Juste une ombre

Oui, oui, c'est bien moi ! Une nouvelle fic assez différente des autres, parce que du point de vue d'une personnage pas tellement utilisé dans les fanfics, en tout cas pas dans les miennes. Voilà donc un nouveau Draco/Hermione, certes… mais vu par… Pansy !

Ne vous enfuyez pas en courant dès maintenant, laissez au moins sa chance à ce court chapitre.

C'était son premier souvenir. Du moins c'est ce qu'elle racontait à ses amies, et aussi à tout ce qui voulaient bien l'entendre, avec ce regard mi-fier mi-timide qu'elle avait répété des dizaines de fois devant sa glace. Et d'un certain point de vue, c'était vraiment son premier souvenir. Le premier qu'elle se rappelait avec autant de détails, autant de netteté. Elle avait cinq ou six ans alors, peut-être un tout petit peu plus. Pourtant, plus de onze ans plus tard, elle se souvenait encore avec une acuité assez effarante de chacun des sentiments qui l'avaient agitée cette nuit-là.

C'était la nuit de Noël, une nuit de noël comme toutes les nuits de noël devraient être. Il y avait de la neige au dehors, des milliers de petits flocons légers comme des duvets qui tombaient d'une grande couverture sombre et profonde sur laquelle on avait cousu des éclats de diamants. Ils étaient arrivés dans un traîneau tiré par des chevaux blancs : c'était le premier cadeau de son père à sa princesse, comme il l'appelait encore à cette époque. Et à vrai dire, elle s'était vraiment senti comme une princesse dans sa plus belle robe, accueillie dans l'un des plus beaux manoirs du pays, plein de messieurs très chics avec leurs capes de velours et de dames en longues robes qui sentaient bons.

Elle était la seule enfant présente. En tout cas c'est ce qu'elle avait vu jusqu'à ce qu'elle le vit. Lui. Il jouait, assis tout seul devant la cheminée où brûlait une claire flambée avec son nouveau balai pour enfant. Tout d'abord, il ne l'avait pas remarquée, bien trop occupé à tenter de s'élever dans les airs. Et puis il avait tourné ses yeux vers elle. Et à cet instant précis, elle était tombée définitivement, irrémédiablement et incurablement amoureuse de lui. On peut aimer quand on a six ans : elle en était la preuve vivante… Il ressemblait à un de ces angelots qu'elle avait accroché au sapin le matin même : de grands yeux argentés, des cheveux si fins et si clairs qu'ils ressemblaient à du sucre filé et une peau translucide, à peine teintée de rose sur le haut des pommettes. Ils s'étaient dévisagés avec cette gravité dont seuls les enfants sont capables, puis elle s'était avancée le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, comme s'il cherchait à s'en extraire.

Intimidée malgré elle, elle avait fait une petite révérence comme sa mère lui avait appris. En théorie, cette révérence était réservée aux grandes personnes mais ses genoux tremblaient tellement sous les multiples jupons de dentelles qu'elle avait du s'incliner. Et il avait une telle… présence, qu'elle avait su immédiatement qu'elle se trouvait en présence du maître des lieux, de cette belle demeure, si imposante avec tous ces portraits qui la dévisageaient sévèrement du haut de leurs cadres d'un baroque flamboyant. Elle s'y était reprise à deux fois pour balbutier ces simples mots :

« Bonsoir… Je m'appelle Perséphona Gladys Parkinson. Mais papa et maman m'appellent Pansy, parce que maman dit que Perséphona est un bien grand nom pour une petite fille. Et toi ? »

« Draco Lucius Malefoy. Comme les dragons. Tu peux m'appeler Draco, si tu veux. Tu as quel âge ? »

« Cinq ans et demi. »

« Alors je suis plus vieux que toi. Moi, j'ai six ans ! » avait il répondu d'un air satisfait.

« Oui, mais je suis plus grande que toi ! » avait elle rétorqué sur le même ton en se haussant aussi discrètement que possible sur la pointe des pieds, cachés par le dernier volant de point de Valenciennes.

Il avait réfléchi quelques secondes en faisant une drôle de petite moue avant de bondir de nouveau sur son balai jouet, et de s'élever jusqu'à ce que la pointe de ses pieds à lui ne touche plus le sol.

« Pas si je suis sur mon balai ! » avait il fini avec des étoiles de triomphe dans ses yeux gris.

Elle n'avait rien trouvé à répondre, et à ce moment là, elle avait su qu'il était très intelligent. Voyant qu'elle acceptait sa supériorité de bon gré, le petit prince avait condescendu à redescendre sur le sol et à s'asseoir à côté d'elle sur le tapis en poil d'un animal quelconque qu'elle ne connaissait pas, et elle s'était sentie très flattée. Ils avaient discuté avec beaucoup de sérieux de la grandeur de leur maison respective, de la beauté de leurs mamans et de la force de leurs papas, de leur capacité à toucher le bout de leur nez avec leur langue. Sur tous les points, Pansy était d'accord avec Draco, et celui-ci l'avait trouvée plutôt sympa pour une fille. Bref, tout allait pour le mieux. Et puis ils avaient fini par aller voler des petits gâteaux sur le buffet et s'étaient endormis avec leur butin émietté sur leurs genoux devant l'âtre, sans que les adultes présents ne se préoccupent beaucoup de leur présence.

L'un dans l'autre, c'était une excellente soirée, tellement magique si cela voulait dire encore quelque chose dans un monde où la magie était omniprésente… Lorsqu'elle s'était réveillée, elle avait sa tête posée sur le torse de son nouvel ami qui tenait dans sa main à demi-fermée un petit four qui avait fait une tâche sur la plus belle robe de sa compagne. Si avec quelqu'un d'autre, cette dernière s'en serait offusquée, elle ne pouvait se résoudre à se fâcher contre lui. C'était une voix glaciale qui la rendait encore aujourd'hui mal à l'aise qui l'avait tirée du pays des rêves.

« Ainsi, voici donc Perséphona… », avait dit le grand monsieur avec une queue de cheval. Tout de suite, elle avait su qu'il s'agissait du père de Draco, tant il lui ressemblait.

Sa mère lui avait lancé un regard sévère par-dessus son épaule, et elle s'était aussitôt relevée pour faire sa petite révérence. Elle se sentait un peu honteuse, parce que sa robe était tâchée et toute froissée, mais une dame belle comme un rêve lui avait sourit d'un air gentil. Alors, elle aussi, toute engourdie de sommeil, elle avait répondu à son sourire même si elle sentait le regard désapprobateur de son père peser avec insistance sur sa tenue.

« Elle est charmante », avait murmuré la belle dame en robe argentée qui la faisait ressembler à une sirène venant de sortir de l'eau.

La fillette avait presque pu sentir le soupir de soulagement qu'avait poussé sa mère à ce moment-là… Mais plus important encore, elle avait senti que Draco venait à son tour de se réveiller dans son dos. Elle l'aida à se remettre debout, un peu inquiète de sa raideur soudaine. Il se tenait les bras ballants, son gâteau à la main, comme s'il ne savait pas trop quoi en faire sous le regard peu amène de son père. Mais sa mère, la belle dame comme elle se plaisait à l'appeler, lui caressa la joue de la main et immédiatement, il redevint le petit prince plein de morgue qui occupait d'hors et déjà une place toute particulière dans son cœur.

En y repensant, ils devaient former un curieux tableau cette nuit-là : les deux enfants encore engourdis de sommeil, les yeux gonflés, se tenant debout face aux quatre adultes en tenue de soirée impeccable. Tous les autres invités étaient partis, il était sans près de l'aurore. Ils étaient seuls. Et la pièce enchantée ressemblait à présent à un tribunal sévère, les portraits plus austères que jamais dans leurs cadres dorés…

« Dis moi, ma petite Perséphona, tu aimes bien Draco ? » avait demandé le seigneur des lieux sur le même ton prétendument gentil qu'aurait pris un crocodile pour proposer à un enfant sur la rive de lui faire visiter les mystères des profondeurs.

« Oui… Oui… », avait elle balbutié en guise de réponse, cherchant le regard de ses parents pour voir dans leurs yeux si elle ne se trompait pas de réponse.

Le maître de maison s'était redressé puis avait accordé un sourire froid à M. Parkinson qui ressemblait à un étudiant attendant les résultats d'un examen particulièrement difficile.

« Alors elle fera l'affaire. Prenez soin d'elle, Carlus, elle portera un jour l'héritier Malefoy. Qu'elle reçoive une bonne éducation. »

Carlus Parkinson avait prit une grande inspiration avant de répondre au sourire de M. Malefoy. Puis les deux hommes étaient sortis de la pièce, tandis que les femmes restaient avec les enfants. Narcissa avait sourit à Pansy, et lui avait effleuré le front de ses lèvres avant de sortir à son tour en emmenant Draco :

« Bonsoir, Perséphona. Un jour, tu seras ma fille. Souviens toi de ça. »

La petite fille avait hoché la tête, ne comprenant pas vraiment ce que la belle dame voulait dire, mais puisqu'elle souriait avec tant de gentillesse, c'était sûrement une bonne chose, n'est ce pas ? Mrs Parkinson avait prit sa fille dans ses bras et lui avait murmuré à l'oreille :

« Tu es une petite fille très chanceuse, Pansy chérie. Un jour, tu seras une grande dame. Une très grande dame. »

Elle ne l'avait jamais oublié.

Lorsque, bien des années plus tard, elle l'avait revu sur le quai de la gare King's Cross au moment de monter dans le Poudlard Express, elle l'avait reconnu immédiatement, même si lui paraissait l'avoir oublié. Au moment de passer sous le Choipeau, elle avait prié de toutes ses forces pour être envoyée à Serpentard, puisque c'est là qu'il était. Elle avait suivi chacun de ses pas, comme une ombre fidèle, l'appuyant toujours et partout, le soutenant quoiqu'il dise. Elle était là, toujours là, douce et compatissante pour lui, cruelle et empoisonnée avec se ennemis. Elle ne vivait que pour lui, elle ne vivait qu'à travers de lui, au point qu'au fil des ans, on ne la remarquait même plus. Elle faisait partie de lui, au même titre que ses cheveux blonds ou que ce petit sourire sarcastique qui n'appartenait qu'à lui. Elle était lui, au même point que lui, sans le savoir, était elle.

Elle n'avait jamais oublié qui elle était destinée à devenir. Si lui n'en avait pas conscience, alors il était temps de le lui rappeler… Elle sourit à son miroir en prononçant ces derniers mots à haute voix pour leur donner encore plus de consistance. Demain, premier jour de leur dernière année à Poudlard, il saurait qu'elle était sienne. Toujours et à jamais, quoi qu'il puisse arriver. Parce que c'était écrit, depuis l'aube des temps.

Voilà voilà… J'espère que ce premier chapitre vous a plu. C'est plus une introduction qu'autre chose, mais cela vous donnait un petit aperçu de la personnalité de Pansy. Avis, opinions ? Reviews, please…