La solitude.
Plaisir divin que très peu de personnes savent apprécier. J'ai toujours été surveillée par mon père, il ne me laisse jamais seule.
Quand l'heure de dormir arrivait je me faufilais sous la couette et regardais la porte en attendant que mon père arrive, il m'avait interdis de regarder par la fenêtre. Il ouvrait doucement la porte et se faufilait jusqu'à la chaise qui se trouvait à gauche de mon lit, armé de son fusil il regardait par la fenêtre et sursautais à chaque bruit qui provenait de la forêt. Il ne m'avait jamais expliqué le pourquoi.
Je ne me posais pas trop de questions non plus, j'étais encore une enfant et je croyais que ce n'était qu'une affaire d'adulte, mais je grandissais et le besoin d'indépendance ne faisait que croître aux fils des années.
J'ai treize ans et une grande soif de liberté, l'adolescence commencent à se faire sentir. Les querelles avec mon père se font de plus en fréquente, à chaque fois je lui demande en pleurant « pourquoi ? ».
En ce seul mot toutes les questions qui n'ont jamais été répondu refont surface. Pourquoi je ne peux jamais être seule ?
Pourquoi je ne peux pas m'approcher de la forêt ? Et surtout pourquoi moi ? J'ai toujours su que quelque chose en avait après moi, alors pourquoi moi ? Je ne suis pas d'une beauté renversante, mon intelligence n'est pas supérieur à la moyenne, je n'ai jamais suscité de jalousie, je ne suis pas doté de la grâce des danseuses, je ne suis pas Renoir à la peinture ni Shakespeare à l'écriture, Pourquoi moi ?
Mon père me regarda et ouvrit plusieurs fois la bouche, mais aucun son ne sortit de celle-ci. Il se retira de ma chambre d'un pas pesant, mais avant de partir il lança un regard à la fenêtre. Avant de partir de ma chambre il regardait TOUJOURS la fenêtre
Ce jour là il partit sans lancer un regard à la fenêtre, je pris un livre et m'installa sur mon lit je ne lisais pas, je rêvassais. Je rêvais de grande étendue verte dans lesquels je pourrais courir librement, de grandes étendues d'eau dans lesquels je pourrais me baigner tout en profitant du soleil illuminant ma peau. Mais par dessus tout de la forêt. A chaque fois j'avançais vers elle mais je me réveillais au moment de pénétrer dans la lisière d'arbres. Mais ce jour-là je continuais, profitant de la senteur de la terre, touchant chaque arbre, admirant chaque bête, tout n'était que magie. Une main frôla ma nuque, je me retournai mais j'étais seule, je frissonnai de plaisir en pensant à ce mot. J'étais seule. Personne pour me surveiller, Rien. Un éclat de rire libérateur s'échappa de ma gorge, et je commençais à courir je virevoltais, sautais. Je faisais partis de la forêt.
J'arrivai dans une clairière, une silhouette était couché au milieu des fleurs je m'approchais silencieusement, j'étais accroupi au milieu des hautes herbe, lorsque je baissais mon regard sur mes jambes je remarquais qu'elles étaient nu, mes bras aussi tous mes vêtements étaient partis, désormais j'étais vêtus de feuilles, un petit cris de surprise s'échappa de me lèvres. Je relevais les yeux vers ma proie, elle était partit. La silhouette n'était plus là. Je me sentais épiée. Apparemment la solitude n'a pas duré longtemps.
Je sentis un souffle sur mon cou, suivi d'un rire diabolique. Les mots que j'entendis furent comme une révélation pour moi.
-« Tu n'es jamais seule et jamais tu ne le seras ».
Je me réveillai de ce rêve affreux sauf que je ne sentis pas la chaleur rassurante de ma couette. Quand j'ouvris mes yeux je vis la forêt et la silhouette appuyé de manière décontracté sur un arbre.
