Titre : Trauma
Auteur : Solène
Rating : K+ ou PG+13 au moins.
Spoiler : Aucun. Avant la Saison 1.
Résumé : Ce qui est à l'origine de la blessure intérieure de Kruck. Préquelle de "Explorer, et après… ?"
Disclaimer : Comme d'habitude… Pas d'argent. Pas propriétaire de la série Stargate Atlantis et de tous les attenants. Bien que cela ne se passe pas dans la galaxie de Pégase, mais sur Terre ! Seul le personnage de Stan Kruck m'appartient et les autres apparaissant. Pas d'apparition des autres persos, par conséquent. Logique ! lol
Note : C'est suite à une remarque que m'a faite Tiphaine à la review de chapitre 05 de "Explorer, et après… ?" : que tous les persos finiraient à l'asile psychiatrique. Je me suis dite que je pouvais intégrer cela au passé de Kruck que je n'ai qu'effleuré au chapitre 08… Et puis, c'est mon perso masculin préféré dans mon équipe ! Et je ne suis pas la seule d'ailleurs !
Note spéciale : Je tiens à remercier Sady et Tiphaine, mes précieuses amies, sans qui je n'aurais jamais continué au-delà de l'ébauche. Ce sont leurs encouragements et leur soutien sans partage, ainsi que leur avis franc, qui m'ont aidé à me dépasser et à écrire cette fic avec tout mon cœur et toute mon âme. Je ne les remercierai jamais assez… Merci encore ! Mes chéries adorées !
Note de l'auteur : Je tiens énormément à cette fic. L'âme de quiconque est précieuse et fragile. Même celle d'un personnage de fiction. Et surtout celle d'un personnage que l'on a créé de ses mains. Alors, respectez-la. S'il vous plaît… C'est tout ce que je vous demande…
Avertissement : Certaines scènes et pensées peuvent choquer de part leurs natures agressives, cruelles et morbides. C'est du angst. Sans fioritures. Et surtout du côté psychologique. Vous êtes donc prévenus…
Précisions : Cela pourra vous paraître pas très clair par moment. C'est normal. C'est la vision et les impressions de Kruck sur le moment que vous lirez. Cela reflète son état d'esprit. C'est en fait un récit fait part lui. C'est son point de vue. Je ne suis que la personne dépositaire de son histoire qui la retranscrit sur le papier.
Indications : Les phrases en " italique " indiquent les pensées des personnages. Les phrases en / italique / indiquent une transmission radio reçue. Les phrases en / normal / indiquent une transmission radio envoyée.
- Chapitre 1 -
-ooO-Ooo-
Tout ce qu'il se souvenait d'abord, c'était l'odeur... L'odeur du sang et de la charogne.
Il revivait la scène dans ses rêves. Ses cauchemars, plutôt ! Mais c'était si réel ! Les psys lui avaient fait revivre cet épisode en hypnose, en discussions… Il aurait préféré rester comme il était avant qu'ils ne se fussent acharnés sur lui : amnésique.
Il s'était réveillé au milieu des cadavres de ses coéquipiers. Il avait toujours l'impression à ce moment-là qu'il voyait tout en rouge. Mais c'était à cause du sang qui coulait d'une de ses blessures à la tête. Une balle avait manquée de lui arracher la tempe droite et des éclats d'impacts lui avaient égratigné le front, faisant ainsi ruisseler un flot écarlate sur ses yeux.
Pourtant… Il avait beau s'essuyer les yeux, il ne voyait qu'en rouge et gris. Ses camarades en rouge et le monde en nuances de gris. Parrow, Tran, Parn, Stuck, Correy… Tous. Tous étaient là. En rouge. Ce rouge carmin du sang versé. Leurs corps disloqués étaient autant de pantins désarticulés abandonnés par une farce absurde du monde…
Il tenta de se relever en s'appuyant sur sa main gauche. Elle prit appui sur un corps dont le visage était celui de Correy, déformé dans une agonie éternelle. Mais la douleur déchirante qui lui prit le bras dans son étau le fit tomber tout contre le corps de ce dernier. Reprenant laborieusement son souffle, il rouvrit les yeux et tomba nez à nez avec le visage carmin connu qui lui apparaissait comme une de ces peintures de De Vinci, si vivantes dans leurs expressions. Ce qui retint son attention fut le flot sombre qui s'échappait du coin de la bouche de son ami. Il venait descendre le long de la mâchoire du jeune homme de vingt-quatre ans et gouttait lentement de la pointe du menton sur sa main qui l'avait lâché. Il regardait, fasciné, la chute des gouttelettes sombres. Une à une. Ploc ! Ploc ! Ploc !
Le docteur disait toujours que c'était une pure imagination de son esprit alors. Car le sang ne pouvait couler aussi vite après la mort. Qu'il était en état de choc psychologique suite aux blessures - surtout celle à la tête - et au fait d'avoir vu mourir ses camarades.
Mais il y avait la sensation. La sensation de l'impact et de la tiédeur… Il sentait même l'odeur du sang frais qui montait à ses narines. L'odeur de fumée lourde des décombres fumants. L'âcreté de la poudre utilisée. Et surtout le parfum insidieux de la mort. La mort de ses camarades. De ses amis. Alors… à chaque impact sur le dos de sa main lui faisait penser : " Tu es vivant ! Pas lui ! Pas eux ! Pas tes amis ! "
Il réussit tant bien que mal à se redresser. Il avait une douleur lancinante aux côtes qui l'empêchait de respirer normalement. Et son épaule gauche ne répondait plus. Seule une douleur déchirante en irradiait lorsqu'il tentait de bouger son bras.
Son regard se porta autour de lui.
Tout n'était plus que désolation. Tout le quartier en avait pâti. Rares étaient les bâtisses tenant encore debout. Pratiquement toutes étaient éventrées, de la cave au toit. Scène macabre de tranches de vies. Il distinguait même quelques silhouettes prises sous les décombres. Un nounours brun dont la peluche s'enfuyait dans la brise des incendies pendait en se balançant doucement tel un pendu le long d'une poutre éclatée d'un plancher, retenu par son ruban jaune, le reste d'un nœud papillon amoureusement fait.
Curieusement, c'était la seule chose qu'il voyait en couleurs, dans ce monde rouge et gris. Ce monde de folie humaine.
Il entendait les claquements secs des mitrailleuses, les cris haineux, les râles d'agonie et les bruits cinglants des explosions. Mais cela lui paraissait être ailleurs. Il devait rêver… Un rêve qui était un cauchemar… Il allait sûrement se réveiller dans son lit à la caserne !
Pas de réveil salutaire…
Il leva les yeux au ciel. Tout ce qu'il put voir était que quelques lambeaux gris noyés dans les masses houleuses des nuages noirs.
" Il va pleuvoir… ? " Sa voix lui parut irréelle. Il avait du mal à la reconnaître avec ses accents aigus et hachés.
Un nuage de fumée se rabattit sur la zone, le faisant tousser. Ses yeux le picotaient furieusement, mais il n'avait pas de larmes à verser. Le déchirement de sa poitrine lui fit souffrir le martyre. Et il expectora un liquide sombre.
Quand un caprice du vent balaya le nuage nocif, il se retrouva sur le dos, complètement épuisé. Sa tête roula sur le côté et le visage de Tran lui apparut. Ce n'était plus qu'un regard vide, absent. Des traînées noires lui mangeaient la face et une partie de sa mâchoire avait été emportée.
Aucune émotion. Rien. Il ne ressentait rien. Pourtant, c'était un de ses amis…
C'était juste un des visages de la Mort. Un de Ses nombreux Visages. Rien de plus. Rien de moins.
Il était isolé. Là. Seul avec Elle. Acteur d'un de ses pantomimes macabres dont Elle avait le secret. Et, qu'il le veuille ou non, il jouerait son rôle jusqu'au bout.
-ooO-Ooo-
- A suivre… -
Propos de l'auteur :
J'espère que vous avez aimé. Et que vous me ferez part de vos avis et vos impressions. J'attends vos reviews ou mails avec impatience !
J'ai pris un énorme plaisir à écrire cette fic. Vraiment. Et je continue à y prendre autant de plaisir à l'écrire…
D'une part, parce que le sujet me tenait très à cœur : j'ai pu me plonger complètement dans la psyché d'un personnage. Surtout d'un personnage que j'affectionne particulièrement. Malgré qu'il ait été créé de mes propres mains, et surtout aussi pour ça ! ;)
Et d'autre part, parce que cette fic me permet de me lâcher complètement : de plonger dans toute l'horreur que peut être le mode du angst. Sans ton d'humour pour alléger quoi que ce soit. Particulièrement, de montrer toute la douleur d'une âme humaine. Ce qui, je crois, est le plus atroce. On peut rester stoïque devant des images de massacres, ou plaindre les victimes. C'est le côté purement physique. Mais on ne peut rester indifférent ou détaché quand on vous expose sans complaisances aucunes, à nu, crûment, les sentiments de ces martyrs, leurs pensées, ce qu'ils ressentent. Qu'on le veuille ou non, cela nous fait réagir. D'une façon ou d'une autre…
En tout cas, je souhaite que vous ayez passé un bon moment de lecture. Et que vous aimerez la suite…
