Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer, ce soir là, que Fred Weasley se retenait difficilement de rire. À la table des Gryffondors, il n'était d'ailleurs pas le seul à avoir un peu de mal à garder son calme : à seulement quelques mètres de lui, seul son austère et sérieux – trop, disaient les mauvaises langues – frère Percy continuait à discourir sur les us et coutumes de Bran l'ogre, un sujet ab-so-lu-ment (in)intéressant que sa classe venait d'aborder en histoire de la magie.
Est-ce que seulement une personne assise à cette table avait un jour pris la peine de l'écouter ? Se demandait Georges, tandis qu'il surveillait son aîné du coin de l'œil. Histoire qu'il ne se rende pas compte qu'ils étaient les instigateurs de cette petite blague... s'il découvrait quelque chose... non,se rassura-t-il mentalement, il ne ferait rien contre eux. Il était leur frère, tout de même, ils devaient se soutenir mutuellement !
Il reporta son attention sur la table des Serdaigle.
Ces derniers avaient eu le malheur de remporter le dernier match de quiddich contre Gryffondor, et ils allaient en payer le prix ce soir...
Soudain, une fille de la maison des Bleus et cuivre, Jenna Faucett, tomba de son banc en criant. Fred et George échangèrent un sourire victorieux en observant les joueurs de l'équipe adverse choir un à un, visiblement tous atteints des mêmes maux. Les cheveux de la poursuiveuse avaient d'ores et déjà atteint une longueur époustouflante, tandis que les deux batteurs arboraient une splendide coloration rouge et or. Les autres membres de l'équipe subissaient eux aussi de légères modifications de leurs magnifiques chevelures...
Cependant, il s'avérait que Fred avait eu la main un peu lourde sur le recurvite à retardement : au lieu des quelques jolies bulles de savon colorées – assorties aux cheveux, s'il vous plaît ! - attendues, les sept joueurs étaient couverts de mousse, et les professeurs eurent du mal à les transporter jusqu'à l'infirmerie. Qu'importe ! Ils avaient réussi leur pari : mettre toute l'équipe de Serdaigle hors combat tout en en faisant quelque chose d'amusant.
Le lendemain matin fut bien moins drôle.
Lorsqu'ils virent arriver Errol, portant entre ses pattes une enveloppe d'une couleur caractéristique, ils restèrent un instant interdits. Qui avait bien pu les trahir ?
Ils recherchèrent le coupable durant toute la matinée, avant de devoir, hélas, se résigner à admettre la triste réalité : leur frère aîné était l'unique responsable des hurlements de leur mère. Georges, se rappelant avec amertume des phrases grandiloquentes de Percy, la veille au soir, n'hésita pas une seconde à acquiescer à la proposition – au demeurant très alléchante – de vengeance de son jumeau.
Percy ne perdait rien pour attendre...
