Fin de Carrière
Disclaimer : Suzane Collins
Pairing : Clove x Cato
Résumé : Clove et Cato sont les deux derniers survivants et doivent se disputer la place de vainqueur. Ils ont été formés pour ne pas hésiter, pour gagner à tout prix, malgré les sentiments, malgré tout. Il n'a jamais été question d'accorder une faveur à l'autre, il n'a jamais été question de reculer. Vous pensiez connaître les amants maudits ? Attendez un peu...
Prologue
Ce n'était pas une relation qui avait démarré sur le bon pied, même si cela aurait pu. Clove était son style de fille après tout. Grande, svelte, musclée, dynamique, jolie, elle avait toutes les qualités qu'il fallait. Leur mésentente de départ fut simplement le résultat d'une rencontre ayant mal tourné. Un beau jour où Cato voulut aller lui parler pour la première fois, attendant qu'elle termine son entrainement, Clove eut le malheur de rater une cible devant lui, probablement déstabilisée par l'attention que lui accordait ce grand blond plus âgé et expérimenté qu'elle. La honte la submergea et évidemment qu'une réplique moqueuse s'échappa des lèvres de Cato à ce moment là. C'était inévitable. En réponse à cela, Clove effectua un sec mouvement vers lui. Un sifflement retentit dans son oreille gauche et le couteau passé à quelques centimètres de sa tête se planta dans le mur derrière lui. S'en prendre à Cato Hadley, ce n'était plus du culot, c'était de la folie… mais il ne lui fit pas le plaisir d'être en colère, il ne lui fit pas le plaisir de s'emporter comme il lui arrivait parfois, il ne réagit même pas. Peut-être avait-il été trop troublé qu'on lui coupe le sifflet. Et pire, que ce soit une fille qui le fasse, plutôt que de battre bêtement des cils et glousser à son passage, comme toutes les autres. Cependant, à compter de ce jour, il lui voua un dédain farouche. Se croiser au détour d'un couloir de l'académie engendrait toujours un échange de regards défiants, au minimum, voire de répliques bien senties. Un manège qui dura longtemps.
La dix-huitième année de Cato fut sa dernière chance pour représenter le District 2. Il voulait être choisi mais ne comptait pas pour autant se porter volontaire. Ils étaient nombreux à vouloir se battre aux Hunger Games, et la simple pensée qu'une émeute résulte d'un trop grand nombre de personnes voulant participer l'ennuyait au plus haut point. Mais c'est elle qui fut sélectionnée, avec un garçon un peu plus jeune. Cato la regarda bien, elle qui se dressait noblement face à son district, et il sentit quelque chose d'étrange dans sa poitrine, en la voyant si belle et si fière, comme si une main invisible remuait ses organes internes. Son cœur, surtout. C'en était presque douloureux. Que Clove puisse mourir, c'était une chose, mais l'idée qu'une autre personne que lui puisse la tuer, lui faire du mal, ou lui voler son dernier souffle, lui était insupportable. Si bien qu'à peine eut-on demandé un volontaire pour prendre la place du garçon, que Cato se désigna d'une voix portante et distincte : « Moi ! » L'intonation avait été sèche, brutale, et Cato balaya d'un regard dangereux les visages curieux tournés vers lui. Quiconque oserait s'opposer à sa décision mettait sa vie en péril. Cato était aussi impitoyable que redoutable. On disait de lui qu'il serait capable de tuer d'un simple mouvement de bras. C'était vrai, même s'il n'avait encore jamais eu l'occasion de le faire.
Tous les jeunes hommes du 2 s'écartèrent prudemment pour laisser passer le nouveau tribut, certains l'encourageant même au passage, ce qui était un phénomène très rare. Cato ne leur prêtait aucune attention, son regard était fixé sur celui de Clove qui l'observait le menton haut, l'air sereine. Il gravit l'estrade et au moment de lui serrer la main comme le voulait la tradition, contre toute attente, elle lui adressa un sourire. Léger, discret, qui n'avait rien à voir avec les rictus moqueurs qu'ils pouvaient s'échanger entre quelques ripostes cinglantes. C'était un sourire sincère, presque reconnaissant. Le trouble traversa les orbes bleus de Cato à ce moment précis. Pourquoi, Clove ? se demanda t-il.
Partie I : Meurent les illusions
Clove n'est plus la fille capricieuse et susceptible d'avant, pas avec lui, du moins. Elle est devenue son alliée, lui vouant un respect dont il ne l'aurait pas cru capable. Elle s'est entrainée avec lui, contre lui, pour le rendre meilleur, pour qu'il la rende meilleure aussi. Dans l'arène, elle s'est battue à ses côtés, elle a veillé sur lui chaque nuit où lui était trop épuisé pour veiller sur elle, pour qu'ils soient certains qu'aucun membre de l'alliance ne les trahisse.
Puis, quand les Carrières du 1 et du 4 succombent, il ne reste plus que la dernière alliance, eux. Une nuit où l'air glacial les cloue au sol, Cato la tire contre lui pour l'entourer de ses bras. Son corps semble irradier d'une chaleur soulageant Clove qui, elle, grelotte de froid.
« Cato », souffle t-elle tout bas, une buée d'air gelé s'échappant de sa bouche « Quand on aura tué le dernier tribut, on fera quoi ? On devra… passer à l'attaque directement, comme c'était prévu avec les autres, ou on partira chacun de notre côté pour attendre le lendemain ? »
Le regard de Cato s'assombrit à cette pensée. Il n'a pas encore osé songer au moment où ils en arriveraient là, à ce combat à mort entre lui et celle qui est devenue sa plus proche amie.
« Je ne sais pas, Clove », murmure t-il.
Ils ont été formés pour arriver à ce moment ultime, ils ont été programmés pour ne pas hésiter, pour gagner. Il n'a jamais été question de faire une faveur à l'autre, il n'a jamais été question de reculer. Clove le comprend. Elle comprend que Cato fera tout pour la tuer le moment venu, et elle ne lui en veut pas. Elle fera de même, elle se battra comme une lionne, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour l'emporter. Dans le pire des cas, elle mourra, et quelle belle mort ce sera, de sa main… Clove est contente qu'il l'ait porté jusque là, et qu'il la porte encore vers le Grand Finale pour le combat qui les couvrira d'honneur tous les deux, peu importe qui en sortira vainqueur. Clove a toujours eu le sentiment que Cato s'est porté volontaire pour ça, pour préserver son honneur à elle, pour elle. Preuve étant qu'il ne s'est jamais montré hostile avec elle après la moisson, preuve étant qu'il la serre contre lui plutôt que la laisser mourir de froid, preuve étant qu'elle voit une lueur de crainte dans son regard quand il pense à leur avenir. Une lueur discrète que personne ne saurait voir sauf elle, parce qu'elle le connaît mieux que quiconque.
Peut-être le public a t-il été touché de voir un second couple d'amants maudits, car le lendemain, alors qu'ils marchent côte à côte, la voix de Claudius annonce : « Mesdames et messieurs chers tributs, la règle requérant un seul vainqueur pour les Hunger Games est suspendue. A compter de maintenant, deux tributs issus du même district pourront être sacrés vainqueurs s'ils sont les derniers survivants. Je répète… » Les deux Carrières s'arrêtent et tournent la tête l'un vers l'autre en se regardant comme s'ils se voyaient pour la première fois. L'impensable, l'inespéré, vient de se produire. Ils n'en reviennent pas, ils n'en reviennent pas de cette chance.
Il pourra gagner avec elle, ils pourront être ensemble après les Hunger Games. L'espoir l'aveugle. Tombent les barrières que Cato a érigé autour de son cœur pour se protéger d'elle, pour se protéger de tous les sentiments qu'elle réveille en lui. Il s'autorise à se sentir attaché sans honte, sans crainte. Tout est possible. Cato est un monstre sanguinaire, mais pour une fois, pour cette fois, il s'autorise à être vulnérable, parce que Clove est forte, parce qu'elle le mérite, parce qu'il ne demande que ça depuis trop longtemps. On dirait qu'elle ressent les mêmes émotions que lui. Plongée dans son regard, elle ne s'est pas rendue compte qu'elle s'est blottie contre lui. Il l'enlace de ses bras, se penche vers elle et dépose le front contre le sien, un sourire aux lèvres qu'elle lui rend. Cato n'aurait jamais cru pouvoir dire un jour d'un regard de Clove qu'il est tendre. Tant d'émotions se bousculent en eux, au point qu'ils n'osent même pas s'embrasser. L'allégresse les étourdit trop, il serait impossible de bien s'y prendre et ils sont des Carrières ! On fait les choses correctement ou bien on ne les fait pas du tout. Alors ils se contentent de profiter de la proximité de l'autre, leur souffle s'entremêlant, leur regard étincelant de bonheur se perdant l'un dans l'autre. Ils n'ont besoin de rien de plus.
Après que Cato a vaincu Thresh, le combat final est celui qu'ils espéraient. Leur duo contre les deux autres amants maudits. Ensemble, ils sont invincibles, invulnérables. Le canon de la Fille du Feu retentit en premier tandis que l'amant de celle-ci agonise au sol. Cato retire le couteau que Clove lui a envoyé dans la gorge et le range dans sa ceinture sans quitter des yeux ce dernier ennemi à terre. Il le contemple avec une sorte de fascination parce qu'il sait que, dès lors que son cœur se sera arrêté de battre, que le canon aura retentit une ultime fois, ils seront couverts de gloire. Encore une fois, ça lui semble irréel. Enfin, Peeta Mellark ferme les yeux et ils l'entendent, le canon. Clove et lui sont les derniers survivants. Un grand silence s'installe, le temps de se rendre compte qu'une page se tourne, le temps de réaliser que tout ce pour quoi ils se sont entrainés, tout ce qu'ils ont fait au long de leur vie, tout ceci prend sens, tout est terminé. Maintenant qu'ils ont gagné l'honneur… ils ont le droit de prétendre au bonheur. A deux.
« On a gagné, Cato… on l'a fait ! »
Et ils laissent éclater leur joie par des cris de guerre, ils se poussent, tombent ensemble, se bataillent, rient puérilement, se relèvent, se bataillent encore, et s'enlacent à bout de souffle. En les voyant ainsi, on se souvient que ces deux machines de guerre sont aussi des enfants. Des enfants corrompus, barbares, salis, épuisés, changés, mais triomphants.
« Félicitations à nos deux finalistes de cette soixante-quatorzième édition des Hunger Games ! La révision antérieure vient d'être annulée. »
Leur sourire se fige. La compréhension de ce qui se déroule en ce moment-même est un poison qui parcourt leurs veines. Lentement, ils se lâchent, lentement, leurs corps se décollent, lentement, ils reculent. Puis leur visage se décompose, se fane, leurs yeux se vident, leur teint blêmit. Ils deviennent les cadavres de leurs illusions.
« Un examen plus approfondi du règlement a fait apparaître qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul vainqueur. Bonne chance, et puisse le sort vous être favorable ! »
