Titre : Irksome
Auteur :
Hitto-sama
Base : Naruto
Genre :
grandiloquence théâtrale
Disclamer :
Il était une fois, un japonais. Il s'appelait Masashi
Kishimoto et détenait tous les droits sur l'univers qu'il
avait créé, à savoir celui de son propre manga
"Naruto". Et bien entendu, je ne suis pas ce Masashi
Kishimoto. Je ne suis d'ailleurs pas japonais. Ni du côté
XY de la Force. Tant mieux.
Note : Le titre
signifie "agaçant" en anglais.
-¤ Irksome ¤-
Il était de notoriété publique que déranger Hatake Kakashi un samedi soir sur son propre terrain alors que la première chaîne télévisuelle du pays retransmettait la toute nouvelle adaptation du Icha Icha Paradise à une heure de grande écoute était quelque chose d'assez risqué. On pouvait même aller jusqu'à dire que déranger Hatake Kakashi était mortel. Sauf pour un certain nombre de personne. Le Hokage en avait la capacité, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, si tant est que le chef de l'armée ait une bonne raison. Le Conseil aussi avait ce pouvoir mais il fallait que le pays soit au bord de la guerre et que toutes les unités d'ANBU soient détruites. Ses élèves le pouvaient plus ou moins, si tant est qu'ils découvrent un jour l'adresse de son appartement. Et puis il y avait les autres. Maito Gai faisait partie de ces gens qui n'avaient en aucun cas le droit de venir déranger Hatake Kakashi, même si c'était pour un défi qui ne souffrait d'aucun délai. On lui avait pourtant souvent dit et répété que c'était suicidaire mais Gai était de ceux que la mort n'effraie pas. Parait-il.
L'histoire se passait donc un samedi soir alors que des millions de fans frémissaient devant leur écran de télévision, attendant avec impatience que la coupure de publicité se termine dans l'espoir de voir le premier épisode de l'adaptation en série télé du célèbre roman de l'ermite aux crapauds, aussi connu pour ses faits légendaires en tant que shinobi accompli. Kakashi se trouvait dans son meilleur (et unique) fauteuil pour l'occasion, une bière fraîche sur la petite table basse à côté de lui, tout comme un paquet de chips ouvert à l'avance pour éviter de faire du bruit. Les volets étaient tirés, la porte fermée. Kakashi était même allé jusqu'à dire aux voisins qu'il n'était pas là (mission urgente – oui, dommage pour le feuilleton, merci encore, au revoir) pour s'assurer qu'on ne viendrait pas le déranger en quête de sel ou de sucre. La gamine d'à côté bavait dès qu'elle l'apercevait et Kakashi n'aimait pas sa façon de frapper cinq ou six fois à la porte chaque soir pour demander un tourne vis ou un bougeoir afin de préparer un gâteau ou il ne savait quoi. Au Diable la merdeuse ! Ce soir, il regardait la télévision.
Télévision qu'il avait d'ailleurs achetée pour cet évènement. Il avait même recueilli un meuble pour la placer dans son salon-salle à manger-cuisine. Il fallait dire qu'en dehors d'une table basse et d'un fauteuil, la partie salon de sa pièce principale n'était pas spécialement meublée. Pas de décoration au mur, pas de plante verte. Sa chambre était un peu plus gaie mais restait tout de même très sobre. Il était shinobi et n'avait donc pas à se soucier des biens terrestres. Après tout, il pouvait mourir l'instant d'après et l'administration serait très embêtée avec ses affaires. Autant leur éviter un tas de papelards inutiles. Kakashi avait déjà demandé à ce qu'on fasse brûler toutes ses affaires au cas où il mourait.
Vous l'avez donc compris, Hatake Kakashi était un homme prévoyant. Pour un shinobi, il était normal d'utiliser ce terme. Un civil aurait plutôt dit paranoïaque mais tout dépend du point de vue et nous n'allons pas débattre maintenant des différences entre civils et ninja. Comme tout homme prévoyant, Kakashi vérifia d'un dernier coup d'œil que rien ne viendrait le déranger. Il était dans le noir, seulement éclairé par l'écran animé devant lui. Pris d'un doute, Kakashi se leva et vérifia que les fenêtres ainsi que les volets étaient fermés, tout en gardant un œil sur le téléviseur. Il tourna autour de son fauteuil et le déplaça de cinquante bons centimètres histoire de survivre en cas d'attaques croisées depuis les fenêtres et la porte d'entrée. Le célèbre jonin laissa son Sharingan scruter les moindres recoins de la pièce avant de soupirer de soulagement. Il finit par s'installer confortablement dans son fauteuil, non sans vérifier avant qu'il n'était pas plus piégé que lorsqu'il l'avait quitté, et se laissa aller, s'affalant jusqu'à être dans sa position favorite, à savoir celle du "j'm'écroule et j'verrais après". Il était bien. Merci la paranoïa.
La publicité se termina sur un shampooing pour sublimer les reflets blonds des personnes brunes. Kakashi se tendit imperceptiblement. Enfin, la série commençait ! La belle brune de la pub céda sa place à un écran noir. Un instant, Kakashi cru que l'on avait coupé le courant et qu'on s'apprêtait à l'attaquer mais il se détendit lorsqu'il vit s'afficher en gros caractères le titre de la série. Le générique débuta. Il était bien rythmé et présentait rapidement les acteurs dont il n'avait jamais entendu parlé. Quoi que la petite Fujikaze Yukie lui rappelait vaguement quelqu'un. Autant dire qu'il s'en fichait royalement. La minute trente de chansonnette s'acheva sur trois coups. Kakashi retint sa respiration. La première image n'était autre qu'un long plan sur un merveilleux coucher de soleil. De nouveau trois coups. Kakashi grogna. Il n'était pas là donc ne pouvait pas aller voir ce qui se tramait derrière sa porte. Et puis quelle idée de frapper à la porte quand on attaquait … Autant envoyer une lettre recommandée la veille ! Le jonin baissa le son de la télévision pour paraître encore moins présent qu'il ne l'était et se renfrogna. Il aurait dû écouter ce vendeur et accepter de sortir quelques billets de plus pour les écouteurs à infrarouge qui lui auraient permis de rester affalé tout en restant à bonne distance de l'écran. Trois coups. Encore. Et la porte vola.
"Hatake Kakashi ! hurla un homme grenouille sur le pas de la porte."
Un "crac" lui répondit. L'accoudoir du fauteuil avait rendu l'âme sous la pression qu'exerçait sur lui le démon qui avait remplacé le dénommé Hatake Kakashi. Seul son œil brillait d'une lueur meurtrière dans la pénombre de la pièce tandis que le coucher de soleil dérivait sur un pin perdu en haut d'une falaise. L'instant d'après, Gai actionna l'interrupteur pour avoir un peu de lumière et constata une fois de plus que son rival éternel n'avait pas fait dans le social depuis longtemps. En même temps, depuis que ses disciples s'étaient éparpillés un peu partout, on ne pouvait pas vraiment dire que Kakashi faisait dans le socialement correct. C'était à peine s'il disait bonjour lorsqu'il recevait ses ordres de mission. Le merci et l'au revoir lui étaient d'ailleurs inconnus. Gai prit une grande inspiration et pointa son index rigide comme la Justice avec un mouvement théâtral sur la bête se terrant dans son fauteuil.
"Ce soir, tu sors !
- Vas t'étouffer avec tes
collants, grogna Kakashi.
- Si tu dis cela, c'est que tu n'es pas
un homme ! répliqua Gai sans se soucier de ce qu'on appelait
logique et qui régnait communément dans toute
conversation.
- Rien à foutre.
- Où est donc la
fougue légendaire de ta jeunesse écarlate ? continua
l'intrus en prenant une pose dramatique et une respiration
haletante.
- Elle t'emmerde ma fougue.
- L'ivresse des
grandeurs ne t'aurait-elle pas fait perdre de vue l'incommensurable
bonheur que l'on trouve dans la quête et la maîtrise de
la reconnaissance de nos chers enfants qui quittent à peine le
berceau pour se réfugier dans nos bras virils !
- De quoi
?
- La plus grande fierté du guerrier n'est-elle pas celle
du devoir accompli lorsque l'on voit la nouvelle génération
élevée par nos soins prendre de l'assurance tout en
gardant un œil bienveillant sur leurs aînés et leurs
cadets alors que la paix et la sécurité sont assurées
pour tous dans ce monde pleins de pièges et de douleurs !
-
C'est-à-dire …
- Comment peut-on résister un seul
instant à cet enfant qui tend ses petites mimines vers les
grandes paluches qui sont les nôtres après le cauchemar
de sa préadolescence et qui s'apprête à affronter
le monde terriblement dur et détestable des adultes alors que
lui-même n'a pas toutes les réponses et que nous-mêmes
ne les avons pas mais il les demande quand même et nous nous
devons de les lui donner pour satisfaire sa curiosité d'enfant
!
- Ah …
- Notre seul souci est de préserver du mieux
que nous le pouvons l'héritage des générations
précédentes pour l'offrir à nos chers et tendres
élèves qui n'attendent que l'occasion de retransmettre
ce précieux savoir à leur propre descendance chérie
et bercée avec soins durant des années et des années
tout en sachant que nous ne sommes que des passerelles entre le
passé, le présent et le futur dans ce beau pays qui est
le notre et que nous devons protéger de nos corps et nos
fougues jusqu'à ce que la mort nous condamne tous ! Kakashi
!
- Oui ?
- Ce soir, tu sors !"
Et Kakashi sortit effectivement ce soir-là.
Fin ?
