Ces personnages me fascinent tant, et vous aussi, chers lecteurs, que je n'ai pu m'empêcher de leur concocter un destin alternatif. Et si Sesshoumaru-sama avait décidé, au lieu d'amener Rin avec lui comme dans l'histoire « Par amour », de la laisser au village... Il serait arrivé quelque chose de totalement différent, comme vous le verrez bien!
Pour ceux qui ont déjà lu « Par amour », vous pouvez lire tout de suite la fin du chapitre 3, après les italiques, puisque les deux premiers chapitres sont pareils à « Par amour ». Myriel
Chapitre 1 – Pour notre bien, à tous les deux
Rin passa devant Sesshoumaru, suivie par Jaken qui voulait récupérer ce qu'elle venait de lui prendre. Sesshoumaru capta tout de suite le changement. L'odeur de Rin, habituellement douce et légèrement épicée, venait de prendre une tournure différente. De l'enfant sans genre qu'elle était, Rin se caractérisait, son corps allait bientôt se transformer en celui d'une femme. L'odeur était devenue plus piquante, et il y avait une touche de miel qui s'y ajoutait. Sesshoumaru soupira. Le moment qu'il redoutait était arrivé. Depuis ce jour où il était revenu de l'enfer avec son corps sans vie dans ses bras, il le savait, il devrait bientôt la laisser partir. La pensée lui donnait un goût amer dans la bouche. Mais ce soir, déjà, il devrait l'informer de sa décision.
La nuit tombait déjà, le ciel se colorait de mauves et les arbres étaient violets. La lune était déjà haute et elle donnait une lueur intense à l'environnement. Sesshoumaru s'était arrêté près d'une maisonnette abandonnée.
- Jaken.
- Sesshoumaru-sama?
- Prépare Ah-Un avec les affaires de Rin. Nous partons demain.
- Bien, Sesshoumaru-sama.
Jaken quitta tout de suite en jetant un coup d'oeil derrière lui. Sesshoumaru-sama allait-il renvoyer Rin? Il savait que depuis la deuxième mort de la petite, Sesshoumaru se sentait responsable. Cette fois, Rin avait bien failli ne jamais revenir. Jaken avait été peiné, car il appréciait bien la petite, mais il avait perçu chez son maître d'autres sentiments. La peur de la perdre, la surprise de ressentir une telle émotion, la colère de l'avoir laissée mourir, la culpabilité de l'avoir amenée avec lui, mais aussi quelque chose de plus doux, quelque chose de très rare chez Sesshoumaru-sama. L'attachement? La tendresse? Jaken ne le savait pas vraiment. Mais à partir de ce moment, Sesshoumaru-sama avait pris conscience que la petite était importante pour lui. Beaucoup plus qu'il le croyait.
Jaken hocha de la tête et marmona en marchant vers Ah-Un. Oui, définitement, la vie et le bonheur de Rin étaient essentiels pour Sesshoumaru-sama. Il y a longtemps que lui le savait. Mais cela avait dû être un choc pour son maître. Il n'était pas habitué à être lié à quelqu'un. Jaken redoutait bien que Sesshoumaru-sama pouvait vivre sans Jaken. Peut-être qu'il n'y penserait plus jamais! Mais vivre sans Rin? La petite avait apporté une touche de joie dans leur existence. Elle était vivifiante, honnête, innocente. Oui, pensa encore Jaken, Rin était essentielle. Que deviendra Sesshoumaru-sama sans Rin? Et que fera la petite? Il continua son chemin et perdit bientôt de vue son maître...
- Rin.
Rin accourut auprès de Sesshoumaru.
- Oui, Sesshoumaru-sama? Qu'y a-t-il, Sesshoumaru-sama?
- Demain, nous allons voir Inuyasha.
- Le frère de Sesshoumaru-sama? Pourquoi?
- Tu vas maintenant habiter dans son village.
Rin resta muette et des larmes montèrent rapidement à ses yeux.
- Je souhaite que tu te comportes bien.
- Se... Ssesshoumaru-sama ne veut plus de Rin? Est-ce... est-ce que Rin a fait quelque chose de mal?
Sesshoumaru lui jeta un regard. Elle pleurait déjà et elle le regardait avec une telle tristesse.
- Non Rin. Tu n'as rien fait de mal.
Les pleurs de Rin ne se calmèrent pas. Elle prit un air désespéré.
- Mais Rin veut rester avec Sesshoumaru-sama. Rin veut rester toujours avec vous!
Son cri atteignit Sesshoumaru comme une flèche. Mais il ne changea pas d'expression.
- Je sais Rin. Mais c'est ainsi. N'oublie pas d'être une sage lorsque tu seras avec eux.
La petite s'élança vers lui et elle le serra dans ses bras.
- Sesshoumaru-sama... Sesshoumaru-sama...
Sesshoumaru, contrairement à ses habitudes, eut un geste tendre et il caressa sa chevelure. Il savait bien que cette décision la blesserait. Mais il ne pouvait pas la laisser flâner avec eux indéfiniment. Surtout qu'elle allait bientôt devenir une femme. Comment pourrait-il alors répondre à ses questions? Il devait la retourner chez les humains. Même s'il n'aimait pas son frère, il savait que lui et ses compagnons prendraient soin de Rin, une humaine elle aussi. Et qu'ils sauraient lui faire vivre une vie normale, une vie qui ne menacerait pas sa existence à tout moment.
Et puis, il y avait aussi le souci de cet odeur. L'odeur d'enfant de Rin était déjà si pure et si précieuse pour lui. Maintenant qu'elle devenait plus intense, plus séduisante, Sesshoumaru craignait de perdre son contrôle, de la menacer lui aussi. Il était préférable qu'elle vive avec des humains, qu'elle trouve des amis comme elle et puis... et puis un mari, tiens, pour la protéger. Ce n'était pas sa tâche.
À la simple pensée qu'un homme la tienne entre ses bras et la fasse sienne, Sesshoumaru serra les doigts. Il ne supporterait pas de voir cela. Lorsque Rin aurait trouvé quelqu'un, il ne voulait plus jamais la voir. Il ne voulait pas savoir quand elle aurait des enfants. Il ne voulait plus la voir mourir. Elle mourrait bien un jour, mais il ne voulait pas le savoir. Pour lui, elle resterait toujours cet enfant souriante qui n'avait jamais eu peur de lui. Elle serait toujours la seule humaine digne de lui, la seule qui avait su toucher son coeur.
Rin leva la tête vers lui. La lune éclairait sa peau blanche et les larmes augmentaient l'éclat de ses yeux. Entouré de son odeur, happé par le magnétisme de ses yeux noirs, Sesshoumaru ne bougea pas lorsqu'il devina les intentions de la jeune fille. Elle s'approcha de lui, ferma les yeux et l'embrassa. Sesshoumaru ne fut pas surpris par le sans-gêne de Rin. Mais il le fut par l'étrange émotion qui l'envahissait. Un mélange de sentiment de victoire, une joie intense, un bouillon de tendresse, un désir féroce de la protéger, Sesshoumaru n'avait jamais ressenti rien de tel. Fou qu'il était!, réalisa-t-il. Le danger n'était pas pour elle, le danger était pour lui si elle restait à ses côtés. Le danger de la garder pour lui seul, le danger de la faire sienne complètement, le danger de mourir de douleur lorsqu'elle mourrait pour la troisième fois.
La caresse des lèvres de Rin dura longtemps. Le goût salé des larmes se mêlait à l'odeur de sa peau. Sesshoumaru profita de ces moments, qu'il savait être les derniers. Lorsque Rin s'éloigna, elle lui dit:
- J'attendrai Sesshoumaru-sama au village. Parce que j'aime Sesshoumaru-sama. Je serai sage, mais je l'attendrai toujours. J'attendrai que vous veniez me chercher.
Sesshoumaru ne répondit rien. Son bras enlaça la jeune fille et elle s'abandonna sur son corps. Le silence devint plus profond et Rin s'endormit, certaine d'être en sécurité, près de l'être aimé, au moins pour cette nuit. Sesshoumaru ne ferma jamais les yeux. Il se remémorait les mots de Rin. Elle l'aimait, elle l'attendrait, elle voulait rester avec lui. Pourrait-il jamais croire les mots d'une humaine? Et pourtant, Rin ne l'avait jamais déçu. Rin était spéciale. Rin était pour lui. Non. Rin serait mieux auprès des siens. Elle grandirait loin de son caractère morose, loin des dangers. C'était pour son bien. Pour le sien aussi. Il pourrait reprendre une vie normale, sans le souci de devoir la protéger à tout instant. Il serait libre. C'était mieux ainsi. Oui, il en était sûr. Et Sesshoumaru ne se trompait jamais.
