Le Bossu de Notre Dame
Le Defigure de Notre Dame
Prologue
Par une nuit sans lune, au cœur de Paris, un homme et sa femme fuient. Ils courent droit devant eux, aussi vite qu'ils le peuvent. L'homme trébuche mais pousse sa femme à continuer. Il lui cri de le laisser, de se sauver. Elle l'écoute et le pleure lorsqu'elle entend la nuque de son, désormais défunt mari, se briser. Elle l'aperçoit enfin : la Cathédrale. Elle tire la anche afin d'entrer, mais la porte est verrouillée. Elle la frappe de ses poings et hurle : « Asile, pitié ! Je demande asile ! ». Elle ne peut pas attendre que l'on vienne lui ouvrir. Son poursuivant est déjà là. Elle se remet à courir, désespérément.
Il attrape son précieux fardeau, qu'elle tient contre son cœur depuis des jours. Elle tante de se défaire de l'emprise de celui qui la poursuit. Mais elle n'a plus de forces, épuisée par sa course et des jours de jeûne. Il la repousse si violemment que son crâne se fracasse sur les escaliers du parvis de Notre Dame.
Un cris strident brise le silence funèbre. L'homme découvre le paquet de linges arraché à la défunte.
« -Un bébé ? Quel monstre ! C'est une infamie... »
Son regard se braque vers le puits asséché, au bas des escaliers. Il s'en approche et lentement soulève le bébé au dessus du trou, toujours sous ses cris.
« -Non ! Cri l'archidiacre.
-Christopher. Toi qui es un homme d'Église, comprends que je ne fais que rendre à Lucifer l'un de ses enfants déchus.
-Tu vas jusqu'à souiller le parvis de Notre Dame, chasseur. Quand sera tu rassasié ? Te rends-tu compte que tu t'apprêtes à tuer un bébé.
-C'est un loup-garou. Tout comme ses parents. Je me salis les mains afin de purifier la Terre de ses créatures. Et le bon Dieu me récompensera lors de mon Jugement Dernier. Ces imbéciles d'humains les ont accepté de bonne grâce, à condition de punir les criminels. Mais, ils le sont tous. Ce sont des monstres, mon fils. Même les plus jeunes d'entre eux.
-Tu as tort. Montre moi l'enfant. Le vieux chasseur le lui tend et après un examen minutieux, il déclare : cet enfant n'est pas porteur du gène lycanthrope. Les griffures qui maculent son corps et son visage montrent que son Alpha a voulu le tuer. Ses parents n'ont pas dû l'entendre de cette oreille et se sont enfuient avec leur progéniture. C'est extrêmement rare, des parents près à abandonner leur meute pour sauver leur enfant non loup. Et tu les as tué... Le seigneur s'en souviendra le moment venu.
-Bien, j'ai peut-être fais une erreur. Mais ce qui a été défait ne peut être refait. Qu'y puis-je ?
-Te repentir.
-Me repentir ? Moi ? Et comment donc, je te pris ?
-Élève cette enfant, comme s'il était le tiens. Nourri-le. Soigne-le. Enseigne-lui. Je ne te demande pas de l'aimer, car je sais que tu en es incapable.
-Tu voudrais que je m'enchaîne à... Cette chose, que même les loups-garous ne veulent pas ?
-C'est ta seule chance de rédemption, Gérard. Tu as fais de lui un orphelin, assume ton erreur. Tu ne pourras vivre en paix avec le regard réprobateur de Dieu sur toi. Il t'étouffera avec ta propre culpabilité.
Le vieux chasseur déglutit. Son fils s'était fait homme d'Église après une illumination Divine, et ses conseils étaient bien plus des mises en gardes. Le seigneur lui envoyait des visions. Telle est la conviction de Gérard Argent, patriarche de la plus grande et ancienne famille de chasseurs. Sentant déjà un poids s'installer dans sa poitrine, il reprend contenance et déclare :
-Très bien. Mais j'exige qu'il vive dans l'Église. Au sommet des tours. Caché aux yeux de tous. Je ferais une annonce demain, informant tout le monde que je prend un bébé sous mon aile. Tout le monde saura qu'il est sous ma tutelle, mais il ne devra sortir de la Cathédrale sous aucun prétexte. Tu t'assurera qu'il soit vu le moins possible par les fidèles.
-Très bien. J'accepte tes conditions.
-Qui sait ? Peut-être me sera-t-il utile un jour...
