Voici le premier chapitre de ma fanfiction évoluant dans l'univers de Highlander. Je me suis largement inspirée de la série TV, mais ne reprend qu'un seul de ses personnages, Methos (le Doyen des Immortels) dans cette histoire.

Celle-ci est essentiellement axée sur mon personnage principal, Senara Zibelstein, immortelle, et de son meilleur ami mortel, Andrew Wells.

Il s'agit d'une histoire que j'ai commencé à écrire en 2004 pour l'abandonner en 2007, sans avoir réellement rajouté grand-chose depuis, hormis quelques modifications de tournures de phrases, corrections de fautes, etc… Je n'ai pas de bêta et malgré le soin attentif que je porte à une orthographe convenable, je ne doute pas que des coquilles m'aient échappées. Soyons donc indulgents ^^

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Disclaimer : l'univers de Highlander appartient à Panzer & Davis. Je ne fait que reprendre cet univers pour les besoins de mon histoire, sans but lucratif.

Les personnages de Senara Zibelstein et de Andrew « Andy » Wells sont ma création et ma propriété exclusive.

Le personnage de MEthos/Adam Pierson est celle de Panzer & Davis.

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Mon histoire se déroule à l'époque contemporaine.

Afin de vous faire une idée de ce qui se passe dans ma tête, j'ai donné à Senara les traits de l'actrice Kate Beckinsale (Van Helsing, Underworld…en + rousse et avec les yeux verts), et à Andrew ceux de l'acteur David Anders (le vil Mr Sark de Alias 3 )

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Enjoy…

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Chapitre 1er : Immortelle

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1100 avant J.C, quelque part aux environs de l'actuelle Cardiff, Pays de Galles, Grande Bretagne

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Extrait du journal d'Andrew Wells, sur la base du récit de Senara Zibelstein

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Elle était terriblement sombre. La nuit. Pas un rayon de lune, pas une étoile. Rien ne filtrait l'épaisse couche de nuages.

Tout aurait du être noir, à l'image du ciel.

Mais il y avait les torches. Des dizaines de torches. Elles éclairaient les décombres, et plus loin, mon village, aux huttes en flammes. À proximité, le campement de nos agresseurs, fait de cinq ou six tentes de peau où s'entassaient pour une courte nuit une cinquantaine de guerriers d'une tribu du Nord.

Le village avait cédé à leurs assauts violents, et surtout au feu. Il leur avait été facile d'écraser des hommes qui fuient, plus simples paysans que farouches soldats. Ecraser des enfants effrayés, violer leurs mères terrifiées qui avaient vainement tenté de se défendre à coup d'ongles, de dents, et parfois d'épée prise sur un cadavre. Résistance ultime et désespérée, sans succès.

Aucun de nos assaillants ne m'avait touchée. Je portais autour de mon cou le torque d'or entrelacé d'ambre, symbole de ma double appartenance noble et sacrée de fille de Roi et de Prêtresse des Dieux, et tous m'avaient évité. Pourtant j'en avais tué au moins deux, maniant avec rage et colère une fine dague à la lame allongée, cadeau de mon père pour mes treize ans lors de ma consécration au Temple. Mais aucun n'avait riposté. Tout au plus, l'un d'entre eux du me frapper par derrière, car lorsque j'avais rouvert les yeux, j'étais allongée, attachée sur l'autel de pierre, une douleur lancinante me taraudait la nuque.

L'autel... Je me souviens bien de ce à quoi il ressemblait. Grosse masse de granit taillée et polie par les ans, elle reposait sur quatre pierres plus petites, et nous venions souvent y déposer d'humbles offrandes de fleurs et de fruits.

Au final, je ne me souviens plus si je m'y suis réveillée ou bien si l'on m'y a traînée avant de me ligoter. Je n'ai souvenir que de m'y être retrouvée attachée, et de cette douleur dans le cou.

Nos agresseurs étaient tous rassemblés autour de l'autel, un sourire avide sur les lèvres, certains maltraitant de façon obscène les quelques captives terrorisées qu'ils s'amusaient à se faire passer. Captives que je connaissais depuis ma naissance. Tantes, cousines, nièces, amies. Ma famille. Ma vie. Et ces monstres…

A mes yeux, ils étaient tous semblables : très grands, larges comme des menhirs, puants la sueur, le sang, les tripes, la boue. Sales à faire vomir. Leur chef, que j'avais reconnu parce qu'il était installé sur le siège ouvragé de mon père et parce qu'il portait un énorme torque d'or, fit taire leurs ricanements bruyants d'un ordre bref et cinglant.

Mon avenir était très incertain. Sous le choc de l'attaque, je m'étonnais ne de pas avoir subi le sort de mes compagnes, et d'être ainsi attachée telle une prise de guerre. J'avais envie que ma mère soit près de moi. Mais elle était morte depuis plusieurs automnes, en mettant au monde mon plus jeune frère. J'aurais aimé être sous la poigne ferme et réconfortante de mon père. Mais je l'avais vu tomber vaillamment sous les coups de ces sauvages, l'épée à la main, protégeant mes trois plus jeunes soeurs.

Je fermais les yeux, pour ne pas être tentée de les reconnaître parmi les captives hurlantes que ces porcs salissaient de leurs pattes puantes et vicieuses.

Pourtant, mue par un besoin irrépressible, j'ouvris les yeux, et c'est là que je le vis. Mon cœur s'arrêta durant l'espace d'une seconde, et j'ai bien cru que j'allais mourir sur le champ, et je l'aurais préféré. Mais il n'en fut rien.

Le druide.

D'allure ascétique, il ressemblait à ceux que j'avais déjà vu auparavant. Contrairement à ses compagnons, sa tunique de laine était d'un blanc à la propreté immaculée. Ses longs cheveux grisonnants étaient tressés, et sa longue barbe neigeuse lui donnait l'aspect d'un vieillard. Mais je savais que de lui viendrait mon trépas, et mon estomac se retourna.

J'avais enfin compris quel serait mon sort, dès l'instant où ce prêtre était apparu. Le sacrifice. Ils allaient m'égorger comme un porc pour m'offrir à leurs dieux en remerciement de leur victoire.

Je connaissais les rites de sacrifices. J'y avais moi même participé à plusieurs reprises avec des prêtresses plus âgées. Mais il s'agissait seulement de poules, de chèvres, ou de cochons. Je savais également que lors de certaines occasions devenues rarissimes avec le temps, il arrivait encore que l'on sacrifie un homme. Je savais enfin que certaines tribus du Nord pratiquaient ces sacrifices humains avec beaucoup moins de parcimonie que les tribus de ma région natale.

Dans un ultime instinct de survie, en proie à une panique pure, je tentais de me libérer mais mes liens ne faisaient que se resserrer à chaque tentative de mouvement.

Je me savais perdue. La peur irradiait douloureusement dans ma tête.

Alors je laissais éclater ma détresse, et à moitié étouffée par mes sanglots, je me mis à les arroser copieusement d'insultes. Ils ne m'avaient pas bâillonnée et je leur débitais un chapelet d'injures si nombreuses que je me surpris à en connaître autant. Nos langues étaient semblables, et à la tête de certains, je vis qu'ils les comprenaient.

Une monumentale paire de gifles administrée par le druide me réduisit au silence, On ne s'imagine pas la force que peut avoir un homme de cet âge là. Ma tête heurta sans délicatesse le granit, et je me retrouvais à demi assommée, la douleur pulsant derrière mes yeux résolument clos.

Il invoqua les divinités protectrices de son peuple. Parmi les formules cérémonielles, je reconnus quelques noms divins qui m'étaient familiers. Nous leur sacrifions du bétail. Eux, ils préféraient sacrifier la fille du chef vaincu, prêtresse de surcroît.

Ma mort honorait leur victoire et remerciait la clémence divine.

D'un geste précis et rapide, le Druide plongea son couteau de silex dans mon cou. Je n'eus pas le loisir d'hurler ma souffrance, car il entailla profondément les chairs, tranchant les artères et mes cordes vocales, tandis que je suffoquais, étouffée par mon propre sang qui jaillissait en cascade de ma blessure.

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Tout ne fut plus que souffrance, détresse, colère aussi, puis finalement, désespoir. Et les ténèbres m'enveloppèrent.

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Soudain, je sentais la brûlure intense de mes poumons, et je m'étranglais en toussant, happant un peu plus d'air à chaque inspiration.

Stupéfaite, j'ouvrais les yeux, et portais d'instinct mes mains déliées de leurs liens à mon cou.

Du sang, mon sang, me collait à la peau, à la tunique de lin que je portais, tiède, poisseux et répugnant.

Je tournais la tête. J'étais allongée à même le sol, à l'arrière d'une hutte qui n'était plus que gravas, au milieu d'autres cadavres. Mon peuple, les habitants de mon village. Il faisait toujours nuit, et j'entendais les barbares qui ripaillaient, des grands éclats de voix, des rires, et les cris des femmes avec lesquelles ils jouaient.

Je n'avais pas lâché mon cou, et je serrais les doigts convulsivement sur ma blessure mortelle. Le sang avait commencé à y sécher.

Mais je n'avais aucune blessure. Sous la croûte saignante, il n'y avait rien.

Rien sauf une nouvelle cicatrice, dont je devinais la boursouflure.

Tremblante, je continuais l'inspection de ma plaie, faisant courir mon index de gauche à droite, suivant cette balafre que m'avait infligée le Druide, et qui n'aurait du être qu'un gouffre béant sur mon cou.

Une cicatrice, c'était tout ce qui en restait. Son aspect était celle d'une vieille blessure depuis longtemps guérie.

Pourtant je n'avais pas rêvé. Tout ce sang en était la preuve. Les corps sans vie, les restes d'un incendie, les décombres, tout cela n'était pas un rêve. Je m'assis, pris une grande inspiration, puis je me levais.

Je n'avais plus rien. Ni les plaies créées par les cordes sur mes poignées et mes chevilles, pas le moindre bleu.

J'avisais une tunique à peu près dépourvue de sang entre les décombres de la hutte sur le seuil duquel je me trouvais et je me dépouillais de mes habits souillés. Tremblante, sans me faire voir, je me rampais jusqu'à la hutte réservée aux jeunes prêtresses novices, où je résidais.

Son état n'était pas meilleur que les autres masures du village : pillée et ravagée, tout avait été éparpillé sur le sol, le moindre objet de valeur dérobé.

Il me restait néanmoins quelques vêtements et babioles que les pillards n'avaient pas jugé digne de leur intérêt, quelques provisions aussi.

Je fourrais le tout dans un balluchon en peau de chèvre, après m'être débarrassé au mieux de tout le sang qui me recouvrait et m'être couverte d'une fourrure poussiéreuse, refreinant de mon mieux une hystérie naissante. Par miracle, une longue dague cérémonielle en bronze avait survécu au pillage ; je l'avais trouvé sous une banquette, et je jugeais prudent de l'emmener.

Je refis le chemin inverse, rampant d'un buisson à une ruine, m'arrêtant de longues minutes, angoissée et révulsée par la vue des femmes de mon villages soumises au viol de ces monstres, essuyant une larme lorsque je reconnaissais un visage familier sur les traits mutilés des cadavres qui m'entouraient.

Je fuyais mon village natal, sans me retourner, sans être vue des pillards, et je couru vers le sud jusqu'à me fondre dans la nuit, étouffée par mes sanglots et ma détresse.

Ma course dura des heures qui me parurent une éternité. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, et je lançais de multiples malédictions sur ces hommes qui avaient détruit tant de vies ce soir, anéantissant ma propre existence plus sûrement que s'ils m'avaient moi aussi assassinée. En proie à la plus totale incompréhension quant à mon sort. Les Dieux n'avaient-ils pas voulu de moi ? Qu'avais-je fait de mal pour survivre à une telle épreuve ?

Je courais, sans ressentir la fatigue, seulement le froid, la haine, puis le chagrin et la morsure des ronces sur mes mollets.

Au petit matin, j'avais atteint la côte.

Mon village était bâti au sommet d'une colline et se trouvait à quelques heures du rivage, et j'avais souvent vu les hommes partir pêcher pendant plusieurs jours.

Nous nous étions installés ici à l'époque de mon grand père, chef avant mon père, lorsque mon peuple pressé par les envahisseurs venus du Nord fuyait la menace. Mais ils avançaient toujours, irrémédiablement.

C'est en arrivant sur la plage que je cessais ma course, pour m'écrouler de fatigue et pour m'endormir aussitôt.

Quand je m'éveillais, le jour se levait. Il n'y avait plus aucune trace de griffures des ronces sur mes jambes, à mon grand étonnement.

Je crû un instant que tout ce que j'avais vécu n'était qu'un cauchemar. Instinctivement, je portais la main à mon cou ; la balafre était toujours là, à la fois récente et ancienne. Tout n'avait été qu'un cauchemar éveillé, tout s'était réellement produit.

Mon estomac se rappela à moi dans un bruyant gargouillement. Je me levais et je fouillais les buissons environnant pour ramasser des baies sauvages, et je les mangeais avidement tout en m'interrogeant sur mon avenir.

Je ne pouvais plus rester ici. Tout ce que j'avais toujours connu avait été anéanti, réduit en fumée dans la violence et le sang. Tôt ou tard, mes agresseurs viendraient ici, sur cette même plage, à laquelle menaient de nombreux sentiers partant du village.

A l'idée de me retrouver entre leurs mains, je me mis à frissonner, et je retournais précipitamment au bord de l'eau.

Fuir. Je n'avais que cette solution.

J'avisais sur le sable une des barques de pêche de mon village. Au prix d'une heure d'efforts, je réussis à l'amener du sable jusqu'à l'eau, et m'accordant quelques instants de repos, je m'éloignais du rivage en ramant le plus vite que mes forces me le permettaient.

Lorsque j'eu estimé la distance entre moi et la côte suffisante, je reposais les rames à l'intérieur du bateau et me laissais porter par le courant, épuisée.

Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire, et encore moins où aller ; savoir quoi penser de ce qui m'était arrivé et de ce que j'allais devenir m'était tout simplement inconcevable.

Ma condition de prêtresse et de fille de roi m'avait permise d'avoir une éducation rudimentaire, qui comptait quelques notions de géographie. Je savais que si je permettais au courant de me faire dériver, là où je me situais, il me mènerait, sauf si une tempête éclatait, sur les côtes du pays d'Eté, là où vivaient des tribus cousines dont mon père m'avait vanté le pacifisme, et surtout où, en tant que prêtresse en fuite je trouverais asile.

Je ne tournais mon regard vers le rivage que je quittais, car je savais que j'y verrais sûrement la fumée noire des flammes qui dévoraient ce qui restait de mon village.

Il m'a été impossible, au fil des années puis des siècles, de me résigner à remettre le pied sur ma terre natale et à retrouver des indices de la présence du village qui m'avait vu naître.

De l'ancien temps, son nom ne subsiste que dans ma mémoire. Aujourd'hui, on l'appelle Pays de Galles. »

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De nos jours, Seattle, Etats Unis

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Le soleil filtrait aux travers des persiennes qui avaient été rabattues sur les fenêtres, tenant de maintenir une température convenable dans la pièce en cet été suffoquant.

Le jeune homme qui se tenait nerveusement dans un des fauteuils de velours beige se leva, puis s'étira longuement.

Il était grand, d'allure sportive, les cheveux blonds cendrés, les yeux d'un bleu d'azur. Il lissa négligemment les plis de son pantacourt de toile grise, et se plaça devant le ventilateur qui soufflait paresseusement dans un angle, faisant voleter le tissu de sa chemise blanche aux manches relevées.

Il tourna la tête vers la jeune femme qui lui tenait compagnie dans le salon à l'ambiance tamisée. Avisant la bouteille de jus d'orange qui reposait dans un seau à champagne rempli de glaçons, il esquissa un sourire amusé, et se servit un verre.

Il en prépara un second, qu'il tendit à la femme qui lui faisait face, toujours confortablement installée dans un autre fauteuil. Elle l'accepta d'un signe de tête, et le sirota rêveusement, tandis que son compagnon le vidait d'un trait, l'air soulagé.

Face à la mine impassible qu'elle affichait, il soupira une nouvelle fois et baissa les yeux, se plongent dans la contemplation minutieuse des sandales qu'il portait aux pieds – il faudrait en racheter une paire d'ailleurs, songea-t-il - puis se résigna à se rasseoir, en attendant que la jeune femme qui lui faisait face se décide à poursuivre.

Son attention se reporta sur elle et il l'observa avec plus d'attention.

Elle ne devait pas faire plus d'un mètre soixante – soixante deux exactement. Assez longiligne et mince, elle était mate de peau, aux yeux vert sombre, de part et d'autre d'un nez fin et parfaitement droit. Ses longs cheveux d'un bel auburn foncé ondulaient et tombaient en de multiples tresses jusqu'au milieu du dos. Elle avait sans cesse un air songeur sur le visage, mais il savait que ce n'était qu'une impression car son esprit était d'une vivacité étonnante.

Malgré une étude attentive, il restait relativement difficile de lui donner un âge précis : elle était jeune, mais n'affichait aucune marque du temps, pas une ride, pas une cicatrice, hormis cette balafre plus sombre sur son cou, à demi dissimulée par un collier ras le cou. Néanmoins, il émanait de sa personne, de son visage, de l'expression de ses yeux, quelque chose d'infiniment âgé. Par défaut, on lui prêtait une vingtaine d'années.

Il ouvrit la bouche, puis se ravisa, hésita, et finalement se lança.

« C'était quand ? Je veux dire, à partir d'aujourd'hui ? Il y a combien d'années ? J'ai encore du mal à m'y faire… »

La jeune femme leva ses grands yeux verts sur lui, et lui adressa un sourire amer. Sa voix était claire, légèrement éraillée.

« Combien d'années ? Tu veux dire combien de siècles ! » Elle inclina la tête, et paru se concentrer un instant.

Elle ébaucha un nouveau sourire plus aimable cette fois-ci, puis lui répondit enfin.

« Je ne sais pas. Je… je ne sais plus, J'ai perdu le compte des années. Mais je pense… enfin j'estime, que le temps qui s'est passé depuis ma mort » - elle appuya ce mot d'un hochement de tête – « jusqu'à aujourd'hui doit avoisiner les… voyons… une trentaine de siècles. Oui, à peu près…C'est ça. Trois mille ans. »

Elle affichait un air songeur, tandis que son interlocuteur notait ses dernières paroles sur son calepin, dont de nombreuses pages étaient déjà noircies d'autres anecdotes.

Elle poursuivit.

« Je suis une Silure, ce peuple Celte qui vivait dans le Sud de l'actuel Pays de Galles. Quand j'étais enfant, on nous racontait comment notre peuple avait traversé les montagnes et les plaines pour s'installer dans ces terres vertes et vallonnées. »

Elle fit une pause, et se recala dans son fauteuil. Le menton appuyé sur la paume de sa main, elle prit finalement le verre de jus d'orange que son ami avait rempli à son attention.

« A partir de mes souvenirs, des événements historiques, des livres d'histoire, des découvertes archéologiques auxquelles je me suis intéressée… Je dirais que ça tourne autours des 3000 ans, mais ça reste approximatif. En fait, je ne pose pas souvent la question. »

Elle finit par se lever, et s'étira longuement.

Sa peau légèrement mate contrastait avec son opulente cascade de cheveux roux. Sur ses bras nus couraient de fins tatouages à motifs visiblement tribaux et serpentaient de ses coudes jusqu'à la racine de ses poignets.

Non.

Même s'il avait – difficilement d'ailleurs – accepté la réalité de son âge, de ce qu'elle était, cela restait encore difficile à assimiler.

Mince, mon vieux, elle est un peu plus vieille que toi…

A cette pensée, il étouffa un rire. Se voyant observée, la fille lui lança un regard courroucé, et il reprit aussitôt son sérieux, et rajouta quelques lignes dans son carnet pour détourner son attention.

Ayant fini ses annotations, il rangea son bloc dans son sac. Il affichait la mine d'un homme un peu désorienté, et soupirant une fois de plus, il passa la main dans sa tignasse blonde.

« Senara… Je… j'ai encore du mal à m'y faire… c'est comme qui dirait assez inattendu comme situation. »

Elle hocha la tête et sourit, cette fois d'un sourire aimable et compréhensif.

« Je sais… c'est normal, tu sais. Mais ça viendra vite, ne t'en fait pas. »

Il s'agita soudainement, et finit par se lever lui aussi, pour arpenter la pièce d'un pas fébrile.

« Mais… si cet espèce de cinglé, là bas dans la ruelle l'autre soir, il ne nous avait pas sauté dessus avec un couteau ? Tu ne te serais pas mis entre nous, et je n'aurais jamais rien su ! Il a fallu que je te vois en train de te vider de ton sang… tu me dis que ce n'est rien, et en effet, au bout de 2 minutes, tu te relèves en grimaçant, avec pour tout souvenir de ce type une belle tâche sur tes fringues et un trou dans ton pull… Rien de fou dans cela voyons. »

Il ricana nerveusement en secouant la tête avec dérision et finit par se rasseoir.

Senara inclina la tête.

« Tu aurais fini par le savoir. Je te l'aurai dis. »

Il releva les yeux et la fixa intensément, attendant la suite.

Elle poursuivit.

« Pas si vite, peut être, pas de cette manière, mais je te l'aurais dit tôt ou tard. »

« Ça, je le sais… tu ne cesse de me le répéter depuis trois semaines. Pourquoi moi ? C'est quand même pas à la portée de tout le monde de gober un truc pareil ! Et encore plus dur à croire si toi, tranquillement, pour vérifier ça, tu te plantes un couteau dans le ventre. Avoue que c'est loin d'être banal comme secret. » Acheva-t-il sur un ton sarcastique en écartant les bras.

Elle ne souriait plus à présent, et se leva pour lui faire face, le regardant durement.

« Parce que tu es mon ami ! Mon seul ami, Andrew… mon meilleur ami. Je m'appelle Senara Eirianwen Gwenhwyfar Zibelstein, je suis née il y a environ 3000 ans et je ne peux pas mourir… Que veux-tu que je te dise de plus ? »

Ses yeux verts plantés dans ses yeux bleus, elle attendait une réponse.

Il se leva enfin, songeur, s'approcha d'elle. En soupirant, il posa ses mains sur ses épaules, et elle le laissa faire, étonnée. Puis subitement, se penchant en avant, il l'embrassa.

Le temps d'une seconde, la surprise l'empêcha de bouger, mais elle le repoussa subitement sans ménagement et lui tourna le dos pour marcher jusqu'à la fenêtre, observant la rue trois étages plus bas. Elle secoua la tête.

« Je t'avais pourtant interdit de faire ça… Si tu recommences une telle chose, je t'offre la même cicatrice que la mienne. »

Andrew pâlit, et face au dos tourné de Senara, bafouilla une excuse.

Mais elle ne sembla pas l'avoir entendu.

« Je ne peux pas mourir… pourtant, ce n'est pas faute d'avoir affronté la mort… mais je reviens tout le temps. »

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Si ça plait à au moins une personne, je m'engage à publier le chapitre 2 ! xD (pitié, dites quelque chose, même kamoulox ! lol)