direction opposée, vers son coin favori.
Personne ne passait jamais par ici, et Edmund préférait la solitude. Avant, bien sûr, il avait beaucoup d'amis. Ils passaient leur temps ensemble, à faire n'importe quelle bêtise et à observer les jolies filles de l'école. Mais bien des choses avaient changées dans son quotidien, depuis qu'ils étaient revenus.
« Mais d'où est-il revenu ? » me demanderez-vous. Ça alors, de Narnia bien entendu ! Edmund, ainsi que son frère Peter et ses deux sœurs Lucy et Susan, y avaient passé des années, en tant que rois et reines de ce grand royaume de paix. Mais un beau jour, ils avaient dû revenir à leur vraie vie, leur vie en Angleterre, où ils n'étaient ni rois, ni reines, ni même adultes. Et il était très dur de revenir à la réalité après cette autre vie, pleine d'aventure et de voyages extraordinaires.
Lui et sa famille étaient retournés à Narnia, mais jamais assez longtemps à son goût. Et maintenant, il avait trop grandi dans ce monde-ci pour espérer y retourner un jour, il devait donc s'adapter à cette vie qui serait dorénavant la sienne, dans ce monde qu'il ne connaissait plus aussi bien qu'avant.
Perdu dans ses pensées, il s'était adossé contre le rebord d'une fenêtre, un livre dans les mains. C'était l'activité la plus saine qu'il avait trouvé pour s'évader : lire. Bien sûr, les histoires n'étaient pas aussi fabuleuses que dans les grands contes Narniens, où les dryades et les faunes dansaient avec les arbres jusqu'au soleil levant. De telles choses n'existaient pas sur Terre, et si Edmund était surpris à lire de telles choses à son âge, il deviendrait probablement la risée de tout le lycée. A dix-sept ans, on ne pouvait plus se permettre de lire des 'contes pour enfants', du moins d'après les autres.
Ses réflexions maussades furent interrompues par un claquement de talons dans les escaliers, un peu plus bas. Il se recula légèrement pour se cacher, histoire de ne pas se faire repérer par un surveillant ou par un professeur trop strict. Les élèves n'avaient en effet pas le droit de traîner dans les corridors de l'école durant les temps de pause. Mais la personne qu'il vit arriver n'était ni un enseignant, ni un surveillant : c'était une jeune fille, blonde, à peu près de son âge, et portant l'uniforme de l'école. Pourtant, Edmund n'avait pas l'impression de la connaître, et cette dernière paraissait plutôt perdue à travers l'immensité des lieux.
« Hello ! S'il te plaît, pourrais-tu me dire où est la salle 47 ? lui demanda l'inconnue. On m'a demandé de m'y rendre, mais je n'arrive pas à me repérer ici. »
En effet, elle n'était pas d'ici, puisqu'elle s'était exprimée avec un fort accent irlandais. Il lui indiqua la direction à suivre pour trouver son chemin, et reprit sa lecture pour les quelques minutes qui lui restaient. Il avait ensuite une heure de littérature, encore une heure où il allait s'ennuyer. Cette matière ne lui avait jamais plu, aussi prévoyait-il de faire une bonne sieste dans le fond de la salle. Il comptait plutôt sur les matières scientifiques pour sauver son année qui avait plutôt mal commencé.
Assis tout au fond, il gribouillait dans le coin de son cahier, sa main recouverte d'encre qui n'avait pas eu le temps de sécher. Le cours ennuyeux de Miss Pickett fut interrompu par des coups frappés à la porte, et par l'arrivée du directeur. Il n'était pas seul, puisqu'il était accompagné par l'irlandaise du couloir.
« Bonjour, jeunes gens, Miss Pickett. Voici Bianca Brennan, elle nous arrive tout juste d'Irlande et va finir sa scolarité dans votre classe. J'espère que vous allez tous offrir à Miss Brennan un chaleureux accueil, ainsi que de l'aide pour rattraper son possible retard. »
Pendant la présentation du directeur, personne n'avait pipé mot, et il repartit dans le silence le plus complet. Miss Pickett se dirigea vers la nouvelle étudiante, et lui donna un livre pour qu'elle puisse suivre le cours.
« De plus, tu vas avoir besoin d'aide pour savoir où nous en sommes. Pourquoi n'irais-tu donc pas à côté d'Edmund ? Je suis sûre qu'il sera ravi de t'apporter son aide. »
Vieille peau. Il l'avait vu venir gros comme une maison. La nouvelle traversa la salle sous les regards intrigués des autres élèves, et Edmund retira son sac de la table pour la laisser s'installer. Il lui expliqua rapidement où ils en étaient dans leur programme, et quelle œuvre ils étudiaient actuellement. Et puis, plus un mot. La jeune fille passa le reste de l'heure sans le déranger ou lui parler, ce qui l'enchanta. Au moins, il ne serait pas embêté.
Il passa le reste de la semaine à ne rien faire de plus, à expliquer de temps à autre les dernières leçons à cette fameuse Bianca, mais cette dernière semblait très bien s'en sortir sans lui. Elle s'était d'ailleurs rapidement fait une place au sein de cette classe, et tout le monde l'appréciait déjà. Magnifique, pensa Edmund. Une petite miss parfaite de plus, on ne pouvait pas rêver mieux.
La dernière heure de la semaine se termina enfin après bon nombre de soupirs exaspérés du jeune homme, qui se précipita hors de la salle pour rejoindre son cousin Eustache ainsi que sa sœur cadette, Lucy. Cette dernière était déjà en bas en train de l'attendre devant les portes de l'école.
«Tu sembles être d'une humeur radieuse, ironisa-t-elle en le voyant arriver. Tu as passé une bonne journée ?
-Ne m'en parle pas, grogna Edmund. Je fais du baby-sitting depuis le début de la semaine, et je n'ai même pas reçu un simple 'merci' en retour.
-C'est la nouvelle dont tu nous parlais ? Peut-être a-t-elle oublié ? » supposa Lucy, sans vraiment y croire.
La jeune fille avait beau avoir deux ans de moins qu'Edmund, elle le connaissait comme personne. Elle savait bien qu'il était irrité de devoir s'occuper de cette fille, lui qui avait toujours préféré la solitude, et encore plus depuis quelques années. Lorsqu'Eustache les rejoignit enfin, quittant les bras de sa petite amie Jill, ils quittèrent enfin leur école pour rentrer chez eux. Ils allaient enfin pouvoir profiter d'un bon week-end bien mérité! Comme toujours, un petit sourire passa sur leurs visages lorsqu'ils dépassèrent les énormes statues de lion qui encadraient la place. Même en ayant quitté Narnia, Aslan semblait toujours veiller sur eux.
« J'aimerais tant pouvoir y retourner, pensa Eustache à voix haute. Narnia est un bien meilleur endroit que cette ville.
-Tout à fait d'accord. » approuva Edmund.
Tandis qu'ils marchaient, ce dernier shootait dans une petite pierre, les mains dans les poches, faisant des passes à son cousin. Mais quelques secondes plus tard, le prénom d'Edmund retentit derrière eux, au plus grand désespoir de celui-ci. Car il avait très bien reconnu cette voix :
« Edmund ! Je t'ai enfin trouvé, s'exclama Bianca à bout de souffle. Tu as oublié ton livre. Tient ! »
Elle lui tendit le roman qu'il avait commencé la veille, et qu'il avait probablement laissé sur son pupitre sans y faire attention.
« Oh, euh… merci beaucoup. »
Il allait repartir, mais elle le retint et lui demanda rapidement :
« Je… je sais que je t'en demande beaucoup, mais est-ce que tu serais disponible ce week-end pour me donner tous tes cours ? J'ai beaucoup à rattraper, et même si j'arrive à m'en sortir pour l'instant, je risque de manquer certaines choses.
-Euh… disons que mes cours ne sont pas très propres, et je ne crois pas tous les av…
-Edmund est trop modeste, s'écria Lucy à l'intention de Bianca. Ses cours sont impeccables, et je suis sûre qu'il serait ravi de t'aider ! »
Le regard que lui lança son frère était celui qu'il lançait à ses ennemis lors des grandes batailles de Narnia, et Lucy avait failli reculer si elle n'était pas tentée d'éclater de rire. Bianca, quant à elle, était assez perplexe face à cette intervention, et commença à expliquer qu'elle pourrait se débrouiller autrement s'il n'en avait pas envie. Au dernier moment, Edmund se résigna et lui donna rendez-vous le lendemain à la bibliothèque pour tout lui donner.
« Je te remercie, vraiment, fit-elle avec un sourire. C'est très gentil de ta part. A demain, alors ! »
Et elle fit demi-tour pour rejoindre ses nouvelles copines de classe, sous le regard désespéré d'Edmund, et celui amusé de Lucy et d'Eustache.
« Attend… la fille dont tu te plains depuis lundi, c'est elle ? s'exclama Eustache. Tu avais oublié de dire à quel point elle était mignonne !
-Tu te calmes tout de suite, le prévint Edmund, ou je répéterai ceci à Jill. Et tu sais comment elle peut être quand elle est jalouse. »
Cette menace d'amitié rappela au jeune garçon la dernière dispute qu'il avait eu avec sa petite amie : cette dernière avait passé une journée entière à lui faire des reproches, et Eustache préférait ne pas retenter l'expérience. Jill savait être aussi féroce qu'un dragon lorsqu'elle s'y mettait.
« En tout cas, merci beaucoup Lucy. Tu viens de gâcher mon samedi après-midi ! soupira Edmund.
-Ou alors je viens de te dénicher une nouvelle amie. Voire plus ! »
Elle lui adressa un clin d'œil, et il la poussa sur le côté en entendant cela, tout en levant les yeux au ciel. Il trouvait cela difficile de se faire une nouvelle vie ici, à Londres, quand il avait déjà vécu une fois à Narnia. Il lui donnera ces cours, et continuera à passer l'année au fond de sa salle de classe, dans le seul but de réussir ses épreuves de fin d'année.
Après cela, il rejoindrait son frère et sa sœur en Amérique, où il s'engagerait probablement dans l'armée. C'était la seule chose à faire, et sûrement le meilleur choix qui s'offrait à lui.
En rentrant chez son oncle et sa tante, le jeune homme monta directement dans sa chambre pour se libérer de son uniforme, et sortit ensuite tous ses cahiers, pour être sûr de ne rien oublier le lendemain. Quitte à devoir y aller, autant tout lui donner d'un coup et se débarrasser de cette corvée. Il passa le reste de la soirée en compagnie de son cousin et de sa sœur dans le jardin, à discuter du bon vieux temps, et de leurs aventures sur le Passeur d'Aurore. D'habitude, ils évitaient de trop en parler. Cela leur faisait du mal, les rendait nostalgiques, et d'autres pourraient les entendre. Il n'était pas bon de parler de magie en présence de personnes fermées d'esprit. Ils avaient tendance à classer ce qu'ils ne comprenaient pas dans la catégorie des fous, pour s'en débarrasser. Mais les Pevensie n'étaient pas fous.
Ces aventures, ils les avaient bien vécus. La cicatrice en haut du crâne d'Edmund était la preuve physique que tout ceci n'était pas un jeu de leur imagination. Ce soir-là, le jeune homme s'endormit très rapidement, repassant dans sa tête les images de ses batailles, de ses voyages, de son royaume, comme les images d'un film passé en accéléré. Et malgré ses reproches envers lui-même, il ne put s'empêcher de regretter cet endroit qu'il avait tant aimé.
Chapitre assez court, mais j'espère qu'il vous aura plu. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires et à suivre l'histoire pour être informé des prochains chapitres! La suite ne devrait (normalement) pas trop tarder.
Merci de votre lecture, et à bientôt je l'espère!
-Delenya
