Avada Kedavra. Avadra Kedavra. Lucius Malfoy se détourna avec élégance et évita les malédictions qui étaient lancées dans sa direction. Crucio. Crucio. L'aristocrate se laissa tomber au sol et fit une roulade pour se relever, retournant le feu vers les Mangemorts.
Qu'est-ce qui prenait autant de temps à Potter ? Avec l'aide de Severus, il avait réussi à faire entrer le jeune homme en douce, tout ce que le garçon avait à faire était de tuer le Seigneur des Ténèbres. Ça ne pouvait pas être si difficile, tous les horcruxes avaient été détruits. Il avait décapité le serpent lui-même. Qu'est-ce qui prenait donc tant de temps à Potter ? Ses yeux d'argent scintillèrent de colère lorsqu'il fit face à son ex-femme.
"Narcissa, siffla-t-il.
- Lucius mon cher, tu ne penses pas réellement que ce petit garçon vaincra notre Seigneur, n'est-ce pas ? Tu es si naïf, se moqua-t-elle.
- Je ne doute pas qu'il sera vaincu ce soir," dit Lucius d'une voix traînante.
Ses yeux bleues pâles se plissèrent d'agacement. "Ma sœur m'avait dit que tu ne serais pas un bon époux, elle m'avait dit que tu étais le type de personne qui se cache dans l'ombre et attaque ceux à qui il doit sa loyauté," cracha Narcissa.
Lucius esquiva le sortilège de découpe qu'elle lui jeta et répondit d'un sortilège aveuglant. "Il est impossible de trahir ceux envers qui on n'a jamais vraiment été loyal," déclara-t-il.
Un sourire moqueur apparut sur son visage alors qu'elle prenait la parole, "Je sais que tu ne me tueras pas, Lucius.
- Oh, et pourquoi cela ? Tu ne peux pas délirer au point de penser que je t'aime," railla Lucius.
Une expression pincée entacha son visage pâle de porcelaine. "Je sais très bien que tu n'as jamais eu d'affection pour moi Lucius. Toutefois, je sais également que tu ne tueras jamais un Malfoy. Rien n'est plus important que la famille.
- En effet, convint Lucius. Cependant, tu n'es plus une Malfoy. Tu as perdu le droit à ce nom lorsque tu as offert mon fils au Seigneur des Ténèbres. Ce fut très peu judicieux de ta part Narcissa." Il ignora sa voix faussement musicale et commença à se battre sérieusement. Un reflet brillant de sueur apparut dans son dos tandis qu'il se tordait et pirouettait, rendant sortilège après sortilège.
Il sentait à peine la douleur cuisante du sortilège de découpe qui lui avait déchiré le bras gauche mais le sang qui coulait sur le sol de marbre poli à l'extrême de la Maison Riddle rendait cette blessure dangereuse. Il sentit un sort strier l'air en direction de son dos non protégé et se décala vers la gauche, évitant le maléfice d'éventrement. En faisant cela, il posa le pied dans la mare de son sang et glissa. Il évita de justesse le flot de lumière verte maladive qui était sortie de la baguette de son ex-femme.
Il atterrit sur ses fesses dans la mare de sang qui commença rapidement à imbiber son costume noir de Mangemort. Il avait abandonné son masque depuis longtemps, comme l'avaient fait beaucoup d'autres. Il leva son bras droit et brandit sa baguette d'orme en direction de Narcissa en rugissant "Avada Kedavra". Il regarda avec satisfaction le jet de lumière verte percuter violemment sa silhouette mince, effaçant l'existence de la sorcière.
Une explosion de flammes violettes apparut à sa droite et Lucius roula dans la flaque de sang, grognant en s'appuyant encore plus sur son bras blessé. Il leva les yeux vers Antonin Dolohov et maudit sa chance. En bonne santé, ils étaient des duellistes de forces égales, blessé, il n'avait aucune chance de vaincre l'autre sorcier. Il grinça des dents et fusilla dédaigneusement du regard l'homme qui allait sûrement mettre fin à sa vie.
"Tu n'aurais pas dû t'allier à Potter, Malfoy. Les traîtres meurent, siffla Dolohov.
- Il vaut mieux mourir que d'être incapable de vivre avec soi-même," répondit Lucius tandis que son esprit cherchait désespérément un moyen de s'échapper.
La douleur cuisante dans son bras gauche était la seule distraction dont il avait besoin alors qu'il voyait la baguette tomber de la main de Dolohov. Il se mit lentement sur pieds, résistant à l'envie de se mordre la langue tandis que la vague de douleur atroce augmentait d'intensité. Lucius regarda fixement son bras lacéré et observa la Marque des Ténèbres s'effacer et disparaître de sa chair. Si l'on exceptait la plaie, sa peau était une fois de plus parfaite, pâle et impeccable. Potter avait enfin réussi à détruire le Seigneur des Ténèbres.
La douleur qui traversait son corps fatigué faisait de l'ombre à toute joie qu'il s'était attendue à ressentir à sa liberté imminente. La perte de sang, la destruction de la marque et l'heure de duels constants avaient laissé des marques. Des tâches noires commençaient à se dessiner dans son champ de vision, apparaissant et disparaissant. Il s'appuya contre le mur le plus proche, essayant de reprendre son souffle. Les jambes de Lucius commencèrent à trembler légèrement et il maudit les sorts d'anti-transplanage qui étaient toujours en place.
Il regarda Dolohov attraper la baguette tombée du coin de l'œil et sut qu'il n'aurait pas la force d'éviter le sortilège qui s'écoulait des lèvres de l'homme. Le flot argent de lumière arrivait vers lui à toute vitesse quand une paire de petits bras s'enroula autour de sa taille. Ses yeux choqués saisirent la forme d'un Harry Potter ensanglanté et épuisé. Le corbeau le serra fortement en enroulant une chaine autour de leurs mains et déclencha le portoloin. La lumière argentée frappa Lucius alors qu'ils disparaissaient.
Severus eut un petit sourire satisfait en sentant les sorts d'anti-transplanage tomber. Ils étaient liés à la présence d'Harry dans le bâtiment; il pouvait présumer sans risque que le garçon s'était échappé avec son portoloin. Les cheveux gras noirs tombèrent devant son visage tandis qu'il fixait son avant-bras du regard, caressant la peau maintenant lisse. Le gamin l'avait vraiment fait. Il était libre.
"Il l'a fait, Lily," murmura Snape tout en transplanant juste devant les portes de Poudlard. Le sombre Maître des Potions se dépêcha de traverser la pelouse, cherchant à découvrir dans quelle condition Potter se trouvait. Il avança rapidement à travers les couloirs et se dirigea vers l'infirmerie puisque le gamin y avait sûrement atterri. Il rentra dans la pièce et cilla de choc à la vue qui se présenta à ses yeux.
Lucius Malfoy se tordait d'agonie sur l'un des lits, du sang coulant à flots de son bras gauche, la peau et les muscles ondulant et tressautant. Il vit son ami grincer des dents pour s'empêcher d'extérioriser sa souffrance. Ses yeux noirs remarquèrent la silhouette ensanglantée et épuisée d'Harry Potter penchée au-dessus du lit dans un effort pour maintenir Lucius immobile; tous les charmes de stupéfiction et de ligature avaient échoué alors que la magie en fusion entourait la silhouette blonde.
Severus se précipita vers le lit et se saisit de la jambe droite de Lucius, la pressant contre les draps auparavant immaculés qui étaient rapidement envahis par le jet cramoisi. "Le sort de soin n'a pas fonctionné ? cingla-t-il.
- Non, s'exclama Madame Pomphrey, se débattant pour maintenir la jambe gauche de Lucius. Quelque soit le sort qui l'a frappé, il empêche la magie d'être utilisée sur lui.
- Potter ?" grogna Severus.
Harry n'avait pas besoin que le professeur clarifie; il savait exactement ce que Snape voulait savoir. "Je n'ai pas entendu la formule, monsieur. Je l'ai vu cependant ; il était argent."
Argent ? Severus ne pouvait se souvenir d'aucun sort qui soit argent. Cela nécessiterait des recherches. En présumant bien sûr que Lucius ne se vide pas de son sang avant que les tremblements cessent et qu'ils puissent le soigner. Une soudaine vague de magie s'étira dans l'air et Severus dut utiliser toute sa force pour maintenir la jambe de Lucius sur le lit. Il entendit un cri perçant et leva les yeux pour voir Madame Pomphrey perdre sa prise sur la jambe et prendre un coup dans le ventre.
Dumbledore et Minerva entrèrent dans la pièce avec un air affairé juste au moment où la silhouette de Lucius était engloutie dans un nuage de fumée argentée. "Que diable ?" la voix de Minerva atteignit aisément leurs oreilles dans la pièce.
"Potter dit qu'il a été atteint par un sort argent inconnu, indiqua Severus.
- Je vois, marmonna Dumbledore. Votre soirée a été couronnée de succès dans ce cas ?"
Severus hocha la tête et releva la manche gauche de sa robe noire de sorcier, révélant la peau sans défaut. "Potter a réussi, Monsieur le Directeur.
- Parfait ! Bravo, mon garçon, Dumbledore congratula Harry avec des yeux bleus pétillants.
- Merci, monsieur," répondit Harry en chancelant légèrement.
Madame Pomphrey vit le vacillement et se précipita vers le Sauveur du Monde Sorcier, le conduisant de force vers le lit le plus proche. Il s'écroula dessus, content de n'être finalement plus sur ses pieds. Il était épuisé, physiquement et magiquement. La soirée avait laissé des traces sur le sorcier de dix-sept ans. L'infirmière aux cheveux gris apparut avec plusieurs fioles de potions, les déversant dans sa gorge. Potion Calmante. Potion de Régénération Sanguine. Potion de Relaxation Musculaire. Elles étaient placées contre ses lèvres les unes après les autres et il les buvait sans un mot, faisant la grimace au goût.
Il fixait le plafond d'un blanc uni, ne remarquant pas vraiment que ses blessures étaient soignées. Voldemort était mort. Il était réellement mort. Harry avait réussi ; il avait accompli la prophétie. Pour sa mère, son père, Cédric, Sirius et tous ceux qui avaient souffert et étaient morts à cause du besoin de contrôle d'un malade mental. C'était terminé ; tout ce pour quoi il avait travaillé si dur était accompli.
Les émotions qui emplissaient sa poitrine étaient plutôt troublantes c'était le moins qu'on puisse dire. Il était heureux; il avait gagné. Il y avait de la fierté, de la légitimation et un esprit de revanche. En même temps, il y avait de la tristesse, de la solitude et de la souffrance. Il avait tué quelqu'un. Il était vrai que Voldemort avait été quelqu'un d'horrible mais Harry avait quand même pris une vie, ses mains étaient sales maintenant. Tachées de sang.
"Ne soyez pas stupide, Potter, proféra Snape, tirant Harry hors de ses pensées. La façon dont le garçon avait baissé ses yeux d'un vert de jade sur ses paumes et les avaient fixées intensément avait dérangé l'homme.
- Je ne sais pas ce que vous voulez dire, monsieur, dit Harry.
- Tu n'es pas un meurtrier, gamin. Tes mains ne sont pas tachées de sang. Tes parents et le cabot seraient fiers de toi." fit Snape d'une voix traînante.
Harry tressaillit légèrement à la mention de ses parents et de son parrain. "Je l'ai tué.
- As-tu aimé ça ? demanda Snape.
- Non, répondit Harry.
- Ressens-tu le désir de te baigner dans le sang d'autres personnes maintenant que tu l'as détruit ? railla Snape.
- Non !" cria Harry catégoriquement en secouant furieusement la tête.
Un léger sourire satisfait apparut sur le visage du Maître des Potions, faisant tressauter son large nez. "De ton propre aveu, tu n'es pas un meurtrier. Tu as simplement dû faire quelque chose de désagréable."
Des yeux noirs et de jade s'affrontèrent tandis que le Gryffondor contemplait les mots prononcés par son professeur. Il savait qu'en soi, Snape ne le haïssait pas, mais il était certain que l'homme ne l'aimait pas non plus. Il ne pouvait pas imaginer Snape mentir seulement pour apaiser sa 'sensibilité de Gryffondor'. Ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose : il n'était pas un meurtrier. C'était exact, Voldemort avait été détruit mais il ne s'était pas lancé dans la bataille en cherchant à tuer un homme. Il s'était lancé dans le combat dans le but de sauver les personnes qui lui étaient chères et tous les autres. Les libérant tous de ce maniaque et de son règne de terreur.
Le petit sourire satisfait sur le visage de Severus s'agrandit. "Peut-être y a-t-il de l'espoir pour vous après tout, Potter.
- Oui, monsieur," répondit Harry impudemment.
Dumbledore s'approcha et se percha sur le bord du lit d'Harry. "Severus a raison, Harry. Personne ne peut te faire de reproches sur ce qui s'est passé ce soir. Tu as rendu un immense service au Monde Sorcier.
- Bien sûr, Monsieur le Directeur.
- Je suis désolé d'avoir dû placer un tel fardeau sur tes épaules. Tu as fait un travail admirable en le portant, mon garçon.
- Merci, monsieur, marmonna Harry. Le léger rougissement de ses joues montrait qu'il était mal à l'aise avec les éloges. Monsieur, et les Mangemorts ?
- À présent que Voldemort a été vaincu, ils vont être rassemblés par le Ministère. Severus a déjà accepté de soumettre des mémoires de pensine comme preuves contre ceux qui servaient volontairement Tom, dit Dumbledore.
- Et à propos de...
- Jusqu'à ce qu'ils soient tous appréhendés, il vaudrait mieux que tu t'abstiennes d'être seul." Il jeta un regard vers le lit à côté de celui d'Harry. "Lord Malfoy sera également le bienvenu ici, en supposant qu'il se remette."
Harry se tourna sur le côté pour mieux voir l'aristocrate blond. Le plan pour la soirée avait été plutôt banal; c'était à Lucius d'emmener Harry auprès de Voldemort et à Harry de le détruire. Tout s'était assez bien déroulé, jusqu'à ce que Lucius soit frappé par le sort inconnu. Il ne voulait pas que quelqu'un d'autre meurt. Il y avait eu assez de morts.
Ses yeux de jade se plissèrent lorsque le nuage de magie argentée commença à se dissiper puis ils s'écarquillèrent quand Lucius fut révélé. La première chose que vit Harry fut le bras gauche guéri, la peau pâle immaculée brillant presque sous les lumières blanches de l'infirmerie. Sa pensée suivante fut qu'il regardait Draco. En fait, s'il n'avait pas su que Lucius Malfoy occupait ce lit, il aurait parié son compte à Gringotts qu'il regardait Draco Malfoy. Les cheveux blonds clairs tombaient légèrement sous les fermes épaules et les sourcils altiers et les pommettes étaient sculptés à l'identique.
La pensée que personne ne serait capable de les différencier mourut lorsque Lucius ouvrit les yeux. L'argent ardent était aisément différentiable des yeux gris nuage de Draco. Un sourcil blond se leva tandis que Lucius contemplait les personnes estomaqués qui le fixaient du regard. Il remua sur le lit et cligna des yeux, avant de tester ses muscles. Il se souvenait d'avoir été frappé par cet étrange sort et de la douleur intense. Ensuite, tout était devenu noir.
Lucius s'assit et s'appuya contre les oreillers, ignorant Madame Pomphrey qui s'agitait autour de lui avec stupéfaction et confusion. Que s'était-il passé ? Son regard tomba sur ses mains et il cilla lentement. Elles étaient plus fines et légèrement plus petites que ce à quoi il était habitué. Elles avaient exactement la même forme que lorsqu'il était à Poudlard plus de deux décennies plus tôt. Lucius leva ces mains et remarqua les bras auxquels elles étaient attachées presque incrédule. Les doigts pâles commencèrent à se promener le long de la chair, sentant les différences.
"Madame ? fit-il d'une voix traînante.
- Mr. Malfoy, ceci est des plus irréguliers, je n'ai jamais rencontré de sort qui pouvait faire, et bien, ceci," déclara-t-elle, en désignant d'un geste son apparence juvénile.
Il ne montra pas son dédain sur son visage tandis qu'il se tournait pour s'adresser aux autres personnes présentes dans la pièce. "Severus ?
- C'est inhabituel, répondit son ami. Je vais naturellement faire des recherches sur ce sort. As-tu entendu la formule ?
- Non, j'étais occupé à rester conscient à ce moment-là," déclara Lucius.
Les yeux bleus de Dumbledore brillèrent d'un vif éclat en observant l'aristocrate blond. "Poppy ?"
Madame Pomphrey parcourut les résultats du sort de diagnostic qu'elle avait lancé et cilla lentement avant de le relancer. Quand les mêmes informations apparurent, la peau séparant ses sourcils se plissa légèrement d'émerveillement mêlé de confusion. "Physiquement, il a dix-sept ans."
Un instant de silence passa. "Je vois," dit Dumbledore. "Très bien alors? Qu'aimeriez-vous faire, Lucius ?"
Lord Malfoy renifla d'agacement et se rallongea une fois de plus contre ses oreillers. Il avait dix-sept ans ? Bien qu'il aurait souhaiter s'attarder sur le sujet et réfléchir aux possibilités, il y avait des questions plus urgentes. Dolohov s'était sûrement échappé, comme d'autres, et informerait les Mangemorts restants de sa trahison. Draco et lui allaient être en danger et Poudlard était probablement le lieu le plus sûr de toute l'Angleterre sorcière en ce moment, particulièrement avec la présence de Potter dans l'école.
Il grinça des dents, puisqu'il n'avait pas d'autre choix que de briser une des Règles de Conduite des Malfoy. "J'ai besoin de votre aide," déclara-t-il, en regardant ces yeux bleus pétillants.
