Titre : Toute a une fin
Un meurtre. Deux vies gâchées. Une enquête sans fin. Et puis ... tout est fini. Le meurtrier est sous les barreaux. La boucle est enfin bouclée. Je devrais me réjouir de le voir enfermer pour de bon. De voir cette histoire finie. De pouvoir enfin tourner la page. Mais non, rien ne se passe. Je reste impassible face à cette réalité, que j'espérais tant. Je reste là, assise sur le rebord de la fenêtre, regardant les rues de New-York sous les lumières des réverbères. La nuit enfin tombée, c'est le premier moment que je peux apprécier. La sentence était tombée il y a quelques heures seulement et la seule image que j'ai à l'heure actuelle est cet homme me regardant, en esquissant un léger sourire de satisfaction. Cette satisfaction, me laissant de glace, me faisait sentir coupable. Coupable ? Oui, il avait réussi son manège jusqu'au bout.
- Hey, chuchota-t-il.
Mon regard quitta la ville pour se perdre dans le sien.
- Ca va ? Continua-t-il, en m'embrassant le front.
- Mmh, lui répondis-je.
- Tu veux rester ici, cette nuit ?
Il avait compris que j'avais besoin de lui.
- Si tu veux bien.
- Rien ne me ferait plus plaisir.
Il se rapprocha, me prenant le menton entre son index et le pouce. Nos lèvres se scellèrent pendant quelques secondes. Les secondes paraissaient être des minutes. Les minutes, une éternité. Puis, il posa son front contre le mien. Après un long échange de regard, il brisa le silence.
- Tu sais, un jour, une jeune femme a dit : Il y a une vérité universelle à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés, que nous le voulions ou non.
Il fit une pause, décollant son front du mien.
- Tout a toujours une fin.
Il vient de marquer un point.
- Même si ca fait mal, il y a des personnes qui font tellement parties de nous qu'elles nous accompagneront toujours quoiqu'il arrive. Alexis avait raison. Quoique tu fasses ou dises, ta mère sera toujours présente … là, dit-il en montrant ma poitrine, à l'endroit même où se trouvait mon cœur. Et là, continua-t-il en pointant son doigt, sur ma tempe. Elle te suivra partout et je pense qu'elle doit être si fière de toi en ce moment car tu n'as jamais lâché. Tu as continué, la tête haute, à chercher celui qui lui a ôté la vie. Celui qui t'a enlevé ta maman.
Il avait l'art de trouver les mots justes. Ceux qui me remontraient le moral, qui adouciraient la haine que je pouvais éprouver, qui me calmeraient. Je me blottis dans ses bras et posa ma tête contre son torse. L'oreille collée sur sa poitrine, je suivis sa respiration. Il posa son menton sur ma tête et laissa ses mains longer mon dos.
- Et tu n'as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit.
Je fis les yeux ronds. « Comment avait-il deviner ? »
- Tu es un excellente flic, continua-t-il. Humaine, compréhensive, à l'écoute des proches des victimes. Tu as toujours le mot pour les rassurer. C'est une qualité que peu de personnes ont. Tu peux et tu dois être fière de ce que tu es.
Je respire un bon coup et me blottis encore plus dans ses bras. A ce moment-là, je me sentais bien. Pour la première fois depuis le début de cette journée, j'étais soulagée. Je me sentais légère, enlevée d'un poids.
- Merci.
- Always.
Un mot. Une promesse. Quatre ans déjà et il tenait cette promesse, sans jamais défaillir. J'aimais cet homme et il me donnait la preuve chaque jour que c'était réciproque.
Je l'aime.
Il m'aime.
On s'aime.
Rien de plus. Et c'est tout ce qu'il nous fallait.
