Auteur : Hikari Yumeko
Rating : K
Disclaimer : je crois que le mythe d'Iphigénie est tombé dans le domaine publique il y a de cela des millénaire...
Thème: Sacrifice
Notes : OS écrit dans le cadre des nuits du FoF. Le but est de rédiger un texte sur un thème donné en une heure.
La jeune fille regardait la mer bleu saphir et le ciel azuré qui s'étendaient devant elle. Elle savourait la caresse de Zéphyr sur sa peau, faisant voleter ses longs cheveux de soie noire, et goutait le parfum des embruns.
Au loin, elle voyait mouette et cormorans voleter en un ballet gracieux, libre de s'en aller selon leur bon vouloir. Elle leur enviait cette liberté, cette absence de responsabilité. Elle aurait voulu que Zeus, Apollon ou n'importe lequel des Olympiens ne la délivre de son fardeau. Mais tel n'était pas son destin.
Elle regarda l'assemblée des rois achéens qui se dressait sur la falaise, entourant l'autel de marbre blanc sur lequel un sculpteur talentueux avait représenté les chasses de la divine Artémis, protectrice de jeunes filles, reine des forêts, de la chasse et de la lune. Cette même déesse qui exigeait maintenant sa vie pour une faute commise par son père.
Il y avait là le rusé Ulysse, roi d'Ithaque, que certains disaient fils de Laërte, d'autre de Sisyphe, les deux Ajax, Diomède dont l'attelage était célèbre à travers toutes la Grèce, son oncle Ménélas, roi de Sparte et mari d'Hélène, responsable de la plus grande expédition jamais menée par les Achéens,… Et Achille aux pieds légers, fils de Pélée et de la nymphe Téthys, avec qui on lui avait faussement fait miroiter l'hymen sacré.
Tous avaient un air fermé et elle devinait sans peine leur pensée. Que l'on en finisse rapidement pour pouvoir remonter dans les nefs achéennes et voguer toutes voiles déployées vers la cité trois fois sainte d'Ilion. Et pouvoir oublier le sacrifice de la jeune fille permettant le départ de l'expédition.
Car bientôt elles partiront porter mort et désolation au loin. Les victimes dans les deux camps seront nombreuses et leur mort chantée par les aèdes pour les siècles à venir. Et elle, dont le destin s'achevait sur cette falaise d'Aulis, n'était jamais que la première d'entre eux.
Elle regarda une dernière fois son père, l'homme qui, par cupidité, avait décidé de sacrifier sa propre fille pour gagner gloire et richesse et pouvoir détruire les palais dorés de la ville de Troie. Pas une larme ne coulait de ses yeux, pas la moindre expression de remord n'était présente sur son visage.
Sans un mot elle s'allongea sur l'autel, sa robe blanche immaculée dessinant les courbes naissantes de son corps de vierge. Car vierge elle était née, vierge elle mourrait, sans pouvoir connaitre les joies de l'hymen.
Ses yeux fixaient les mouettes et cormorans qui tournoyaient toujours dans le ciel toujours azuré. Ils tournoieront toujours lorsque le glaive se sera abattu sur elle, tachant de sang le blanc marmoréen de l'autel.
Elle entendit le bruit de l'épée tiré de son fourreau délicatement serti et ferma les yeux, attendant que le glaive ne tranche le fil de sa vie comme l'auraient fait les ciseaux des Parques.
