Bonjour les amis !
Vous connaissez ce moment béni où vous fermez les yeux, vous abandonnant au sommeil, et que brusquement l'inspiration vous saisit ? Et que vous trouvez ça tellement génial que vous vous levez pour écrire, et qu'importe s'il est 2h du matin et que vous avez un rendez-vous super important à l'aube ? Oui, je suis sûre que vous connaissez. Fin du racontage de vie, promis.
Je tente enfin un Swan Queen, comme j'en rêve depuis le début. J'espère que je serais à la hauteur.

Petites précisions : Il y a un risque de spoilers sur la saison 4. Pas trop pour le moment mais ça viendra.

PS : Le titre vient d'une série portant le même nom et qui m'a inspiré l'idée. Hindsight signifie « sagesse rétrospective ». Ce n'est pas un crossover.

Disclaimer : Les personnages et l'univers de la série appartiennent à Edward Kitsis et Adam Horowitz.

Pairing : Emma/Regina, parce que le Swan Queen, c'est la base. D'abord.

Rating : K+.


Chapitre 1 : Voyage dans le temps

Emma rêvait. Dans son rêve, une belle femme blonde se transformait en dragon dans la bibliothèque, faisant tomber toutes les étagères. Puis une autre femme apparut et, d'un geste de la main, elle changea un petit garçon roux en dalmatien. Finalement, une magnifique brune jeta un sort qui les endormit tous. Puis elle regarda droit devant elle, un sourire mystérieux sur le visage. Emma se réveilla en sursaut, se redressant d'un bond dans son lit.

Lorsque ses yeux s'habituèrent à la luminosité, elle réalisa que quelque clochait. Mais que diable faisait-elle chez Granny ? Repoussant la couverture, la jeune femme posa les pieds par terre, surprise par la fraîcheur du sol. Cette sensation semblait réelle, et pourtant, ça ne pouvait être qu'un rêve. Elle passa une main dans ses cheveux, dans un geste tellement habituel qu'elle ne s'en serait normalement pas rendu compte, mais elle s'en rendit compte aujourd'hui. Car ses cheveux étaient nettement plus courts.

Elle s'approcha d'une coiffeuse verte d'un goût douteux et s'admira longuement, n'osant pas y croire. Ses cheveux étaient courts et bouclés. Cela n'était pas arrivé depuis des années. Quelqu'un lui avait probablement jeté un sort. Avait-elle traversé un nouveau portail temporel dont elle aurait oublié jusqu'à l'existence ? Tout était possible. Il s'agissait de Storybrooke, après tout. Mais oui, elle était à Storybrooke ! Et chez Granny, plus précisément. Cela n'était arrivé qu'une seule fois.

Emma commençait tout juste à saisir toutes les implications de la situation lorsqu'un coup fut frappé à sa porte. Elle entrouvrit avec curiosité et découvrit Regina, un panier de pommes dans les bras. Oh, oui. Elle se souvenait très bien de ça. Elle ouvrit complètement la porte, saisie d'une brusque envie de rire. C'était nerveux, elle n'y pouvait rien. Masquant son hilarité de son mieux, elle s'appuya négligemment contre l'embrasure de la porte.

La blonde réalisa soudain qu'elle ne portait qu'un tee-shirt et une petite culotte. Avait-elle ouvert à Regina dans cette tenue la première fois ? Elle n'arrivait pas à s'en souvenir, mais elle pensait bien que c'était possible. Le rouge lui monta aux joues. Evidemment, autrefois, elle n'en avait rien eu à faire de ce que Regina pouvait penser d'elle. C'était avant qu'elle ne décide d'être son amie, à une époque où elle la haïssait encore.

- Vous savez que le Honeycrisp est le plus robuste et le plus vigoureux des pommiers ? commença la brune, un sourire hypocrite plaqué sur le visage.

Emma fut saisie d'une brusque envie de l'assommer avec son panier. Les pommes étaient-elles empoisonnées ? C'était de la Méchante Reine tout craché.

- En fait, oui, j'étais au courant, répondit-elle en lui retournant son sourire.

Aussitôt, elle sentit qu'elle avait gaffé. Si elle avait vraiment traversé un portail temporel, alors elle ne devait pas changer le passé. Mais elle n'était pas le genre de personne à supporter de revivre quoi que ce soit. La routine, ce n'était pas son truc.

- Vraiment ? s'étonna Regina.

Emma s'abstint de répondre. Pas la peine d'essayer de disserter sur un sujet qu'elle ne maîtrisait pas. D'autant que la brune avait pour habitude de la prendre en faute.

- J'en ai un dont je m'occupe depuis que je suis enfant, reprit Regina. Et je dois dire…

Elle saisit une pomme, la proposant à Emma dans un geste séducteur. La blonde sentit comme une décharge la parcourir. Elle avait oublié à quel point Madame le maire savait se montrer charmante pour obtenir ce qu'elle désirait. La menace de sa voix était altérée par un ton encourageant des plus réussis. Mais Emma savait à qui elle avait affaire, désormais. Sans même lui laisser finir sa phrase, elle répliqua :

- Non, merci. Les pommes, c'est pas mon truc.

Depuis que mon fils... Je veux dire, NOTRE fils, a failli mourir empoisonné par un chausson aux pommes. Ce qui ne s'est pas encore produit.

- Oh, vraiment ? Quel dommage. J'espérais vous faire un cadeau de départ.

- Je n'ai pas l'intention de partir, répliqua la blonde, acide.

Elle était partagée entre son animosité envers Regina, qui remontait à la surface en revoyant cette ancienne version d'elle, et l'amitié toute neuve qu'elle lui vouait et à laquelle elle s'accrochait désespérément. Après tout, elle avait là une merveilleuse occasion de faire les choses différemment.

- Je n'essaye pas de vous enlever Henry, reprit-elle plus doucement. Je le verrais selon vos conditions.

- Henry a déjà une mère, Mademoiselle Swan. Il n'a pas besoin de vous.

Emma fit appel à toute sa patience. Il serait trop dommage d'égorger Regina maintenant, son aide allait s'avérer utile par la suite.

- Henry a déjà assez de problèmes, poursuivit la brune. Votre présence risque de le perturber.

L'intonation de sa voix surprit la Sauveuse. Elle avait oublié à quel point sa presque amie se montrait sèche et cassante par le passé. Certes, elle l'était toujours parfois, en particulier avec elle. Mais toute la douceur que le contact d'Henry avait créée, sans parler de son amitié avec Blanche et de son amour pour Robin, avait disparu. Non, rectification. Cela n'avait jamais existé. Voyant que son interlocutrice ne réagissait pas, Regina ajouta :

- Je gère la situation. Les petits soucis d'Henry vont s'arranger. Il est prit en charge à ce niveau-là.

Oh non, je ne tomberai pas dans ton piège.

- Oui, j'ai croisé Ar… Le docteur Hopper, hier soir. Je suis sûre qu'il est un soutient indispensable pour notre fils.

Emma se mordit la lèvre inférieure. Elle réfléchirait mieux au choix de ses mots, la prochaine fois.

- Henry n'est pas votre fils, s'énerva la brune. Et je pense que vous devriez quitter Storybrooke.

- Sinon quoi ?

Si elle oubliait que la situation était totalement dingue, Emma devait reconnaître qu'elle s'amusait beaucoup. Regina fit un pas en avant, menaçante.

- Ne me sous-estimez pas, Mademoiselle Swan. Vous n'avez aucune idée de ce que je suis capable de faire.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire diabolique puis elle tourna les talons, disparaissant bien vite dans les escaliers. Restée seule, Emma referma la porte. Elle se laissa tomber sur le lit, complètement épuisée. Elle se remémora ses premiers jours à Storybrooke, contente de savoir à peu près ce qui l'attendait. Mais qu'était-elle censée faire ? Elle n'en avait aucune idée. La jeune femme poussa un soupir de découragement.

Après quelques minutes de réflexion, elle comprit qu'elle n'arriverait pas à rester en place. Elle passa rapidement par la salle de bain, lissant désespérément ses cheveux avec de l'eau, puis enfila ses vêtements de la veille. Ouais, c'est ça. De la veille, il y a quatre ans. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle fut descendue dans le hall de l'hôtel. Elle prit tout naturellement la porte menant au restaurant, persuadée qu'une bonne journée ne pouvait commencer qu'avec un bon café. Ou même pourquoi pas un chocolat chaud à la cannelle.

Emma s'assit au bar sans même prendre le temps de regarder autour d'elle, son attention immédiatement attirée par un journal replié. Une photo d'elle des moins avantageuses figurait en première page, illustrant un article de Sidney Glass. Alors qu'elle se remettait à réfléchir aux implications de ce saut dans le temps – sans toutefois réussir à mettre le doigt sur ce qui la chiffonnait – Ruby fit glisser une tasse devant elle.

- Et voilà ! lança joyeusement la serveuse.

- Merci, mais j'ai pas…

Emma s'interrompit. Les souvenirs remontaient à sa mémoire en vagues déferlantes et douloureuses. Elle fit volte-face avant d'avoir pu s'en empêcher. Graham était bien là, en chair et en os. Il était tranquillement posé sur sa banquette, fixant son café avec indifférence. La blonde s'approcha lentement, incapable de refermer la bouche. La situation était logique, et en même temps, elle ne l'était pas. Graham était mort, nom d'un chien ! Il avait rendu son dernier soupir entre ses bras. Ce n'était pas comme si elle pourrait oublier ce moment-là un jour.

L'apercevant, le Shérif se redressa et lança :

- Ah, vous avez décidé de rester !

Emma réalisa que l'expression de son visage devait lui donner un air des plus stupides. Cet éclair de lucidité lui permit de revenir à la réalité et de commencer à digérer lentement l'information du retour à la vie de Graham. Même si une petite voix dans sa tête continuait de hurler en continu. Et peu importe ce que ce cri de détresse signifiait, finalement.

- Euh oui, répondit-elle avec un temps de retard. Je me sens bien ici.

- Bonne nouvelle pour le secteur touristique, mauvaise nouvelle pour les panneaux de la ville ! blagua le Shérif, prenant un air désolé de circonstance.

Emma éclata de rire. Quel humour merdique, franchement ! Elle était certaine de ne pas avoir ri la première fois, d'ailleurs. Mais cette fois, tout était différent. Il était là, pour de vrai. Il était vivant. Soudain, une nouvelle évidence se forma dans son esprit. Si Graham était vivant, alors cela signifiait que Neal l'était également. Elle ferma les yeux, réprimant un sanglot. La perte de son premier amour était une douleur avec laquelle elle vivait désormais. Elle n'était pas prête à passer au travers de toute cette souffrance une fois encore. Après quelques minutes de lutte silencieuse, elle parvint à mettre l'information dans un coin de son cerveau pour se concentrer sur des choses plus urgentes.

- Est-ce que ça va ? demanda une petite voix, tout près d'elle.

La Sauveuse rouvrit les yeux et les posa sur son fils de dix ans. Il portait son uniforme de l'école, avec sa belle chemise blanche bien repassée. Une émotion indéfinissable envahit Emma tandis qu'elle le contemplait. Elle n'avait pas envie d'avoir tout à refaire, mais sa relation avec son fils, elle était prête à la rebâtir consciencieusement. Car jamais elle ne l'avait considéré comme acquis. Émue, elle posa une main sur son épaule – si bas, oh mon Dieu, si bas – et se pencha vers lui.

- Tu es si petit, murmura-t-elle, amusée.

Henry fronça les sourcils. Emma secoua la tête, chassant ses émotions au loin. Elle devait garder la tête froide, rester concentrée. Prenant sur elle pour afficher une expression joviale, pour redevenir la « maman biologique cool » d'autrefois, elle accepta d'accompagner son fils à l'école. Ils traversèrent la rue et le jeune garçon amena aussitôt la conversation où il le désirait :

- On doit parler du sort que ma mère a jeté. Il faut le rompre et vite. Heureusement, j'ai un plan. Étape numéro un : l'identification ! J'ai décidé d'appeler ça l'Opération Cobra.

Emma sourit dans le vide. Cela la changerait de l'Opération Mangouste. Au moins, là, elle savait où elle allait. A ce propos… Pourquoi ne briserait-elle pas la malédiction tout de suite ? Il lui suffirait d'embrasser son fils sur le front, comme elle l'avait fait à l'hôpital. La voix de Crochet résonna dans sa tête : « changer le cours des choses pourrait avoir des répercussions sur nous tous ». Son cœur se serra à l'idée que son petit-ami se trouvait toujours dans la Forêt Enchantée. Elle réalisa qu'elle risquait de ne jamais faire sa connaissance si elle changeait le passé.

- Toi et moi, on a un énorme avantage ! reprit joyeusement Henry, tirant sa mère de ses sombres pensées.

Il s'arrêta brusquement, ramenant son sac à dos sur son ventre pour en sortir des pages de son livre de contes.

- Ma mère sait pas qui tu es parce que j'ai déchiré la fin du livre ! s'exclama-t-il fièrement. C'est la partie qui parle de toi.

Emma saisit les pages entre ses mains tremblantes. Une illustration montrait le prince Charmant déposant son bébé dans l'armoire magique. La jeune femme sentit son cœur se serrer une nouvelle fois. Elle aurait donné n'importe quoi pour une discussion avec son père. Hélas, dans cette ville, seul Henry croyait en la magie. Emma écarquilla les yeux. A bien y réfléchir, il y avait quelqu'un d'autre. Mais est-ce qu'aller parler à Jefferson changerait le futur ? Elle n'en savait rien.

La mère et le fils reprirent silencieusement le chemin de l'école. Tout en se dirigeant vers l'imposant bâtiment, Henry se retourna et lança :

- Je savais que tu finirais par me croire !

Il disparut sur un dernier sourire, s'engouffrant dans l'école à la suite d'une marée d'autres élèves. Emma retint son souffle lorsque sa mère se tourna vers elle. Habituellement, elle aurait eu droit à l'une de ces étreintes chaleureuses qui lui faisaient sentir qu'elle n'était plus une petite fille abandonnée. Mais aujourd'hui, elle devrait se contenter d'une discussion avec Mary-Margaret, la maîtresse d'école de son fils et rien d'autre.

- Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu sourire, murmura Blanche.

Elle semblait si douce et fragile, il était difficile de l'imaginer en reine guerrière. Mais Emma connaissait la force et le courage de sa mère. Celle-ci lui adressa un regard encourageant, comme pour la pousser à lui répondre. Elle avait toujours su renverser ses barrières, percer à jour ses sentiments.

- J'ai rien fait du tout, balbutia-t-elle.

- Vous êtes restée.

Mary Margaret sembla hésiter, puis elle reprit :

- Regina, elle sait que vous êtes encore là ?

- Oh oui, elle le sait.

Elles échangèrent encore quelques réflexions polies, puis Blanche dû la laisser pour rejoindre ses élèves. Emma revint lentement sur ses pas, prenant le temps de réfléchir à ce qu'il convenait de faire. Elle se souvenait être allée chez Archie, la première fois, tombant dans le piège de la Méchante Reine. Elle n'avait aucune envie de recommencer. Même si couper le pommier de Regina avait été une douce vengeance et qu'elle aurait adoré le faire à nouveau.

Emma avait une chance unique de faire les choses différemment et elle avait envie de la saisir, ne serais-ce que pour empêcher la mort de Graham et celle de Neal. Mais cela serait renoncer pour toujours à un avenir qui lui tenait à cœur. Qui pouvait dire si elle serait capable d'influencer l'histoire de façon à rencontrer Killian, par exemple ? Elle avait envie de retourner à sa réalité et, en même temps, elle était curieuse de voir de quelle façon elle pouvait changer les choses.

Peut-être avait-elle échoué dans son rôle de Sauveuse ? Peut-être étais-ce sa chance d'améliorer les choses ? De tout recommencer, mais de la bonne manière. Hélas, elle n'avait aucun moyen de le savoir. Elle aurait bien posé la question à August, mais il n'était pas encore à Storybrooke. Elle s'appuya contre le mur de la bibliothèque, laissant passer les minutes. Bientôt, le moment fut passé. Elle n'était pas allée voir Archie. Elle avait changé les choses.

Elle hésita à passer chez Regina. Elle pourrait lui dire la vérité, quémander son aide. Le seul problème étant qu'elle était la seule en possession des souvenirs qui les reliaient. Parler de sa connaissance de la magie et de son rôle dans la malédiction amènerait Emma à une mort certaine. Finalement, Regina avait raison. Elle n'avait pas intérêt à la sous-estimer. Elle ne doutait pas que cela avait mené pas mal de gens à un décès prématuré.

Finalement, Emma suivit son intuition et grimpa dans sa voiture. Elle roula en direction de la maison du chapelier fou, espérant secrètement qu'il n'allait pas la séquestrer si elle lui disait la vérité. Elle pourrait peut-être même faire fonctionner son chapeau, qui sait ? Non, il ne valait mieux pas. Tout d'abord, il n'y avait pas de magie dans ce monde. Et puis, un détail de cette importance changerait forcément le futur. Emma continuait à faire comme si elle n'avait pas le moins du monde interféré. Cela la rassurait.

La Sauveuse coupa le contact, se garant à une dizaine de mètres de la maison de Jefferson. Les souvenirs de leur première rencontre lui revinrent et elle sentit l'hésitation l'envahir. Malheureusement, il lui faudrait bien choisir quoi faire, à un moment ou un autre. Et la patience n'était pas vraiment sa plus grande vertu. Finalement, Emma sortit de la voiture, claquant la portière par mégarde. Elle prit plusieurs longues inspirations, avant de marcher résolument vers la porte de l'immense manoir.


Voilà pour le premier chapitre ! N'hésitez pas à me donner votre avis par review, tout commentaire sera bienvenu ! Si j'ai fait n'importe quoi, vous pouvez aussi me le dire, il est 4h du matin après tout... Si vous ne savez pas comment tuer le temps en attendant mon prochain chapitre, j'ai un Sleeping Warrior et un Red Beauty qui n'attendent que vous. A très bientôt (maximum une semaine, sûrement avant, je fonctionne comme ça). Ciao !