Disclaimer :
Les personnages de cette fic appartiennent à J.K. Rowlings. The voice within est une chanson interprétée par Christina Aguilera.
Dédicace :
Je dédie cette fic à mon cafard et à mes angoisses. Monsieur le destin, vous êtes prié de cesser rapido de vous acharner sur ma pauvre pomme et d'aller emmerder quelqu'un d'autre. Merci.
The voice within
Je crois que le commun des mortels ne m'a jamais vue comme un être humain doué de sentiments. Je suis un cerveau sur pattes et un rat de bibliothèque. Point barre.
Hagrid a été le premier à le comprendre, quand j'étais en troisième année, que Harry et Ron me faisaient la tête, que j'avais du travail jusqu'à la nausée, et que j'étais si malheureuse, si seule. Il me semblait que tout le monde se fichait de ce que je ressentais. J'allais souvent voir Hagrid à l'époque. Il a essuyé mes larmes, m'a écoutée, m'a consolée. Il était si gentil. Cette fois, je ne sais pas s'il comprendrait. Il serait peut-être choqué.
Lupin a compris aussi que j'avais un cœur. Là encore, quand il nous enseignait la Défense contre les forces du Mal, en troisième année. Je me rappelle ses regards compatissants. Mais je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance.
Et puis il y a eu toi. Quand Voldemort est revenu. Toi, qui as vécu tant d'horreurs, qui as été victime d'un si triste destin. Tu as quand même pris le temps de comprendre.
Il y a eu tes regards, d'abord. À la dérobée. Tes petits sourires en coin, qui me remontait le moral comme jamais quand les soucis, la peur me rongeait le cœur. Et puis ce premier soir où nous avons parlé. Je n'aurais jamais cru que je m'ouvrirais à toi. Tu as été si compréhensif.
Je me demande pourquoi je n'ai jamais parlé de nos conversations à quelqu'un d'autre. Harry aurait été jaloux, c'est certain. Tu étais son parrain, après tout. Ron aussi aurait été jaloux. Parce que j'ai toujours su qu'il était amoureux de moi. Mais j'aurais pu… Je n'ai jamais rien dit à personne. Et toi non plus, sinon, j'en aurais entendu parler.
Je ne te remercierai jamais assez. Pour tout le monde, je suis la voix de la raison. Je suis travailleuse, je suis obéissante, et basta. Je soutiens et je rassure. Rarement on m'a rendu la pareille. Quelque part, tu étais comme les autres. À tes yeux, j'étais trop raisonnable, je ne me méfiais trop du danger. Tu me comparais à Molly Weasley. Mais tu t'inquiétais de moi. Et tu ne me laissais pas m'inquiéter pour toi. Sans doute parce que j'étais tellement plus jeune que toi, et à cause de ton fichu orgueil. La fierté légendaire des Black. Ben tiens…
Et maintenant, tu n'es plus là. Tu es parti. Je ne te verrai plus jamais sourire. Je ne verrai plus cette petite flamme s'allumer dans tes yeux. Je n'entendrai plus ton rire étrange, semblable à un aboiement de chien. Je crois d'ailleurs que maintenant, et à jamais, mon cœur se serrera à chaque fois qu'un chien noir apparaîtra dans mon champ de vision. Et pour finir, et c'est ce qui me fait le plus de peine, je n'entendrai plus les intonations douces qu'a prises ta voix cette nuit-là, ces petits bouts de phrases tendres qui ont bercé mon sommeil. Il a suffi d'une fois pour que je sois marquée à jamais.
Je ne te l'ai jamais dit en face, mon corps, les mimiques de mon visage, mes petits gestes involontaires et mes rougissements ont toujours parlé pour moi. Je t'aimais, Sirius. J'éprouvais pour toi un véritable amour de midinette dont j'aurais dû avoir honte. Mais je n'en ai pas eu honte, non. Tu n'aurais pas eu un tel passé, tu n'aurais pas eu ce lien quasi familial avec Harry, j'aurais revendiqué cet amour avec fierté. Seulement… Non, je me souciais pas du qu'en dira-t-on. Je m'en fichais royalement. Tout le monde me traite depuis toujours de Mademoiselle je sais tout prétentieuse. Sans parler des Serpentards et de leurs « sang de bourbe aux dents de lapin ». C'est un peu vexant, voire blessant, mais au final, je m'en fous. Non, ce qui me poussait à cacher mes sentiments pour toi, c'est que je ne voulais blesser personne. En premier lieu Harry et Ron. Harry aurait été profondément choqué de savoir sa meilleure amie amoureuse de son parrain. Quant à Ron, ainsi que je le disais plus tôt, je sais qu'il ressent quelque chose pour moi. Depuis l'année dernière et cette histoire avec Krum. Il était jaloux. Je me rappelle sa tête lors du bal de Noël. D'abord, il ne se serait visiblement pas douté que je puisse être jolie, et en plus, il a constaté comme tout le monde que Viktor n'était qu'attentions pour moi. J'aurais trouvé ça amusant, voire flatteur si j'avais été une de ces pestes briseuses de cœur. Or, j'essaie de ne pas en être une. J'aime profondément Ron. Même s'il est un peu puéril. Viktor était juste un ami. Il s'est intéressé à moi parce que j'étais une des rares filles à ne pas se pâmer devant lui. Je lui ai fait comprendre que je n'étais pas prête pour ça.
Pourquoi je parle de tout ça, déjà ? Je ne sais plus, je ne sais plus. Ta mort m'a déstabilisée plus que je ne saurais le dire. J'ai mal, Sirius. J'ai mal parce que je t'ai perdu. Penser à ce qui aurait pu se passer cet été si tu avais vécu me brise le cœur. Passer des moments heureux avec toi. Comme à la Saint-Sylvestre.
Je souffrais tellement que j'avais envie de partager ma douleur. Je voulais parler de toi. Mais à chaque fois, Ron me faisait taire. Par égard pour Harry, sans doute. Harry qui souffrait lui en silence. J'ai déjà vu Harry malheureux, mais jamais à ce point. Comme pour moi, ta mort a brisé quelque chose en lui.
Sirius, mon amour. J'ai une impression d'acte manqué. À cause de cette nuit.
Je ne sais pas si tu t'en es douté ou non, mais si je suis venue chez toi pendant les vacances de Noël, c'était autant pour te voir que pour être près de Harry et Ron. Je me rappelle ton sourire heureux quand tu m'as ouvert la porte. "Tiens, qu'est-ce que tu fais là ?", m'as-tu demandé avant de me laisser entrer. Mes rougissements, mes explications bancales, puis ta pointe d'humour : "sois la bienvenue dans ma modeste demeure", avant de sentir — ô divine surprise — tes lèvres sur ma joue. Ce baiser hante encore ma mémoire, bien qu'il y en ait eu d'autres depuis. Ce baiser et ton odeur de compote de pommes. Tu sentais bon, Sirius. Encore une chose que j'aurais voulu te dire.
Tu as poussé l'humour jusqu'à m'offrir un roman sentimental pour Noël. Un livre de poche moldu imprimé sur du mauvais papier. Le bal de Venise de Louisa Fox. Une histoire foncièrement débile et un cadeau qui m'aurait vexée s'il n'avait pas été de toi. Parce que tu mettais le doigt sur qui est vraiment Hermione Granger. Au vu du petit mot que tu as écrit dans le livre : "Tu travailles trop, ma chère, détends-toi ! Laisse parler la jeune fille en fleur qui sommeille en toi. Libère un peu la Hermione que je connais, la jeune personne douce et sentimentale que tu m'as laissé voir cet été. Joyeux Noël. Sirius." Ces quelques phrases m'ont rendue heureuse comme jamais. J'ai eu un mal fou à garder mon standing et à tout cacher à Ginny. Si elle s'est doutée de quelque chose, je ne l'ai jamais su.
Et puis cette nuit du nouvel an. Notre nuit. T'a-t-elle autant marqué que moi ? Sans doutes, mais pas de la même façon. J'avais soif, ma gorge était sèche. Je suis descendue à la cuisine, et je t'y ai trouvé, seul. Tu semblais triste, comme souvent. Noël était passé, nous allions tous repartir, et tu allais te retrouver seul à nouveau. Je sais bien que c'était ce que tu pensais. Je me suis assise à côté de toi. Tu as fait mine de ne pas me remarquer. "Parle-moi, Sirius", ai-je dit. J'ai senti ton bras qui se glissait autour de mon cou. "Avec le temps, la solitude devient difficilement supportable".
Es-tu seul de l'autre côté du voile ? Harry croit que non, et Luna Lovegood non plus.
J'ai posé ma tête sur ton épaule. Nous sommes restés longtemps ainsi. Je me sentais partagée. Douce et amère en même temps. Et puis tu m'as remerciée. De m'être confiée à toi cet été. De t'avoir fait confiance, intuitivement. Et puis sans que je sache ce qui se passait, tu m'as embrassée. Pour de vrai. Pas une bise sur la joue, non. Un vrai baiser sur les lèvres. Les tiennes étaient chaudes et douces. Tu m'as demandé de rester avec toi cette nuit. Je t'ai dit oui.
Nous n'avons pas fait l'amour. J'ai bien senti que tu en avais envie. J'en avais envie, moi aussi, mais non. Comme disent les gamines gloussantes qui ne connaissent rien à l'amour, nous ne sommes pas allés jusqu'au bout. C'est toi qui n'as pas voulu. Je me souviens de la phrase que tu as dite, ta voix rauque et brûlante comme le vent du désert : "Ça fait quatorze ans que je n'ai pas fait l'amour, je vais me conduire comme une brute et te faire du mal". Nous avons passé la nuit dans ton lit, à parler, entre autres. Je sentais ta tête contre ma poitrine, je caressais tes longs cheveux noirs aussi emmêlés que les miens. Je sentais tes baisers, tes caresses. Je reste persuadée que tu ne te serais certainement pas conduit comme une brute. Au contraire, tu aurais été très doux.
Cette nuit a été la plus belle de ma vie. J'ai découvert ce sentiment délicieux qu'est la complicité amoureuse. Je me sentais confiante dans tes bras. Je me suis endormie tout contre toi, blottie contre ta poitrine. Je sentais ton cœur battre tout contre ma joue. Ton cœur qui aujourd'hui ne bat plus. Oh Sirius. Je me suis endormie au son des battements de ton cœur et de tes mots. Tu es le premier homme à m'avoir dit des mots tendres. Même Krum qui était sensé m'aimer ne m'en a jamais dit.
Tu m'avais promis, Sirius : "Cet été, quand tu reviendras, on prendra notre temps. Et on fera l'amour". Je ne t'en veux pas, mais je sens dans ma gorge, en plus de la tristesse et de la douleur de t'avoir perdu, un goût d'acte manqué.
Depuis cette nuit, nous avons eu d'autres moments, mais nous n'avons plus dormi ensemble. Je ne voulais pas que Ginny se pose trop de questions. Mais notre dernier baiser reste enfoui dans ma mémoire, tout autant que le premier. Juste avant que je prenne le Magicobus pour retourner à Poudlard. Pendant que tout le monde avait le dos tourné, tu m'as entraînée dans un coin sombre, tu m'as soulevée dans tes bras avec une force que je n'aurais pas soupçonnée chez toi, et tu m'as embrassée. Longtemps. Passionnément. Dans tes bras, pour la première fois, j'ai eu l'impression d'être une femme. Quand tes lèvres se sont détachées des miennes, tu m'as dit : "Prends soin de toi, ma douce. Ça me fend le cœur de te laisser partir". Je me suis serrée contre toi, et j'ai répondu sur le même ton : "Ne fais pas de folie, Sirius. Je risquerais de ne pas te le pardonner." Si j'avais su que je ne te reverrais plus, je t'aurais dit que je t'aimais.
J'ai si mal.
Je t'aime, et ça me fait saigner.
J'aurais tant voulu, Sirius, mon amour. Vivre une idylle débile avec toi, comme dans les romans à la noix. J'aurais tant voulu sentir ta peau douce et chaude contre la mienne. J'aurais voulu… oserais-je le dire ? J'aurais voulu nouer mes jambes autour de tes hanches, et te sentir en moi. Mais c'est trop tard. Je suis triste, malheureuse et révoltée.
Non, ma douce. Ne pleure plus. Je suis là.
Quoi ?
Je ne t'ai pas quittée, petite Mione, je suis là.
Sirius ?
Oui ma douce. C'est moi. Je suis dans ta tête. Je veille sur toi. Je ne te quitterai pas. Je te consolerai quand tu auras du chagrin. Je veillerai sur toi comme sur tous ceux que j'aime. Je suis désolé de ce qui s'est passé, je t'assure.
Parle-moi, Sirius. Parle-moi comme cette nuit-là.
Je ne peux plus te faire de promesses, sauf une. Ce dont tu peux être sûre, ma petite Mione, ma délicate petite fleur, c'est que je serai là quand tu en auras besoin. Pense à moi, et je serai là. Regarde en toi, et tu me trouveras. Je t'aiderai, je te soutiendrai autant que je le pourrai, même si on ne fait pas grand-chose avec des mots. Mais si tu m'aimes autant que tu le dis, ça ne sera pas si mal, tu ne crois pas ?
Je t'aime, Sirius. Je t'aime et je ne t'oublierai jamais. J'aurais voulu que tu sois près de moi pour de vrai, mon amour, mon maraudeur qui n'auras pas eu le temps d'être mon amant. J'aurais voulu enfouir mon visage contre toi et respirer ton odeur. Mais t'avoir dans ma tête, avec moi, c'est mieux que rien. Ça laisse une note d'espoir à notre histoire avortée.
Sirius ?
Oui, ma douce ?
Dis-moi… Est-ce que tu m'as aimée ? Est-ce que tu m'aimes ?
Tu as été ma femme enfant. Ma douce. Ma petite Mione fragile malgré les apparences. Oui, je t'ai aimée, malgré mes doutes, notre différence d'âge, et tout. Ne pleure plus ma petite fleur. Pense juste à moi quand tu en auras besoin.
Je t'aime, Sirius, mon amour.
Ce que je suis devenue depuis, on s'en fout. J'écoute une chanson moldue qui me rappelle ces mots que Sirius a eus pour moi. Il est encore avec moi, de temps en temps. Il me suit, il me protège. C'est mon ange gardien.
Ces mots sont pour toi mon amour.
Young girl, don't cry
I'll be right here when your world starts to fall
Young girl, it's all right
Your tears will dry, you'll soon be free to fly
When you're safe inside your room you tend to dream
Of a place where nothing's harder than it seems
No one ever wants or brothers to explain
Of the heartache life can bring and what it means
When there's no one else
Look inside yourself
Like you oldest friend
Just trust the voice within
Then you'll find the strength
That will guide your way
If you will learn to begin
To trust the voice within
