Bonjour à vous !

Cette fois, c'est un coup de tête, même si mon planning d'écriture est terminé. Je suis en fin de session, mais l'appel de Viewfinder est difficile à repousser. J'ai toujours eu envie de me lancer dans ce fandom, mais il y a tellement de beaux textes qui en traite ici que je ne voulais pas tout gâcher. En fin de compte, tout est venu tout seul, très naturellement.

Je vous promets de faire de mon mieux pour ne pas rendre les personnages OOC. Pour moi, c'est un terrain épineux d'écrire sur Viewfinder, mais je vais faire tout mon possible pour que l'univers ne contraste pas trop. Si ça peut vous aider, voyez ça comme un petit (gros) extra. D'ailleurs, je veux grandement remercier June-Artifice pour avoir lu mon texte en premier, filtrant tout ça pour me dire s'il y a du OOC ou non. C'est vraiment apprécié ! Je compte sur toi pour les deux autres parties ! ;) J'en profites aussi pour remercier Erina-Aik qui endure mon décompte de mots et les citations que je lui balance ici et là, parce que j'en ris trop. Qu'est-ce que je ferais sans toi, hein ? ;)

Voilà, je pense avoir fait le tour.

Bonne lecture et n'hésitez pas à commenter, ça motive !


Auteur: Nessia-chan

Rating: M

Pairing: Akihito X Asami / Akihito X Suoh

Droits d'auteur: L'univers de Viewfinder et tous ses personnages appartiennent à Yamane Ayano.

Spécifications: Ce OS est un « spécial Noël » et peut être facilement placé quelques semaines/mois après les événements déroulés en Chine. Les titres des parties seront tirés d'une chanson de Josef Salvat, intitulé Hustler, que je vous conseille d'écouter.


Dangerous Love : A Masochists Brain

La sonnerie retentit encore et encore, jusqu'à donner vie à une inépuisable chanson. Elle faisait vibrer le cœur du jeune homme qui tenait le cellulaire dans sa main. Il hésitait à prendre l'appel ou à laisser aller comme s'il n'avait jamais pris conscience de l'acharnement dont faisait preuve l'autre. Autant dire qu'il se voilait la face, puisqu'il était évident qu'après trois jours à ignorer les appels entrant de son amant, celui-ci avait bien compris qu'il le boycottait. Le yakuza était loin d'être dupe, Akihito en avait fait plusieurs fois l'expérience. Mais de savoir l'homme loin de Tokyo lui donnait la force et l'arrogance de se muer dans le silence. Après tout, c'était le problème du mafieux, pas le sien ! Alors il fourra l'appareil dans la poche de son manteau et rentra sa tête un peu plus dans l'épais foulard autour de son cou.

Lorsque la sonnerie s'arrêta enfin, un soupir traversa ses lèvres gelées. Son souffle chaud et l'air froid d'hiver se mélangèrent dans un nuage de brouillard qui s'évapora bientôt. En voyant son visage si défait dans une glace, Akihito se serait probablement giflé d'être aussi dépressif pour si peu. Un Noël seul, ça n'avait rien d'incroyable tout de même ! Pourtant, au fond de lui, il essayait encore de s'en convaincre.

-Tu pourrais au moins te rendre utile et m'ouvrir la porte, maugréa le photographe à l'intention du colosse qui le suivait de près.

Suoh contracta la mâchoire en prenant sur lui. Il n'était pas le plus patient des hommes, mais les ordres de son patron étaient irrévocables et il se devait d'y faire grâce. Condamné à être le garde du corps du gamin pendant l'absence du leader, il était bien obligé de coopérer un minimum. Malheureusement pour la tête brûlée devant lui, être courtois ne faisait pas partie du contrat. Après un lourd regard d'Akihito, celui-ci comprit que le subordonné n'allait pas lever le petit doigt pour l'aider à transporter les sacs remplis d'achats. Contraint de se contorsionner pour ouvrir lui-même cette fichue porte, il entra dans l'immeuble en marmonnant que l'imbécile qui le suivait comme un chien de poche n'avait aucune utilité. Malgré tous les noms d'oiseau dont l'affubla silencieusement les yeux noisette d'Akihito, Suoh garda son sang-froid et se contenta de fixer les portes de l'ascenseur.

Lorsque celles-ci s'ouvrirent à l'étage, il laissa le photographe, les mains pleines, ouvrir la marche. Non. Définitivement, l'homme en complet ne trouvait aucune raison valable qui aurait poussé son patron à le confiner à cette tâche ingrate. Alors qu'il poussait Akihito sur le côté afin d'ouvrir lui-même la porte de l'appartement – c'est qu'il était empoté pour déverrouiller avec tout ces sacs - il en vint presque à jalouser Kirishima pour avoir gagné le droit d'accompagner le mafieux. Après tout, les affaires restaient les affaires.

Sans aucun remerciement, Akihito entra en premier et déposa ses achats sur le sol. Il bougea ses doigts gelés et nota la belle marque rouge qu'avaient laissée le plastique à l'intérieur de ses mains. Cette année, l'hiver s'annonçait un peu plus rude que la moyenne et ce n'était pas pour son plus grand bonheur. Lui et le froid, ça faisait deux. Et il ne s'empêcha pas de le formuler à haute voix.

-Trop froid… Si au moins il y avait de la neige, dit-il d'un ton grognon.

Ça prend bien que les gamins et les simplets d'esprit pour dire ça. C'est ce que Suoh pensa tout en enlevant ses vêtements d'extérieur. Akihito accrocha son manteau et son foulard dans le garde-robe d'entrée, puis entreprit de déballer ses achats sur l'ilot de la cuisine. Hier, si on lui avait dit qu'il irait acheter de quoi faire un succulent repas saucé d'alcool, il aurait ri. Encore plus si on lui avait dit qu'il reviendrait aussi avec des décorations de Noël. Pourtant, c'est ce qu'il étalait sur le comptoir de marbre.

Tout avait commencé cinq jours auparavant, lorsqu'Asami lui avait annoncé son voyage d'affaires. En tant que businessman, il devait partir à Kyoto pour assister à des réunions importantes avec des partenaires économiques de taille et il en profiterait pour redresser la gestion d'un hôtel de luxe qui lui appartenait. Tout cela allait lui prendre la semaine entière et si le fait que la veille de Noël soit jeudi agaçait Akihito, lui n'en avait démontré aucune désolation. Le photographe avait bien voulu protester, mais il avait rapidement ravalé ses paroles. Démontrer son mécontentement était une chose, mais le dire à haute voix, c'était s'avouer vaincu et se mettre à la merci du mafieux. Il l'était déjà bien assez comme ça depuis son déménagement ici, pas la peine d'en rajouter ! Il avait donc évité corps et âme son amant – parce qu'il n'a toujours pas trouvé de mot plus représentatif de leur relation, fuckfriend s'y prêtant sous aucun prétexte – les derniers jours avant son départ. Toutes les raisons avaient été bonnes pour déserter l'appartement, même lors de la dernière nuit lorsqu'il avait évoqué une affaire urgente dispatchée par le journal qui l'avait engagé.

Le lendemain, il avait retrouvé l'appartement vide. Enfin, presque. Pendant que le yakuza gagnait Kyoto avec son secrétaire, il lui avait laissé un beau cadeau pour combler son absence; la protection rapprochée de Suoh. Akihito avait eu beau le repousser et lui cracher des répliques plus épineuses les unes que les autres, l'armoire à glace continuait de le suivre à la trace. Sachant très bien qu'il était impossible de passer inaperçu avec ce chien de garde, le photographe avait dû refuser la filature d'un politicien important. Autant dire que le garde du corps n'était pas enthousiaste à mener sa tâche, tout autant qu'Akihito répugnait à se sentir surveillé 24hrs/24. L'autre dormait même sur le canapé ! À tout cela s'était ajouté les appels d'Asami qui se faisait de plus en plus insistant au fil des jours.

-Tu ferais bien de répondre, avait finit par conseiller Suoh lorsqu'un soir, le cellulaire du photographe ne cessait de vibrer sur la table du salon.

Mais Akihito avait ronchonné un « mêle-toi de tes affaires » en coupant sa sonnerie, puis s'était vautré dans le canapé devant une rediffusion d'un vieux film, une bière à la main. Tout ça l'avait amené à abandonner l'idée de fêter et le 24, et le 25 décembre. Il avait décliné les invitations de sa famille et de ses amis, utilisant son nouveau boulot comme excuse. Sérieusement. Se pointer là-bas avec Suoh sur ses talons, très peu pour lui. Il aurait eu à mentir et à inventer la pire des conneries pour expliquer la présence de ce gorille peu agréable. C'est ainsi que la platitude des fêtes - qu'il allait passer tout seul dans ce grand appartement dénué de chaleur et de réconfort - l'avait poussé à faire de son mieux en se levant ce matin-là.

-Je laisserai pas ce vieux yakuza de malheur gâcher mon Noël, avait-il grincé en sortant du lit.

Et voilà comment, après avoir rangé la nourriture, il se retrouvait à ouvrir une boîte de 150 lumières. Il délia le tout aisément et traîna le fil blanc derrière lui tout en gagnant le salon. Il s'y arrêta en silence, observant scrupuleusement la pièce. Qu'est-ce qui était le mieux ? Faire des trous dans les murs du salon ou dans les murs de la chambre à coucher ? Ses yeux se firent tout petits et après mûre réflexion, il décida d'installer des jeux de lumières dans les deux pièces. Après tout, il avait en sa possession quatre sets, ce qui était largement suffisant pour réchauffer cet appartement beaucoup trop austère à son goût. Pour lui, Noël était synonyme de bonheur, de rire, d'amitié et d'amour… l'espace d'une seconde, son cœur se serra douloureusement. S'il ne pouvait avoir les sentiments, il allait au moins illuminer son regard avec une tonne de lueurs réconfortantes. Avec un peu de chance, peut-être que cela allait faire fondre l'armoire à glace qui avait pris place sur le canapé dans un silence de mort. Bon, faut pas trop rêver, hein.

Retombé en enfance, les yeux du photographe scintillèrent de milles éclats lorsque tout s'alluma. Il venait de terminer la décoration improvisée dans la chambre de son amant et, malgré la clarté que lui renvoyait le soleil d'hiver par l'immense fenêtre, les lumières éclairèrent joyeusement son regard. À l'aide d'une chaise, il avait accroché le jeu tout en haut du mur à l'aide de clous. Puis, il ne s'était pas fait prier pour installer un autre set, le laissant traîner au sol et remonter sur la table de chevet, ainsi que sur la tête de lit. Un sourire satisfait aux lèvres, il éteignit le tout et referma la porte derrière lui. Maintenant, il pouvait s'attaquer au salon.

-Je ne crois pas que le patron appréciera.

Suoh, qui jusque là s'était tu, le fixait sans aucune émotion sur le visage. Aucun sourire, aucune ride d'agacement, seulement ses yeux sombres posés sur Akihito. D'ailleurs, celui-ci détourna la tête et feinta l'indifférence.

-C'est pas de tes affaires, répliquait-il, en allant chercher un nouveau jeu de lumières, ennuyé. À ce que je sache, c'est aussi chez moi.

Pour la première fois, Suoh ria. C'était une exclamation étouffée, comme un raclement de gorge. Aussitôt, le photographe rougit à en devenir écarlate. Il venait de dire à haute voix ce qu'il refusait d'articuler depuis des semaines. Entre lui et Asami, c'était devenu tabou. Le yakuza l'avait obligé à emménager dans son appartement suite à son enlèvement et, même si l'assoiffé de liberté avait tempêté, il avait été forcé d'abandonner. Néanmoins, il n'avait jamais appelé cet endroit « maison » ni même considéré le lieu comme étant en partie sa propriété. Sauf maintenant. Et il s'en mordait les doigts !

-Rends-toi utile au lieu de te bidonner ! s'énerva Akihito en pressant le pas vers la cuisine.

Lorsqu'il revint avec les deux boîtes restantes, il en balança une à Suoh. Ça lui était égale qu'il l'aide ou non, mais s'il était pour rester collé à ses baskets pour plus ou moins 48hrs encore, il ne souhaitait pas entendre ses commentaires inutiles. Qu'Asami approuve ou non, Akihito s'en fichait bien et ce n'était certainement pas son subordonné qui allait lui faire la morale ! S'il n'avait jamais cédé, ni au leader japonais ni au leader de Baishe, il ne s'écraserait devant personne. Pour l'insupportable colosse devant lui, c'était une autre affaire; avoir un paquet de lumières dans les mains lui donnait un air confus. À croire que les yakuzas flippaient devant le bonheur au lieu de frémir devant la violence.

-Tu ouvre la boîte. Tu sors les lumières et tu m'aide à les accrocher au mur, se moqua légèrement Akihito. Bouge-toi un peu, je veux retourner au centre-ville.

-Nous venons tout juste d'y aller, releva simplement Suoh.

-Peut-être, mais j'ai décidé qu'il me manquait un truc. Me dis pas que t'es déjà épuisé à me suivre partout ? ironisa Akihito. Tu peux rester ici, c'est pas moi qui vais me plaindre.

Le photographe savait bien que Suoh n'allait pas baisser sa garde, ne serait-ce qu'une seule petite seconde. La confiance que lui portait son patron était en jeu. Asami lui aurait demandé de porter un complet fushia pendant la semaine entière que l'homme de main se serait exécuté sans émettre la moindre protestation. Et si le boss voulait qu'il veille à la sécurité du gamin pendant qu'il n'était pas en ville, il le ferait au prix de sa vie. Aider le jeune homme à accrocher des lumières était tout de même moins dangereux et au fond, il en était reconnaissant. Il savait Akihito vif d'esprit et de corps, toujours à fourrer son nez là où il ne fallait pas. Au départ, il s'attendait à devoir courir derrière son ombre, même à le confiner à l'appartement si le photographe en profitait pour jouer avec le feu. Au final, il n'avait pas trop eu l'impression d'être un babysitter. Dieu soit loué, ça allégeait un peu sa morosité. Juste un peu.

-Hé, lève le bras encore, ordonna Akihito d'un air concentré.

Suoh s'exécuta sans commenter et s'étira un peu plus vers le haut afin que les lumières atteignent presque le plafond, tout au-dessus des rideaux du salon. Impassible, son regard se perdit dans le vide. Sous eux, des centaines de personnes s'affairaient pour préparer les dernières festivités. Plus encore, la rue devait déborder de couples qui, le soir venu, iraient se balader dans les jardins de lumières de la métropole. Ça, Akihito y avait également pensé. Pas qu'il était un fanatique des fêtes, mais la fin et le début de l'année venaient spécialement le toucher. Malheureusement pour lui, ce n'était pas cette année qu'il allait être en bonne compagnie… Stop. Asami, de bonne compagnie ? Ah, elle était bien bonne, celle-là !

Légèrement contrarié par ses pensées, le jeune homme s'étira un peu plus pour bien planter le clou dans le mur. Il aurait dû débarquer de la chaise et la rapprocher du point d'encrage. À la place, il se mit sur la pointe des pieds, tout penché vers la droite. Dans un balancement incontrôlé, il finit par perdre pied et tomba à la renverse dans un vacarme d'enfer. Bravo, champion ! Ça te changera ! Mais ce qui aurait dû être une chute douloureuse se révéla plus surprenante qu'autre chose. Corps à corps, Akihito et Suoh s'entremêlait au sol. Immobile, l'homme de main coincé au sol ressentait tous les muscles du photographe se crisper contre lui. La tête châtaine enfouit dans son cou dégageait une odeur de miel et de fleurs sauvages. Avant même d'en être conscient, il inspira silencieusement ce parfum qui réveillait en lui l'ombre d'une tentation. Pendant une seconde, il eu l'impression de comprendre pourquoi son boss flanchait peu à peu pour ce chat de rue.

-Takaba Akihito, fît enfin Suoh d'une voix sèche.

-Imbécile ! cria presque le jeune homme en se relevant rapidement sur ses pieds.

Dans le langage courant du photographe, cela voulait dire « désolé ». Suoh en était conscient et c'est pourquoi qu'une fois debout, il ramassa le clou et le petit marteau pour accrocher lui-même le fil. Tandis qu'Akihito s'effaça à la salle de bain, il termina l'installation des lumières. Si le garde du corps avait rapidement repris ses esprits, on ne pouvait pas en dire davantage pour le petit dégonflé qui regardait le reflet renvoyé par le miroir. Les joues rouges, le cœur battant, il se vouait lui-même ce regard hébété. Il fit couler l'eau froide et s'en éclaboussa le visage, histoire de retomber sur la terre ferme. Pendant quelques secondes, il avait imaginé Asami à la place de l'autre. Il avait ressenti le corps musclé et brûlant de son amant et avait désiré plonger dans ses yeux d'or liquide, jusqu'à s'y noyer. Mais la voix de Suoh l'avait rapidement tiré à la réalité et maintenant qu'il se jugeait sévèrement, il se trouvait complètement stupide.

-Espèce d'imbécile, murmura-t-il à son adresse.

Depuis quand Asami avait-il autant d'emprise sur lui ?