Un concert de hurlements suraigus remplit pour la première fois les cachots vers dix heures du soir, au moment où une autre voix féminine plus basse et dure cria:

- Endoloris!

Les cris ne durèrent qu'une vingtaine de secondes, puis Bellatrix leva le sortilège de torture et laissa sa victime s'écrouler aussi bas que lui permettaient ses liens accrochés au mur.

Ce soir là, le jouet de Bellatrix était une jeune femme d'une vingtaine d'années environ, pas très grande, une moldue, très jolie avec de courts cheveux bruns, raides et assez fins, un visage de porcelaine tout en finesse avec de grands yeux noirs, quelques taches de rousseur sur le haut des pommettes et un air terrorisé.

La mangemorte sourit en constatant que sa victime ne pleurait pas, elle se contentait de la fixer avec terreur et incompréhension. C'était parfait, Bellatrix appréciait la difficulté. Elle songeait déjà aux moyens plus manuels qu'elle pourrait employer sur cette gosse, mais pas tout de suite et il faudrait en exclure certains pour ne pas la défigurer ou la tuer, la gamine ne semblait pas non plus des plus solides. Et la sorcière comptait la garder en bon état, elle ferait une esclave parfaitement correcte.

Pour l'instant toutefois, Bellatrix avait envie de s'amuser un peu et d'assoir son autorité, elle leva légèrement sa baguette et les yeux de la fille accrochée au mur s'écarquillèrent de terreur.

- Endoloris.

D'une voix calme et posée, mais au dernier moment, la mangemorte fouetta l'air de sa baguette. Un éclair jaillit et les hurlements reprirent de plus belle, cette fois ci Bellatrix lui infligea plus longtemps le maléfice. Les cris de la jeune fille faiblirent au bout d'un certain temps. Elle avait trop hurlé et sa voix était épuisée, son corps plus lent à se tordre. La sorcière annula le sort et observa sa victime.

La gamine avait les yeux complètement hagards et fixés sur le sol, sa poitrine se soulevait frénétiquement avec un sifflement inquiétant, elle tremblait de tous ses membres, ses mèches brunes étaient trempées de sueur, ses jambes ne la portaient pas et tout son poids tirait sur ses bras et épaules.

« pas vraiment solide en fait» pensa Bellatrix, « et la voilà qui s'étouffe maintenant. »

Elle fit apparaitre un petit siège pour soutenir la jeune fille, puis s'en alla en verrouillant la porte du cachots. Toutefois elle resta derrière quelques instants, jusqu'à ce qu'elle entende sa victime éclater en sanglot. Satisfaite elle rouvrit la porte et s'avança vers la gamine qui sanglotait contre le mur, elle l'avait bien sûr remarquée, mais ne parvenait pas à faire cesser ses larmes. Bellatrix la saisit par les cheveux et tira sa tête en arrière, lentement et sans trembler:

- Quel est ton nom? Et quel âge as-tu? Demanda la sorcière

La fille répondit entre deux sanglots:

- Je m'appelle Ma… Maryline Kasane… Et j'ai dix neuf ans.

- Parfait Dit la sorcière, mais à partir de maintenant tu t'appellera Mary, je vais faire de toi mon esclave personnelle.

Un éclair de colère passa dans les yeux de l'adolescente

- Mon nom est et restera Maryline! Ce n'est pas quelqu'un comme vous qui y changera quoi que ce soit!

Bellatrix la frappa au visage, la jeune fille ne baissa pas les yeux, elle recommença plus fort, cela ne marcha pas non plus. Elle tira sa baguette:

- Endoloris!

La gamine hurlait et se tordait dans tous les sens, la sorcière ne levait pas le sortilège, cela faisait presque une minute, elle envoya une décharge plus violente. Maryline s'évanouit.

22 février: 2h du matin

Sebastien s'écroula sur son lit en larmes, pourquoi fallait t-il que ce soit arrivé à elle? Il voulait courir dans les rues et l'appeler mais il savait que cela ne servait à rien, le serial killer qui sévissait dans la région était un génie absolu, et surement un fou. En un mois, seize jeunes filles avaient disparu, dix sept maintenant avec Maryline. Et ce malgré toutes les précautions prises, de plus en plus sévères.

C'était toujours le même scénario, une jeune fille entre treize et vingt-deux ans disparaissait mystérieusement et en silence, pas de cas d'agression, pas de témoins. Pour l'instant aucun corps n'avait été retrouvé.

Cela avait commencé le 23 janvier, Cécile Martin 16 ans n'était jamais rentrée chez elle, une amie l'avait vraisemblablement accompagnée sur une partie du chemin de retour du lycée, en plein après-midi! La jeune fille semblait donc s'être volatilisée pendant les 200 mètres restants du trajet, pas de traces d'agression ou de lutte quelconque, les riverains n'avaient rien vu ni entendu.

Le 26, c'était Annie Lenot 18 ans, qui avait disparu vers 20 heures en se rendant chez son copain. Ses parents l'avaient vue pour la dernière fois vers 19h30, puis plus rien. Jusqu'à ce qu'inquiet, le jeune homme appelle leur maison.

Dans la nuit du 2 au 3 février, Mégane Soulingeas 20 ans et sa sœur Léa 18 ans s'étaient également volatilisées sur l'autoroute Paris-Lille, un routier à qui on avait montré une photo disait les avoir peut être aperçues sur une aire en train de se reposer. La police avait tenu compte de son témoignage car il affirmait que la plus jeune des demoiselles semblait malade, les parents avaient confirmé que Léa supportait très difficilement la voiture.

La cinquième victime n'avait plus donné signe de vie depuis le 5 fevrier, il s'agissait de Béatrice Nagin 22 ans, la faculté de droit avait donné l'alerte après deux jours d'absence et une impossibilité totale à la joindre.

Le kidnappeur était repassé à l'acte le 8 février, Maureen Devilgrass 18 ans avait disparu, la jeune irlandaise sortait de la bibliothèque municipale vers 16 heure, on ne l'avait plus revue depuis.

Puis Sonia Carcavet et son amie Laura Vincent s'étaient également envolées, elles étaient encore à ce jour les deux plus jeunes disparues, âgées respectivement de 13 et 14 ans. C'était le 10 février.

Ines Tessier 15 ans et Virginie Lenoir 19 ans manquaient à l'appel le lendemain.

Le personnage avait semblé se calmer pendant six jours, mais le 17 février, 4 jeunes filles avaient disparus dans des circonstances incroyables, toutes dans la même rue commerçante : Anna Laurent 15 ans, Méline Ours 17 ans, Ludivine et Solange Grenat 16 et 18 ans.

Le 18 février, deux cousines de 16 et 17 ans, Kate et Armande Lonnay s'étaient à leurs tours envolées alors qu'elles roulaient en scooter.

21 février, 21 heure,

Sebastien et Maryline étaient ensembles sur le canapé à regarder les JO de Vancouver en DVD, la scène la plus normale chez eux. Une bourrasque avait ouvert la fenêtre de la salle de bain, Maryline s'était levée pour aller la refermer comme il faut. Elle n'était pas ressortie de la salle de bain, elle s'était volatilisée.

22 février, 6h00:

Bellatrix arpentait les couloirs du château Lestrange, on aurait dit un spectre mortuaire. Grande, maigre, cheveu, œil et habit noirs. Elle s'arrêta prés de la porte d'un salon, une jeune fille, presque une fillette s'activait à enlever la poussière sur les meubles. Il s'agissait de Sonia, sa sixième victime. Elle semblait différente des autres, toutes plus matures et terre à terres, mais elle avait aussi quelque chose en plus, c'était pour cela que Bellatrix l'avait capturée.

Elle avait de longs cheveux bruns et frisés avec des reflets roux, des yeux marrons charmeurs et malicieux. Bellatrix la dépassait d'une tête et demie.

21 février, 21h30

- Je vous l'assure monsieur le commissaire! Je l'ai perdue de vue moins d'une minute! Elle s'est rendue dans la salle de bain tout en continuant à discuter, et d'un seul coup elle n'a plus rien dit! Je ne comprends pas… à trois mètres de moi… Je vous dis, je me suis précipité… Et… évaporée… Et rien à la fenêtre!

- Je comprends bien! Répondit le commissaire avec une grimace désabusée, avec votre amie cela fait dix sept jeunes filles qui ont disparu, pourtant nous n'en savons pas plus que vous! Nous n'avons aucun élément, pensez que trois jeune filles ont disparu dans la même après midi alors que la rue Blaise Pascal était sous surveillance policière! Nous avons affaire à un monstre qui possède un génie à couper le souffle…

Sebastien insista, il voulait des réponses et surtout la pensée de Maryline entre les mains d'un psychopathe pervers lui brulait le crane. Au bout d'un moment, il s'aperçut que le commissaire Soulier l'observait attentivement, indécis visiblement. Sebastien se demanda s'il ne se préparait pas à le mettre à la porte. Toutefois après quelques minutes, le policier se leva:

- Monsieur Tenard, jusqu'où êtes vous prêt à aller pour retrouver votre compagne? Que pouvez vous supporter?

- Tout! La mort même!

- En êtes vous sûr?

- Oui, répondit Sébastien

Le commissaire Soulier, lui fit signe de se lever:

- Suivez moi alors, dit il.

Sebastien acquiesça et sortit du bureau à la suite du commissaire, celui-ci le conduisit dans une pièce plus grande au sous sol. Visiblement il s'agissait d'un ancien hangar transformé en… En endroit bizarre. C'est tout ce qu'il pouvait en dire, il n'était pas un grand fanatique de la police criminelle:

- Hisher! Benbelaïd! Appela le commissaire

Deux autres policiers apparurent alors, un homme et une femme

- Voici Abdel Benbelaïd et Josiane Hisher, chers collègues ce jeune homme s'appelle Sébastien Ténard, son amie Maryline Kasane a disparu il y a environ une heure.

Les deux invitèrent Sébastien à faire le récit des faits, puis ils le raccompagnèrent chez lui pour fouiller l'appartement.

En sortant vers une heure trente, presque bredouilles, Abdel et Josiane discutèrent un moment avec le jeune homme:

- A part ces empreintes sur la fenêtre, il n'y a rien qui puisse nous aider, on va juste pouvoir dire si la personne qui a enlevé mademoiselle Kasane est bien l'agresseur que nous pistons depuis un mois. Expliqua le policier

Josiane compléta:

- il faudrait que vous reveniez demain au poste pour de plus amples expliquations, le commissaire Soulier et nous même avons une proposition à vous faire.