Hellow :)

Je vous propose aujourd'hui une fic à chapitres portant sur Wendy et un garçon. Alors, non, ce n'est pas Roméo ni un OC. C'est un crack-pairing complètement fou qui ne verra jamais le jour, basé sur la rencontre avec le manga Rave Master x)
Cette fic s'ancre donc dans le projet "Lumière féerique" qui a pour but de faire découvrir Rave Master par le biais de Fairy Tail.

Pourtant, pour ceux qui veulent découvrir ce manga, je dois vous avertir que ma fic comporte une part de spoilers que j'ai essayé d'atténuer au minimum.

Mais pour les autres, ne vous inquiétez pas, l'histoire se passe dans le monde de Fairy Tail, ce pour quoi je ne l'ai pas mis dans la rubrique cross-over car c'est avant tout basé sur les ressentis de Wendy. Je suppose juste que les personnages de Rave Master vivent dans ce même monde c'est tout. Vous ne serez pas dépaysés :D

Voici donc le premier chapitre de cet ovni (car je pense que cette fic est d'une bizarrerie, déjà rien que de fantasmer sur ce couple qui ne verra jamais le jour xD). N'hésitez pas à laisser des reviews, j'y répondrai avec grand plaisir ! :D

Voilà voilou, bonne lecture ! :D

Disclaimer : Fairy Tail et Rave Master appartiennent à Hiro Mashima.

Musique d'inspiration : Fairy Tail Soundtrack - Tenrou Tree


Chapitre Un

Tu es dans mes rêves

Whoah.

C'est si beau. Je me laisse transporter par la magie qui m'entoure. Le sol est comme un miroir. Des immenses cristaux sont levés vers un ciel parsemé d'étoiles. Ça semble si hors du temps. Des lucioles semblables à des poussières étoilées éclairent l'obscurité qui est si menaçante.

Et tout d'un coup, une explosion détruit le doux voile de ce beau rêve. Une déchirure.

Et le chaos apparaît.

Une odeur assaille mon odorat sensible. Je plisse mon nez de dégoût. Elle me donne envie de vomir.

Du sang. Du sang en grande quantité était versé.

Les entre-chocs des sabres martèlent mes tympans. Les explosions magiques à profusion. L'odeur de putréfaction et de chair brûlée. Un brouhaha digne de l'Enfer.

Inquiète, je lève les yeux vers le ciel. Au-dessus de moi, des vaisseaux volants se livrent une guerre sans merci. Au sol, le rouge vermeille souille la pureté des cristaux. Aucun vent ne souffle sur mon visage, comme si tout était déjà mort.

Et à l'horizon, cette chose s'éveille, grossit jusqu'à envahir les alentours.

Ce n'est pas humain, ce n'est pas un dragon.

C'est pire que ça.

Un démon. C'est un vrai démon.

Composé de poussières d'étoiles, sa gueule dévoile une rangée de crocs acérées. Un dragon ne ferait pas le poids devant cette chose. Impossible. Il rugit si fort que je plaque mes mains contre mes oreilles. Mes muscles se tétanisent. Je sens mon cœur s'accélérer. Mon crâne me fait si mal que j'en grince des dents. Le sol se met à trembler si violemment que je perds l'équilibre et tombe lourdement au sol.

Mes jambes me lancinent. Ce rugissement bestial est si effrayant. Je tremble d'effroi face à ce monstre qui continue de grossir et de tout détruire sur son passage. Les immenses cristaux sont arrachés du sol comme de vulgaires brindilles. Le grondement sonore est si affreux et je me sens si petite face à cette bête. J'ai peur, si peur...

Et soudain, je l'aperçois au loin. Mon cœur s'emballe de joie en le distinguant. Car je sais que c'est lui. Je suis si heureuse, si contente de voir un visage familier. Et pourtant, ma joie cède place à la frayeur.

Il court dans ma direction, essoufflé comme jamais. Son petit corps ensanglanté m'effraie, ses cheveux verts encrassés se collent sur son front. Affolée, je veux le soigner mais la magie n'influe pas dans mes mains. Je puise dans mes forces pour tenter de faire apparaître le fluide magique mais il ne veut pas sortir. Son visage tordu par la douleur me terrifie. Je presse mon corps avec désespoir, la panique me gagne.

Pourquoi ça ne fonctionne pas ?!

Je dois le soigner au plus vite sinon... Sinon...

Je ne veux pas penser à cette éventualité. Je ne dois pas penser à ça, tant qu'il y a une chance de le tirer d'affaire !

Et pourtant, j'ai si peur. Je ne comprends pas pourquoi ma magie ne fonctionne pas !

Je le vois s'effondrer avec horreur. Je cours vers lui mais mes jambes se dérobent. Je suis comme tenue par un fil invisible. Je tire mais je n'arrive pas à avancer. Je tends ma main vers lui, je le hèle mais aucun son ne sort de ma bouche. Ma vision se brouille, ma gorge se noue de chagrin. Je n'arrive plus à contenir mes sanglots de désespoir.

Pourquoi je n'arrive pas à le rejoindre ?! Laissez-moi soigner ses blessures !

Voir ce garçon me tord le ventre de panique, le sang qui s'écoule de ses plaies m'est insupportable. Il souffre le martyr. J'entends sa respiration se heurter. Il suffoque avec peine, comme si sa cage thoracique est en train de se broyer. Chacun de ses mouvements pour tenter de se relever est teinté de souffrance. Ses mains tremblent, il grince des dents, frappé par la douleur.

Je veux l'aider ! Je sais que je le peux ! Je rage tant devant mon impuissance que j'en tremble. Mais je continue à tirer sur ce fil qui me retient, je ne renonce pas. Si Natsu m'a bien appris quelque chose, c'est de ne jamais abandonner, de lutter jusqu'au bout. Et tant que je ne le sauverai pas, je m'acharnerai à avancer.

Soudain, il lève avec difficulté son visage vers moi puis écarquille les yeux. Ses yeux s'illuminent d'espoir. Des larmes perlent sur ses joues. Une d'entre elles descend sur son tatouage, si semblable à celui de Gerard. J'entends son cœur s'accélérer, comme s'il se raccroche à ma vue, comme si je suis son dernier espoir. Il ouvre la bouche, articule dans un souffle en puisant dans ses ultimes forces :

« Sau... Sauve-nous... »

Wendy ouvrit les yeux, choquée. Elle se redressa, comme frappée par la foudre. Elle percevait des voix inquiètes autour d'elle mais celles-ci lui parvenaient brouillées. Elle n'entendait plus que cette phrase, elle ne distinguait plus que ce visage implorant son aide. L'image de ce garçon était gravé dans sa rétine, l'odeur de son sang était marqué au fer rouge. Tout se superposait à la réalité. D'ailleurs, où était-il ? Pourquoi ne le voyait-elle plus ? Son cœur s'accélérait d'inquiétude, ses mains devenaient moites devant l'urgence à laquelle elle avait été arrachée. Elle devait le sauver !

Ébranlée, elle sursauta lorsque le voile de l'illusion se déchira sous ses yeux. Son esprit embrumé par ce cauchemar se dissipa. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise avant de revenir à la réalité. Tout lui apparut limpide comme du cristal.

Fairy Hills, sa chambre, Carla penchée sur elle, leurs traits tendus par la fatigue et l'inquiétude, Cana la tenant dans ses bras.

Le parfum d'alcool parvenant à ses narines chassa l'âcre odeur du sang. Ses sens s'éveillèrent à nouveau, comme s'ils avaient été aseptisés depuis des semaines. Wendy cligna des yeux avant de se rendre compte avec stupeur qu'elle avait pleuré. Elle sentait les larmes se sécher sur son visage. Tremblante, elle voulut reprendre contenance mais n'arrivait pas à émettre le moindre son, trop secouée par ce rêve. Car il s'agissait encore de ce songe ; toujours le même depuis quelques jours.

Comprenant avec honte qu'elle avait encore inquiété ses amies, elle voulut les rassurer lorsque Cana lui intima :

« Calme-toi Wendy. Respire à fond. »

La Dragon Slayer voulut rétorquer qu'elle allait mieux mais ce serait mentir. Lasse, la fatigue la rattrapait soudainement, ses nerfs la lâchaient. Écoutant les conseils de la mage des cartes, elle inspira à fond avant d'expirer, puis répéta cette scène jusqu'à ce que ses muscles se détendent. Retrouvant peu à peu la sérénité, elle parvint à se calmer. Alors que le silence commençait à s'installer, Carla lui demanda, sa voix tendue par l'inquiétude :

« Encore ce rêve ? »

Le faible hochement de tête de Wendy aggrava sa tension. Voir sa précieuse amie aussi songeuse pour un songe la rendait nerveuse. En effet, elle savait plus que quiconque qu'il ne fallait pas prendre à la légère les rêves, eux qui pouvaient être porteurs de sombres messages. Elle qui possédait le terrible don de la vision du futur ne pouvait qu'être anxieuse pour la santé de la petite Dragon Slayer qu'elle s'était jurée de protéger de tous les dangers.

Mais plus que l'image d'un lieu plongé dans le chaos, c'était l'obsession que Wendy avait pour ce jeune garçon qui l'inquiétait. Depuis qu'il s'était invité dans ses nuits, la jeune mage pensait constamment à lui. Même si Wendy continuait à agir normalement, à rire, à s'émerveiller devant des choses simples, à continuer à être aussi maladroite, Carla savait que le garçon de ses songes était continuellement dans ses pensées. Elle connaissait la jeune mage mieux que personne, elle pouvait sentir ce qui la tracassait.

Parfois, ses yeux pétillants de vie s'égaraient l'espace d'un instant, flottants vers l'horizon, comme si elle attendait qu'il surgisse devant lui. Dans ces moments-là, figée comme une statue, ses longs cheveux bleus voletant au gré de la faible brise, son esprit paraissait égaré, comme tiraillé entre deux mondes.

Carla l'avait exhortée à s'extraire de ce qu'elle espérait n'être qu'un rêve. Wendy ne devait pas s'accrocher à ce garçon chimérique en oubliant de vivre et de profiter de l'instant présent avec ses amis. Après tout, l'Exceed se faisait sans doute des idées, elle n'avait pas à se tracasser pour un rêve. Et son amie grandissait, c'était normal qu'elle commence à penser aux garçons, non ?

Pourtant, ces excuses ne la rassuraient guère face au mauvais pressentiment qui animait son cœur. Tiraillée entre son instinct et sa raison, Carla ne pouvait que rester impuissante face aux préoccupations de son amie qui lui faisaient passer de mauvaises nuits.

Pourtant, cette fois-ci était plus grave que les autres. En effet, ses gémissements paniqués avaient été entendus par sa voisine de chambre. Et ce qui n'apparaissait à Cana que comme un mauvais cauchemar devenait désormais tout autre. On ne pleurait pas toutes les larmes de son corps lorsqu'un mauvais songe hantait vos nuits. Or, c'était ce que Wendy supportait depuis quelques jours, comme si elle avait réellement assisté à l'agonie de ce garçon.

Voir Wendy aussi livide les inquiétait gravement sur la santé de la jeune mage. Surtout qu'elle n'était qu'une simple enfant. Ce cauchemar – ou cette vision – l'affectait grandement, cela était visible sur son visage.

Le cœur de la brune se serra de chagrin face à la détresse de sa camarade. Wendy était un peu comme sa petite sœur, un être qu'on voulait protéger à tout prix de la noirceur du monde. Et alors qu'elle avait tant souffert en dépit de son jeune âge, et qu'elle avait été confrontée à des horreurs qui ne devraient jamais être montrés à un enfant, voilà que le destin s'acharnait sur elle. Touchée par la sensibilité flagrante de sa jeune amie, Cana posa une main sur sa joue et lui sourit tendrement, tentant d'apaiser son cœur fragile :

« Tu n'as pas de raison d'avoir peur pour sa vie. Ce garçon n'existe que dans tes rêves.

– Mais ce rêve devient de plus en plus net. J'ai de plus en plus la sensation d'y être Cana » affirma Wendy, sa voix légèrement tremblante. « J'ai l'impression que c'est la réalité, que la vie de ce garçon dépend de moi... »

Face à ces mots, Cana déglutit, gênée. Que pouvait-elle rétorquer devant l'intime conviction de Wendy ? Elle savait qu'elle ne pourrait faire changer d'avis la Dragon Slayer. Elle était aussi têtue qu'un certain mage pyromane. Et, pour être honnête avec elle-même, ce cauchemar commençait sérieusement à l'inquiéter. La vision de la mort était trop dure à supporter pour n'importe quel humain, quelque qui soit. Elle regarda du coin de l'œil l'Exceed, dont le visage grave n'augurait rien de bon.

Pourtant, ce n'était pas le moment d'en parler avec Wendy. Les cernes qui se dessinaient sous ses yeux noua son ventre de chagrin. Désireuse qu'elle passe une bonne nuit, elle l'embrassa sur le front en murmurant :

« Repose-toi Wendy. Pour l'instant, c'est ce qui compte. On en reparlera demain.

– Et si.. Et s'il revenait me voir dans la nuit ? » murmura-t-elle, anxieuse.

« Tu n'auras qu'à nous appeler pour t'aider ! » lui répondit Cana en lui adressant un clin d'œil des plus réconfortants et malicieux dont elle possédait le secret.

Rassurée, Wendy esquissa un faible sourire avant de s'allonger à nouveau, fermant les yeux pour sombrer quelques instants plus tard dans le plus profond des sommeils. Ses traits se détendirent, soulagée d'un poids trop lourd à porter sur ses frêles épaules.

Soulagée qu'elle se soit enfin assoupie, Cana éteignit la lumière, se leva et quitta la chambre suivie de Carla, non sans jeter un dernier coup d'œil en direction de Wendy. Les rayons de la lune se reflétaient sur son visage. En refermant la porte, l'Exceed laissa exploser ses angoisses :

« Ce n'est pas normal qu'un cauchemar l'obsède autant ! Comment peut-on l'aider à aller mieux ?

– Je peux lui passer une bouteille pour qu'elle oublie le temps d'une nuit... » suggéra innocemment Cana, déclenchant la désapprobation immédiate de sa compère :

« Hors de question qu'elle touche à l'alcool !

– Je sais, t'inquiète » la rassura Cana en soupirant intérieurement devant sa tentative ratée de calmer les nerfs de Carla, à fleur de peau dès qu'il s'agissait de Wendy.

Mais bon... Son idée aurait pu fonctionner après tout, mais elle se garda de partager cette réflexion.

Elle avait bien commencé à boire dès son plus jeune âge pour soulager son âme blessée de ne pas être auprès de son père. À cette pensée, la jeune femme refoula la peine qui avait lacéré son cœur depuis trop longtemps. Cette tristesse n'avait plus lieu d'être. Ressasser le passé était inutile, réfléchir avec des « et si » ne referait pas le monde. Elle avait fait des choix, des erreurs et maintenant, elle profitait du moment présent. Et puis, tout s'était arrangé et rien n'avait vraiment changé au final. Elle était restée elle-même, les autres la considéraient toujours comme leur amie. Et elle aimait toujours autant le goût du liquide chaud lui brûler la trachée à chaque gorgée.

Comprenant qu'elle commençait de nouveau à s'enfoncer dans de noires pensées, elle se concentra de nouveau sur le cas préoccupant de Wendy. Il était vrai que se mettre dans un tel état pour un cauchemar n'était pas normal. À défaut de trouver la vraie nature de ce songe, Cana réfléchit sur un moyen de calmer ces crises. Peut-être Polyussica trouverait-elle un moyen de soulager ses nuits...

À cette idée, son visage s'illumina. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Son esprit devait être trop embrouillé par les vapeurs du saké. Elle partagea cette idée avec Carla qui approuva aussitôt, se raccrochant à cette lueur d'espoir pour aider son amie.

Toutes deux décidées, elles s'éloignèrent de la chambre de Wendy, leurs esprits soulagés d'avoir trouvé une issue au problème.

oOo

Wendy préférait le jour. Le soleil au zénith l'irradiait dans toute sa splendeur, délivrant une douce chaleur fort appréciable. La brise qui chatouillait sa peau pâle gonflait son cœur de joie. Ce vent chantait à ses oreilles une mélodie des plus enchanteresses. Une symphonie de la vie, bien loin de la complainte souffrante d'une tempête déchaînée. Un chuchotement fébrile mais si tendre. Ce vent était devenu une part d'elle-même, elle qui manipulait le ciel à ses envies, qui pouvait déclencher un ouragan sous la seule impulsion de sa colère. Entendre l'air du vent était à cet instant régénérateur, chassant quelques instants l'image du garçon blessé.

Pourtant, sa présence était marquée au fer rouge en son âme. Son agonie repassait sans cesse en boucle dans son esprit, ne la rassurant guère. Elle aurait tellement aimé se persuader qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar mais elle savait que c'était différent. Elle sentait que ce garçon n'était pas né de son imagination. Il devait exister quelque part, aux confins du monde.

Et étrangement, un sentiment inconnu était né dans son cœur. Elle désirait le rencontrer, se rassurer sur son état de santé, être à tout prix à ses côtés. Elle tentait alors d'imaginer une version de lui en bonne santé, et chacune de ses tentatives accélérait brutalement son cœur. Wendy était attirée par un aimant invisible, comme si son existence entière gravitait autour de lui. Cet instinct protecteur la fascinait et l'inquiétait à la fois. Cette émotion était si puissante qu'elle se sentait happée vers un horizon lointain où l'attendait un futur inconnu.

Elle n'osait en parler à ses amis, eux qui étaient déjà fortement inquiets à son sujet. Les informer sur cette émotion grandissante les tourmenteraient davantage, elle en était convaincue.

Et pourtant, sa raison l'exhortait à ne pas se laisser happer par ces vaines chimères. Comment accorder du crédit à un rêve plus réaliste que les autres ? Comment croire qu'il puisse exister ? Pourquoi ces sentiments naissaient-ils pour un inconnu, uniquement tiré de son imagination ?

Tiraillée entre son instinct et sa raison, Wendy trouvait du réconfort auprès de ses amis qui tentaient de lui changer les idées par tous les moyens. Tout Fairy Tail était désormais au courant de ses préoccupations – un secret ne le reste jamais bien longtemps chez les fées. Touchée par toutes leurs tentatives pour chasser pendant quelques instants l'angoisse présente en son cœur, la joie de Wendy était grande. Enveloppée dans ce cocon d'amitié si réconfortant, elle se sentait chanceuse et appréciait à sa juste valeur la saveur de leur compagnie. Un poids se déchargeait de ses épaules en leurs présences, la froide solitude ne venait jamais l'étreindre.

Quelque peu galvanisée par ces pensées, elle accéléra le pas pour suivre Cana, Carla et Lucy à travers la forêt entourant Magnolia. Si Cana et Carla étaient motivées par la volonté de mettre un terme aux éprouvantes nuits de la Dragon Slayer, Lucy l'était tout autant.

Certes, elle n'avait jamais aperçu ces fameuses crises mais était tout aussi préoccupée par la jeune mage. Tout le monde l'était à la guilde. Ils étaient comme une grande famille, se soutenant l'un l'autre quand un des leurs traversait une mauvaise passe. Natsu, Grey et Erza en auraient pensé autant – s'ils n'étaient pas partis en quête tous les trois suite à une demande d'un client. En songeant au trio de monstre, Lucy réprima un frisson d'épouvante. Wendy et elle auraient dû partir avec eux au final, pour les contenir un minimum.

Tenaillée par le mauvais pressentiment en songeant aux dégâts de ces trois-là, elle se retourna vers Wendy qui arrivait à leur hauteur, tout aussi déterminée qu'elles trois réunies.

Bien que ce garçon la troublait, les cauchemars où il prenait vie l'éprouvaient fortement. Wendy n'arrivait plus à dormir sereinement et elle restait constamment sous tension, l'estomac noué. Et puis, elle avait hâte de revoir celle qu'elle considérait un peu comme une seconde mère. Elle voulait de nouveau s'enivrer de cette odeur si familière, se laisser bercer par cette voix maternelle qu'elle avait tant espéré entendre de nouveau. Même si elle n'était pas Grandine, sa mère adoptive se réincarnait en quelque sorte en la guérisseuse de Fairy Tail. Ce substitut apaisait son âme meurtrie par la disparition de son dragon, réparant le trou béant crée depuis ce funeste jour du 7 juillet de l'an x777.

Revigorée par cette décision, elle avait rejoint ses amies qui se trouvaient désormais près d'une maison creusée à même le tronc d'un immense chêne centenaire. Des rayons dorés s'infiltraient dans les branches, procurant une aura apaisante. Une odeur de sève sucrée se distillait dans l'air frais, chatouillant avec délice ses narines. Cet endroit familier accéléra son cœur de joie. Elle pouvait déjà sentir dans l'air ambiant l'odeur si particulière de Grandine, ce parfum à la fois léger et animal. Un sourire aux lèvres, elle s'avança avec ses amies qui frappaient déjà la porte. Celle-ci s'ouvrit pour laisser apparaître une vieille dame à la longue cape rouge et aux cheveux roses relevés en un chignon. Ses traits sévères s'accordaient avec ses yeux rouges aussi froids que le métal. À la vue de Cana et Lucy qui lui adressèrent un grand sourire amical, son nez se plissa avant qu'elle ne grogne, peu aimable :

« Qu'est-ce que vous faites là ? »

Les lèvres de Cana et Lucy tremblèrent, s'efforçant de garder une mine réjouie. Elles avaient complètement oubliées à quel point cette vieille sorcière pouvait être acariâtre et désagréable quand elle le voulait. Alors qu'elles allaient s'expliquer sur la raison de leur venue, Polyussica referma brutalement la porte en grommelant de sa voix revêche :

« Rentrez chez vous, bande d'idiots ! ».

Lucy soupira, lasse. Elle avait vraiment oublié à quel point elle pouvait être difficile par moments à appréhender. Carla n'en pensait pas large. Comment Wendy pouvait apprécier cette vieille folle qui venait de leur claquer la porte au nez ? Alors que le découragement commençait à s'installer, Cana frappa de nouveau à la porte, hors d'elle. Non mais elle allait voir ce qui lui en coûtait de l'ignorer de la sorte ! La porte s'ouvrit de nouveau sur une Polyussica apparemment tout aussi énervée qu'on dérange sa douce tranquillité. Alors que la tension allait exploser, Wendy apparut sur le perron, le visage radieux :

« Dame Polyussica ! Comme je suis contente de vous revoir ! »

À sa vue, les traits de la vieille dame se radoucirent, toute trace de son agacement disparaissant comme par enchantement. Elle finit par esquisser un sourire en s'exclamant calmement, comme une grand-mère le ferait à sa petite-fille :

« Wendy, que me vaut ce plaisir de te voir ? »

Elle les invita à entrer, non sans quelques réticences pour le restant de l'équipe. Ces dernières n'en tinrent pas compte, soupirant de lassitude face au mystère que représentait la guérisseuse de Fairy Tail. Elle n'appréciait pas les humains mais semblait couvrir d'un œil protecteur Wendy. La fillette avait des effets étonnants sur elle. Elle avait ce pouvoir de faire fondre ce cœur de pierre durement éprouvé par la vie. Un lien étrange s'était tissé entre ces deux personnes, où l'expérience se mêlait à l'innocente jeunesse.

Une fois installées dans cette modeste maison en harmonie avec la forêt, Cana, Lucy et Carla exposèrent le problème. Wendy ajoutait par moments certains détails qu'elle jugeait dignes d'être partagés, détails que recueillait en silence la vieille dame, dont les sourcils se froncèrent, plongée dans une intense réflexion. Alors qu'elles venaient de terminer d'exposer la situation et qu'elles allaient demander un moyen d'apaiser les nuits de Wendy, celle-ci leur rétorqua, grave :

« Mes potions ne l'aideront pas.

– Comment ça ? Vous êtes pourtant une guérisseuse hors pair ! » s'exclama Carla, paniquée. Sa voix tremblait, comprenant avec horreur que son seul espoir d'aider Wendy venait de s'envoler en poussière. Mais Polyussica ne lui laissa pas le temps de se morfondre davantage puisqu'elle s'adressa à Wendy, le visage plus sérieux que jamais :

« C'est ton instinct de Dragon Slayer du Ciel qui se manifeste » avoua Polyussica.

« Mon... instinct ? » répéta l'intéressée, ne comprenant pas où elle voulait en venir. Tout aussi perdus que leur amie, Charuru, Cana et Lucy froncèrent les sourcils. Tous les regards étaient tournés vers la guérisseuse de Fairy Tail.

La vieille dame soupira avant de s'expliquer laconiquement :

« Lorsque Grandine m'est apparu pour me dicter les deux sorts qu'elle n'avait pas su t'apprendre, elle m'avait également parlé de cet instinct que je devais t'expliquer en temps voulu. D'après ta mère, les Dragon Slayer sont des êtres à part. S'ils sont à l'origine humains, la magie ancienne qui s'écoule dans leurs veines leur procurent des réactions typiques d'un dragon.

– Vous voulez dire que ce rêve est la manifestation d'un instinct de dragon ? » demanda Lucy, perdue.

« En quoi rêver d'un garçon en train d'agoniser montre une réaction typique d'une dragonne ? » rajouta Carla, tout aussi déboussolée par les dires mystérieux de la guérisseuse.

Excédée par leurs questions insistantes, cette dernière grommela, le regard mauvais :

« Laissez-moi finir ou je vous mets toutes les deux à la porte. »

L'Exceed voulut protester mais la constellationniste l'en retint d'un simple coup d'œil. Mieux valait ne pas agacer la vieille dame. Déjà que son caractère acariâtre était difficile à supporter, si elles se faisaient éjecter sans obtenir de réponse... De mauvaise grâce, Carla ne répliqua rien, se renfrognant en écoutant la suite :

« Cet instinct est différent pour chaque type de dragon et le Dragon Slayer reproduit les traits de caractère de son dragon sans qu'il en ait vraiment conscience. Pour toi Wendy, Grandine m'a affirmé que tu possédais sans le savoir son don.

– Mon don ? Lequel ?

– De ressentir les prémices d'une catastrophe. Ton instinct de guérisseuse te pousse à soigner ceux qui sont dans le besoin et, si cela se manifeste par des cauchemars qui t'épuisent, c'est qu'un terrible drame est sur le point de se produire. Un drame qui pourrait secouer le monde entier. »

Wendy écarquilla les yeux de stupeur, apeurée par cette révélation. Alors ce qu'elle voyait dans ses rêves était un sombre avenir ? Une guerre imminente, que nul ne pourrait éviter et qui concernerait l'ensemble de la planète ? Abasourdie par ces révélations, Wendy s'assit, blême.

Ses amies la regardèrent, toutes aussi ébranlées par cette affirmation. Le dos de la petite fille s'était voûté, comme si le poids du monde entier reposait sur ses épaules. Un fardeau trop lourd à supporter pour une si jeune enfant. Choquées, elles ne pouvaient que rester muettes face à l'inéluctable.

Mais plus que cet abattement soudain, Carla était accaparée par un doute fugace mais tenace. Ce que venait de dire Polyussica n'avait aucun sens à ses yeux, ce n'était pas possible ! Méfiante, elle exprima ses réserves :

« Mais si une catastrophe allait secouer le monde entier, je l'aurais aperçu dans mes visions !

– Peut-être le verras-tu prochainement. Mais si Wendy en fait des cauchemars, c'est que le monde entier court un grand danger. »