Voilà 6 mois que l'amour de ma vie est parti. « Une rupture brutale » avait il dit. « ce sera comme si je n'avais pas existé ». Il n'avait pas menti. Tout avait disparu. Enfin… tout ce qui était matériel, car mon corps, lui, s'en souviendra à vie. Comment oublier la sensation que j'avais lorsqu'il s'approchait de moi, lorsque ses parfaites mains marmoréennes parcouraient librement mes hanches, mon cou, mon visage me faisant frissonner. Comment ne pas évoquer l'effet de son souffle, son haleine envoûtante, son regard qui ne manquait jamais de m'éblouir.
Depuis son départ, j'ai eu une période dont je ne veux pas parler et Charlie, mon père, le sait bien. Pour le coup, j'ai eu le droit à des discussions puériles et sans importance chaque jour pensant que cela me distrairait.
Une partie au fond de moi continue à penser que je vis un véritable cauchemar, mais à chaque fois que j'essaie d'analyser la situation, une douleur affreuse se réveille en moi. Un déchirement du haut de ma poitrine jusqu'à mon nombril, comme si on m'arrachait le cœur et les entrailles.
Ce qui m'a sorti de ma léthargie fut Jake. Charlie avait du mal à supporter mon état sans me faire la morale ou me menacer de me renvoyer chez ma mère. Il allait souvent « décompresser » chez Bill. De ce fait, Jake était au courant de ma misérable vie humaine et passait la plupart de son temps libre avec moi.
Nous avons pas mal joué, mais ma maladresse ne manquait pas de me blesser, ou d'égratigner quelqu'un d'autre. Au fur et à mesure que les semaines passaient, nos coéquipiers se faisaient rares. Nous avons donc décidé de passer pas mal de temps dans la forêt.
C'était un endroit paisible, où personne ne pouvait nous déranger. Il nous arrivait de passer plusieurs heures sans parler. Il savait que j'en avais besoin et le respectait. Parfois, il tentait timidement de me prendre dans ses bras ce qui avait pour effet de me figer. Rien qu'à l'idée que quelqu'un d'autre que lui puisse me toucher me tétanisait. Est-ce la peur d'oublier ses gestes ? Cela était quand même un tabou qui était difficile à briser.
Je sais maintenant qu'il était ravi du départ des Cullen – je refuse de prononcer ou même de penser son nom - car il me l'avait avoué il y a quelques semaines. Quant toute la vérité avait éclaté.
