H.O.T.D ( sans Shido )
Chapitre 1
Le commencement de la fin
« Ce monde est vraiment ennuyant ! »
C'était à quoi je pensais, affalé sur la rempart, qui entourait le toit de mon lycée. Loin d'avoir l'envie d'aller faire cours cet après-midi, malgré le fait qu'ils avaient commencé depuis, au moins, une bonne heure, je m'efforçais à faire passer le temps, en contemplant la ville, qui s'épanouissait jusqu'au bout de l'horizon. Paix et tranquillité. C'étaient les deux mots qui qualifiait l'endroit où je me trouvais actuellement. Pourtant, malgré le fait que j'étais en train de sécher le cours d'économie, je ne pouvais m'empêcher de broyer du noir.
Il faut dire que moi, Takashi Komuro était loin d'être l'élève le plus chanceux que je connaissais. Non seulement, j'étais vu comme un élève banal par la plupart des personnes que je côtoyais ; un fauteur de troubles par mes professeurs ( je peux avouer que c'était un peu de ma faute ) et un mauvais élève pour mes parents ( là aussi, j'avoue ne pas faire le moindre effort pour ouvrir le moindre cahier chez moi ).
Pourtant, tout ceci n'était rien, comparé à la trahison dont j'avais été victime, il n'y a même pas une semaine. Pour résumer les faits, je sortais avec la plus belle déesse qui avait foulé cette planète. Elle s'appelait Rei. Grande, mince avec des belles formes et possédant un caractère bien trempé, elle avait fait battre le cœur de plusieurs, sans vraiment le vouloir, ou même s'en apercevoir. Moi même, j'avais été amoureux d'elle et, ceci, depuis la primaire. Ce fut à cet époque que nous nous sommes connus, elle et moi.
Je m'en rappelle comme si c'était hier. J'étais en train de jouer, seul, à taper un mur avec un ballon de foot, quand j'avais aperçu un camion de déménagement arrivé dans notre quartier. Quand il s'arrêtait devant l'appartement qui faisait face a mien, j'aperçus un grand gaillard en sortir, ainsi qu'une fillette. Depuis, après avoir fait connaissant, nous sommes devenus inséparables et notre amitié n'avait cessé d'accroître. Jusqu'au jour où j'ai eu le courage de me confesser à elle.
Pensant que dieu était de mon côté, je n'avais pu retenir un cri de joie quand l'élu de mon cœur avait accepté ma demande et que nous avions entamé une liaison amoureuse.
Pourtant, quelques semaines plus tard, alors que tout semblait aller pour le mieux, j'étais tranquillement parti faire des commissions pour ma mère, quand j'ai aperçu la jeune fille en train d'embrasser un autre lycéen, devant moi, en pleine rue. Bien sûr, les yeux de Rei ne purent cacher sa surprise en me reconnaissant, tandis qu'elle commençait à repousser légèrement le garçon qu'elle embrassait.
Déjà, je pouvais avouer avoir été pris de nausées, en étant témoin de cette scène. Cependant, je sentis mes yeux faire un quadruple saut périlleux quand je reconnus le visage du lycéen qui m'avait volé ma place. Le considérant comme mon meilleur ami, jusqu'à cet instant, j'aperçus Hisashi qui, aussi surpris que Rei, m'avait regardé avec étonnement tandis qu'aucun son ne sortit de sa bouche. De toute façon, qu'il dise quelque chose ou non n'aurait rien changer, car j'avais aussitôt fait demi-tour, sans demander mon reste. Depuis, je n'avais pas parlé une seule fois à ces deux traîtres, malgré les nombreuses fois où Hisashi était venu me voir pour me parler. ( Bon, j'avoue que j'ai un peu modifié
son passé et sa vie amoureuse, mais dans le manga, ça me semblait être un peu trop compliqué à expliquer en détail )
_Oh hé, oh hé !
J'ai un pote qu'à le cœur brisé !
C'est du noir qu'il est en train de broyer !
Car sa copine lui a été volé !
Et maintenant, il … !
S'arrêtant soudain de chanter, quelqu'un me demanda :
_Tu n'aurais pas une idée de rime se terminant par -er ou quelque chose dans le même genre ?
Soupirant, je ne pus néanmoins afficher un sourire, en me tournant vers le chanteur. Grand et frêle, il avait ses cheveux noirs teint en blond ici et là, et portait, au-dessus de son uniforme, un petit gilet en cuir qu'il avait à moitié laisser ouvert. Autre signe particulier était sa guitare qu'il trimbalait en permanence avec lui.
_Si tu essaie de me remonter le moral, Morita, c'est raté ! lui appris-je.
_C'est trop long ! remarqua-t-il, en faisant mine de croire que j'avais répondu à sa question ! Et puis pourquoi te remonter le moral alors que nous sommes en train de sécher les cours barbants de Kuroyama ?
_Il n'y a pas à dire ! Tu as vraiment les mots qu'il faut quand il ne faut pas ! remarquai-je, en reprenant ma position sur la rempart ! Sois gentil et va embêter quelqu'un d'autre !
Me voyant ainsi, Morita finit par poser sa guitare par terre avant de s'avancer vers moi et déclarer :
_Allez, vieux ! Je sais ce qui te tracasse ! Mais ce n'est qu'un chagrin d'amour parmi tant d'autres ! Elle était trop bien pour toi, voilà tout !
_C'est fou ce que ça m'aide ! répondis-je, avec un faible sourire.
_Cela n'aurait pas vraiment été crédible s j'avais affirmé que c'était toi qui était trop bien pour elle !
Il ouvrit soudain les bras devant lui avant de me demander :
_Tu vois ce lycée ? Et bien imagines que c'est une énorme mer regorgeant de poissons ! Si tu lances bien ton hameçon, je suis certain que tu pourras remonter une sirène dont tu seras fou amoureux !
_Comme qui ?
_Saeko Busujima ! me répondit-il, sans hésitation ! Belle ; grande ; mature … Elle a tout ce qu'il faut pour plaire aux mecs !
_Et elle est aussi capitaine du club de kendo ! terminai-je, en haussant les épaules ! Autant dire qu'elle fera sûrement en sorte de mener son petit ami par le bout du nez sous peine d'utiliser son sabre pour se faire obéir ! Ce n'est pas vraiment mon genre !
_En quoi est-ce désagréable ? me répondit-il, en affichant un visage, qui ressemblait à celui d'un chien ! Si c'est pour passer ma vie avec elle, je ferais tout ce qu'elle
m'ordonnera !
Me frappant la tête, tout en l'écoutant, je préférai lui demander :
_Qui as-tu d'autre, en stock ?
_Il y a aussi Yuuki Miku ! Sexy ; désinvolte et provocante sont les mots qui la définisse ! Tous les mecs te diront la même chose !
_En parlant d'eux, elle est sortie avec combien de garçons, déjà, durant les trois derniers mois ? l'interrogeai-je, en faisant mine de compter dans ma tête ! Je crois que nous sommes les seuls personnes, du sexe masculin, à ne pas avoir eu la chance de la tripoter ! Si tu vois ce que je veux dire ! Sans compter qu'il y a d'étranges rumeurs, autour de son père
et de son travail ! Il paraît qu'il est complètement fêlé ! ( d'après ce que je sais, c'est Yuuki elle-même qui est au centre de ces rumeurs, mais je compte les changer pour la fin de l'histoire ).
_Et alors ? voulut-il savoir, en haussant les épaules ! Comme tu le dis, ce ne sont que des rumeurs et puis, sa famille n'est pas ce qui m'intéresse le plus chez elle ! Rien que la serrer dans tes bras serait comme être au paradis !
_Et elle finira par te laisser tomber pour se rabattre sur quelqu'un d'autre ! terminai-je ! Et à la place d'un dépressif, nous serons deux !
Avant que je n'ai le temps de détruire, pour de bon, ses fantasmes, il finit par me présenter la prochaine candidate :
_Ensuite, nous avons une petite amie, plus une autre offerte ! Je veux bien sûr te parler de Natsumi et de Tamaki ! Comme Saeko, elles sont toutes les deux en troisième année et sont inséparables ! Si tu veux un plan à trois, se sont les filles qu'il te faut ! ( Dites au revoir à Toshimi et Misuzu car on ne les verra pas dans cette histoire ).
_Je sais qui elles sont ! lui appris-je, en soupirant une nouvelle fois ! Et j'ai bien peur de te dire qu'elles m'ont l'air d'être plus que des amies, à mon goût ! En plus de cela, Natsumi à tendance à faire peur, quand quelqu'un s'approche de trop près de Tamaki ! Recalé ! De toute façon, aucune fille ne peut arriver à la cheville de Rei !
Devant ce nouveau refus, Morita ne put s'empêcher de faire la moue avant de déclarer :
_Ah ouais ? Et Saya, alors ? Tu ne penses quand même pas que Rei a la moindre chance chance d'être au-dessus d'elle, quand même ? À ton avis, pourquoi je suis tombé sous le charme de cette fille, l'année dernière ?
_Celle qui est dans notre classe ? m'exclamai-je, en me tournant vers lui ! Elle est arrogante ; narcissique ; quelque peu sadique et elle adore prétendre être supérieur aux autres par son intelligence ! Je ne vois pas ce qui te plaisait chez elle !
_Le fait qu'elle est beaucoup de caractère ! m'apprit-il ! J'ai peut-être tourné la page avec elle, mais j'aime toujours les filles qui sont de fortes têtes ! Les petites timides qui ne proposent jamais rien, de peur de paraître ridicule, n'ont vraiment aucune attirance à mes yeux ! Et puis, je trouve qu'elle a beaucoup de points communs, avec Rei, au niveau du caractère !
_Pas faux ! ne pus-je m'empêcher d'approuver ! Mais t'auras beau te démener, rien ne pourras m'empêcher de broyer du noir ! À moins que tu inventes une machine à remonter le temps qui pourrait m'aider à empêcher Rei de se rapprocher d'Hisashi !
Comprenant que c'était mission impossible, mon ami finit par se résigner, et préféra reprendre sa guitare pour chanter :
_Il est rare qu'on se quitte bien
Car si on était bien
On ne se quitterait pas !
_Tais-toi ! lui ordonnai-je.
Faisant la sourde oreille, il continua de gratter les cordes tandis que j'essayai de faire le vide dans ma tête afin de réfléchir :
« Et s'il avait raison ? Si Rei n'était pas en fait celle que je recherchais ? Au lieu de vouloir espérer détruire l'incassable mur, qui nous sépare, je ferais peut-être mieux de me
tourner vers quelqu'un d'autre ! »
Levant une nouvelle fois les yeux vers l'horizon, en espérant pouvoir trouver une réponse, j'aperçus soudain une colonne de fumée, provenant de l'une des maisons, se situant au centre ville.
_Hum ? fis-je ! Il y a de la fumée !
_Quelqu'un qui fait des grillades, sûrement ! suggéra Morita, en continuant de jouer.
_Si c'est le cas, c'est sa maison qui est en train de griller ! remarquai-je, en constatant que la colonne de fumée était plutôt imposante ! Et je crois que les pompiers et leurs tuyaux à eaux seront les invités !
_Si ça avait été moi, j'aurais plutôt invité tout une équipe de cheerleaders !
Je ne pus m'empêcher de sourire en écoutant sa remarque et déclara :
_Quand à la viande, je parie que tu aurais choisi … !
Je me tus soudain, en entendant un drôle de bruit, provenant du portail d'entrée. Tournant la tête dans la direction de ce dernier, j'aperçus une personne, d'assez grande corpulence, en train de se cogner contre lui, en se servant de sa tête et le devant du corps. À première vue, j'aurais d'abord pu penser que se n'était rien d'autre qu'un retardataire qui avait tenté d'escalader le grillage, après avoir effectué un sprint jusqu'à lui, et qui s'était cogné contre les barreaux, en ratant son saut. Pourtant, les vêtements en sang de cette personne, ainsi que la blessure qu'il portait au niveau des côtes me disait le contraire. De plus, malgré son état, il continuait son geste encore et encore.
_Hé, il y a quelqu'un devant le portail ! déclarai-je.
_Pauvre lycéen ! s'apitoya Morita, en faisant mine de prier ! Je le plains, en pensant au savon qu'il va se prendre !
_Oh non ! Ce n'est pas un lycéen ! rétorquai-je, en l'examinant plus attentivement ! C'est plutôt un homme qui porte une énorme blessure à son abdomen !
Pensant que je me moquais de lui, il reprit son instrument :
_J'ai un pote, qui débloque …
Ignorant ses paroles, je ne quittais pas des yeux le drôle d'individu, qui continuait de se cogner contre le portail. Pourtant, malgré les coups et ses blessures, il ne grimaça pas une seule fois. Je dirais même qu'il ne clignait même pas des yeux. Son regard ressemblait vaguement à une personne qui était démunie de toute âme. Et, malgré la distance qui nous séparait, j'avais la mauvaise impression qu'il n'avait pas la moindre trace d'iris. Sans compter qu'un filet de sang s'échappait de sa bouche et le rendait passablement inquiétant, voir vraiment effrayant.
« Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je ne crois pas que ce type soit très net ! remarquai-je ! Comment a-t-il pu se faire une telle blessure ? Comment peut-il toujours se tenir debout ? Et pourquoi tient-il à rentrer dans l'établissement ? »
Ouvrant légèrement la bouche, je m'apprêtai à m'adresser à l'inconnu, quand un petit groupe de professeurs, agacé par les bruits qu'il faisait, sortirent soudain du lycée, pour aller se planter devant lui.
Composé de quatre adultes, le petit groupe avait Mme Kyoko en tête. La trentaine, elle avait pourtant un corps et une peau qui pouvait la faire passer pour une personne de vingt ans. Ses long cheveux roux et sa peau de bébé lui rendait incroyablement attirante. Néanmoins, sa paire de lunettes rectangulaire accentuèrent le regard sévère qu'elle affichait à l'homme.
_Qu'est-ce que vous êtes en train de fabriquer, bon sang ? voulut-elle savoir ! Vous êtes sur un lieu privé, alors je vous demanderais de bien vouloir partir ! Sinon, nous serons dans l'obligation d'appeler la police !
S'arrêtant soudain de se cogner le visage, l'inconnu se mit à la fixer durant quelques secondes avant de se mettre à grogner faiblement.
_Mais il s'est échappé d'un asile ou quoi, ce type ? demanda Mr Fukuru ! Et puis, vous avez vu la blessure qu'il a ?
Loin d'être aussi sévère que sa collègue, il était professeur d'histoire, près à partir à la retraite. Ses cheveux gris trahissait fortement son fort âge.
_Non, c'est juste quelqu'un qui fait son intéressant ! lui assura Mr Takayama ! Regardez mieux sa blessure ! C'est impossible que quelqu'un de normal puisse se relever sans grimacer avec ça ! Ça doit être du maquillage ou quelque chose qui y ressemble !
Professeur de sport, il m'avait pourtant toujours fait penser à Homer Simpson avec des cheveux. Il faut dire que sa phénoménale bedaine le faisait beaucoup ressembler au personnage jaune. En plus, les vêtements qu'il mettait toujours ne cachait en rien son surpoids.
_Tout à fait d'accord ! approuva Mr Teshima ! Les jeunes de nos jours ne savent plus quoi inventer pour se faire remarquer !
Lui aussi professeur d'éducation civique, l'homme avait, au contraire de son collègue, un véritable corps d'athlète, avec des bras ayant la taille de mes mollets. Autant dire que personne ne tenait vraiment à lui servir de partenaire, durant un cours de sport. En plus
de cela, j'avais entendu une certaine rumeur concernant une certaine relation qu'il aurait avec Mme Kyoko. À croire qu'il était plus doué que moi, en matière de drague.
Loin d'être émotif à l'égard de l'état de l'homme, il retroussa soudain l'une des manches de son haut avant de passer son bras entre les barreaux du portail et l'attrapa par le col de sa chemise.
_Écoutes moi bien, mon coco ! Tu vas gentiment partir d'ici sans faire d'histoire, c'est compris ?
Aucune réponse de la part de l'étranger, qui resta étrangement stoïque.
_Hé, je suis en train de te parler ! lui apprit le professeur, en le tirant vers lui de façon à ce qui se cogne une nouvelle fois contre les barreaux.
L'impact fut tellement brutal que l'inconnu fit éjecter quelques gouttelettes de sang par la bouche et sa blessure au flanc.
_Il saigne ? s'étonna Mr Fukuru, en voyant quelques gouttes s'écraser à ses pieds ! Mais alors, sa blessure … ce n'est pas du flan !
_Hein ? l'interrogea Mr Teshima, en se tournant vers lui, tout en lâchant le blessé.
Ne le laissant pas agir à sa guise, ce dernier lui saisit soudain le bras. Et, avant que quiconque ne puisse faire quelque chose, il le mordit sauvagement à pleines dents. La force qu'il exerça fut telle que Teshima laissa échapper un cri de douleur, en même temps qu'il sentit une veine de son bras se sectionner. Un jet de sang gicla aussitôt sur le visage de l'inconnu, qui semblait s'en moquer complètement.
Loin d'être du même avis, Mr Teshima, remit quelque peu de sa surprise, finit par lui envoyer un coup de poing, sur le sommet du crâne, afin de lui faire lâcher prise. Sûrement à cause de la puissance de l'impact, son agresseur finit par ouvrir suffisamment les mâchoires pour que le professeur puisse retirer son membre.
_Sale enfoiré ! l'insulta-t-il, en se tenant le bras, avant de tomber à genou ! Tu me le payeras !
_Hé, Aaron ! s'exclama Mr Takayama, en le voyant commencer à s'allonger sur le sol ! Ça va ?
Respirant bruyamment, l'homme ne put s'empêcher de grimacer, en sentant le sang continuer à couler. Puis, il se mit soudain à se tordre de douleur devant les trois professeurs, qui ne savaient que faire, devant cette scène.
_Mr Teshima ! s'exclama Mme Kyoko, en s'agenouillant près de lui ! Qu'est-ce que vous avez ?
Ne perdant pas une miette du spectacle, j'étais tout bonnement éberlué par ce que je voyais.
« Comment ? m'étonnai-je ! Comment une personne comme lui peut tomber à terre et se tordre de douleur à une cause d'une simple blessure au bras ? »
Victime de convulsions, Mr Teshima gesticula dans tous les sens, en criant de plus belle. Il se comportait exactement comme la fillette possédé dans '' L'exorcisme''. Son supplice dura une dizaine de seconde et s'arrêta quand le professeur se figea soudain, comme
l'aurait fait quelqu'un victime d'une crise cardiaque.
Tremblant en le voyant ne plus faire le moindre geste, Mr Takayama, fit quelques pas en arrière tout en se mettant à marmonner :
_Il... Il ne bouge … plus ! Mais … pourquoi ? Comment ?
Cherchant un responsable des yeux, Mme Kyoko finit par se tourner vers l'inconnu et s'exclama :
_Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Pourquoi vous vous en êtes pris à lui ?
Aussi muet qu'une carpe, l'intéressé préféra reprendre son activité favorite : c'est-à-dire, se cogner contre le portail.
S'apprêtant à se lever pour aller chercher l'infirmière du lycée, Mme Kyoko arrêta son geste en apercevant le bras blessé de Mr Teshima bouger de nouveau. Très vite,le reste du corps en fit de même.
_Mr Teshima ! se réjouit-elle ! Vous allez … ?
L'attrapant par le haut du chemisier, le professeur attira soudain son cou vers sa bouche et la mordit sans aucune retenue. Une nouvelle fois encore, sous le regard effrayé des deux autres professeurs, un nouveau jet de sang gicla et aspergeant les deux corps, tandis que la victime se mit à hurler de douleur.
_Ce n'est … Ce n'est pas possible ! paniqua Mr Fukuru, en regardant son ancien collègue mordre la jeune femme ! Ce type … !
Il se tourna soudain vers l'inconnu avant de crier :
_ … est un zombie ! ( Petite note : comparé au manga, le mot zombie va revenir plusieurs fois )
_Fichons le camp ! s'exclama Mr Tamayama, en prenant la tangente.
Voulant l'imiter, son comparse s'apprêta à prendre ses jambes à son cou, quand il sentit une main attraper sa jambe.
_Ai … Aidez- … moi ! articula Mme Kyoko, qui était toujours en train de se faire mordre au cou par son agresseur.
Ce dernier, en remarquant la présence de son ancien camarade, rampa soudain vers lui, dans l'espoir de mordre une nouvelle proie.
_Lâchez-moi ! ordonna cette dernière, à l'adresse de Mme Kyoko ! Lâchez-moi ! Il va me mordre !
En effet, sautant soudain sur lui, Mr Teshima ouvrit grand les mâchoires avant de les refermer sur son visage.
Le cri que poussa le professeur fut la goutte de trop et m'obligea à détourner le regard de la scène. En fait, en toute honnêteté, je ne me sentais pas bien du tout. Je pensais même être victime de nausées.
_Mais qu'est-ce qui se passe ? s'écria Morita, qui avait enfin lâché sa guitare, pour accourir jusqu'à moi ! C'est quoi tous ces cris ? Et pourquoi tous ces profs sont à terre ?
Ignorant ses questions, dont moi-même ne pouvait y répondre, je finis par respirer un grand coup, avant de me précipiter vers la porte permettant de quitter le toit.
_Attends, Takashi ! voulut m'arrêter Morita ! Où vas-tu ?
Ignorant une nouvelle fois, je descendis une série de marches d'escaliers, en quatrième vitesse, avant de me mettre à courir à travers les couloirs. Bien sûr, à cette heure-là, je n'aperçus personne dans ces derniers. Mais, ceci, je m'en fichais, car je savais très bien qui je devais impérativement prévenir.
M'arrêtant soudain devant ce qui devait être ma salle de classe, j'ouvris la porte à toute volée. Surpris, à cause de mon entré, que je ne pouvais qualifié que de fracassante, j'entendis quelques filles pousser des bruits de peur, tandis que des garçons mirent la main à l'emplacement de leurs cœurs, signe qu'ils avaient faillis être victime d'une attaque.
Lui-même étonné par ma venue ici, le professeur de la classe prit peur et lâcha la craie qu'il tenait dans la main. Reconnaissant mon visage, il me sermonna aussitôt :
_Mr Komuro ! C'est à cette heure-ci que vous arrivez ? Vous vous croyez où, bon sang ? Je parie que vous étiez encore en train de traîner dans les couloirs avec Morita ! Il n'est pas avec vous, par hasard ?
Ne perdant pas de temps à l'écouter, je passai entre les rangs et finis par m'arrêter devant une élève en particulier. Aussi étonné que les autres, par mon entrée, cette dernière me regarda tout en se demandant ce que j'étais en train de faire.
_Rei ! Nous devons partir d'ici !
_Hein ? s'étonna-t-elle, alors que j'agrippai son bras ! Qu'est-ce que tu racontes ?
_Ce n'est pas le temps de t'expliquer ! Viens avec moi ! Vite !
_Il n'en n'est pas question ! répliqua-t-elle ! Pourquoi je … ?
_Takashi ! m'appela soudain quelqu'un, en marchant vers moi ! Qu'est-ce qui te prends ?
Me retournant, j'aperçus la silhouette d'Hisashi, mon ex-meilleur ami. Un peu plus grand et baraqué que moi, il avait des cheveux de couleur blond argenté qu'il coiffait en raie sur le côté. Avec son uniforme parfaitement boutonné ici et là, il incarnait le portrait de l'élève modèle. Pourtant, il cachait en lui, une énorme boule d'adrénaline, qu'il dépensait sur des tatamis, lors de ses entraînements de karaté.
_Il y a eu un accident devant le portail de l'école ! finis-je par lui apprendre ! Quelqu'un a tué Teshima !
_Quoi ? s'affolèrent plusieurs personnes, en bondissant alors de leurs sièges.
_Qu'est-ce que tu racontes ? m'interrogea Hisashi, avec un visage qui trahit son étonnement ! Teshima ? Tué ? Mais comment s'est arrivé ?
_Plus tard les explications ! m'écriai-je, en forçant Rei, à quitter sa place ! Partons d'abord d'ici ! Dans peu de temps, cet endroit risque d'être dangereux pour nous tous !
_Arrêtes tes bêtises, Takashi ! m'ordonna soudain la jeune fille, en se libérant de mon emprise ! Je te connais par cœur ! Tu inventes encore quelque chose juste pour te rendre intéressant !
_Pourquoi je mentirais sur une histoire pareille ? m'exclamai-je ! Je te jure que ça sent le roussi ! Alors suis moi si tu ne veux pas mourir !
La voyant écarquiller les yeux, en entendant le dernier mot de ma phrase, j'en profitais
pour lui saisir la main, avant de la forcer à me suivre.
_Hé, une minute ! voulut m'arrêter une lycéenne, en se mettant devant moi ! Tu peux me dire ce qui est en train de se passer ?
Apercevant ses longs cheveux qui tombait en cascades et son croc dépasser de sa bouche, je n'eus aucun mal à reconnaître Saya, la fille dont Morita avait été amoureux.
_Fuyez tous ! conseillai-je, alors ! Fuyez avant qu'il ne soit trop tard !
Et, avant qu'elle ou quelque d'autre ne fit de nouveau mine de m'arrêter, je sortis de la salle, en emmenant Rei avec moi.
_Attends Takashi ! s'écria Hisashi, en nous suivant ! Où comptes-tu aller comme ça ?
Sous l'effet de la panique, notre professeur nous laissa passer devant lui, sans réagir, avant de finalement tourner la tête dans notre direction, à l'instant même où Hisashi passa l'encadrement de la porte.
_Hé, une minute ! ordonna-t-il ! Où vous croyez aller comme ça ?
Se lançant alors à notre poursuite, il laissa les autres élèves paniquer :
_Hé, vous croyez ce qu'il dit ?
_Ne dit pas n'importe quoi, c'est impossible voyons !
_Pourtant, ce n'est pas le genre de Takashi d'arriver comme ça en plein cours pour dire qu'il a vu quelqu'un mourir !
_En plus, il avait vraiment l'air sérieux !
Restant à l'écart de toute discussion, un élève en surpoids finit par quitter sa chaise avant
de sortir de la pièce, sans que personne ne fasse un geste pour l'arrêter.
« Bon sang ! Mais qu'est-ce qui se passe ici ? se demanda-t-il, en se saisissant de son téléphone portable. »
Regardant ses mails, il finit par retrouver celui qu'un ami lui avait envoyé, il y a peu de temps. Ayant cours dans un autre lycée, il lui avait écrit un message des plus étranges :
'' Hé, Kohta ! Tu vas jamais croire ce qui se passe !
Il y a type louche qui est entré dans la cour de notre lycée et qui a agressé un groupe d'élèves en
train de faire sport à l'extérieur ! Il en a mordu plusieurs avant que le prof ne décide de se battre contre lui !
Je te rappelle quand j'ai du nouveau ! ''
Ce mail, il l'avait reçu juste avant la fin de la pause déjeuner et, malgré les trois mails qu'il avait envoyé, en plein cours, Kohta n'avait eu aucune nouvelle de son ami.
« J'espère paniquer pour rien mais, en tout cas, j'ai un mauvais sentiment concernant le reste de la journée ! »
Continuant à courir, même après avoir semé notre professeur, le trio que je composais avec Rei et Hisashi se dirigeait vers le rez-de chaussé. Expliquant la situation en quelques phrases, je vis le visage de mes amis en train de pâlir tout en me lançant, de temps à autre, des regards étonnés.
_Un zombie s'est planté devant le portail et à mordu Mr Teshima ? répéta Hisashi.
_Tu nous prends pour des idiots ou quoi ? m'interrogea Rei.
_Eh ben, vas voir ça toi même ! répliquai-je ! Mais, en tout cas, ça sera sans moi ! Pas question que je revois de nouveau la scène qui hantera mes rêves durant les prochaines nuits ! Et puis, je ne suis pas le seul à avoir vu ça ! Il y a aussi Morita qui était avec moi !
_Et où est-il est passé ?
_Aucune idée ! avouai-je ! Quand j'ai compris la gravité de la situation, je me précipité jusque dans notre classe, en le laissant sur le toit ! J'espère qu'il n'a pas eu la mauvaise idée de se rendre au portail pour apporter son aide aux professeurs !
S'arrêtant soudain de me suivre, Hisashi se précipita tout à coup vers un escalier menant à l'étage d'au-dessus.
_Hé, où tu vas ? l'interrogeai-je, en me tournant vers lui.
_Si ce que tu dis est vrai alors il nous faut des armes, au cas où ! Suivez-moi ! Je sais où en trouver !
Nous regardant mutuellement, surpris par ce qu'il venait de dire, Rei et moi finîmes par poser le pied sur la première marche avant de commencer à le suivre. Arrivé à l'étage supérieur, nous le vîmes se diriger vers une porte bien précise et l'ouvrit à toute volée.
Accourant jusqu'à lui, je me mis à examiner le contenu de la petite pièce qu'il venait d'ouvrir, assez curieux de savoir ce qu'elle renfermait. Néanmoins, de la déception se lit sur mon visage, au moment même où j'aperçus le garçon se saisir d'un des balais qui se trouvait dans la pièce, en compagnie de seaux et de serpillières.
_Tu appelles ça des armes, toi ? l'interrogeai-je.
_Ici, nous ne pourrons sûrement pas trouvé mieux ! rétorqua-t-il, en posant un pied sur la base du balai, avant de tordre le manche dans tous les sens.
Finalement, au bout de quelques secondes, le manche se sépara de la base et il réussit même à ce que l'embout se termine en une espèce de pointe.
_Tiens, prends ça Rei ! lui conseilla-t-il, en lui donnant l'arme improvisée ! Takashi, dépêches-toi de te trouver quelque chose !
Pénétrant dans la petite pièce, je passai en revue tous les objets et produits nettoyant sans que l'un d'entre eux n'attire vraiment mon attention. Finalement, posé contre le mur et isolée du reste des balais, j'aperçus l'arme qui m'était appropriée.
_Une batte de base-ball ? m'étonnai-je, en la saisissant ! Qu'est-ce qu'elle fait ici ?
_Quelqu'un as-tu la confisquer avant de la mettre dans ce placard ! déclara Hisashi, en haussant les épaules ! Tu la prends ?
_Bien sûr ! acquiesçai-je, en faisant quelques mouvements avec ! Et toi ? Avec quoi vas-tu t'armer ?
_Je te rappelle que je suis un karatéka ! Mes mains suffisent amplement pour mettre une dizaine d'adversaires à terre !
Nous voyant sur le point de nous en aller, Rei s'exclama :
_Attendez un peu ! J'ai une meilleure idée, plutôt que de foncer tête baissée ! Appelons plutôt mon père, puisqu'il travaille dans la police ! Quelqu'un a-t-il son portable sur lui ?
_C'est interdit par le règlement ! lui remarqua Hisashi, en faisant mine de tâter ses poches ! Je n'ai pas le mien sur moi !
Se tournant dans ma direction, mes deux amis me firent soudain comprendre qu'il comptait sur moi pour arranger la situation. Soupirant, je fouillais aussitôt dans la poche de mon pantalon et en extirpa mon portable.
_Pourquoi faut-il toujours que vous me voyez comme le mauvais élève ?
_Parce que tu es un mauvais élève ! affirma Rei, en prenant mon bien.
« Tu es pourtant bien contente que j'ai mon téléphone sur moi ! avais-je envie de rétorquer.»
Composant aussitôt le numéro de la police municipale, elle porta le téléphone à son oreille et entendit les détonations. Finalement, à la troisième, elle pût entendre une messagerie lui annoncer :
'' Suite à un trop grand nombre d'appels, le service de police est saturé pour le moment ! Nous vous demandons donc de rappeler ou … ! ''
_Hein ? s'étonna-t-elle ! Pourquoi ça ne répond pas ? Ils disent que la police est submergé par les appels !
_Se pourrait-il alors que ce genre d'accidents ne soit pas arriver qu'ici ? remarqua Hisashi.
_Mais dans ce cas, il y a … ! commençai-je.
À cet instant, je fus coupé par une voix, provenant du haut parleur de l'école.
_Ce message s'adresse à tous les élèves de l'établissement !
_Enfin ! m'exclamai-je, en devinant ce qu'il allait dire.
_Un accident s'est produit devant le portail d'entrée ! Tous les élèves sont donc prié de quitter l'établissement, guidé par leurs professeurs, en passant par l'arrière du bâtiment !
_Un accident ? répéta Hisashi ! Mais alors … !
_Tout ce que tu as dit était vrai, Takashi ! comprit Rei.
_Parce que vous en doutiez toujours ? m'étonnai-je.
_Je répète suite à un accident, tous les élèves doivent … ! Hé, qu'est-ce que tu fais ici, toi ?
Ce qui se passa ensuite restera inscrit dans ma mémoire, jusqu'à la fin de ma vie. Il y a eut d'abord un grand silence, comme si l'homme avait tout bonnement quitté son poste. Puis, comme des bruits d'une bagarre. Je perçus une chaise se renverser ; quelqu'un donner un coup à une autre personne et, enfin, des cris de terreur qui se firent entendre à travers tout le lycée :
_Non, lâchez-moi ! Non, non ! ARGH !
Il y eut un cri de douleur, comme s'il venait de se faire mordre à la gorge et puis, plus rien. Un énorme silence était retombé dans le couloir.
Là où ils étaient, chaque élève resta figé sur place. Certains essayait de calmer la peur qui commençait à les envahir ; d'autres de comprendre la situation et enfin, il y avait ceux qui était déjà positionné pour quitter leur salle, en quatrième vitesse.
Murmurant soudain un compte à rebours, j'entendis Hisashi dire :
_Trois ! Deux ! Un !
