Yo !
Voilà, je découvre petit à petit les concerts dans les bars parisiens, et j'avais envie d'écrire ce genre d'ambiance, parce que c'est la première fois que j'aime ça, d'avoir trop chaud, les oreilles trop pleines, d'être entourée de gens que je connais pas.
Pour le genre de musique, c'est quelque chose genre The Clash, dans l'idée, ensuite faites-vous votre propre avis, tant que c'est quelque chose avec un tempo qui se danse bien et vite. Oui, The Underground Youth est le nom d'un groupe aussi, mais je trouve que leur musique correspond plus à l'ambiance de l'histoire qu'à la musique jouée ici. Non parce qu'on danse pas pareil que sur du rock'n'roll, quoi.
Bon, je préviens tout de suite, dans cette fiction, Hanji est un garçon. Pourquoi ? Parce que l'auteur lui-même a dit que ce personnage n'avait pas de sexe, et si l'édition française a décidé de parler d'Hanji au féminin … bah c'est un peu une erreur. En fait, on n'a pas de manière non-sexuée de désigner quelqu'un en français et plutôt que d'utiliser – comme l'avait suggéré l'auteur – équitablement les pronoms féminins et masculins, la grammaire féminine est celle d'Hanji. Pour moi, Hanji n'a pas de sexe, mais comme j'ai la flemme de chercher je ne sais combien de solutions pour parler de ce personnage au neutre, j'ai décidé d'essayer d'écrire autant d'histoires sur Hanji en tant que personnage féminin que masculin puisque, n'étant ni l'un ni l'autre, Hanji est les deux.
(Vous noterez que sur ce paragraphe, j'ai fait gaffe à parler au neutre d'Hanji, et c'était chiant à faire.)
Bonne lecture !
Underground Youth
Première mesure : Concert
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T'es au courant que tu peux pas faire ça ? Personne ne fait ça, d'avoir les yeux qui brillent, le regard enflammé, le corps qui se secoue aussi vite et aussi violemment. T'as, souvent, les paupières baissées mais ça se sent, que tu mates la musique avec tes bras, tes pieds qui doivent capter ce qu'on envoie dans le sol.
Je voudrais bien que tu sois pas là, tu suis trop bien le rythme, ça me déconcentre. Au premier rang, il me semble que t'es presque sobre. Il est deux heures et demie, ça fait bien trois quarts d'heure que les clients se sont dit que ce sous-sol ferait un chouette fumoir. Ça me dérange pas, personnellement, et je sais que dès que j'aurai les mains libres je m'en allumerai une. Pour l'instant ce qui m'allume c'est toi. Je ne vois pas clairement la couleur de ta peau, mais c'est un peu mate, non ? Ouais, ça doit être chaud, parce que ça m'allume et ça me brûle, et les soubresauts qui agitent ton corps et la sueur sur ta peau, que je vois briller, refléter les projecteurs, rouge, rouge, bleu, blanc, blanc, rouge, rouge, les ailes de ton nez scintillent je suis sûr qu'on pourrait facilement suivre une goutte de sueur le long de ton cou, de ton torse tellement tu es en nage, tes cheveux sont bien humides de ta transpiration. Je me dis, c'est dégueulasse, j'espère que tu vas prendre une douche en rentrant, d'un autre côté j'ai envie de te toucher et que cette foutue douche tu la prenne chez moi, avec moi.
T'es rien, rien, rien qu'un gosse, t'es sûr d'avoir dix-huit ans ? Les videurs t'ont laissé entrer ? C'est la faute à la rage dans ton regard, t'es rien qu'un ado, tu devrais pas être là, t'as pas le droit. Ils avaient pas le droit de te laisser entrer, de me faire ça à moi. T'as l'air d'un monstre. Tu danses pour toi, c'est violent et saccadé, ça a rien de sensuel, ou plutôt c'est pas fait pour ça, tu te déhanches pas, tu te déchaînes, c'est tes épaules qui se haussent d'un coup, ton bassin qui se rétroverse comme si tu venait de te prendre un coup de poing, je sens ton souffle fébrile, pas maîtrisé, tu danses juste pour le plaisir, pas pour être sexy mais je te jure, je te jure que si j'étais pas aussi à fond dans la musique, si tout mon sang n'était pas déjà dans mes mains, dans mes jambes tout irait vers mon sexe.
C'est le moment de mon solo, tu regardes la scène, je regarde ma batterie, Hanji, Erwin, tout pour éviter tes yeux que je sens sur moi. Mais ça marche pas. Je croise ton regard et je remarque que t'as arrêté de danser, tu bouges plus. Ou alors, tes yeux. Tes yeux battent la mesure, c'est perturbant. J'arrive pas à analyser ton expression.
Le morceau s'arrête, c'est le dernier des derniers, c'était notre ultime rappel, j'entend tes cris, ta voix est rauque, la sueur née entre ton nez et ta bouche perle sur tes lèvres entr'ouvertes, vraiment bandant. Une main t'attrape, et tu disparais. Sale gosse.
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« Ouah, j'en peux plus ! »
Il dit ça à grand renfort de gestes exubérants, si bien qu'on ne croirait pas vraiment qu'il est fatigué. Je suis un peu déçu du DJ du bar, mais bon, plus personne ne danse ici, tout le monde boit et parle fort. Je te cherche des yeux un instant, mais j'abandonne. Je sirote mon whiskey tranquillement. J'ai déjà descendu une demi-bouteille d'eau, mais j'ai toujours soif. J'aurais dû prendre une bière.
J'entr'aperçois une ombre qui te ressemble, mais elle s'évapore avant que je puisse seulement réagir. L'épuisement entrave mes gestes, contrairement au tapé qui continue de frapper le bar en riant.
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« C'est sortie définitive. »
Ça ma soûle un peu, je regarde Hanji et Erwin. L'autre fou a un regard suppliant, alors je lève les yeux au ciel et il embrasse ma joue. Il sent la vodka. Je sais qu'Erwin va rester avec lui, ne serait-ce que pour le surveiller, alors je lui tend la main et il la serre. C'est un peu solennel, mais ç'a toujours été comme ça. Je passe devant le vigile, pour la connerie qu'est la nicotine, et je refuse d'aller dans leur fumoir dégueulasse.
Je m'éloigne de quelques pas pour m'adosser contre le mur. Un groupe de jeunes m'interpelle, je les sens hésitants, c'est normal, j'ai une gueule à faire peur, mais qu'est-ce que vous voulez, on s'y fait.
« Excusez-moi on pourrait … avoir un autographe ? On a pris votre EP juste là et …
—Ils sont encore dedans. »
Je les entends jurer, ils se cognent mutuellement les épaules, des « Je te l'avais dit, on aurait dû rester ! — Comment j'aurais pu savoir ? », et puis ils s'éloignent. Hanji ou Erwin les auraient au moins remercié d'avoir acheté l'EP. Merde. Marre de foutre de la merde, je suis pas le putain de service com. du groupe.
Et là, t'arrive. La main de tout à l'heure est sur ta hanche, elle s'y accroche comme une foutue moule à son rocher. Y a ce type qui t'embrasse, tu connais la décence, oui ou merde ? C'est un foutre de lieu public ici, pas un bordel, pas un hôtel. Il est plus grand que toi, mais il a pas l'air malin. Il a une bouteille de bière à la main, et de ce que je vois, ça doit pas être sa première. On est tout juste en mai, il fait doux, mais ton gars il a quand même sa chemise grande ouverte, c'est limite. Ceci dit, t'es pas forcément mieux avec ton débardeur trop grand … il est à lui ? Tu passes une main dans tes cheveux et soupire un bon coup. Tu lui tends la main et il sort un paquet de cigarette. Plus qu'une. T'essaies de l'attraper, il est plus rapide. Tu le frappes, il te frappe, t'as un sourire rageur, tu sais ? Et c'est à lui que tu souris. Rageant. Tu finis par abandonner, plus ou moins, quand il te prend dans ses bras. Sérieux, j'ai pas envie de voir ça. Il profite d'avoir les mains dans ton dos pour s'allumer la clope sans que tu puisses rien faire. Tu trépignes, et c'est beaucoup trop adorable pour que ça soit normal. Tu te dégages de lui, tu viens vers moi. Il a levé les yeux au ciel, tu le boudes ? Dis-moi que tu le largues parce qu'après tout, je suis plus beau, plus intelligent, plus fort, et puis il me reste des cigarettes.
Tu te plantes devant moi, t'es arrivé là avec le pas sûr mais tout à coup t'as comme l'air impressionné. Tu me regardes de haut, mais tes pupilles tremblent. T'as les épaules découvertes, la pellicule de sueur qui la recouvre doit être glacée. Pourtant, t'as à peine la chair de poule, sur la peau de ton cou, et de tes avant-bras. T'as l'air de te rappeler de quelque chose, tu fouilles dans les poches de ton jean.
« Désolé, c'est que, je m'demandais si c'était possible d'avoir un autographe ? Enfin, si ça vous emmerde, j'veux dire, si vous voulez pas, j'comprends. »
Vraiment, tu t'exprimes comme un gosse. J'imagine que ça aurait pu être pire, cependant, t'aurais pu dire « Déso, askip c'est possible d'avoir une dédicace ? Sauf si ça fait trop iéch, quoi. », donc on va dire que ça passe.
« Ils son encore dedans. »
Ça te la coupe, hein ? T'ouvres la bouche, un peu, comme si tu voulais continuer de parler, puis tu la refermes, tu regardes tes pieds. Désolé, je suis porteur de déception. Allez, retourne voir ton chum et passez une bonne nuit, les enfants.
« Non, mais, de vous. Un autographe de vous, quoi. Parce que c'que vous balancez, c'est vraiment trop bon, c'est … »
Tu finis pas ta phrase, mais tes yeux s'illuminent. T'as l'air de te refaire le concert dans ta tête, tes veines vibrent sous mes basses, t'as ça sous la peau. Alors tu aimes vraiment la musique. Je prends le CD un peu violemment peut-être, t'as l'air surpris.
« Ton nom. »
Tu penches la tête sur le côté. La question est pas compliqué. Je n'explicite pas ma pensée, j'attends. L'information met quand même plusieurs secondes à arriver au cerveau.
« Ah, euh …
—Trop tard, gamin. »
Tu prends un air abattu tout à fait convainquant, tu dois y croire toi-même. C'est fou comme l'humeur des jeunes gens change vite. Mais t'as quand même ta dédicace, avec marqué « Pour le Gamin, Levi. », alors tu souris. Tu me regardes aussi, l'air mi-vexé, mi-provocateur, le sourire plus en coin que franchement grinçant.
« J'ai dix-huit ans, vous savez. »
Un petit rire m'échappe. Tu te renfrognes. Si tu te voyais, tu comprendrais combien c'est drôle.
« La belle affaire. »
Tu te mords la lèvre parce que t'as rien à répliquer, sérieux, j'ai presque le double de ton âge, ou plus exactement il y a quatre ans seulement j'avais le double de ton âge(1). Tu vas pour partir mais je te retiens.
« Hé. Cadeau. »
Je te lance une clope, par bonheur pour toi tu la rattrapes sans la casser. Tu me remercies, et tu te tournes vers ton gars en minaudant. C'est son tour de bouder, tu fais mine de l'ignorer, mais quand tu passes près de lui, un coup sur ses fesses le force à te parler. Ça marche toujours.
Je prends une clope aussi, je l'allume en même temps que toi pour faire semblant, qu'on les a allumées ensemble, à la lueur de la même flamme minuscule qui aurait forcé nos visages à être trop proches.
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(1) Avez-vous calculé l'âge de Levi ? C'est le genre de calcul que j'aime bien faire dans les problèmes de maths. Donc L = 2*(18-4)+4 = 32. Voilà. Désolée.
Ça sera sûrement une fic courte, genre encore deux ou trois mesures. On verra bien. J'ai tendance à écrire extrêmement lentement, je m'en excuse à l'avance, sachez en tout cas que les commentaires motivent toujours (ça n'est en aucun cas du chantage, vraiment).
À plus !
