Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de Vocalion, disponible sur ashwinder.
Note : cette histoire est une réponse au défi 'je veux embrasser la mariée' du festival de printemps de Sycophant Hex. Le jury lui a accordé une mention honorable.
Titre original : The futility of reason
Adaptation benebu, mars 2006.
(j'ai pris un peu trop de libertés par rapport à l'original pour qu'il soit ici question de traduction pure et simple. )
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« D'après les logiciens,
l'esprit humain serait logique.
Qu'ils le prouvent, s'ils le peuvent. »
Oliver Goldsmith
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Severus Snape chiffonna sa copie de la Gazette du Sorcier et la jeta au feu, dégoûté. Il cracha dans les flammes pour faire bonne mesure et sortit de son donjon en trombe.
Je ne le permettrai pas, se promit-il, en traversant le parc du château. Une fois qu'il eut passé les grilles, il Transplana avec un 'pop' furieux.
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Hermione Granger avait presque fini de faire ses valises pour sa lune de miel, même si elle ne devait se marier que dans quarante-huit heures. Elle hésitait sur la lingerie à emporter, et fut interrompue dans son choix par des coups secs frappés à la porte. Elle alla ouvrir.
« Professeur Snape ? »
« Je retire dix points à Gryffondor, Miss Granger, pour cette lapalissade. Vous devriez fermer la bouche. »
« Je suis désolée, c'est seulement que ça fait… »
« Six ans que vous ne m'avez pas vu et que je suis la dernière personne que vous vous attendiez à trouver sur la pas de votre porte. » Il la fixait intensément de ses yeux noirs.
« Oui, comment avez-vous… Oh ! Vous devez avoir utilisé… »
« La Légilimencie était parfaitement inutile, je vous l'assure. Je m'attendais exactement à ce genre de réaction sans originalité. Maintenant, est-ce que vous me faites entrer, où est-ce que je dois retirer dix points de plus pour vos mauvaises manières ? »
Hermione, hébétée, fit un pas de côté et Snape entra dans la pièce. Il tourna en rond un moment avant de s'asseoir sur une chaise.
« Pour une fois dans votre vie vous restez silencieuse, Miss Granger ? Un sucre, merci. »
« Je vous demande pardon ? » répliqua Hermione, en fermant la porte et en s'approchant de lui avec prudence.
« Je prends un sucre dans mon thé. Vous avez bien l'intention de jouer le rôle de la parfaite maîtresse de maison, n'est-ce pas ? Ça vous fera un excellent entraînement pour le moment où vous aurez à assumer ce rôle officiellement, après votre mariage. »
« Avant de vous offrir du thé, Professeur, je voudrais… »
« Oui, Miss Granger ? Est-ce que vous êtes incapable de terminer une phrase ? »
« Non, je voulais seulement vérifier si vous comptiez encore une fois m'interrompre et finir à ma place. » Snape ouvrit la bouche pour répondre, mais ce fut Hermione qui dit, « Touché, Miss Granger. »
Snape ferma la bouche, et leva un sourcil. « Comment saviez-vous que j'allais dire ça ? »
« J'ai suivi vos cours de Potions pendant sept ans, Professeur – sept longues années. Je vous connais tout aussi bien que vous vous imaginez me connaître. De plus, je dois vous avouer que j'ai toujours détesté votre habitude ridicule de lever un sourcil. Je trouve absurde quand j'y repense, que cette lamentable affectation ait pu m'intimider à l'époque. »
Snape croisa les bras, et se renfrogna.
« Oh, bravo ! Il ne nous manque que la grimace dégoûtée et l'air supérieur, et vous m'aurez gratifiée de tout votre répertoire d'expressions faciales. Je ne suis plus votre élève, Professeur. Je suis une femme de vingt-cinq ans qui réussit dans son travail. Et votre menace de me retirer des points était risible. »
« Je tiens à vous féliciter pour votre discernement, c'était en effet une blague. »
« Eh bien, jusqu'à ce moment très précis, je ne savais pas que le héros de guerre qui vit en reclus dans les donjons de Poudlard était capable de raconter des blagues. A l'avenir, je vous suggère de les tester à l'avance devant un public impartial, afin de vous assurer qu'elles soient drôles. »
« Je suis plus tourné vers les mots d'esprit, Miss Granger. J'ai déjà plaisanté devant vous et vous avez été incapable de vous en rendre compte, comme aujourd'hui. »
« J'imagine que vous n'avez pas d'exemple à me citer ? »
« Est-ce que vous m'avez déjà vu être pris au dépourvu ? L'exemple le plus flagrant est cette remarque que je vous ai faite quand vous étiez en quatrième année. Malefoy venait de vous lancer ce sort de Dentesaugmento, si je me souviens bien. »
Hermione eut soudain l'impression que ses jambes refusaient de la porter plus longtemps. Elle se laissa tomber sur le canapé, stupéfaite, et incapable d'articuler un son. Quand enfin elle put ouvrir la bouche, ce fut pour balbutier, « Mais pendant toutes ces années… J'ai pensé… Je me suis sentie… Vous étiez toujours si… »
« Si vous persistez à vous exprimer par ellipses, je devrais peut-être vous laisser avant de faire la pire erreur de ma vie. »
Elle fronça les sourcils, confuse. « Mais pourquoi êtes-vous là, d'abord ? »
Snape renifla, hautain. « Puisque vous prétendez me connaître si bien – dites-le moi, vous. »
Hermione étudia Snape un moment. Il avait changé, et pas en mieux. Sa silhouette était plus maigre, son visage émacié, et il avait maintenant des cheveux gris au niveau des tempes. L'âge n'avait pas adouci ses traits. Il était maintenant au milieu de la quarantaine, ses dents avaient jauni plus encore, et son nez tordu était maintenant marqué d'une cicatrice due à un Cruciatus qu'il avait subi pendant la défaite de Voldemort.
« Je ne parviens vraiment pas à imaginer pour quelle raison vous êtes venu ainsi vous présenter à ma porte – à moins que ce ne soit pour vous vanter de votre nouvelle distinction : vous êtes la dernière nouveauté des cartes à collectionner avec les Chocogrenouilles. J'en ai déjà eu une, d'ailleurs – Félicitations. »
« Merci. Cet honneur compte beaucoup pour moi. Il compte tellement, en fait, qu'à chaque fois que je surprends mes élèves en train d'essayer de percer des trous dans mon effigie à l'aide de leur plume, je retire cinquante points à leur maison – cinquante points par trou. »
« Je ne serais pas surprise d'apprendre que vous ayez fait encadrer une de ces cartes pour l'accrocher à côté de votre Ordre de Merlin, Seconde Classe. »
« Première Classe, Miss Granger. »
« Pardonnez mon erreur. J'imagine que vous le portez en permanence, même pour dormir. »
« Tout au contraire. En ce moment, il est dans le tiroir du bas de ma commode, en compagnie de mes chaussettes. »
« C'est charmant. Mon Ordre de Merlin est au dessus de mes bas. »
Snape laissa remonter son regard le long de ses jambes.
« Dans le même tiroir ! C'est ce que je voulais dire. »
« Oh. Merci d'avoir clarifié. Première Classe ? » demanda t'il.
« Non, » admit Hermione. « Deuxième Classe. »
« Hum. Vous me décevez. J'espérais que vous auriez meilleur goût en matière de lingerie. »
Hermione laissa échapper un petit rire. « D'accord, peut-être que vous êtes capable de faire de l'humour, Professeur Snape. Mais vous ne m'avez toujours pas expliqué la raison de votre présence ici. »
« Je suis venu vous présenter tous mes vœux de bonheur pour votre futur mariage – et vous informer que vous êtes en train de faire une erreur monumentale, » lui dit-il sans émotion particulière.
Hermione se rebiffa. « Et quelle serait cette erreur, selon vous ? »
« Epouser un Weasley. »
« Charlie sera un excellent mari, et je ne vois pas pourquoi j'aurais à justifier mon choix devant vous. Il n'est certainement pas le pire des Weasley. »
« Parce qu'il en existe un meilleur ? »
« Est-ce que je peux vous demander pourquoi vous décidez soudain de vous intéresser à ma vie sentimentale ? »
« Je tiens seulement à vous épargner une vie entière aux côtés d'une brute épaisse aux bottes souillées d'excréments de dragon et à la cervelle ramollie. »
« Puisque vous semblez avoir mes intérêts tellement à cœur, sauriez vous me suggérer un meilleur candidat ? »
« Vous en avez un en face de vous. »
« Où ? »
« Ici ! » expliqua Snape, en se désignant lui-même.
« Vous n'êtes pas en face, mais à ma droite. »
« Ce n'est qu'un détail. »
« Venez donc vous mettre en face de moi. »
Snape se leva gracieusement, un petit sourire de triomphe au coin des lèvres.
« Maintenant que vous êtes debout, suivez-moi, je vous prie, » lui demanda t'elle innocemment.
Elle alla jusqu'à la porte, qu'elle ouvrit. Snape réalisa, à ce moment, qu'elle était en train de se débarrasser de lui.
« Pas de thé ? »
« Pas de thé. »
« Vous regretterez votre bêtise, Miss Granger. Je vous imagine d'ici quelques années, des moutards accrochés à vos chevilles, et avec des hanches larges comme un tonneau. Je ne reviendrai pas. »
« Merci. Cette conclusion sera le rayon de soleil de ma journée ! » Elle le poussa dehors, et manqua de peu de lui claquer la porte au nez, littéralement.
