Bonjour à tous ! Je n'ai aucune envie de vous ennuyer avec du bla bla d'auteur, mais pour ceux qui ne me connaissent pas, je vous conseille de lire ce qui suit.

Cette fic fait partie d'une saga que j'ai appelé « Les Liens éternels », c'est le quatrième tome, ou opus. Elle raconte la sixième année à Poudlard des Maraudeurs, de Lily Evans (et de deux OC, mais j'y reviendrai plus tard). La fic commence en été 1972 et se termine en juin 1973 (les Maraudeurs & Cie sont nés en 1956 et pas en 1960 dans cette histoire, j'ai pris une petite liberté par rapport aux livres). Elle est la suite de la fic Leave it behind, elle-même la suite de La vie n'est pas un jeu et d'Entre amis.

J'ai décidé de ne pas faire de résumé des fics précédentes. Premièrement, parce qu'il s'est passé beaucoup trop de choses et que le résumé aurait fait la même taille que le chapitre. Deuxièmement parce que, pour les nouveaux qui ont quand même envie de découvrir cette histoire (je croise les doigts :D), un résumé n'aurait fait que vous embrouiller et vous aurait donné l'impression que cette fic est plus compliquée qu'il n'y paraît. Ce qu'il s'est passé avant, pour le plus important, sera de toute manière raconté au fur et à mesure des chapitres pour que tout soit plus clair.

Je tiens juste à rappeler la présence de 2 OC qui font partie des personnages principaux : Liana Harper et Lyra Carlson. Ce sont des Gryffondors du même âge que les autres, deux des compagnes de dortoir de Lily qui deviennent ses meilleures amis dès la première année quasiment. Leurs familles sont également très proches. (Liana est une amie assez proche de James et de Sirius, pas de Remus ou Peter ; elle est amoureuse de Sirius depuis sa deuxième année et celui-ci ne se doute de rien ; Lyra n'a aucun lien particulier avec les Maraudeurs). Point important : les mères de Liana, Lyra et Lily, moldues et meilleures amies au même titre que leurs filles, ont été assassinées pendant leur quatrième année par un Mangemort inconnu ; c'est alors le début de la terreur instaurée par Voldemort.

Le principal est dit. Pour les nouveaux, je ne pense pas que vous êtes obligés de lire les histoires précédentes, donc si vous n'en avez pas envie, ne le faites pas ; en tout cas je vous dis la bienvenue. Pour les anciens, je suis ravie de vous revoir. J'espère que cette histoire, et pour l'instant ce premier chapitre, vous plaira.

Sur ce, Bonne lecture !


Titre : The Gentlest Feeling.

Résumé : James fait le pari d'embrasser toutes les filles de Gryffondor, Sirius de séparer deux meilleures amies, Remus d'oublier son premier amour, Lily de se venger. La discorde chez les lions ? Il faudra pourtant bien se serrer les coudes, surtout quand un des leurs disparaît.

Pairing : James/Lily, Maraudeurs/OC.

Disclaimer : Le monde d'Harry Potter et ses personnages appartiennent à JK Rowling, excepté ceux que j'ai créé. Le nom de cette fic, The Gentlest Feeling, est un extrait des paroles d'une chanson de Bloc Party, "Blue Light". Le titre du chapitre est tiré d'une chanson des White Stripes, "There's No Home For You Here".

Note : Avant, j'avais l'habitude de commencer le chapitre par des phrases en italique, des réflexions d'un des personnages principaux. Je ne le ferais plus, ou seulement de temps en temps, ça m'énervait d'être obligée de le faire à chaque fois. Par contre, à chaque chapitre correspondra une chanson, comme avant.


The Gentlest Feeling

1. There's no home for you here boy, go away


La nuit était fraîche pour un mois de juillet londonien. La famille d'Orion Black était réunie à l'occasion des vacances au manoir du 12, Square Grimmaurd. Dans la pénombre nocturne, un adolescent de bientôt seize ans profitait d'une solitude délicieuse qui le répugnait le reste du temps.

Il y avait tant de choses différentes, dans la vie de Sirius Black, selon qu'il se trouvait chez ses parents ou à Poudlard. Pour n'en citer qu'une, le célèbre Maraudeur n'appréciait que peu d'être seul à l'école des sorciers. Mais dès qu'il rentrait au Manoir Black, les moments que Sirius préférait, c'était la nuit, alors qu'il était seul et que tout le monde dormait.

Le manoir était toujours aussi sinistre, mais rendu plus sombre par la nuit, la plupart des horreurs qui s'y cachaient disparaissaient de sa vue et il pouvait prétendre qu'elles n'avaient jamais existé. Sirius était libre de faire ce qu'il voulait car aucun membre de sa famille ne viendrait l'obliger à se comporter comme un digne héritier de la famille Black.

Cependant, le jeune Gryffondor n'était pas le seul représentant de la famille Black à ne pas dormir, cette nuit-là. En passant par le hall d'entrée pour descendre dans la cuisine au sous-sol, Sirius remarqua de la lumière qui éclairait faiblement un couloir adjacent. Il menait au bureau de son père. Il s'approcha sur la pointe des pieds et entendit par la porte entrebâillée du bureau des mots prononcés à voix basse.

Sirius tendit l'oreille « Il faut qu'on agisse maintenant » C'était la voix d'Orion Black.

- C'est insensé, Il n'a pas encore seize ans, répondit la voix hésitante de son épouse.

- Justement, Walburga. Si on le laisse encore tranquille, qui sait ce qui se passera dans deux ans ? Quand il sera majeur, quand il sortira de Poudlard... Bientôt, on ne pourra plus rien faire et il nous échappera complètement.

Sirius fronça les sourcils, n'ayant aucune idée de quoi ils parlaient. La discussion tournait autour de lui, ça, il l'avait compris. Et ils n'avaient pas tort en disant qu'il échappait progressivement à leur contrôle parental. Les Black avaient beau tenté de sauver les apparences, ils n'arrivaient pas à dissimuler le fait que deux de leurs héritiers n'avaient rien à voir avec les autres membres des familles de Sang-pur traditionnelles.

Tout avait commencé en septembre 1967. Andromeda Black, fille de Cygnus et Druella, nièce d'Orion et de Walburga, s'était enfuie avec le sorcier, enfant de moldu, dont elle était amoureuse – ce qui l'avait empêchée d'effectuer sa dernière année au collège Poudlard et obligée à passer ses ASPICs en candidat libre au même moment, Sirius Black était envoyé à Gryffondor, brisant la tradition qui faisait de Serpentard la maison fétiche de la famille Black.

Depuis son entrée à Gryffondor, Sirius se défaisait rapidement de l'emprise de sa famille. Il s'était fait des amis chez les lions, des ennemis à Serpentard, une réputation de fauteur de trouble dans toute l'école – la seule chose dont ses parents pouvaient être fiers étaient ses résultats, qui lui valaient le statut d'un des élèves les plus brillants de Poudlard. Au fur et à mesure que leur fils s'éloignait d'eux, la panique de Mr et Mrs Black grandissait et leurs tentatives d'inverser le processus se faisaient plus désespérées. N'importe qui pouvait le comprendre Sirius était promis à un grand avenir. Son pouvoir magique était immense, son intelligence et son charisme le mèneraient loin un sorcier de choix pour une famille aussi prestigieuse que les Black.

Pourtant ce soir, les parents de Sirius semblaient avoir encore un tour dans leurs manches, et c'était cela qui intriguait, mais aussi effrayait, le jeune homme.

- Tu as raison, répondit Walburga Black d'un ton qui semblait résigné et qui ne lui ressemblait que peu – la plupart du temps, c'était les autres qui devaient se plier à ses exigences et sa voix ne perdait jamais le ton aristocrate, digne et froid qui la caractérisait tant. De plus, reprit-elle, nous savons qu'il s'agit de la meilleure solution. Bellatrix n'a jamais eu l'air aussi heureuse que depuis qu'elle y est entrée.

Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Sirius. Bellatrix Black, devenue Mrs Rodolphus Lestrange depuis quelques mois – accessoirement la cousine de Sirius et la soeur cadette d'Andromeda – était une des personnes que le Maraudeur détestait le plus au monde. Sa réaction épidermique était tout particulièrement dû au fait que, la dernière fois que Sirius avait vu sa cousine, les retrouvailles avaient été... douloureuses et éprouvantes.

Sirius tenta de comprendre les derniers mots de sa mère. La seule chose qui avait changé pour Bella, à sa connaissance, c'était son mariage, et jamais il n'aurait imaginé qu'elle fasse partie des femmes normales, des êtres humains capables de tomber amoureux. C'était un mariage de raison, rien de plus. Que voulait-elle dire par « depuis qu'elle y était entrée » ?

- En effet, acquiesça son père.

- Je ne regrette qu'une seule chose. Si j'avais eu mon mot à dire, elle aurait attendu son mariage avec Lestrange.

- Qu'est-ce que cela aurait changé ?

- Cet horrible tatouage avec sa roble blanche » Orion se racla la gorge, Sirius devina qu'il se fichait pas mal de l'esthétisme dont Bellatrix avait fait preuve à son mariage « Elle aurait été magnifique avec une robe un peu plus découverte, mais il fallait qu'elle cache son bras gauche-

- Ce n'est pas vraiment le sujet, coupa son mari d'une voix irritée. Mais tu fais bien de parler de Bellatrix. Nous devons lui demander de nous mettre en contact.

- Avec... Lui ? demanda Walrbuaga en baissant la voix.

- Juste avant qu'il ne parte à Poudlard. Dès qu'il aura seize ans.

Tout son être s'était figé, car Sirius venait de comprendre. Effaré, il tourna les talons et grimpa dans sa chambre.

Il parcourut la pièce aux murs gris perle à grands pas, en retournant dans sa tête la conversation qu'il avait surpris. C'était pour ça qu'ils n'avaient jamais levé la main ou la baguette sur lui depuis le début des vacances. Ils prévoyaient déjà de l'asservir depuis tout ce temps, sans lui demander son avis.

Il comprenait finalement dans quoi s'était fourrée sa cousine et qui pouvait faire son bonheur à ce point. Ce qui pouvait donner à ses parents un dernier espoir de voir revenir le fils prodigue. Ce qui l'attendait. Parce qu'il n'y avait qu'un seul nom que sa mère avait pu évoquer d'une telle manière. Ses parents comptaient faire de leur fils aîné un Mangemort.

Walburga et Orion Black pensaient réellement que la meilleure chose qui pouvait arriver dans la vie de Sirius était de faire partie des adeptes de Lord Voldemort. De faire de lui l'un des partisans, des sous-fifres, de ce mage noir qui commençait à répandre la terreur dans le monde sorcier britannique depuis quelques années. Si aucun des deux adultes n'avaient cherché à s'engager auprès de lui, ils ne cachaient pas qu'ils partageaient les mêmes idées extrémistes et qu'ils encourageaient, dans l'ombre confortable de leur salon d'arisocrate, ses attaques – voire ses massacres – contre les moldus, les « Sangs-de-Bourbe », et les sorciers qui prenaient leur défense.

C'était pour cette raison que sa famille l'avait laissé tranquille pendant ces premières semaines de vacances. C'était pour ça qu'ils n'avaient rien dit quand il avait rajouté la touche finale à la décoration de sa chambre. L'année dernière, il avait déjà installé une bannière de supporter de l'équipe de Quidditch de Gryffondor - son frère avait failli faire une crise cardiaque - et des tonnes de photos moldues, entre autre de motocyclettes, dont il devenait de plus en plus fan depuis qu'il avait emprunté le magazine moldu d'un de ses camarades.

Cette année, il avait rajouté des photos, toujours moldues, de jeunes filles en bikini, ainsi qu'une autre qui datait d'avant les vacances, le représentant lui avec les Maraudeurs. Il l'avait dédoublé, en gardait une copie sur lui et avait collé l'autre dans sa chambre avec un sort de Glue Eternelle.

Sirius sortit son immense valise de sous son lit et y jeta ses habits pêle-mêle. Il avait décidé de ne pas rester une minute de plus dans cette maison effroyable qu'il aurait dû quitter depuis longtemps, avec des gens qui n'hésitaient pas à envoyer leur propre fils à la mort ou à Azkaban. Il avait eu une enfance suffisamment douloureuse – tant physiquement que psychologiquement – et s'il restait, les choses ne feraient qu'empirer pour lui.

Tout en sortant ses affaires scolaires des placards, il se demanda ce qu'il allait faire dès qu'il partirait du Square Grimmaurd. Prendre une chambre au Chaudron Baveur, aux Trois Balais ? Trop exposé. Son choix se serait sûrement porté sur Andromeda, s'il avait su où elle habitait. Ted Tonks, son mari, et elle avaient récemment déménagé et elle n'avait toujours pas communiqué sa nouvelle adresse à Sirius, trop risqué puisque sa lettre pouvait être interceptée par l'oncle et la tante de cette dernière.

Evidemment, les premières personnes auxquelles Sirius avait pensé étaient ses meilleurs amis. James Potter, Peter Pettigrew et Remus Lupin. Il avait déjà passé des vacances chez eux, souvent chez James, et il savait que Christa et Damian Potter l'aimaient beaucoup – c'était réciproque, ces gens étaient formidables de l'avis de Sirius. Pourtant...

Leur amitié s'était brisée à la fin du mois de juin, le jour du dernier examen des BUSEs. Sirius avait commis la plus grosse erreur de sa vie : il avait révélé à Severus Rogue, le Serpentard que lui et ses amis aimaient le plus martyriser, le moyen de passer le Saule Cogneur de Poudlard pour se rendre à la Cabane Hurlante. La lune était pleine ce jour-là et Rogue s'était retrouvé devant un loup-garou assoiffé de sang et de chair fraîche. Il n'était vivant que grâce à James qui s'était précipité à son secours une fois que Sirius lui avait tout raconté.

Les choses avaient été très tendues entre les quatre Maraudeurs jusqu'à leur retour à Londres. Sirius s'était expliqué, s'était excusé, avait même avoué qu'il comprendrait s'il n'était jamais pardonné et qu'il s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours ses trois amis s'étaient rendus compte de l'état de profonde détresse dans lequel était le Black. Mais les blessures étaient encore trop fraîches. Seul Peter lui avait écrit pendant ces vacances.

C'était pourquoi Sirius hésitait à se rendre chez l'un d'eux. Que feraient-ils si leur – ancien ? - ami frappait à leur porte, avec tous ses effets personnels, en plein milieu de la nuit, en leur disant qu'il n'avait nulle part où aller ?

Avec un 'clic', la valise de Sirius était bouclée. Il se passa une main dans les cheveux et regarda autour de lui en vérifiant qu'il n'avait rien oublié. Il ouvrit les tiroirs de son bureau et tomba sur une pile de parchemins qui venaient tous d'autres étudiants de Poudlard, la totalité des lettres qu'il avait reçu depuis son entrée à l'école. Plusieurs étaient écrites de mains féminines, ses admiratrices. Quelques unes étaient de Liana Harper, sa seule véritable amie fille. La plupart venaient des Maraudeurs des mots d'encouragement tant qu'il devait supporter ses parents et Regulus, des plans pour le faire venir chez eux, des projets de blagues et de farces à faire aux Serpentards...

Il rangea soigneusement ses lettres dans la malle. Le garçon aux cheveux noirs s'aperçut qu'il était toujours en pyjama et se changea, prit sa baguette magique dans sa main et la poignée de sa valise dans l'autre. Il sortit en étant le plus silencieux possible. Immobile devant la porte qui faisait face à la sienne, il la contempla en pensant à ce qui se cachait derrière.

Bien que l'obscurité l'empêchait de voir avec clarté, Sirius savait très bien ce qu'il était écrit sur cette porte. Défense d'entrer sans l'autorisation expresse de Regulus Arcturus Black. Ce n'était pas uniquement ses parents qui voulaient le condamner qu'il laissait, c'était aussi son frère qu'il abandonnait. Son petit frère avec lequel il avait joué, sur lequel il avait veillé pendant leurs jeunes années. Le frère qu'il reniait à demi-mots devant les autres élèves de même petit frère qui l'avait soutenu et soigné pendant quinze jours de cauchemars...

Sirius leva la main et l'approcha du bois de la porte. Il aurait voulu entrer, réveiller Regulus, lui expliquer ce qu'il se passait et pourquoi il devait absolument partir. Le Gryffondor soupira et abaissa sa main. C'était trop compliqué, Reg' n'aurait peut-être pas compris, peut-être aurait-il même prévenu leurs parents pour l'en empêcher. Il songea qu'il valait mieux voir ce qui allait se passer entre son frère et lui à Poudlard plutôt qu'ici.

Il réussit à descendre sa valise au premier étage sans trop de difficultés et hésita avant de se rendre au rez-de-chaussée. Mû d'une impulsion sans doute suicidaire puisque ses parents dormaient à cet étage, il rentra dans le salon. C'était une grande pièce haute de plafond, aux murs verts olives recouverts de tapisseries. Il s'approcha de l'une d'elle, la plus large, la plus ancienne et la plus belle.

La tapisserie était brodée avec du fil d'or ensorcelé pour briller éternellement. Elle représentait un arbre généalogique aux multiples ramifications qui remontait jusqu'au Moyen-Âge. Au sommet était écrit en grosses lettres scintillantes « La Noble et Très Ancienne Maison des Black » et juste en-dessous, la devise de la famille écrite en français, « Toujours pur ».

Son bras se leva et il passa ses doigts avec précaution sur les noms de ses ancêtres, suivant le fil d'or. Il commença par Phineas Nigellus, le directeur le moins apprécié de l'histoire de Poudlard, dont il avait déjà vu le portrait dans le bureau d'Albus Dumbledore lors des nombreuses fois où il y avait été convoqué – un autre portrait de cet aïeul était accroché dans une des chambres du Square Grimmaurd. Son doigt rencontra le nom de Sirius Black, premier du nom, le frère de Phineas. Puis, avec une sorte d'appréhension, il s'attarda sur un petit trou noir et rond dans la tapisserie qui ressemblait à une brûlure de cigarette. Il s'agissait de la soeur de Phineas et Sirius, Isla. La famille Black la déshérita lorsqu'elle épousa Bob Hitchens, un moldu, et son nom fut rayé de la tapisserie.

Son doigt descendit sur la deuxième génération Sirius Black, deuxième du nom, et un autre petit trou. Un autre Phineas, renié pour avoir défendu les droits des moldus. Il rencontra un troisième trou, dans la troisième génération Cedrella, épouse de Septimus Weasley, traître à son sang. Marius Black, quatrième membre renié de la liste, Cracmol. À chaque nouveau trou qui représentait un membre de sa famille qui n'était pas considéré comme digne d'être un Black, son malaise grandissait. Sirius approcha de la cinquième génération – la sienne.

Il retraça le nom de ses parents, tous deux des Black de naissance – la consanguinité n'était pas chose nouvelle chez les vieilles familles qui tenaient plus que tout à garder leur sang intact. Les grand-pères respectifs d'Orion et de Walburga étaient frères. Cygnus était le frère de la mère de Sirius, s'était marié avec Druella Rosier et avait eu trois filles. Seules deux demeuraient à présent sur la tapisserie.

Sa main légèrement tremblante se posa sur le nom de Bellatrix, à côté duquel était inscrit le nom de son mari. Celui de Narcissa n'était pas accompagné encore de prénom masculin, mais on parlait de plus en plus dans la famille de fiançailles à venir entre elle et le fils d'Abraxas Malfoy, Lucius – un mariage idéal qui rapporterait beaucoup à la famille Black. Entre les deux soeurs se trouvait un autre petit trou. Le nom d'Andromeda, celui de son mari – et celui de leur futur enfant dont la naissance était prévue pour bientôt – n'avaient pas leur place sur cette tapisserie.

Ses doigts se posèrent finalement sur le nom de Regulus. Puis sur le sien. Sirius Black, troisième du nom. Etait-ce le sort qui l'attendait ? Oui, s'il quittait cette maison, il se retrouverait certainement rayé de la tapisserie. Est-ce que c'était douloureux ? Il n'avait jamais pensé à poser cette question à Andromeda. Etait-ce si important ? Après avoir lancé un dernier regard lourd de sens à l'arbre généalogique, il baissa le bras et conclut que la réponse à cette question était « non ».

Sans plus attendre, sans plus jeter un seul coup d'oeil en arrière, Sirius quitta le Square Grimmaurd, ses bagages à la main. La prochaine fois qu'il poserait un pied dans cette maison, il aurait alors trente-neuf ans et aurait vécu des choses qu'il n'aurait jamais pu imaginé en ce jour – mais cela, il l'ignorait.

L'air frais lui fouetta le visage, fit voler ses cheveux et ses robes. Bien qu'il ne soit toujours pas sûr de ce qu'il allait faire à présent, et même s'il lui suffisait de se retourner pour voir la maison de son enfance, il sentit un poids se libérer de ses épaules. Il se sentait libre. Il leva sa baguette magique. Le Magicobus apparut devant lui trente secondes plus tard.

Sirius monta, paya le contrôleur, donna l'adresse et s'assit sur le lit le plus proche en manquant de tomber à cause du démarrage violent. Sans s'y attendre, il éclata en sanglots. Il ignorait si l'abattement ou la tristesse était responsable de ses pleurs. Entre les arrêts brusques et bruyants du véhicule magique, les larmes ne cessèrent de couler sur ses joues, pendant tout le long du voyage. Il fut reconnaissant au contrôler, qui paraissait pourtant sympathique, de ne avoir pas cherché à le consoler.

Le voyage se fit sans encombres. Lorsque le Magicobus disparut à nouveau, il laissa Sirius devant un manoir encore plus imposant que celui qu'il venait de quitter. Tout était désert aux alentours, excepté deux autres manoirs semblables à celui-là, visibles quelques kilomètres plus loin. Sirius n'hésita pas plus longtemps, poussa la lourde grille et entra dans le jardin des Potter. Aucun système d'alarme ne se déclencha, car cela faisait bientôt deux ans que la famille de James avait ensorcelé leurs protections pour reconnaître Sirius et ne pas s'activer en sa présence.

Il s'allongea sur le sol, au bord de l'allée principale qui menait à l'entrée de la maison. L'herbe était fraîche, pas encore humide de rosée. La nuit était claire et belle, les étoiles scintillaient. Sirius se sentait dans un état second, comme s'il n'était plus vraiment lui-même ou qu'il se trouvait dans un autre espace temps.

Il n'était plus réellement un Black à présent. Il avait quitté sa famille qui ne tarderait pas à le renier. Désormais, il n'était plus que Sirius. C'était très étrange de se dire cela. Il n'avait plus de famille. Quant à sa deuxième famille, celle qu'il s'était constitué à son arrivée à Poudlard, il ne savait même pas si elle l'accepterait aujourd'hui – il parlait bien sûr de ses trois meilleurs amis, et en particulier de James, celui qu'il considérait presque comme son frère. Finalement, la seule famille qui lui restait, c'était bien Andromeda.

En parlant de James, Sirius se dit que le moment était venu de le mettre au courant de sa présence. Il porta sa valise jusqu'au pied du mur où se trouvait quelques mètres plus haut une fenêtre qui donnait sur la chambre de son meilleur ami. Il leva les yeux et regretta de n'y voir aucune lumière – quoiqu'il devait être aux environs de quatre heures du matin, ce n'était donc pas étonnant. Il ouvrit sa malle et en sortit son balai, l'enfourcha et s'éleva jusqu'au niveau de la fenêtre. Une fois de plus, les protections magiques cédèrent en le reconnaissant, la fenêtre s'ouvrit et il posa un pied sur le sol.

Ses yeux s'étant déjà habitués à l'obscurité de la nuit, il n'eut alors aucun mal à discerner les meubles de la chambre. Une respiration endormie, parfois troublée par de légers ronflement, s'échappaient du lit. Ses battements cardiaques s'accélérèrent, troublant l'état de paix dans lequel se trouvait Sirius depuis qu'il était entré dans la demeure des Potter. Sirius déglutit et entreprit de réveiller le Maraudeur.

Il posa une main sur son épaule et murmura son prénom. Ce qui le surprenait le plus était que cela aussi avait l'air d'un rêve. Il avait du mal à croire qu'il se trouvait réellement devant son meilleur ami endormi.

- James » appela-t-il, puis il haussa la voix « James » Il secoua légèrement son épaule et vit le jeune homme froncer le nez « Potter » James commença à bouger sur lui-même pour tourner le dos à Sirius. Celui-ci esquissa un sourire et leva les yeux au ciel, toute appréhension disparue. « Cornedrue »

Le poursuiveur grogna sans retenue. Sirius se retint d'éclater de rire en se rappelant les sons qu'émettaient son ami lorsque le cerf en lui brâmait de toutes ses forces « James » Merlin, ce type était vraiment casse-pied, il dormait toujours d'un sommeil léger d'habitude. Sirius décida de tester autre chose lorsqu'il vit le visage de James lui refaire face « Evans » Grognement de nouveau « Lily Evans »

À sa grande surprise, un léger sourire vint fleurir sur les lèvres du Gryffondor « Lily » Cette fois, c'était lui qui avait murmuré le prénom de leur camarade dans son sommeil. Ses sourcils se froncèrent et il papillonna des paupières, se réveillant doucement. Sirius s'accroupit face à lui et son visage redevint grave, son envie de rire s'était envolée.

- Sirius ? » James s'assit sur son lit après avoir attraper et mis ses lunettes « Sirius ? » répéta-t-il, songeant qu'il devait sûrement être encore en train de rêver. Le Black se leva et lui sourit faiblement.

- Salut, James.

- Bordel, mais qu'est-ce que tu fous là ?

Ses yeux étaient écarquillés par la surprise et sa voix n'avait rien d'agressive. Aucun des deux ne se souvenaient que la toute dernière fois où ils s'étaient adressés la parole, leur amitié n'avait jamais été aussi menacée.

Sirius passa une main dans ses cheveux et parla d'un ton à la fois las et soulagé « Je me suis tiré, Corn'. Pour de bon.

- De chez toi, tu veux dire ? » Sans le quitter des yeux, James se pencha pour ramasser un t-shirt sur le sol et recouvrit son torse nu. Ce n'était en aucun cas de la pudeur, il n'y en avait jamais eu entre eux, mais Sirius avait laissé la fenêtre ouverte et la nuit était fraîche pour un mois de juin londonien. Sirius hocha la tête.

- Du Square Grimmaurd. Ce n'est plus chez moi, plus jamais. James, je ne dis pas que-

James le coupa en sautant sur ses pieds, faisant sursauter et reculer son ami « Ils t'ont encore battus, c'est ça ? Je ne joue plus l'autruche cette fois, c'est fini » Il se jeta à moitié sur lui et voulut le déshabiller sans une once de douceur « Tu dois me montrer, je peux te soigner si tu-

- Stop ! s'écria Sirius en emprisonnant les poignets de son ami entre ses mains.

Leurs deux regards s'affrontèrent, gris foncé contre marron chocolat. C'était un de ces moments où ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre, et où leur proximité ne gênait pas leur virilité. Ils étaient James Potter et Sirius Black, meilleurs amis, à la vie, à la mort. Sirius sentit l'émotion le submerger, parce qu'il avait craint pendant des semaines de ne jamais pouvoir retrouver tout ça, même le temps d'une seconde, depuis juin dernier. Il ne s'en considérait toujours pas digne.

Il cligna des yeux en sentant les larmes monter, puis lâcha James et alla s'assoir sur son lit, où celui-ci le rejoignit.

- Ne t'inquiète pas, reprit-il, je n'ai rien. Ils ne m'ont pas touché des vacances. Parce qu'ils préparaient...

Sirius hésita, il ne savait pas quoi dire. Il trouvait cette idée trop horrible pour être formulée à voix haute. Il ne s'était jamais senti réellement trahi par ses parents, même plus jeune. Il avait progressivement su à quoi s'en tenir, principalement grâce aux conseils d'Andromeda. Mais là...

Inquiet, James se pencha vers lui « Qu'est-ce qu'ils préparaient ? » demanda-t-il d'une voix tendue. Sirius plongea encore dans ses iris délicieusement chocolatées, cligna des yeux et trouva le courage d'expliquer.

- Je sais quelque chose que la Gazette n'a jamais dit, chuchota-t-il.

Cette fois, James était perdu « De quoi tu parles ?

- Les Mangemorts ont un tatouage sur leur bras gauche. Une sorte de marque de reconnaissance, peut-être. Je crois, mais je ne suis pas sûr, que c'est la Marque des Ténèbres.

Le Maraudeur à lunettes jeta un regard horrifié sur le bras gauche de l'autre garçon, recouvert par son vêtement. Aussitôt, Sirius releva la manche de sa robe et James respira de nouveau normalement lorsqu'il vit sa peau vierge de toute marque.

- Je n'ai rien, répéta-t-il. Mes parents voulaient que je devienne un Mangemort quand j'aurai seize ans. Ils en parlaient cette nuit et j'ai tout entendu. C'est pour ça que je suis parti.

Sans qu'il ne le voie venir, James le prit dans ses bras et l'enlaça de toutes ses forces. Avec bonheur, Sirius répondit à son étreinte. Puis il sentit qu'il était temps de lui parler de certaines choses.

- C'était pour ça, les vacances de Pâques, souffla-t-il dans le creux de son épaule. Ils voulaient me briser pour me préparer à tout ça.

Durant les vacances de Pâques de sa cinquième année où Sirius était rentré chez lui, ses parents avaient réussi avec brio à briser ses barrières mentales, physiques et magiques. À l'époque, Sirius avait vu ça comme une punition pour être différent d'eux, mais finalement, tout cela n'avait été qu'une sorte de complot malsain. Une préparation, un entraînement, pour qu'il devienne un gentil petit soldat une fois devant Voldemort. C'était pendant ces quinze jours où son frère Regulus, sans que leurs parents ne soient au courant, l'avait soutenu et fait de son mieux pour le soigner, ce qui avait été providentiel pour Sirius.

James se détacha de Sirius et le regarda avec toute son attention. Lorsque Sirius était rentré de chez ses parents en avril dernier, il avait eu l'air mal en point. Excepté qu'il était toujours meurtri, mentalement et physiquement, quand il repartait du Square Grimmaurd ; ses amis n'avaient rien remarqué de plus - tous les trois s'en mordaient les doigts aujourd'hui - et l'avait laissé se guérir seul de ses blessures, car c'était comme ça que Sirius Black fonctionnait.

Ce manque de communication avait été une grave erreur. Elle était plus ou moins responsable de ce qui s'était passé en juin dernier.

- Sirius, demanda James avec précaution, qu'est-ce qu'il s'est passé, pendant ses vacances ?

Le Black haussa les épaules « Rien de plus que d'habitude » Tous deux savaient qu'il mentait, mais pour la première fois, Sirius ne fit pas de blocage et put s'ouvrir à son frère de coeur.

- Ils me battaient plus fort et plus souvent qu'avant. Ils m'ont grave soulé avec leurs histoires de traditions familiales et leurs idées racistes. Ils disaient du mal de vous, m'encourageaient à choisir d'autres potes et à me fiancer avec la fille Aldrin, cette Jocaste.

Sirius eut un ricanement nerveux « Après, Bellatrix est arrivé. Une fois tous les deux jours environ, elle nous enfermait seuls tous les deux dans une pièce de la maison, insonorisée bien sûr, et elle...

- Te torturait ? murmura James qui buvait ses paroles.

- Pas vraiment. On se battait en duel, mais elle gagnait tout le temps, elle était trop forte. J'avais pas mal de blessures après. Elle m'a lancé des sorts de magie noire, l'Imperium, le Doloris » James laissa échapper une exclamation de surprise et d'indignation, puis commença à incendier Bellatrix Lestrange en la traitant de tout les noms, sous le regard amusé de Sirius.

- ...mais quelle salope ! Si jamais je- Et après, il se passait quoi ?

- Elle est entrée dans ma tête. Avec la Legilimancie, rajouta-t-il devant l'air d'incompréhension du brun à lunettes. C'est quand elle a découvert dans mes souvenirs que j'avais été amie avec une moldue de notre quartier qu'elle m'a jeté le Doloris. Elle a aussi découvert pour Remus et les Animagi, j'ai réussi à lui effacer la mémoire. Tiens d'ailleurs, cette nuit, j'ai entendu mes parents dire qu'elle était une Mangemorte. Je savais même pas qu'il y avait des femmes chez eux, tenta-t-il de plaisanter.

Les mots « Remus » et « Animagi » réveillèrent en James des sentiments qu'il avait ruminé tout juillet, il réagit ainsi moins violemment qu'il n'aurait cru quand Sirius lui apprit que sa cousine était à la botte de Voldemort.

Il ne savait pas quoi faire à présent. Il aurait voulu faire payer à Sirius son acte irréfléchi, sa trahison, qui avait irrémédiablement cassé quelque chose dans leur amitié à tous les quatre. Cependant, son meilleur ami lui manquait, il en avait assez d'être en colère après lui, c'était trop fatiguant. Sans compter qu'à présent, Sirius avait besoin de lui. Il n'avait plus que lui au monde, il était seul.

Pendant les quelques secondes où James était resté silencieux, le regard fixé sur l'aurore qui pointait le bout de son nez, Sirius le regardait lui et retournait ce qu'il s'apprêtait à dire mille fois dans son esprit.

- Tu sais... Je t'ai raconté comment tout avait commencé, entre Andromeda et moi. Il y a des années, un jour où j'étais dehors, je jouais avec Camille, la moldue, elle nous a vu. Elle m'a dit que ce n'était pas grave, que ça devait rester un secret entre nous. C'est comme ça qu'on est devenus aussi proche.

James hocha distraitement la tête, il connaissait déjà cette histoire « Bellatrix a vu ce souvenir. Je pense que... Je suis sûr que quand elle a vu Andromeda dans mon souvenir, elle a voulu lui faire payer. Si tu avais vu à quel point elle était furieuse contre moi... Je crois que c'est pour ça qu'elle s'est remise à chercher Andro et qu'elle l'a attaquée. C'est ça qui m'a fait péter un câble, l'année dernière. C'était de ma faute »

James ouvrit immédiatement la bouche pour répliquer que non, ce n'était pas de sa faute, mais Sirius l'arrêta d'un geste de la main. Il était présent lorsque Sirius avait reçu la lettre d'Andromeda, l'informant que Bellatrix avait retrouvé leur maison et qu'elles s'étaient battues. Heureusement, ni Andromeda ni le bébé qu'elle portait n'avaient été mortellement blessés et elles avaient parfaitement guéri à Sainte Mangouste. Andromeda et Ted avaient déménagé à cause de cette attaque.

- Je te ne dis pas tout ça pour me chercher des excuses. C'est comme la fois à l'infirmerie, ça ne justifie en rien ce que j'ai fait. Mais maintenant, tu connais toute l'histoire.

Leurs regards se croisèrent une fois de plus pour ne plus se lâcher. Puis James se leva, s'étira, et toujours sans le quitter des yeux, il sourit à Sirius.

- Il est presque six heures, mes parents vont bientôt se lever pour aller bosser. Ça te dit qu'on aille leur faire un petit-déj' digne de Merlin ? Ils avaleront mieux le fait que tu vas rester ici un peu plus longtemps que d'habitude.

Avec un sourire radieux, Sirius se leva à son tour et s'exclama « Je te suis » Avec un petit rire, James lui donna une tape amicale dans le dos et ils sortirent ensemble de la chambre.

Rien n'était pardonné, ou même oublié. Mais ils étaient James Potter et Sirius Black, Maraudeurs, meilleurs amis, à la vie à la mort. Alors, ils allaient faire en sorte que ça marche.

I'm only waiting for the proper time to tell you that it's impossible to get along with you
Fortunately I have come across an answer which is go away and do not leave a trace
There's no home for you here boy, go away*


* : Les paroles originales sont "There's no home for you here girl, go away", j'ai changé puisque Sirius est un garçon, je ne vous apprends rien ^^.

Alors, ça va ? Vous l'avez trouvé comment ? Ce chapitre est assez court, les suivants seront un peu plus long. La fic fera entre 20 et 30 chapitres je pense, je ne suis pas sûre encore.

Je n'ai rien dit sur mon rythme de parution : il est irrégulier. Je n'ai aucun chapitre d'avance. L'année dernière, j'étais en première année de médecine donc pas une seconde à moi. Cette année, j'aurais plus de temps mais ma vie restera chargée. Parallèlement, la 6e année est ma préférée de toutes, celle pour laquelle je suis le plus inspirée ; pour vous dire, le plan des 10 premiers chapitres et la plupart des scènes sont écrites. On va dire qu'en moyenne, je vais essayer de faire au moins un chapitre par mois. Je pars en vacances bientôt, donc la suite devra arriver vers... Mi-août on va dire, voire fin-août.

J'espère que vous prendrez le temps de me laisser un petit mot en tout cas. A bientôt, passez de bonnes vacances.

27/07/11