Titre : L'alliance de Naboo

Genre : Romance/Aventure

Rating : Tout public. (K)

Personnages : Ceux de La menace fantôme

Résumé : En 39 av. BY, Qui-Gon et Obi-Wan sont envoyés en mission sur Azméra, une planète voisine de Naboo. Là-bas, ils y rencontrent la future reine des Azmériens. Sept ans plus tard, le Chancelier Suprême les envoie régler un différend entre Naboo et la Fédération du Commerce. Sur Naboo, leur route croise une nouvelle fois celle des Azmériens et c'est ensemble qu'ils se retrouvent obligés de fuir. Ils sont alors loin de se douter de ce qui les attend.

Disclamer : Star Wars ne m'appartient pas.

Spoiler : Stars Wars film 1

Note :

Bonjour à tous !

Cela fait un moment à présent que je prépare cette fanfiction et vous serez ravis d'apprendre qu'elle est entièrement écrite jusqu'à la fin du film 1. Je posterai un chapitre tous les vendredis soir. J'espère que vous apprécierez cette histoire. Autant vous dire d'avance que je prends quelques libertés par rapport à la trame originale. Je précise également que mon prologue est assez long, les autres chapitres seront bien plus courts. Si cela vous va, je publierai un chapitre tous les vendredis soir. Merci à ma bêta-lectrice : Anel ! Sur ces mots, bonne lecture !


Il y a longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Il y avait, dans la Bordure Médiane, au niveau du secteur Chommell, une planète nommée Azméra. Voisine de Naboo, c'était un système pacifique.

Ses habitants, les Azmériens étaient une espèce humanoïde capable de zoomorphisme. Comprenez en cela qu'ils possédaient et un corps humain et un corps animal, ainsi que la capacité de faire appel à l'un ou l'autre selon leurs besoins. Réputés pour être un peuple extrêmement sage, ils étaient, cependant, craints par les autres nations. Ils avaient bien sûr un sénateur, représentant de leur planète au Sénat, mais ce dernier gardait son visage masqué. Même les plus anciennes espèces peinaient à décrire les Azmériens. Mystérieux était le mot qui revenait le plus souvent. L'ignorance créait des légendes et des rumeurs qui se propageaient alors bien plus vite que la réalité.

Ce n'est qu'à partir de 32 av. BY que ce peuple sortit enfin de l'ombre. Avant cela, seul un évènement pouvait pousser les autres planètes à oser aller à la rencontre des Azmériens. C'était sur Azméra que se tenait en effet les plus grandioses et réputées courses de zorkas de toute la galaxie.


En 39 av. BY

Azméra

Au nord de la capitale, Borealis


Junmey était nerveux. Elle le sentait et doutait d'être dans un meilleur état que le zorka. L'animal piaffa et secoua sa puissante encolure, projetant ses crins noirs soyeux de tous les côtés.

"Ça va aller mon beau. On fait de notre mieux. Concentrons-nous", murmura la jeune fille tout en posant son front sur le museau du zorka.

Elle ferma les yeux et respira profondément. Une énergie singulière l'envahit, amie depuis toujours. Elle occulta les bruits extérieurs et continua sa méditation, emmenant sa monture dans son sillage. Ils avaient l'impression d'être de retour dans les prairies si verdoyantes de leur écurie. Un vent léger soufflait et de temps en temps, les hennissements joyeux du dernier-né retentissaient. C'était un endroit si paisible, si calme et loin de toute cette agitation.

"..."

"... ..."

"...ore !"

La cavalière sursauta.

"Aaron ? Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-elle en revenant à la réalité.

Dans l'encadrement de la porte, un homme immense et massif la regardait sans ciller. Il devait avoir dans les trente ans, mais ses cheveux longs et blonds le vieillissaient. Ses traits déterminés, sa mâchoire carrée ainsi que ses épais sourcils lui donnaient un air sévère.

"Tu es prête ? La course va commencer."

Sa voix était plus douce que son apparence physique le laissait supposer. Répondant à sa question, elle enfila des lunettes de protection teintées. Elle recouvrit ses cheveux d'un voile noir opaque, le ramenant habilement sur son visage, et attrapa la bride du zorka. Voilés et portant une cape, c'était ainsi que tous les Azmériens s'habillaient en présence d'autres peuples. Ce n'était pas une loi, mais ne souhaitant aucun contact prolongé, ils avaient pris cette habitude. Cela les rendait plus inaccessibles et les protégeait d'une certaine manière. Ils donnaient l'impression d'être froids et indifférents. Même si cette idée était brisée tous les dix ans lors de la course de zorkas où les Azmériens étaient définitivement aussi bruyants que les autres.

La cavalière sortit de la stalle, son zorka en main et s'arrêta un instant, décontenancée par l'agitation en face d'elle. Elle se tourna vers l'animal et posa une main affectueuse sur son encolure.

"Allons-y, Junmey", souffla-t-elle.

Son compagnon hennit doucement et suivit sa cavalière sans broncher.

Les zorkas étaient réputés comme étant les créatures les plus rapides de la galaxie. Malgré cela, peu de personnes en possédaient. Le prestige de cet animal était terni par son caractère sauvage. Ils ressemblaient énormément à leur cousin éloigné du très lointain système Terre : les chevaux. Cependant, la plupart étaient beaucoup plus grands et bien plus forts. Tous les zorkas était différent, en effet chacun possédait une affinité particulière avec l'un des quatre éléments. Comme toutes les espèces originaires d'Azméra. Certains passaient le plus clair de leur temps dans l'eau. D'autres l'évitaient comme la peste et préféraient la chaleur et le souffle aride du désert. Lorsqu'ils étaient élevés en captivité, les zorkas étaient malheureusement contraints et enfermés dans des enclos. Seuls les Azmériens savaient s'y prendre avec eux. Il y a des siècles de cela, ils n'avaient pas essayé d'empêcher le commerce de zorkas de se développer à travers la galaxie. Les zorkas étaient durs à élever, mais les habitants d'Azméra y arrivaient. Les autres le pourraient certainement aussi. Ils étaient loin de se douter du sort qui leur serait réservé. Le nombre de zorkas élevés en dehors d'Azméra était heureusement très réduit à présent. Ils étaient bien trop sauvages et agressifs.

La cavalière observa ses concurrents. Ils étaient tous voilés, maigre protection contre la férocité du désert, et en apparente difficulté avec leur monture.

Sitôt sur la piste de sable, elle se hissa sans difficulté en selle. Elle ramena les rênes de sa monture et le fit venir au petit galop sur la ligne de départ. Autour d'eux se dressaient deux immenses rangées de gradins avec à certains endroits des balcons privés. Juste à côté de la ligne de départ se trouvait le balcon royal ainsi que ceux des grandes instances des autres planètes. Les lieux étaient bondés de spectateurs venus de toute la galaxie.

Tout autour d'eux, un brouhaha assourdissant rendait l'atmosphère électrique. Les autres zorkas peinaient à rester sur la ligne de départ. Dépassant Junmey d'au moins un mètre, ils ne cessaient de se cabrer à tour de rôle. Les cavaliers s'agrippaient nerveusement à la crinière de leur monture et tentaient de rester en selle avant le début de la course.

Dans le balcon royal, le régent actuel d'Azméra, Angel Menlor, prit la parole.

"Bienvenue, amis de tous horizons ! Malgré la mort de notre reine bien-aimée, paix à son âme, c'est un immense honneur de vous accueillir cette année. Nous espérons que cet événement sera à la hauteur de tous ceux qu'elle a organisé: une réussite et une formidable rencontre de paix. Je laisse à présent la parole à notre présentateur, Joy Kalek."

Ces quelques mots reçurent une salve d'applaudissements. Peu était au courant de la mort de la Reine d'Azméra et ce n'était pas ce qui les intéressait le plus aujourd'hui. Tous attendaient impatiemment le début de la course. Aussi, ils furent ravis de voir un beau jeune homme d'une vingtaine d'années saisir son micro, signalant ainsi le départ imminent de la course la plus attendue de toute la galaxie.

"Bonjour à tous ! Je vois que nous sommes de plus en plus nombreux ici et ça me fait plaisir !"

Il rit alors, suivi de près par son public. Angel soupira tandis qu'un Maître Jedi bien connu souriait doucement à ses côtés. Joy Kalek était un des rares Azmériens à évoluer à visage découvert. Il était en fait, à moitié Azmérien, son père étant humain. Il accompagnait souvent le régent dans ses déplacements. Sa beauté si particulière intriguait beaucoup les autres peuples. Ils ne savaient cependant pas si Joy partageait toutes les caractéristiques des Azmériens. Leur ressemblait-il ou tenait-il son apparence de son côté humain ? Les quelques Jedi présents pour assurer la sécurité de l'événement souriaient également. En ce jour de fête, il était dur de rester sérieux très longtemps, surtout avec Joy Kalek dans les parages.

Dans les loges alentours, des Jedi avaient été assignés aux personnalités importantes. Chaque course se déroulait ainsi. L'événement était très reconnu et le Conseil des Jedi ne voulait prendre aucun risque.

C'est ainsi que le Maître Jedi Qui-Gon Jinn s'était retrouvé dans un des balcons royaux avec pour mission la protection de la Reine Mazicia Organa d'Alderaan. Celle-ci était patiemment assise dans un fauteuil confortable, entourée de ses suivantes. Elle suivait les préparations de la course distraitement et semblait avoir d'autres préoccupations. Qui-Gon comprenait bien qu'Azméra n'étant que peu accessible, elle avait fait l'effort de venir et comptait certainement essayer de se rapprocher des Azmériens. Lui en revanche allait suivre la course attentivement. Quelque chose le perturbait. Penché à la rambarde, il observait la piste se remplir peu à peu. La ligne de départ se situait une vingtaine de mètres en dessous d'eux et les zorkas étaient incontrôlables. Les cris de la foule les rendaient d'autant plus nerveux et la chaleur n'arrangeait rien. C'était l'été, la saison chaude sur Azméra, et il était impossible d'en douter.

Malgré cela, il y avait une exception juste sous ses yeux. Un beau zorka noir, élégamment paré et portant les couleurs de la famille Sappheiros, probablement les éleveurs de zorkas les plus reconnus d'Azméra, attendait sagement. Bien que possédant une réputation intergalactique, ils restaient une structure modeste et participaient rarement à ce genre d'événements. Le zorka possédait une étrange crinière d'un blanc éclatant ainsi qu'une queue de la même couleur. Par ailleurs, des sortes de petites tâches dorées parsemaient sa robe ainsi que les bouts de ses oreilles et de son museau. Entourant son poitrail, il portait un sublime collier en or finement sculpté des armoiries des Écuries Sappheiros. Il portait le numéro huit. Qui-Gon jeta un coup d'œil aux panneaux récapitulatifs.

Numéro 8

Monture : Junmey des écuries Sappheiros

Cavalier : Écuries Sappheiros

Cela ne lui apprenait que peu de chose. Il aurait bien aimé savoir qui pouvait, grâce à la Force, maitriser ainsi sa monture. Il avait l'impression qu'une véritable bulle de protection les entourait. Pas un de leurs concurrents, pourtant agités et deux fois plus gros qu'eux, ne les bousculaient ou ne venaient perturber leur concentration. C'était impressionnant. Il fit signe à son jeune Padawan derrière lui d'approcher.

"Qu'y-a-t-il, Maître Qui-Gon ?" questionna l'adolescent.

De beige vêtu, une capuche recouvrant ses cheveux châtains, Obi-Wan Kenobi s'approcha. Il était très jeune et ses traits présentaient encore une innocence enfantine. Ses yeux bleus et pétillants d'intelligence étaient ce qui se remarquait en premier dans le physique d'Obi-Wan. Il arborait la coiffure standard des Padawan : des cheveux coupés courts en brosse, une petite queue de cheval sur l'arrière du crâne et une fine tresse descendant sur son épaule droite. Son corps était celui d'un jeune Jedi : athlétique et parfaitement entraîné au combat. Il se pencha vers la piste à son tour.

"Qui est-ce ?" demanda son Maître en désignant le zorka noir.

Immédiatement, Obi-wan nota le numéro et se reporta aux panneaux.

"Un représentant des Écuries Sappheiros. Le zorka se nomme Junmey. Que voulez-vous savoir, Maître ?"

Qui-Gon sourit. Son élève avait toujours été ainsi. Très appliqué, il suivait toujours un raisonnement logique avant de faire appel à son instinct de Jedi. Il était pourtant très bon, meilleur que lui sans doute. Très sage aussi, mais il lui restait des choses à apprendre.

"Ce qu'on ne peut pas voir", répondit l'homme sachant très bien qu'Obi-Wan comprendrait ce qu'il attendait de lui.

En effet, le Padawan s'accouda à la balustrade et concentra toute son attention sur le participant. Le beau zorka était immobile, pas un sabot ne bougeait. Son cavalier semblait également inanimé. Au moment où Obi-Wan émettait cette pensée, il perçut un mouvement. Un simple geste. C'était une caresse à destination de sa monture. Celle-ci bomba son encolure. Ils se mettaient en position de départ. Obi-Wan renforça sa concentration. Il ne lui restait que quelques minutes. Il ressentait comme une étrange énergie provenant d'eux. Il n'y avait aucun doute : il s'agissait de la Force. Elle était si tangible qu'il savait qu'aucun Jedi ne l'avait manquée. Qu'attendait donc son maître de lui ?

Fermant les yeux, il essaya de ressentir au mieux son énergie. C'était une protection pour sa monture. Elle l'empêchait de paniquer et le gardait sous contrôle. L'animal la tolérait sans soucis, donc il supposa qu'il était habitué. Les zorkas étaient en effet doués pour déceler la Force. Certains d'ailleurs ne cessaient de se tourner vers les tribunes, dont le balcon royal où se trouvaient la grande majorité des Jedi.

Brusquement, Obi-Wan perçut une ouverture. Il sentit un sentiment d'excitation et d'angoisse mêlées lui parvenir. Un violent frisson le parcourut. Cela ne dura qu'une seconde, mais lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit très distinctement deux pupilles le dévisager. Comme s'ils étaient juste face à face l'un l'autre, Obi-Wan plongea son regard dans les yeux émeraude de la cavalière. Ils brillaient de détermination. Lorsqu'Obi-Wan revint à lui, elle le regardait toujours, mais elle se trouvait à plus d'une vingtaine de mètres de lui. Comment avait-il pu voir ses yeux aussi distinctement ? De plus, sa capuche empêchait quiconque d'apercevoir son visage.

Elle détourna bientôt la tête et se focalisa à nouveau sur la course. Lui n'en revenait pas. Il savait cela possible, mais c'était la première fois qu'il parvenait à percevoir les sentiments de quelqu'un aussi clairement. C'était d'autant plus étrange qu'en temps normal, il percevait la peur, l'angoisse, des sentiments forts exprimés dans des moments de danger. Jamais il ne ressentait ceux plus complexes. Ce qui l'intriguait le plus, c'était l'hermétisme auquel il s'était heurté quelques secondes plus tôt. Ce dernier s'était soudainement effacé et il avait compris ses motivations, ce qu'elle ressentait, le lien qui l'unissait à sa monture, ses peurs, ses craintes. Tout ce que son corps exprimait en ce moment était entré en écho avec sa propre aura. Il ne doutait pas qu'elle avait clairement compris ses sentiments à lui.

Une main posée sur son épaule le fit revenir à la réalité.

"Alors Obi-Wan ? Qu'as-tu appris ?"

Il lui fallut quelques secondes pour remettre ses pensées en ordre.

"C'est une femme... Elle a quelque chose à prouver. Je crois qu'elle a repris les écuries il n'y a pas longtemps. Enfin, un événement a eu lieu et maintenant elle gère les écuries. Je ne peux pas dire quel âge elle a exactement. Peut-être entre 15 et 25 ans ? Je la sens jeune, mais son regard et ce qu'elle dégage me donne l'impression qu'elle est plus âgée que moi. Elle est excitée par cette course et angoissée en même temps. Cela représente beaucoup pour elle."

Sans la quitter des yeux, Obi-Wan continuait de la décrire comme s'il la connaissait depuis longtemps.

"Junmey est sa monture depuis de nombreuses années. Ils ont confiance l'un en l'autre. Son aura dépasse celles des autres zorkas, ils ont des chances de gagner je pense. C'est ce qu'elle croit en tout cas. Je ne sais pas à quoi elle ressemble. Ses yeux sont couleur émeraude, c'est tout ce que je peux dire."

Il ne le précisa pas à son maître, mais il la pensait très belle. Inquiet de son silence prolongé, Obi-Wan se tourna vers Qui-Gon. Ce dernier le dévisageait intensément.

"Que se passe-t-il, Maître ?"

Au même moment, un bang retentit et le présentateur cria dans son micro. Le top départ était lancé et les zorkas bondirent en avant, soulevant un nuage de sable. En quelques secondes, ils furent hors de vue et les écrans géants prirent le relais. Ils manquèrent le départ de la mystérieuse cavalière de peu et se penchèrent aussitôt sur l'écran à leur disposition personnelle.

Ils pouvaient avoir une vue d'ensemble, suivre les plans proposés par le cameraman ou sélectionner des cavaliers. D'un commun accord, Obi-Wan appuya sur le numéro huit.

Au premier tournant, Junmey accéléra soudainement. Bien évidemment, ils n'étaient pas dans les premiers et vu l'impétuosité des autres montures, cela ne l'étonnait pas. Ils étaient intenables et la course d'une durée approximative de trois heures, aurait tôt fait de les achever. Cependant, elle ne comptait pas se laisser distancer non plus. Elle s'était bêtement laissée distraire par ce Jedi, mais cela ne lui porterait pas préjudice. Elle ne comprenait d'ailleurs toujours pas comment. Concentrée seulement sur la course et ses objectifs, elle avait senti une Force étrangère entrer en résonance avec la sienne. Elle avait juste rassuré Junmey et préparait son départ sans se troubler. Son impression s'était renforcée et sans qu'elle ne puisse rien faire, leurs énergies respectives avaient interagi. C'était la première fois que cela lui arrivait. Il n'avait absolument pas cherché à s'imposer. Il ne s'était pas montré agressif non plus et elle soupçonnait qu'aucun d'eux n'avaient vraiment initié cet échange. Leurs Forces avaient agi de leur propre chef. Un frisson la parcourut alors qu'elle se remémorait les sentiments étrangers qui l'avaient habitée quelques minutes plus tôt. C'était un mélange de curiosité et d'intérêt, un intérêt intellectuel. La demande ne venait pas de lui, mais du Jedi à ses côtés. Il voyait cela comme un exercice, mais s'était montré extrêmement surpris du résultat obtenu. C'est ce qu'elle avait vu dans son regard. Il avait un visage jeune, des traits fins, mais un air affirmé. Et surtout, des yeux bleus qui n'avaient rien à envier à la source d'Oprah, l'eau la plus pure de tout Azméra. Rien que le fait d'y repenser la faisait naïvement sourire.

Junmey la remît brusquement dans la course, secouant son encolure. Elle raffermit sa prise sur les rênes et releva la tête.

Sur quinze, elle se maintenait à la septième place. Elle n'avait pas pris d'oreillette, mais elle devina qu'Aaron pestait à son balcon. Il avait à coup sûr remarqué son inattention de quelques secondes. Elle ne lui laisserait pas l'occasion de lui faire la morale encore une fois. Elle se pencha en avant, accompagnant les mouvements du zorka et passa facilement en cinquième position. Devant elle se trouvait Crow. Elle éviterait de le dépasser pour le moment. Le zorka était comme fou, ses naseaux crachaient de la fumée et elle le savait incontrôlable. Certainement encore plus fou que l'animal, son cavalier le talonnait sans relâche. Un jet de flamme jaillit bientôt de sa bouche, faisant paniquer les concurrents meneurs. Elle évita habilement le remue-ménage et maintint son rythme. Quelques fois, Junmey s'emballait, mais elle ne cessait de le ralentir. Ils devaient économiser leur énergie.

Alors qu'ils entraient dans le désert, Crow accéléra de plus belle. C'était son élément à n'en pas douter. La chaleur ne le dérangeait pas et la fumée de ses naseaux s'intensifia. Elle dut décaler sa monture et heureusement pour elle car quelques mètres plus loin, Crow freina net et cabra de toute sa hauteur. Avant d'avoir le temps de se poser plus de questions, elle sentit soudainement un liquide tiède les asperger. Une oasis, ils traversaient une oasis. Assez large et profonde, elle devina que Crow ne pourrait pas passer. Il ferait le tour à coup sûr. Presque entièrement immergés, elle agrippa fermement la crinière de Junmey et le laissa nager. Le zorka n'était pas plus que cela attiré par l'eau, mais il se débrouillait.

"C'est bien mon grand", murmura-t-elle en grattant son encolure.

Junmey hennit doucement et nagea avec d'autant plus de vigueur. Seules leurs têtes dépassaient de l'eau. Le premier venait de regagner la terre ferme. Il s'agissait d'Harios. Le zorka, doré comme le soleil de l'ouest, s'ébroua aussitôt et repartit au grand galop. Il faisait facilement deux fois les proportions de Junmey. Entraîné par les Écuries Royales d'Azméra, il serait un bon adversaire. Elle soupçonnait néanmoins que l'endurance était son point faible. Elle ne tarderait pas à le savoir de toute façon. Nager ainsi après leur sprint dans le désert viendrait à bout des moins résistants. Ils sortirent enfin de l'eau et reprirent leur course à travers le désert. Ils galopaient ainsi en bande quand un grand bruit les fit se retourner. Mira, la seule zorka femelle du groupe venait de s'effondrer dans le sable, emportant avec elle son cavalier. Rhode, à côté d'elle à ce moment, galopait férocement et son cavalier tenait fermement une massue d'une taille colossale dans ses mains. À son regard, ils comprirent que Mira n'était certainement pas tombée de fatigue. Cette tactique n'était malheureusement pas interdite. C'était cependant la première fois qu'un cas de ce genre arrivait. Les cavaliers de zorkas étant en temps normal de fiers concurrents et surtout beaucoup trop occupés à essayer de contrôler leur monture. Il n'empêche que Rhode galopait à présent vers elle.

Elle haussa les épaules et se redressa quelque peu. S'il voulait se battre, elle ne dirait pas non. Ce participant était un véritable danger pour tous les autres. Elle fit venir Junmey juste devant lui et d'une impulsion des postérieurs, le zorka envoya une volée de sable à la tête du cavalier. Rhode hennit bruyamment et perdit quelques mètres. Elle entendit son cavalier hurler et, un coup de cravache plus tard, le zorka bondit en avant. Elle revint devant lui et Rhode se plaça juste derrière eux. Le cavalier brandit sa massue et tenta de se décaler pour viser le petit numéro huit. Elle le laissa faire tout d'abord et accélérant au bon moment, évita sans soucis le premier coup. Elle sentit un sentiment de rage monter chez son adversaire. C'était un Zabrak autrement dit, un féroce combattant, il ne supporterait pas ses petits tours très longtemps et cela l'arrangeait. Autour d'eux, un vide de quelques mètres s'était créé. Personne ne voulait recevoir un coup de massue par inadvertance. Le deuxième coup fut tout aussi facile à éviter, Junmey étant d'une agilité remarquable. C'était un des avantages de sa petite taille.

Dans les tribunes, tous retenaient leur souffle. Certains avaient commencé à s'indigner de cette injustice, surtout quand cela concernait les Écuries Sappheiros. Pourtant, ils s'étaient vite tus. Visiblement, leur représentant savait se défendre ou en tout cas, esquiver. Obi-Wan et Qui-Gon ne la quittaient pas des yeux, de même que le régent et le groupe de Jedi dans le balcon royal.

Elle vit la massue arriver droit sur elle et se laissa brusquement glisser sur le côté. Un cri retentit dans les tribunes. Une main sur le pommeau de la selle lui permit de se repositionner. Les spectateurs comprirent alors qu'elle en avait fait exprès. Le Zabrak laissa éclata un rire démoniaque avant de la voir revenir en selle. Tous sentirent un frisson de panique les parcourir en voyant la rage prendre possession de lui. Il fit tournoyer sa massue au dessus de lui. La cavalière eut un sourire amusé. C'était sa perte. Alors qu'il levait sa massue dans une ultime attaque, elle précipita sa monture vers lui. Le Zabrak la vit disparaître soudainement de son champ de vision et bloqua son mouvement. Flanc à flanc, et pile à la bonne hauteur, elle attrapa la sangle de Rhode et le cavalier comprit alors ce qu'elle comptait faire. Elle trancha habilement la sangle attachant la selle au zorka et son cavalier déséquilibré et désarçonné ne tarda pas rejoindre le sable chaud du désert. Rhode se retrouva tout d'un coup libre. Elle fit accélérer Junmey et enleva la bride du zorka, le laissant galoper à son aise. Ce dernier ralentît peu à peu, mais continua de suivre le troupeau.

"Tu es libre Rhode", murmura-t-elle sachant qu'il l'entendrait et comprendrait.

Brusquement, le zorka changea de direction et repartit au galop à travers le désert.

Des cris de joie se firent entendre dans les tribunes et l'équipe de secours dépêchée pour le Zabrak prit son temps pour partir, célébrant la victoire du numéro huit. Aaron poussa un soupir de soulagement tandis que Qui-Gon et Obi-Wan gardaient leur regard rivé sur la cavalière.

Le tant acclamé numéro huit se concentra à nouveau sur la course. Elle était bonne dernière, mais il restait bien deux heures encore et le peloton était très regroupé, le premier ne se trouvant qu'à une vingtaine de mètres devant. Tout était encore à jouer et le plus intéressant restait à venir.

Junmey accéléra l'air de rien et elle le laissa faire. Lui n'était pas bon dernier, il était premier ou rien. Une caresse sur son encolure lui apprit que sa cavalière lui laissait la main libre. Il allait donc lui prouver ce qu'il valait.

Devant eux, un couloir étroit entre les falaises se dessinait. C'était là la sortie du désert. Avant dernier à présent, ils s'engouffrèrent les uns à la suite des autres sur le sentier. Les deux falaises les encadrant ne laissaient pas de marge de manœuvre. Encore une fois, sa taille fut son avantage. Les autres concurrents ne pensaient pas à baisser les yeux en regardant autour d'eux. Les caméras volantes eurent du mal à les suivre dans le couloir et durent prendre un peu de recul pour ne pas se faire écraser. Lorsqu'ils sortirent enfin de là, débouchant sur une vaste plaine, Junmey était cinquième. Les concurrents maintenant dépassés hallucinèrent. Elle reprit le plein contrôle de sa monture. Les plaines verdoyantes étaient ce qu'il préférerait et ils devaient encore s'économiser pour la suite de la course.

Dans les tribunes, le numéro huit faisait maintenant partie des favoris. Personne ne savait ce qu'elle valait avant la course, mais à présent tous regrettaient de ne pas avoir parié sur elle.

Aaron, lui, n'aimait pas du tout la façon dont se déroulait cette course. Il savait que c'était une mauvaise idée et il restait encore deux heures. La petite fille dans ses bras ne semblaient pas partager son avis puisqu'elle ne cessait de crier des encouragements utilisant tous les mots de vocabulaire qu'elle connaissait à son jeune âge.

La cavalière maintint sa cinquième position et laissa les premiers prendre de l'avance. Le peloton s'éparpilla peu à peu. Derrière elle, elle sentait la peur monter un peu plus. C'était rarement bon signe et elle renforça sa vigilance.

Les plaines étaient la partie simple de la course. Elle durait à peu près une demi-heure, mais la suite allait se corser. Ils arriveraient dans les marécages d'Uranos et les Azmériens s'y aventuraient peu. Il fallait être près à lutter pour sa survie. À zorkas, ils passeraient certes plus vite, mais ils devraient absolument rester en bande. Elle n'était pas sûr que les concurrents des autres planètes aient la moindre idée de ce qui les attendait.

Comme elle le redoutait, le temps fila et ils virent bientôt se dessiner les imposants arbres des marécages d'Uranos. Ils rendaient l'endroit sombre et leurs branches tombantes donnaient l'impression de corps humanoïdes désarticulés. Elle vit un groupe se former non loin, les Azmériens à coup sûr. Soudain, le groupe ralentit. Elle se redressa quelque peu alors que le public dans les tribunes hurlaient leur mécontentement.

Mais oui bien sûr, ils arrivaient du côté nord. Le séisme d'il y a cinq ans avait fait des ravages par ici. Sentant le piège, Junmey releva l'encolure.

"Il y a un ravin et un seul pont", informa-t-elle, cherchant une solution.

Le pont était solide, ce n'était pas un problème. En revanche, il ne laisserait passer qu'un concurrent à la fois. Elle n'était venue qu'une seule fois par ici, mais avec les aptitudes de Junmey, elle avait peut-être un plan b. Alors que le peloton déviait vers le pont, elle suivit. Les zorkas devant durent s'arrêter, chacun bousculant les autres pour pouvoir passer après Harios, premier de la course. Il était en effet hors de question qu'ils passent à plus d'un sur le pont. Ils devaient attendre que l'autre ait traversé pour s'engager sinon le pont ne tiendrait pas. Pour le numéro huit, il était hors de question de jeter Junmey dans cette mêlée. Avec son gabarit, il ne ferait pas le poids.

Aussi, juste avant le pont où les premiers patientaient déjà, elle changea de trajectoire et accéléra.

"Tu peux le faire Junmey, je sais que tu peux !" s'écria la jeune fille, encourageant son zorka.

Cette fois-ci, elle le poussa à fond. Amateur de défis, sa monture comprit aussitôt ce qu'elle attendait de lui. Les autres cavaliers les virent doubler le nombre de ses foulées et une personne cria, mais c'était déjà trop tard. D'une impulsion spectaculaire, Junmey se retrouva survolant le vide. Dans les tribunes, les spectateurs hurlaient. Le ravin faisait plus d'une dizaine de mètres de long, le zorka n'arriverait jamais de l'autre côté. Il lui fallait des ailes pour réussir un exploit comme celui-ci. Dans le balcon de la Reine Mazicia Organa, les deux Jedi tentaient de rester maîtres de leur émotion. Avec la caméra, ils voyaient très bien le ravin et sa longueur. Quelques mètres en dessous, Aaron palissait à vue d'oeil. Plus jamais il ne la laisserait courir, plus jamais ! Dans ses bras, la petite fille devait être la seule à continuer d'encourager le numéro huit.

Pourtant, elle était confiante. Junmey avait bien abordé l'obstacle et s'étendait tout en longueur dans les airs. Il allait réussir, elle le savait. Surplombant le vide, elle voyait l'autre côté arriver rapidement et sut que ce serait bon. Elle prépara leur réception à l'aide de la Force, levant une main devant elle. Un vent violent venant d'en dessous les porta subitement et ils eurent l'impression de voler. Son voile s'envola dans la bourrasque, ne laissant que le fin voilage protégeant le bas de son visage de la poussière. Ses lunettes hermétiques restèrent fermement en place et sa queue de cheval vola dans son dos. Cela ne la déconcentra pas le moins du monde. Ils atterrirent sans soucis, un mètre après la fin du ravin et après quelques foulées de réadaptation, l'animal repartit de plus belle à la suite d'Harios. Le deuxième zorka venant juste de s'engager sur le pont, ils prirent sa place dans la course.

Dans les tribunes, il n'y eut plus un bruit. Qu'elle puisse réussir leur semblait impossible. Seule Mia, dans les bras d'Aaron, hurlait sa joie. Ce fut le présentateur qui traduisit leur pensée à tous.

"Il l'a fait, c'est... C'est une femme et elle l'a fait !"

Il devint alors extatique.

"Bon sang ! C'est une première dans l'histoire de cette course mes amis ! Du jamais vu ! Le numéro huit est à présent en deuxième position juste après Harios. Les Écuries Royales n'ont qu'à bien se tenir car qui arrêtera ce petit bout de femme à présent ?! Bon sang, mais ce zorka a des ailes !"

La foule fut déchaînée. Tous partageait l'avis de Joy, sauf peut-être Aaron qui maudissait la cavalière. Si elle ne mourrait pas pendant cette course, lui aurait certainement une attaque. Mia continuait d'applaudir et il lui enviait son innocence.

Quelques balcons plus hauts, Qui-Gon et Obi-Wan restaient sidérés, les yeux fixés sur l'écran. Ils pouvaient sentir la Force l'entourer et la protéger. Obi-Wan surtout, se sentait étrange. Il détaillait la jeune fille et se dit qu'il avait eu raison. Elle était en effet très belle. Très jeune aussi, mais son regard déterminé compensait son possible manque d'expérience. Elle n'allait pas se laisser battre aussi facilement. Il continuait à penser qu'elle avait de grandes chances de gagner. Il ne voyait que le haut de son visage, le reste étant caché par le tissu servant à la protéger de la poussière. Cependant, ses traits semblaient fins et réguliers. Ses cheveux ébènes étaient noués en une queue de cheval haute et volaient derrière elle. Il la trouvait incroyable et ne pouvait détacher ses yeux de sa silhouette.

La jeune fille félicita sa monture et raccourcit ses rênes. Parmi les participants, l'atmosphère venait de changer. Tous les Azmériens avaient une oreillette et avaient le droit à des commentaires de leur entraineur s'ils avaient manqué l'action. En somme, ils l'avaient reconnue. Le représentant des Écuries Sappheiros. Jamais ils n'avaient pu penser qu'elle participerait. Depuis la mort des propriétaires, ils n'avaient plus entendu parlé de leur fille aînée. Auparavant, elle venait souvent aux Écuries Royales avec ses parents et ils savaient tous à quel point, elle était douée. Le cavalier d'Harios se redressa et vint se mettre à sa hauteur alors qu'ils entraient dans les marécages.

"Eh bien, eh bien. Qu'avons-nous là ?" questionna-t-il d'une voix taquine.

Il se débarrassa de son foulard et elle écarquilla les yeux. Le fier cavalier possédait une épaisse chevelure blonde nouée en une queue de cheval. Ses traits rieurs et sa mâchoire carrée lui suffirent amplement à le reconnaître.

"Léo ! s'écria-t-elle. Tu représentes les Écuries Royales ?!

- Quoi ? Tu as l'air étonné. Tu en doutais ?"

Elle ne répondit pas. Avec toutes les choses qu'elle devait gérer, elle n'y avait juste pas pensé. Son ancien meilleur adversaire, concurrent actuel dans la course d'Azméra, cela promettait d'être intéressant. Ils se sourirent et se concentrèrent aussitôt. Il était hors de question de laisser l'autre gagner. Derrière eux, les participants suivaient au compte-gouttes.

La compétition se fit plus acharnée encore entre les deux premiers. Alors que le chemin se rétrécissait et les forçait à ralentir en raison des ornières présentes partout, ils ne cessaient de se dépasser l'un l'autre. Le numéro quatre en troisième position restait bien prudemment derrière. Il était hors de question qu'il soit embarqué dans leur rivalité. Il connaissait bien ces deux-là et à présent, il savait également que la victoire serait à coup sûr pour un d'eux. Il pariait sur la jeune fille. Après tout, ce n'était pas pour rien qu'elle était appelée princesse des zorkas.

Ladite princesse sentit un brusque changement d'atmosphère, de même que les zorkas. Harios fit un écart. Junmey, lui, resta bien en place, sa cavalière ayant anticipé.

Ils arrivaient au coeur du marécage et quelque chose les attendait. L'endroit paraissait pourtant désert. C'était une plaine boueuse entourée d'arbres étouffés par la végétation. Le soleil put passer à travers et ils virent une forme longiligne briller sur le sol, le chemin se trouvant juste derrière.

Junmey pila net, aussitôt imité par Harios. Pour les zorkas, la créature que se profilait devant eux était un véritable cauchemar. Le numéro quatre ralentit et resta protégé vers les arbres. Hors de question qu'il se jette dans le gueule du serwol. La bête se redressa soudainement. D'une dizaine de mètres de haut, elle les surplombait sans soucis. Le serwol ouvrit une large gueule, découvrant ses dents acérées et une langue sifflotante. Elle ondula, faisant claquer le bout de son corps sur le sol. Ils furent éclaboussés de boue et Junmey recula, apeuré. Le numéro huit se redressa et toisa le monstre. Il lui faisait penser aux serpents qu'avait un jour ramené son père de voyage. Ce n'était pas son meilleur souvenir d'enfance et celui-ci était décidément beaucoup plus grand et effrayant.

"Tout va bien Junmey. Il ne te fera pas de mal", assura sa cavalière.

Elle caressa son encolure. Derrière eux, ils pouvaient entendre les autres concurrents arriver. Autant dire qu'aucun n'allait passer devant pour affronter le monstre. Elle inspira et fit avancer Junmey. Ce dernier cabra, poussant un hennissement qu'il espérait menaçant.

Dans les tribunes, Aaron n'osait plus regarder l'écran. Mia s'accrochait à lui de toutes ses forces. Cette fois, le serwol la terrifiait.

La créature focalisa son attention sur l'inconsciente et hérissa les plumes qui entouraient sa tête. Cela avait certainement pour but de lui faire peur et c'était bien inutile selon les participants.

"Laisse-nous passer !" s'exclama-t-elle dans une langue ancienne.

Seuls les Azmériens et un Maître Jedi déjà très ancien comprirent ce qu'elle voulait dire. Le serwol ondula de tout son corps, terminant par sa tête. Son hochement négatif leur indiqua qu'il ne comptait bien évidement pas les laisser passer.

"Alors tu mourras."

À ses côtés, Léo ne savait pas s'il devait commencer à rire ou pleurer. Elle paraissait tellement sûre d'elle et il n'échapperait pas à son plan d'attaque. Elle se tourna vers lui et d'un regard, il comprit. De toute façon, si une personne pouvait réussir, c'était bien elle. Il dégaina son épée et la créature tourna sa gueule menaçante vers lui, le fixant de ses yeux rouges, immenses. Une sueur froide coula le long de son dos. Elle avait vraiment un instinct de leader, c'était le moins qu'il pouvait dire.

"Harios, ne bouge pas", ordonna la jeune fille avec un geste pour le zorka.

Elle inspira une nouvelle fois profondément pour calmer les battements de son coeur.

"Tu me fais confiance, Junmey. On peut le faire."

Cette fois-ci, le zorka était moins convaincu de leur succès. Pourtant, il ne recula pas et quand elle le lui demanda, passa au galop. Il fonça droit sur le monstre. Elle bénit sa petite taille et son agilité alors qu'elle détournait l'attention du serwol sur elle. Il ne résista et se lança tous crocs dehors sur sa proie. Junmey bondit dans les airs et passa par dessus l'animal. Ce dernier les suivait, tournant ainsi le dos à Harios et Léo. Le blond avait déjà sauté hors de selle et silencieusement, s'élança vers la créature. Elle ne l'entendit pas venir et sentit la lame froide entailler sa chair. Elle poussa un sinistre sifflement et se tourna avec rage vers l'attaquant. Préparé à la riposte, il esquiva et le serwol s'écrasa dans la boue. Il se redressa aussitôt et allait attaquer à nouveau quand une deuxième lame, plus petite s'enfonça bien plus profondément vers son coeur. Le bras guidant son poignard, elle était à califourchon sur le serwol, couverte de sang. La bête se secoua et elle fut désarçonnée. D'une pirouette improbable, elle atterrit sur ses pieds à côté de Léo. Le monstre, lui, resta bien debout, menaçant devant eux.

"Hey les chatons !" s'écria une voix qu'ils connaissaient bien.

Le numéro quatre en avait profité pour passer devant et se trouvait déjà de l'autre côté. Leur surnom et son franc parlé les avait déjà mis sur la piste. Enlevant son voile, ils reconnurent Ruby, la fière cavalière de la ville d'Asia, voisine de Borealis. Sa chevelure flamboyante dansait sur ses épaules alors qu'elle s'éloignait en riant.

"On vous laisse régler votre petit problème d'écailles !"

Bien sûr, et c'était voulu, le serwol se lança bêtement à sa poursuite. Les deux autres attaquèrent au même moment. Il était temps d'en finir. Ils tranchèrent le monstre en deux endroits distincts proches du coeur et cette fois-ci, il tangua violemment avant de s'effondrer. Ce fut le signal pour Junmey et les autres cavaliers. Le premier se précipita vers sa cavalière qui après un signe de tête pour Léo, sauta sur son dos et le lança au galop. Les autres reprirent la course à sa suite. Harios qui n'avait pas bougé depuis l'ordre de la princesse des zorkas, laissa son cavalier se rapprocher et revint à lui à la première pression de mollets. Il détala aussi vite qu'il en avait envie depuis le début de cette confrontation. Il bondit par dessus le serwol et dépassa alors les autres concurrents qui avaient fait le tour, pour se retrouver encore derrière Junmey. Sa cavalière sourit en sentant Harios sur ses talons. Avec Ruby toujours en vue, la course pouvait reprendre.

Le public prit quelques secondes à nouveau pour réaliser. Tous avaient retenu leur souffle en attendant la fin du combat. Si Mia applaudit et oublia bientôt l'incident, Aaron serrait les dents et tentait de garder son calme. Il allait bientôt venir la chercher lui-même. Oh c'était décidé ! Après cette course, il ne la laisserait plus jamais sortir des écuries !

Obi-Wan soupira de soulagement alors que Qui-Gon restait concentré sur la course. Après le saut spectaculaire au dessus du ravin, il n'avait étrangement pas douté de ses capacités à battre le serwol. Il fallait qu'il parle à Maître Yoda après cette course.

La jeune fille, à présent penchée sur l'encolure du zorka, le félicitait chaudement.

"Tu as été exemplaire Junmey, et nous pouvons encore gagner la course."

Cela le motiva d'autant plus et il allongea ses foulées alors que la luminosité augmentait progressivement. Juste derrière Ruby et son zorka Drake, ils sortirent enfin des marécages et se retrouvèrent à nouveau dans le désert brulant. Drake galopait puissamment en tête. D'une couleur marron cuivré, il était parfaitement assorti à sa cavalière. Sa crinière folle reflétait le soleil alors que, dans son élément, Drake prenait de l'avance. Junmey sentit un vent plus frais lui parvenir et accéléra un peu. Sur ses traces, Harios ne se laissa pas distancer. La nage et la confrontation avec le serwol avaient fatigué le zorka plus qu'il n'y paraissait, mais il était hors de question de perdre. Les autres, une dizaine de mètres plus loin, sortirent enfin des marécages. Ils avaient tous bien profité de leur pause forcée et récupéraient peu à peu leur retard. Ils n'avaient pas signé pour toutes ces péripéties en s'inscrivant à la course, mais cela ne la rendait que plus intéressante.

Le public était en délire et Joy Kalek dut augmenter le son de son micro pour parvenir à se faire entendre. Ils changeaient à chaque édition le lieu de la course. La reine le choisissait personnellement, mais avec sa mort récente, cette tâche avait incombé aux autres organisateurs et ils comprenaient à présent le pourquoi de son implication personnelle. Ils n'avaient pas vérifié en personne chaque parcelle de la course comme le faisait la reine, préparant en avance la venue des cavaliers. Ils n'avaient fait que quelques portions et bien escortés. Heureusement, les participants semblaient bien dégourdis.

Aux côtés d'Angel Menlor, Maître Yoda ne quittait pas des yeux le numéro huit. Leur écran suivait d'ailleurs sa caméra personnelle. Il avait déjà rencontré les parents de la jeune fille. Comme la plupart des Azmériens, ils vivaient très longtemps. Âgés de cinq cents ans déjà, il avait reconnu la présence de la Force chez eux, mais il était convaincu maintenant que leur fille les dépassait de loin. Elle était extrêmement douée et ne semblait pas avoir attendu d'entraînement Jedi pour apprendre à la maitriser. En même temps, si son quotidien ressemblait à cette course, il comprenait pourquoi.

Angel était entièrement focalisé sur elle. Il la connaissait du temps où elle venait au palais avec ses parents. Elle était déjà très douée avec les zorkas, mais jamais il ne l'aurait imaginé dans cette course. Survoltée à zorka, elle se montrait très calme et raisonnée en temps normal. Elle ne semblait pas chercher l'adrénaline et le défi. Peut-être s'était-il trompé ?

Ledit numéro huit sourit alors que le sable était peu à peu remplacé par l'herbe tendre de la prairie d'Ardras. Ils allaient bientôt faire la traversée de la capitale. Immense, au bord des falaises qui surplombaient l'océan, elle se dressait déjà à l'horizon. Il ne resterait bientôt plus qu'une heure de course. Il n'était pas temps de trainer. Junmey sentit son envie et amplifia ses foulées. Les grandes habitations blanches de la capitale se rapprochaient à toute vitesse et le palais dans le fond semblait étinceler de mille feux sous le soleil d'été. Borealis apparaissait ainsi comme une superbe capitale assez classique. Cette pensée fit sourire la jeune fille.

Déjà, le soleil préparait sa descente. Elle se redressa et huma l'odeur de l'herbe fraiche. C'était d'ailleurs un véritable plaisir qu'elle reste aussi verte malgré la chaleur. Ils devaient ça aux éléals qui, n'aimant pas la chaleur et l'herbe sèche, profitaient des nombreux ruisseaux et rivières alentours pour arroser abondamment les prairies. Avec leur grande trompe, ils envoyaient l'eau au dessus de leur tête pour se rafraîchir.

Ruby ralentit quelque peu devant. Il y avait encore une grande étendue d'eau à passer et faire le tour prendrait trop de temps. Ils n'avaient d'ailleurs pas revu Crow depuis son arrêt net devant la première oasis.

Drake s'enfonça bien à contre-coeur dans l'eau tiède. S'il y avait bien quelque chose qu'il détestait, c'était l'eau. Néanmoins, il obéit à sa cavalière. Lui aussi voulait gagner. Derrière elle, Junmey sauta dans l'eau, prenant la tête instantanément, suivi de près par Harios. Le zorka doré n'appréciait pas plus que cela, mais ce n'était pas cela qui le ralentirait. Junmey, lui, n'avait pas réfléchi. Il avait suivi l'ordre de sa cavalière. Elle s'agrippa à sa crinière et profita de cette traversée pour boire et rincer son visage taché de sang. De longues mèches de cheveux s'échappaient de sa queue de cheval et elle les dénoua. L'eau les plaqua en arrière, libérant son visage. Elle releva ses lunettes trempées avec pour projet de les remettre une fois sur la terre ferme.

Borealis était plus proche que jamais. Les portes de la cité se dessinaient dans le soleil couchant, éblouissant les concurrents. Junmey sortit de l'eau et s'ébroua avant de repartir au galop. Elle rajusta ses lunettes pour se protéger du soleil et reprit ses rênes. Les maisons de terre cuite semblaient danser devant ses yeux comme des mirages. Elle entra dans la capitale, acclamée de tous les habitants qui n'avaient pas choisi de regarder la course des tribunes officielles. En vérité, ils longeaient les remparts intérieurs de la ville et ne passaient pas par le centre même.

Sitôt hors de la ville, après les portes du sud, il faudrait remonter vers le nord, mais ils auraient le temps d'apercevoir les Écuries Sappheiros sur la colline d'en face. Cette idée les fit accélérer et Harios, maintenant deuxième, eut du mal à se maintenir à leur niveau. Le numéro neuf en profita pour le dépasser. Il montait un zorka un peu plus petit que celui de Léo. Il était également plus endurant et c'était son avantage. Son cavalier venait de la planète Corellia et en digne représentant, il comptait au moins arriver dans les trois premiers. Derrière eux, un puissant hennissement retentit. C'était Drake qui, lui, voulait arriver premier. Il les dépassa comme une flèche dans les petites rues étroites. Son museau crachait de la fumée à présent, obscurcissant le chemin. Les yeux fous, il visait Junmey quelques mètres devant. Cela ne semblait pas les déconcentrer.

Le zorka sortit enfin de la ville et pendant quelques secondes, aperçut les imposantes Écuries Sappheiros. Dans le soleil couchant, ils n'avaient maintenant qu'un objectif : vite gagner cette course et rentrer à la maison. Il accéléra et dépassa à nouveau Drake. Un hennissement lointain leur parvint et Junmey répondit aussitôt.

"Allez mon tout beau, gagnons cette course maintenant", souffla-t-elle en grattant son encolure.

C'était la dernière ligne droite. Avec Drake et Ruby sur les talons, ils allaient leur montrer ce qu'ils avaient dans le ventre. Junmey allongea ses foulées et un soupir de rage leur parvint. Drake était mauvais joueur et il n'allait pas apprécier la blague. Junmey continua d'accélérer, encouragé par sa cavalière. Cette fois-ci, elle ne le retiendrait pas. L'eau les avait un peu revitalisés et avait été bienvenue au final. Elle avait apaisé leurs muscles douloureux. Les tribunes se rapprochaient de plus en plus. Harios parvint dans un ultime effort à dépasser le numéro neuf et se retrouva en troisième position derrière un Drake fou de colère. Ruby tentait de le calmer au mieux, cela ne l'aidait pas à se concentrer.

L'herbe redevint sable tandis que la ligne d'arrivée se rapprochait. Junmey continuait de prendre de l'avance. Le zorka était lancé et plus rien ne l'arrêterait. Dans les tribunes, les spectateurs étaient fous. Ils pouvaient à présent apercevoir la représentante des Écuries Sappheiros avec les jumelles. Le présentateur continuait de hurler dans son micro et les Maîtres Jedi restaient focalisés sur le numéro huit.

Ruby tentait de maintenir Drake. Le coléreux zorka ne pouvait pas se servir de ses pouvoirs, pas contre la princesse des zorkas. Elle l'avait compris en la voyant survoler le ravin, elle devait gagner. C'était écrit et dicté par la Force. Rien ne l'empêchait par contre de finir deuxième, mais si Drake ne se calmait pas, Harios finirait par les rattraper. Le zorka doré était à présent juste derrière eux et l'écart avec Junmey se creusait de plus en plus. Ruby raccourcit sa prise de rênes.

"Allez Drake, tu peux le faire. Plus vite. Plus vite ! rattrape-la !"

L'animal souffla bruyamment et allongea ses foulées. Harios suivit automatiquement. Il ne tint cependant pas l'allure et dut ralentir malgré les encouragements de Léo. Le numéro neuf les talonnait, il n'était pas temps d'abandonner.

Une vingtaine de mètres devant eux à présent, Junmey traçait son chemin jusqu'à la ligne d'arrivée. Sa cavalière entendait déjà les cris des spectateurs. Elle savait que peu avait parié sur elle et donc qu'ils allaient être passablement déçus. Pourtant, elle fut accueillie comme une reine. Les "Houra" furent enflammés et sans interruption. Cela ne déconcentra pas le moins du monde le zorka qui n'entendait plus rien. Il n'y avait que le vent sifflant dans ses oreilles et la ligne d'arrivée à portée de sabots. Sans réaliser, le numéro huit passa la ligne d'arrivée première. Le zorka ralentit progressivement et effectuant un grand cercle pour se calmer alors que la foule descendait sur la piste acclamer les vainqueurs. Elle commença alors à se rendre compte de la situation. Ils venaient de gagner la course de zorkas la plus réputée de la galaxie. C'était improbable, inimaginable et pourtant, ils étaient là. Relâchant les rênes, elle leva un bras en signe de victoire et Junmey se cabra. Lui avait parfaitement réalisé. Il fut ravi des caresses et nombreuses félicitations de sa cavalière. C'était bien tout ce qui comptait à ses yeux.

Dans le balcon royal, Maître Yoda s'approcha alors d'Angel Menlor.

"Réglé votre problème est, mon ami," déclara le Maître Jedi, les mains dans son dos.

Angel acquiesça silencieusement sans quitter des yeux la gagnante de la course.

Ruby et Drake arrivèrent deuxième, suivis de très près par Harios et Léo, et quelques mètres plus loin, le représentant de Corellia.

Aaron fut le premier à atteindre sa protégée. Posant Mia au sol, il souleva littéralement la jeune fille de sa selle et la fit tournoyer dans les airs. Elle éclata de rire et se fit entrainer dans un câlin d'ours comme elle avait pris l'habitude de les appeler.

"Tu as gagné !" répétait-il comme s'il essayait encore de s'en convaincre.

Il avait eu tellement peur pendant toute la durée de la course que la tenir vivante dans ses bras était déjà une victoire pour lui. Mia trépignait d'impatience à ses pieds. Elle sauta dans ses bras sitôt la jeune fille reposée au sol. Aaron en profita pour féliciter alors Junmey.

"G'ande soeu' ! s'écria la petite alors qu'elles s'étreignaient.

- Oh je suis tellement contente de te voir Mia. Tu n'as pas eu trop peur ?"

La petite fit non de la tête et resta agrippée à elle. Bientôt, elles se retrouvèrent noyée dans la foule. Aaron intervint alors. Il attrapa la jeune fille et la hissa sur son épaule, la faisait ainsi surplomber la foule. Cela créa une véritable ovation générale.

"Heaven serait très fier de toi", déclara Aaron, sachant à quoi elle pensait.

- Quand mon frère arrêtera de courir la galaxie et viendra lui-même m'offrir ses compliments, je les accepterai, répondit-elle avec un sourire rassurant.

Cela rasséréna l'Azmérien. Eléonore adorait son frère et ils étaient d'ailleurs très proches, mais cela n'empêchait pas Heaven de partir aussi souvent que possible explorer la galaxie. Dès qu'il avait été assez âgé pour le faire, sa soif d'aventures et de découvertes l'avait appelé vers d'autres planètes. Eléonore ne l'en blâmait pas. Elle comprenait et même si elle avait aussi envie de voyager, elle avait décidé de reprendre le ranch de ses parents, ce qui n'était pas une mince affaire. De plus, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, elle estimait pour l'instant devoir rester sur Azméra. Son intuition lui disait que quelque chose d'important allait se produire. C'était cette même intuition qui l'avait fait s'inscrire à la course.

Assise sur l'épaule d'Aaron, elle put voir Léo essayer de se frayer un chemin dans la foule. Il réussit finalement à parvenir jusqu'à elle et la félicita chaudement, de même que Ruby. Drake en revanche quitta aussitôt la piste, hennissant de mécontentement.

"Oh, il finira par se calmer", signifia sa cavalière en haussant les épaules.

Cela fit rire Léo et ils partirent dans un fou rire. Les derniers participants étant arrivés, la course était enfin terminée et ils pouvaient maintenant se détendre. Ce répit fut cependant de courte durée. Après les félicitations et derniers commentaires de Joy Kalek, le micro fut repris par Angel Menlor. Il invita les trois premiers vainqueurs à venir le voir pour les féliciter personnellement et leur remettre leur prix dans le balcon royal. Ils pensaient prendre soin des zorkas avant toutes choses, mais les palefreniers les emmenaient déjà vers les écuries. Eux furent rapidement escortés jusqu'au balcon royal.

Bien que fier, le régent leur sembla ailleurs. Avec la mort de la reine, il avait certes d'autres préoccupations, mais qu'il le montre à ce point ne lui ressemblait pas. La cérémonie de remise des prix fut rapide. Entourés des hauts dirigeants de planètes présents, puis de tous les participants à la course, les vainqueurs furent photographiés sous tous leurs angles. D'autant plus qu'ils étaient à visages découverts. Ils convinrent en riant que la première chose qu'ils feraient sitôt cette cérémonie finie, serait de prendre une bonne douche. Ils l'avaient amplement méritée. Si leur visage n'était plus taché de sang grâce à leur baignade dans l'étendue d'eau avant la capitale, ils restaient couverts de poussière et dans un état pitoyable. Souvent en tête à la fin, la grande gagnante avait eu l'avantage de ne pas se prendre les nuées de poussière que les zorkas soulevaient sur leur passage. Elle était de ce fait, un peu plus présentable et cela malgré ses vêtements rougis de sang. Ses cheveux libres avaient eu le temps de sécher et de retrouver leur aspect habituel. Elle arborait donc de grandes boucles noires et ses lunettes, qu'elle avait relevées en arrivant, les maintenaient en arrière.

Son voeu ne fut cependant pas exaucé. Alors que les autres quittaient la pièce pour aller se préparer, c'est-à-dire prendre une douche, pour la grande fête du soir, Angel Menlor la retint un moment.

"Je souhaiterais vous parler."

Elle opina, ne pouvant refuser de toute façon. Le balcon ne contenait à présent que quelques Jedi, le régent et ses gardes. Quelques Azmériens qu'elle reconnaissait comme étant des membres du Conseil d'Azméra entrèrent à leur tour. Ils furent suivis par les Jedi disséminés dans les autres balcons. Elle ne faisait cependant plus attention à tout cela. Seul Aaron, toujours avec Mia dans ses bras, guettait continuellement les alentours.

Obi-Wan entra derrière son maître et retint son souffle en la voyant au milieu de la pièce, entourée de tous.

"Conseiller Hayden, Conseiller Elijam, Conseiller Kian, salua le régent. Vous avez fait plus vite que je ne le pensais, déclara-t-il ne cachant pas sa surprise.

Les conseillers restaient voilés bien sûr, tout comme le régent et tous les Azmériens présents excepté Aaron, Mia et sa grande soeur. La mort toute récente de la reine n'avait pas permis aux conseillers de s'absenter et donc de suivre la course en direct.

Hayden Roda prit la parole au nom des autres membres du Conseil d'Azméra.

"La Force nous a parlé Angel", commença-t-il d'une voix claire et forte.

Il s'assura ainsi d'avoir l'attention de la dizaine de Jedi présents.

"Nous ne sommes certainement pas les seuls à l'avoir ressenti. Nous avons trouvé notre nouvelle reine", fit alors Hayden avec conviction.

Il laissa passer quelques instants. Bien sûr, tous avaient éprouvé l'appel de la Force. Ils n'auraient pas employé le verbe "parler" en revanche, mais il était évident que les trois Azmériens et Maître Yoda comprenaient ce que cela signifiait. Il était impossible de dire ce qu'en pensait le régent, son visage étant caché. Par contre, son silence était assez éloquent. Aaron, quant à lui, affichait à présent un visage choqué et surpris.

Obi-Wan en profita pour tenter de trouver l'information qu'il cherchait depuis la fin de la course déjà. L'écran holographique du fond de la pièce repassait en boucle l'arrivée de la jeune fille et sa remise du premier prix. Ses yeux se posèrent un moment dessus et il lui donna bientôt la réponse qu'il cherchait.

"Éléonore Sappheiros", murmura-t-il.

Il se mordit la lèvre en se rendant compte qu'il avait parlé à haute voix. Tous s'étaient tournés vers lui, mais l'unique chose qu'il voyait c'était ses yeux émeraudes posés sur lui. Ils l'observaient avec curiosité, comme il l'avait fait quelques heures plus tôt.

"Vous êtes sûr Hayden ?" questionna le régent qui sortait de son silence.

Les trois conseillers hochèrent la tête.

"Je l'ai senti aussi alors je ne peux que vous approuver."

C'était en effet ce qu'ils avaient déduit avec Maître Yoda. Il se tourna vers la jeune fille et repoussa sa capuche plongeant ses yeux mordorés dans ceux de la future reine. Elle comprit tout à cet instant et un torrent de sentiments contraires l'envahit : la peur, la fierté, le poids de la responsabilité, celui du peuple qui la suivrait, le courage, l'angoisse, la Force. C'était elle qui lui avait donné cette mission et ce fut elle qui lui redonna son calme. Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, un étrange sentiment de sérénité s'empara d'elle. Depuis la création d'Azméra, la Force choisissait les futurs souverains de leur planète. Aujourd'hui, la Force avait choisi à nouveau. Elle serait reine.

Angel sourit en voyant ses yeux retrouver la détermination qu'il avait vu pendant la course. Il posa une main sur son épaule et s'apaisa. Lui avait réussi sa mission, enfin.

"Vous serez la Reine Saphira. Puissiez-vous régner avec sagesse et générosité."

Il s'inclina devant la future reine.

Aaron retenait comme il pouvait la vague de panique qui déferlait en lui. Mia qui ressentait son trouble, se blottit un peu plus dans ses bras. Lui qui voulait l'enfermer dans les écuries pour ne plus jamais la libérer. Lui qui essayait de la protéger depuis si longtemps ! Lui qui avait promis à ses parents sur leur lit de mort qu'il prendrait soin de leurs filles !

Une main attrapa la sienne et son regard croisa celui d'Eléonore, au plutôt, ses yeux plongèrent dans les siens. Il trouva alors le réconfort dont il avait besoin et les mots rassurants qu'il attendait. La Force qu'elle lui communiquait apaisa ses craintes et il respira à nouveau. Il ne pouvait rien, personne ne pouvait rien faire. Elle avait été choisie et c'était ainsi. Alors, il réitéra sa vieille promesse : toujours, il continuerait de veiller sur elle.

Maître Yoda s'avança alors vers Eléonore et la salua.

"Future Reine Saphira, un honneur de vous rencontrer c'est.

- Merci Maître Yoda. C'est également un grand honneur pour moi de vous rencontrer enfin."

Elle croisa son regard et lui sourit. Le Jedi avait connu ses parents et ils l'estimaient beaucoup, il en serait de même pour elle. Ce fut le signal et chacun vint saluer la future reine. Elle eut le droit au nom de chacun des membres de la garde, des conseillers, des Jedi, mais le dernier fut celui qui lui importait vraiment. Il gardait une attitude neutre et elle tenta de faire de même. Cependant, lorsqu'elle plongea à nouveau son regard dans ses yeux bleus, tout s'effaça autour d'eux. C'était une étrange sensation que d'avoir l'impression d'être seul au monde dans une pièce remplie de politiciens et de Jedi. Il s'inclina finalement et ouvrit la bouche.

"Je suis Obi-Wan Kenobi, Padawan et enchanté de vous rencontrer future Reine Saphira."

Il la vit ouvrir de grands yeux.

"Obi-Wan Kenobi", répéta-t-elle de bout des lèvres.

Personne n'avait dû entendre son murmure, mais lui le perçut sans mal. Son nom et sa voix. Elle était chaude et claire. Il n'était pas prêt de l'oublier, de cela, il en était certain.


Sept ans plus tard

À bord d'un croiseur de la République

En chemin pour Naboo


Il ouvrit de grands yeux et reprit son souffle. Repoussant la couverture, Obi-Wan s'assit dans sa couchette. Il porta une main à son front, le temps de se calmer.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas rêvé de cette journée si spéciale. Des fois, il croyait justement qu'il ne s'agissait que d'un rêve. C'était cependant la réalité. Après la soirée en l'honneur des vainqueurs, les Jedi ayant accompli leur mission étaient retournés sur Coruscant. Il savait par Maître Qui-Gon que Maître Yoda avait assisté au couronnement de la Reine Saphira, mais avec la politique d'Azméra, il n'avait eu aucune autre nouvelle. Il ne l'avait plus jamais revue, ne lui avait plus jamais reparlé. La première année, les rêves de ce genre avaient été nombreux, devenant de plus en plus rares avec le temps. Il avait repoussé cet événement loin dans sa mémoire et l'avait presque oublié. Maintenant, il avait l'impression que c'était hier et même les yeux clos, il revoyait les deux émeraudes le dévisager. Il l'avait admis depuis le temps, oui, il avait eu un sérieux coup de coeur pour la jeune fille. Heureusement sa raison lui dictait que c'était tout à fait normal. Ce qu'elle avait fait cette journée avait impressionné tout le monde alors un adolescent comme lui à cette époque avait forcément succombé. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi, pourquoi ce rêve maintenant ? Après toutes ces années...

Un grésillement le ramena au présent. Il prit son comlink.

"Obi-Wan ? Nous n'allons pas tarder à arriver.

- J'arrive Maître", répondit aussitôt le Padawan.

Le jeune homme rejoignit Qui-Gon dans le cockpit du vaisseau. Enchaîner les missions était décidément épuisant.

La flotte de la Fédération du Commerce était en effet en vue. Qui-Gon lui fit un signe auquel Obi-Wan répondit d'un hochement de tête. Ils étaient prêts pour leur mission.