- NUMB SOULS -

Cette histoire est un Crossover léger entre Twilight et un autre roman de 1871, que les connaisseurs reconnaitront. Elle utilise le monde de Twilight(ses règles,...) mais en aucun cas ses personnages, l'un des personnages principaux est tiré du roman de 1871. L'époque est actuelle et l'histoire se déroule en Belgique, même si la description des lieux n'est pas encore très présente.

Lors des deux premiers chapitres, l'histoire est narrée par un narrateur extérieur puis est racontée par un adolescent qui j'espère vous plaira. Il pourrait encore y avoir d'autres switch de narrateurs dans les chapitres suivants, ça reste à déterminé.

Toutes les critiques et remarques sont les bienvenues.


Chapitre I : Cœur Amer

18h45, Mademoiselle Ouhar, professeur d'Anglais de son état, déverrouilla le local. La ponctualité n'était en général pas son fort, mais, quitte à rester seule un moment, autant que ce soit hors de son appartement.

Trop de douleur, trop de souvenirs, trop de promesses rompues hantaient les murs du domicile. Ce domicile devenu froid, elle le partageait il y a de ça encore quelques jours avec son beau Londonien. A sa plus grande joie, il avait accepté de la suivre jusqu'ici.

Ici c'était l'endroit qu'il lui fallait pour s'épanouir, loin du bruit et de l'agitation des grandes métropoles. Une jolie petite ville, quelques magasins ici et là, quelques restaurants et le tout traversé par une rivière. Rivière au bord de laquelle elle aimait encore se promener, il y a quelques nuits de cela, au bras de celui qu'elle chérissait.

Aujourd'hui, tout cela elle voulait l'oublier. Le calme, autrefois si aidant pour vivre l'instant présent, lui laissait maintenant toute la place nécessaire pour ruminer les promesses brisées. Oh bien sûr, il restait de l'espace et du temps, mais ils furent vite remplis par les souvenirs encore plus présents de ce qu'elle avait vécu, tous ces souvenirs maintenant marqués d'un grand tampon : Mort et enterré.

Les villes qui l'avaient autrefois tant dérangée aujourd'hui l'attiraient. Se noyer dans leur bruit, rencontrer des personnes inconnues qui, espérait-elle, ne lui rappellerait en rien la personne qui lui avait été fatale. En cet instant c'est tout ce qu'elle désirait.

Aucun espoir de retour à sa situation si stable et si agréable ne lui était permis, pas après la lettre. Même avant celle-ci elle savait que quelque chose n'allait pas. Son bel Anglais semblait déchiré, absent parfois, perdu dans ses pensées. Il refusa de lui dire ce qui le rendait si absent, jusqu'à la lettre.

De sa plus belle écriture, il expliquait tout, de sa rencontre avec l'autre, de son amour pour cette dernière, semble-t-il beaucoup plus puissant et vrai que leur petite amourette. Il paraissait vraiment l'aimer cette fille, au vu de la passion qui parcourait le papier désormais imbibé des larmes de la laissée-pour-compte. Elle n'en voulait qu'à lui cependant, à celui qui lui avait murmuré tellement de belles choses à l'oreille, tellement de possibles vérités rassurantes qui s'avéraient aujourd'hui être des mensonges, anéantissant ainsi tout ses projets, ses espoirs, son avenir.

Elle ne parvenait cependant pas à en vouloir à l'autre fille. En y réfléchissant, et dieu sait qu'elle y réfléchissait, l'enjeu était de taille. Elle-même serait prête à faire souffrir une autre autant qu'elle, elle souffrait maintenant ; ne serait-ce que pour gouter au plaisir d'être à nouveau dans ses bras, un mois, une semaine, un jour ou même juste une heure.

Mlle Ouhar frissonnât dans la classe vide, comme ressentant le besoin de se blottir sur une poitrine accueillante. Son esprit vagabonda, tel celui d'une petite fille, à travers ses souvenirs, sa nostalgie pour finalement que celui-ci finisse inévitablement, encore une fois, par s'écraser sur un mur de ressentiments et de regrets. Ne pouvant plus retenir l'émotion, la boule dans la gorge de Mlle Ouhar arriva à saturation.

Au moment où sa première larme toucha le bureau, la porte s'ouvrit et le premier élève fit son apparition. Constatant les larmes qui remplissaient maintenant les yeux de Mlle Ouhar, il s'enquît alors de son état par une question aussi stupide qu'inutile :

-Tout va bien Mademoiselle?

A laquelle elle répondit comme il se doit :

-Oui oui, juste un petit coup de blues ne t'en fais pas, excuse-moi une minute.

Après quoi, elle s'éclipsa dans les toilettes destinées aux enseignantes en vue de se ressaisir.

Lorsqu'elle revint aucun élève ne manquait, ils n'étaient que cinq : trois filles et deux garçons. C'est une des raisons pour lesquelles Mlle Ouhar avait choisit ce type d'enseignement ; peu d'élèves et uniquement des élèves qui avaient choisi ce cours par intérêt ou tout du moins des élèves pour lesquels leurs parents avaient choisi.

C'est notamment le cas d'Edwige, plutôt tête en l'air et pensant plus à faire la fête qu'autre chose. Malgré tout, elle suit le cours et ne se débrouille pas trop mal pour quelqu'un qui n'a pas la passion de la langue. Blonde et élancée, elle est reconnue pour ses qualités esthétiques plutôt qu'intellectuelles, ce qui nous amène d'ailleurs à l'élève suivant : Greg.

Greg n'est pas là par passion pour l'Anglais et ce ne sont pas non plus ses parents -premiers surpris de son nouvel intérêt pour la langue de Shakespeare- qui l'obligent à assister à ce cours. Edwige est l'objet de son attention, cela fait maintenant quelques mois qu'ils se voient, le parfait petit couple d'ados. Plutôt gentil comme garçon, pas extrêmement brillant mais très bon footballeur. Ses parents sont d'origine italienne. Il possède un visage d'une beauté plutôt commune, est doté d'une belle musculature et a les cheveux noirs et courts.

A sa droite, Georgia est réellement passionnée par le cours, demandant sans cesse des précisions. Première de sa classe, son niveau de connaissances scolaires égale celui des moqueries dont elle peut-être victime concernant son apparence. Des lunettes, une peau acnéique, des vêtements qui la mettent peu en valeur, un niveau en sport qui frôle les pâquerettes, un vrai cliché ambulant. Même si certaines de ses questions durant le cours de Mlle Ouhar font souvent lever les yeux au ciel à plusieurs élèves, le groupe est suffisamment petit pour qu'elle n'y soit pas importunée ou la cible de railleries.

La dernière fille se prénomme Eliane, plutôt discrète et distraite, elle possède une beauté naturelle mais qu'elle ne met en valeur ni par du maquillage, ni par des tenues avantageuses. Ses cheveux sont longs et châtains clairs, elle les attache généralement. D'une nature timide et renfermée, elle se confie peu et ne fréquente pas d'autres élèves en dehors des cours. Ce cours est d'ailleurs la seule activité extrascolaire à laquelle elle participe. Sans y exceller, son niveau est plutôt correct quand elle n'oublie pas la question qui vient de lui être posée, ce qui arrive de temps à autres. Elle prend place à côté de Daniel, qu'elle connait depuis longtemps mais qu'elle n'avait pas revu depuis cinq ans, lorsqu'ils ont choisi une école différente pour l'enseignement secondaire.

Ce dernier est également plutôt distrait, de taille moyenne et aux cheveux châtains et courts. Relativement musclé sans être baraqué, il est bon sportif sans pour autant briller lors d'éventuelles compétitions. Un gars plutôt banal en somme si l'on omet ce petit quelque chose dans son regard qui imprime une certaine lassitude, comme s'il avait vécu plus de choses que son âge ne le laisse penser.

Les cours sont généralement calmes, tout se passe de manière orale, de simples discussions en anglais, alimentées par l'actualité ou un éventuel sujet proposé par Mlle Ouhar. Les échanges ont lieu entre elle et ses élèves, jamais entre élèves. L'ambiance qui règne dans la classe est assez bonne sans être des plus joyeuses.

Le climat était cependant devenu plus pesant cette semaine, s'accordant à la cause de ce changement, l'état émotionnel de Mlle Ouhar. Ses phrases se faisaient plus lourdes et on pouvait entendre la boule dans sa gorge retenant le flot de ses émotions au fur et à mesure qu'elle distillait les mots dans la langue de celui qui l'avait dévastée. Le temps se passa jusqu'à la fin du cours, se distordant au rythme où refaisaient surface les traces de l'amour perdu.

22h, il était temps pour Mlle Ouhar de rejoindre son appartement vide, elle souhaita une bonne fin de soirée aux élèves tout en rangeant ses affaires. Elle verrouilla ensuite la porte du local et se dirigea enfin vers son véhicule ne remarquant pas l'ombre discrète installée sur le siège arrière.