Drago est en face de moi mais je crois que son regard m'évite .
Je crois?
En fait j'en suis sur .
Nous sommes assis dans le salon, face a face , séparés par une table de chêne mais surtout par une montagne de regret .
Une goutte de sueur dégouline sur sa tempe . Nous avons travaillé dur afin de déménager les derniers meubles que j'emmènerai demain .
Enfin son regard acier se pose sur moi ,étrangement doux , et , comme avant , je me sens faible , puis son regard se durcit .
Tant mieux j'aurais presque pu oublier ces derniers mois …
Je jette un regard dans le salon . La tapisserie beige , et le fauteuil rouge , c'est tout ce qu'il a voulu garder .
Aussitôt comme un flash je nous revois souriant main dans la main dans le magasin à choisir nos meubles .
Draco et Harry ! Harry et Draco !…. La tête du vendeur devant notre complicité d'alors …
Merde merde ! Ne pas penser a ça !
Penser aux derniers mois . Nos yeux vides le matin , les yeux éteins, loin de ceux pétillants , jeunes du début ! A peine un ans et demi , sa me parais tellement loin .
Avant nos aveux , notre première sortie , notre premier baisé , notre première fois ensemble , puis la colocation , puis l'achat d'un vrai appartement a deux , les meubles , la déco , le mariage , la première dispute , puis la deuxième , et ainsi de suite et de plus en plus de fêtes ,d'alcool , voir de drogue et de désespoir pour lui , de rancœur , de colère , l'abrutissement dans le travail , les aventures l'esprit trop embrumé pour moi .
On est pitoyables tout les deux .
« Y a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout »
Il se lève et avec lui mes regrets .
-tu a faim Harry ? Demande il la voie neutre .
-un peu merci . Ma réponse me semble fausse . On aurait autre chose a se dire !
-Je nous fait des pattes a la pesto sa te va ? Fit il après un temps d'attente .
J'acquiesçais . Puis il s'affaira dans un silence pesant . Seul les bruits de la cuisine traversaient le mur qui s'épaississait d'instants en instants , cousus de rancœur .
Je me demandais si c'était inévitable ou si c'était de notre faute .
J'aimerais tant savoir comment ça se serait passé autrement .
Je veut dire : tout ça pour ça !
Les médias nous ont rendus la vie impossible pendant au moins trois mois ! Nos amis s'éloignant de nous .. on était trop seul dans notre bulle !
C'était inévitable que ça éclate ?
Il dépose le plat sur la table , je me sert . Il me regarde ,le menton dans le coude ,une de ses mèches glissant sur son visage .
L'envie me brûle de la replacer derrière son oreille . C'est pour moi aussi naturel que boire ou respirer . Et je me retient , me retient …
Il y a un ou deux mois je l'aurais fait presque par automatisme .
Vous savez de ces automatismes amoureux . Pour certain laisser un petit mot avant de partir , l'appeler sans raison juste pour savoir ou il est ,par jeu , lui arranger la cravate ou encore s'endormir avec sa main dans la sienne .
Une larme perle presque . Je n'ai pas touché a mon assiette . Je suis mal, j'ai froid .
Il le vois je sais , j'essais de me retenir ,mais il a toujours été attentif et observateur .
Et ça fait mal parce que je sais qu'il se retient de tendre la main pour cueillir la larme qui coule le long de ma joue .
« Y a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu'on avoue »
Je l'observe , il va parler , je le sais a sa manière de froncer légèrement les sourcils .
-Sa , ….,il hésite ….sa va être froid …
Il voit à la flamme de colère qui passe en moi qu'il n'est plus temps de détourner le sujet , on l'as déjà trop fait .Il reprend aussitôt de sa voix calme et posée et ,si je ne le connaissais pas si bien , je ne pourrais deviner que c'est un effort pour lui de paraître détaché .
-Toi , sa va aller ?
Crétin .
Tu sais comme moi les après midis seul , à ne rien faire d'autre que regretter ta présence . Tu sais comme moi ces soirs à s'endormir sous le poids des regrets et de la colère . Tu sais comme moi les matins ou je te chercherai a coté de moi .
Tu le sais très bien , comme je sais que cela t'arrivera comme a moi !
Mais nous savons maintenant qu'ensemble ce n'est pas mieux .
« Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout »
-Harry ? Sa voie est hésitante , il insiste ! Il me regarde avec un air inquiet , il ne crois quand méme pas que je vais tomber raide mort, non !
-Dis tu te rappelle quand on a emménager ici ? Il a dis ça tout doucement , je pourrais faire semblant de n'avoir rien entendus mais …
-Bien sur que oui ! Meme si il faut avouer qu'ont avaient fêté ça a ta façon . . .
Ce qui voulais dire alcool a flot bien sur !A cette époque là je trouvais ça négligeable comme habitude de vie ..
Il eut un demi sourire .
D'un coud de baguette il fit surgir du néant un poste cd .Puis il le déclencha .
La chanson ….. Notre chanson !
J'eu un franc sourire ,teinté de mélancolie , cette chanson était tout , c'était des souvenirs bons et mauvais , de l'amour et de la colère . On pouvais voir toute notre histoire rien qu'avec les souvenirs qui lui était liés …
-Je suis sur que tu t'est rendus compte de mon charme pour la première fois lorsqu'on a dansé dessus fit il innocemment .
C'était au bal de poudlard …
Comme a son habitude monsieur était beau , il était habillé tout de noir , une chemise soyeuse , un pantalon juste assez large . Sa peau claire , et ses cheveux blond presque blanc étaient mis en valeur par le costume foncé.
Puis Notre chanson avait démarrer . Il s'était remis a danser , moi aussi , et tout deux , emporter par la musique , portés par les corps serrés dans cette ambiante de boite de nuit, nous nous étions retrouvés en face l'un de l'autre a danser ensemble .
Peut être a cause de l'alcool absorbé discrètement derrière le dos des professeurs , l'euphorie du bal , l'ambiance électrique des corps collés , mais nous avons dansés comme nous n'avions jamais danser .
Nous nous somme embrassés comme jamais nous n'avions embrassé .
Et là , enfin , tout deux on a eu l'impression de vivre vraiment .
Sa bouche collée contre la mienne ...
Pile a se moment là on a compris qu'on avaient fait une bêtise .
Que maintenant on ne pouvaient plus vivre l'un sans l'autre .
Ses yeux dans les miens … Bleu et Vert .
Discrètement on s'étaient séparés , je crois méme que personne n'a remarqué notre étreinte .
Voilà comment tout avait commencer .
En attendant la chanson je m'étais levé et le regardais avec toute l'intensité que je pouvais y mettre .
Il s'approcha de moi et , tout deux nous nous mirent à danser .
S'aurait pu être avant . Sa ne l'était pas .
« Évidemment
Évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant »
Il y avaient trop de souvenir dans cette étreinte , dans cette danse , dans cette chanson …
Il y a comme un goût de dernière chance dans ce moment .
Je pleure .
Silencieusement , lui aussi .
Ses yeux gris envahis de larmes ont l'air infiniment tristes .
Comme les miens je suppose …
