Chapitre 1
Le réveil sonna, tirant Hermione d'un profond sommeil. Elle grogna et éteignit l'appareil d'un poing rageur avant de se retourner et de se blottir de nouveau sous sa couette. Morphée la reprenait déjà dans ses bras quand elle s'éveilla en sursaut : elle ne devait surtout pas être en retard, pas aujourd'hui !
Elle se leva précipitamment et enfila le jean qu'elle avait jeté en boule par terre la veille au soir, attrapa un T-shirt quelconque dans son placard et enfila sa robe de sorcier. Elle prit le temps de caresser Pattenrond, allongé sur un fauteuil et passa sa cape de voyage. Elle se dirigea ensuite vers la cheminée de sa chambre. Hermione attrapa une pincée de poudre de cheminette qu'elle lança à ses pieds en prononçant clairement le nom de la ville de Pré-au-Lard.
Elle arriva dans une des cheminées des Trois Balais, salua de la tête le barman et sortit dans le froid. Elle resserra les pans de sa cape autour d'elle en grelotant et se dirigea d'un pas décidé vers Poudlard. Le directeur de l'école l'avait en effet convoquée pour un entretien très important. Hermione s'était empressée d'accepter, d'une part parce qu'elle mourrait d'envie de retourner dans son ancienne école, d'autre part parce qu'elle n'avait pas vu Ron depuis longtemps, à vrai dire pas depuis leur rupture quelques mois auparavant.
Lorsque la jeune sorcière franchit les grilles de l'établissement magique, une foule de souvenirs vinrent l'assaillir. Elle se remémora les bons, comme les mauvais moments qu'elle avait passés dans le parc de Poudlard avec ses amis, et ses ennemis. Depuis la fin de la guerre contre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom il y avait de cela cinq ans, Hermione n'avait pas remis les pieds à Poudlard, là où la dernière bataille avait eu lieu, là où elle avait perdu des êtres chers, là enfin où Voldemort était tombé, vaincu.
Malgré tout, elle se sentit étrangement bien en arpentant les vastes pelouses du parc et elle s'approcha même du lac pour y voir son reflet. Ce qu'elle vit lui pinça le cœur : elle voyait non seulement le visage d'une fille de 23 ans au sourire triste, mais aussi une tombe en marbre blanc, celle de Dumbledore. Elle quitta les bords du lac et se recueillit quelques instants sur la pierre tombale de l'ancien directeur. Elle sursauta quand elle entendit la voix de MacGonagal à ses côtés :
« Il me manque souvent et je me demande s'il est satisfait de la manière dont je gère l'école qui lui tenait tant à cœur…
- Vous m'avez fait peur, professeur, enfin je veux dire Madame la directrice.
- Vous allez l'air en pleine forme Miss Granger, veuillez me suivre dans mon bureau je vous prie, avant que nous n'attrapions la mort. »
Elles traversèrent en silence la pelouse jusqu'à l'entrée principale de Poudlard. MacGonagal poussa les portes et Hermione se retrouva dans le hall du bâtiment. Rien n'avait changé ici, alors que le monde magique avait été complètement bouleversé par la guerre la plus meurtrière de son histoire dont les séquelles n'étaient pas prêtes de s'effacer. Par habitude, elle jeta un coup d'œil aux points des différentes maisons et fut satisfaite de constater que Gryffondor possédait une avance confortable de 50 points, devançant les Serpentard, les Serdaigle et les Poufsouffle. La directrice suivit son regard et lui assura que la lutte pour la coupe des quatre maisons était des plus acharnées cette année.
Elles se dirigèrent ensuite toutes les deux vers le bureau que la directrice occupait, comme bien d'autres avant elle. Après avoir donné le mot de passe (citron meringué), certaines choses ne changent décidément pas pensa Hermione avec un sourire, elles entrèrent dans le bureau de la directrice de Poudlard dont les murs étaient ornés de dizaines de portraits d'illustres sorciers. Certains dormaient dans leurs cadres, d'autres avaient quitté leurs toiles pour aller discuter avec le voisin, mais un portrait attira le regard d'Hermione, celui d'un vieux sorcier qui lui souriait avec bienveillance, celui de Dumbledore. La jeune sorcière détourna son regard du portrait, avec un pincement au cœur.
« Asseyez-vous je vous prie, miss Granger, j'ai beaucoup à vous dire. Voyez-vous, je vous ai fait venir à Poudlard car j'ai besoin de vos services. Pour tout vous dire, j'aimerais que vous remplaciez, temporairement bien sûr, le professeur d'Histoire de la magie de Poudlard qui a dû s'absenter pour d'obscures raisons.
- Mais enfin, je…
- Laissez-moi finir, s'il vous plaît. Les vacances de Noël vont se terminer dans deux jours et ce professeur n'a toujours pas donné signe de vie, enfin il n'est pas réapparu, il me paraît impensable de priver les élèves des cours d'Histoire de la magie. Je sais bien que vous n'avez pas tout à fait fini vos études dans ce domaine, mais j'en ai parlé avec vos professeurs. Ils sont de mon avis pour dire que vous êtes tout à fait capable d'enseigner à des élèves, même ceux de septième année. De plus, la bibliothèque de Poudlard contient des ouvrages remarquables qui pourront vous aider dans la rédaction de votre thèse. Vous verrez que la réserve ne manque pas de livres des plus intéressants sur les interférences entre le monde magique et l'univers moldu ainsi que sur leurs conséquences parfois désastreuses… sujet passionnant s'il en est. Bien, maintenant, sauf si vous avez des objections, fondées cela va de soi, je vous conseille d'aller vous installer et de prendre connaissance de votre emploi du temps.»
Hermione ne savait pas quoi dire et se contenta de remercier la directrice de la confiance qu'elle plaçait en elle en l'assurant qu'elle ne la décevrait pas. MacGonagal la reconduisit jusqu'à la porte et lui indiqua sa chambre avant de s'asseoir à son bureau :
« J'espère que nous ne la mettons pas en danger, Albus. »
Le portrait de l'ancien directeur s'anima d'un sourire énigmatique à faire pâlir la Joconde :
« Rassurez Minerva, j'ai pleinement confiance en ses capacités, et puis elle ne sera pas seule en cas de problèmes. »
