Un moment de bonheur, il n'en fallait qu'un. Il était évident pour Severus qu'il ne fallait pas compter sur son environnement familial, qui était des plus chaotiques. Il se demanda même pourquoi il y avait songé. Peut être pour faire comme n'importe qui se trouvant à sa place, mais dans une famille où l'on était aimé et qui était unie.
Quelle sottise ! Les seuls moments agréables dont il se souvenait était tous ceux passés en la compagnie de Lily Evans bien sûr, sa meilleure amie, (bien que lui ne soit plus sûr d'avoir un jour à nouveau l'amitié de la jeune fille) avant qu'elle ne se tourne vers un autre, son ennemi qui plus est. Elle ne lui avait plus parlé, plus adressé un seul regard, depuis ce malheureux incident, qui s'était produit encore à cause de ce misérable Potter. Elle passait son temps avec ces Maraudeurs …
Mais que leur trouvait-elle ? Pire encore, que trouvait-elle à ce petit prétentieux ? Qu'avait-il de plus que son meilleur ami, qui ne lui avait jamais manqué de respect délibérément, qui l'avait toujours aimée, qui avait été là pour elle dès le début ? Peut être que s'il lui avait avoué ses sentiments, s'il s'était décidé plus tôt à lui faire part de son amour, les choses seraient différentes, et ce serait aujourd'hui à son bras à lui qu'elle serait. Il la voulait pour lui seul, et l'éloigner d'eux tous. Pourquoi était-ce toujours aux mêmes d'avoir tout ce qu'ils voulaient ? Que ce soit dans la vie en général, surtout en amour ? Et aux mêmes d'être et de rester désespérément seuls ? Severus s'en fichait, il n'avait besoin de personne de toutes façons. De personne à part elle … Et même cela, il ne pouvait pas l'avoir, il en était privé à cause du même garçon qui l'humiliait tous les jours, qui ne fichait rien en cours, qui était si populaire, si arrogant.
Quelque chose d'heureux, il fallait se focaliser sur cela, pas sur ces vermines qui rongeaient sa vie et ses rêves.
Il pensa alors à sa rencontre avec la jeune Lily, il y a quelques années. Sa première et seule véritable amie. Il lui avait tout dit, elle l'avait écouté, réconforté les jours où il fallait, c'est-à-dire très souvent. Le premier sourire qu'elle lui avait adressé, le plus éblouissant qu'il ait jamais vu, leurs discussions sur le monde de la magie, sur Poudlard, où il avait hâte d'entrer, pour enfin échapper à ses malheurs, aux larmes qu'il versait à chaque dispute entre son père et sa mère.
Il espérait tellement à chaque fois qu'il l'apercevait, toujours aussi belle, aussi douée, et aussi généreuse envers les autres, qu'elle puisse lui pardonner, ne serait-ce que s'apercevoir qu'il l'aimait à en mourir, que tout redevienne comme avant. Ce désir était si puissant, mais hélas tout autant inaccessible.
L'espoir le guidait, il ferma les yeux, et l'espace de quelques minutes, il s'imaginait revivre la joie de lui parler, de rire avec elle, de rêver avec sa Lily, qui semblait si loin de lui désormais, trop loin à présent.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il pointa sa baguette devant lui et murmura : « Spero Patromun ».
