We're all stories in the end
I
Impossible things
Note de l'auteur : Me revoilà pour une nouvelle aventure! Exceptionnellement, tous les titres seront en anglais, pour une bonne raison. Vous découvrirez bien vite laquelle. J'espère que ce premier chapitre vous plaira. Bonne lecture!
Disclaimer : Star Trek, ses personnages et son univers ne m'appartiennent pas et je ne touche aucune rémunération pour mes écrits.
Cela faisait trois longues semaines que nous avions quitté Vulcain. L'euphorie et l'impression de renouveau, dus aux nombreux changements, suite à cette visite sur la planète natale de Spock, avaient laissé place à une certaine monotonie. Bones était au mieux de sa forme et ne regrettait absolument pas sa décision de s'être marié une deuxième fois. Il n'avait jamais été d'aussi bonne humeur et passait son temps à me rabâcher à quel point Nyota était merveilleuse. Rien à voir avec son ex femme, donc. Le bon côté, c'était qu'il en oubliait de surveiller ce que je mangeais ou si je dormais suffisamment. Une paix royale.
Il y avait également, quelques changements significatifs au niveau du confort de vie. Tel un ouragan, Scotty et Andrea s'étaient donnés pour mission d'améliorer tout ce qui pouvait l'être. Après les synthétiseurs du mess, les régulateurs de température s'adaptaient, à présent, aux besoins des occupants des chambres. Il suffisait d'y programmer ses préférences. Le tissu des uniformes qui sortaient des réplicateurs avait gagné en qualité et la baie d'observation était à présent équipée de sièges confortables et modulables, puisque de réputation, l'endroit restait le lieu de rendez-vous privilégié des amours naissants ou secrets. À ce rythme-là, je ne risquais pas de regretter d'avoir acceptée la belle androïde à bord.
Mais malheureusement, après un trajet quelque peu stressant à la limite de la zone neutre, l'ennui me guettait de nouveau, maintenant que le calme était revenu. Mes pensées s'envolaient souvent vers Vulcain et nos doubles. Communiquer avec eux comportait un risque que je m'étais résigné à ne pas prendre. Tous les messages, sortant ou entrant, restaient susceptibles de tomber entre les mains de Starfleet Command qui ne devait pas savoir que nos alter egos existaient. Je ne pouvais donc que spéculer sur ce qu'ils devenaient.
J'en étais donc là, en cette matinée sans rebondissement, installé dans mon fauteuil de commandement, dans l'attente de quelque chose à faire. À ce niveau, même un vaisseau Klingon serait le bienvenu. C'est donc avec un enthousiasme exagéré, que je me tournais vers Nyota, quand elle m'interpella.
« Je capte un message de détresse, Capitaine. »
« De qui ? » Demandais-je.
« Origine inconnue. Le contenu tourne en boucle et se traduit simplement par : Aidez-nous. » M'apprit-elle, concentrée sur ses instruments.
« De quelle langue ? »
« Aucune. C'est bien ça le plus étrange. On dirait que la transmission est programmée pour que n'importe qui la comprenne. »
Je me levais pour la rejoindre, perplexe.
« Comment ça ? »
« Eh bien, quand je l'ai reçu, il était illisible, jusqu'à ce que je l'écoute. C'est là que j'ai entendu du langage standard. Il s'est décrypté de lui-même, cela ne vient pas de notre traducteur. »
J'échangeais un regard dubitatif avec Spock, avant qu'il ne s'avance à son tour, pour se pencher sur la console de communication.
« Puis-je ? » Demanda-t-il, en tendant la main.
Nyota y déposa son oreillette, curieuse. Il l'ajusta et écouta attentivement, avant de lever un sourcil.
« Tu entends du Vulcain. » Devinais-je.
« Effectivement. C'est remarquable. » Confirma-t-il.
« Qui que soient ces gens, ils sont évolués, apparemment amicaux et dans une mauvaise posture. Uhura, tracez le message, nous allons leur porter assistance. » Ordonnais-je, en retournant m'asseoir.
Et c'était tiraillé entre l'excitation et l'appréhension, que je commandais à Sulu de passer en vitesse de distorsion.
…
La traque nous mena droit sur un planétoïde de taille moyenne. Trop petit pour abriter la vie, mais suffisamment grand pour l'explorer. Un refuge tout-à-fait acceptable, pour une navette en perdition. Le message venait de là, Nyota était catégorique et j'avais confiance en ses capacités. Et puisque toutes nos tentatives de réponse s'étaient soldées par un échec, je décidais de monter une équipe réduite qui serait chargée de descendre pour voir ce qu'il en était. Elle serait composée de deux gardes de la sécurité, de Spock et moi-même. Nous montâmes tout deux dans le turbolift, pour aller nous préparer, dès que l'Enterprise fut mise en orbite stationnaire et que nous ayons scanné les lieux. Aucune forme de vie n'avait été détectée et une intuition étrange me rendit nerveux. Ce que mon compagnon perçut aisément.
« Un pressentiment ? » Me questionna-t-il.
« Oui. »
« Bon ou mauvais ? »
« Je ne sais pas. C'est bien ça qui m'ennuie. Mais une chose est sûre, quelque chose d'inhabituel nous attend. » Répondis-je, légèrement anxieux.
« N'est-ce pas souvent le cas ? » Relativisa-t-il, d'une voix teintée de malice.
« Si. » Approuvais-je, en souriant.
« Alors tout se passera bien. » M'assura-t-il, avant de déposer un baiser aérien sur mes lèvres, au moment où les portes s'ouvraient sur le pont G.
« Bon sang ! Quand cesserez-vous de prendre la totalité de ce vaisseau pour un lupanar ? Ça vous arrive de vous décoller l'un de l'autre ? » S'exclama une voix que je ne connaissais que trop bien.
« Bones ! Serais-tu sorti de ta phase nuptiale ? » Raillais-je, en le contournant pour sortir de la cabine, Spock sur mes talons.
« Tu parles de celle que tu n'as jamais quittée ? » Contre attaqua-t-il, moqueur.
« Que fais-tu là ? » Demandais-je, alors qu'il nous suivait, pour changer de sujet.
« Je viens avec vous. Il y aura peut-être des blessés, vous pourriez avoir besoin de moi. » Annonça-t-il, sur un ton qui n'acceptait aucune objection.
Face à un autre Capitaine, il aurait été accusé d'insubordination. Mais Bones restait Bones, et même Spock avait renoncé à s'en offusquer.
« Très bien. Je vois que tu es déjà prêt, de toute façon. » Approuvais-je, en désignant son tricordeur médical.
Nous entrâmes dans la salle de téléportation, où nous attendaient les deux gardes, avec tout le matériel nécessaire. Le planétoïde ne comportait pas d'atmosphère, des combinaisons intégrales de sortie dans l'espace s'avéraient donc obligatoires. Nous nous équipâmes rapidement, le tissu en fibre de basalte, léger et résistant, nous collant à la peau. Une fois les casques fixés et les circuits d'oxygène autonomes enclenchés, nous montâmes sur la plateforme, avant de disparaître.
…
Nous nous matérialisâmes sur la roche stérile et sans vie. Le paysage mort, composé de pics et de cratères, me donna la chair de poule. Il n'y eut aucun comité d'accueil. S'il y avait des survivants, ils ne devaient pas être nombreux. Le risque que le message soit émis automatiquement, alors qu'ils avaient peut-être déjà tous disparus, persistait. Nous devions cependant en être sûrs. Nous nous mîmes donc en route, d'un pas lent et maladroit, en l'absence d'une gravité suffisamment forte. Nous parcourûmes longuement le sol noir et poussiéreux, où rien ne vivait, en échangeant quelques commentaires dans nos communicateurs. Leonard râlait, alors que personne ne l'avait forcé à venir, les gardes restaient vigilants, en essayant de ne pas rire en écoutant nos joutes verbales et Spock inspectait le minerai qui composait le planétoïde, en nous faisant part de ses découvertes.
Après d'interminables minutes, où le tricordeur de Spock ne détectait rien de plus que les senseurs du vaisseau avant notre départ, le contour d'une petite colline se dessina droit devant nous. Il s'empressa de l'analyser.
« La roche est creuse, Jim. Il y a une grotte assez grande pour servir d'abri. Je propose que nous cherchions une entrée. » L'entendis-je dire, dans mon oreillette.
« Je suis d'accord. S'ils sont quelque part, c'est probablement là-dedans. » Acquiesçais-je, en accélérant la cadence.
La recherche fut fastidieuse. Nous avancions à une vitesse d'escargot, pour ne pas prendre le moindre risque et le relief escarpé n'arrangeait rien. Nous arrivions enfin à proximité de notre but, quand un des « redshirt » glissa dans une crevasse. Il se rattrapa de justesse au rebord, en hurlant, alors que nous accourions pour l'aider.
« Accrochez-vous, Jacobson ! Nous allons vous sortir de là ! » Criais-je, en essayant d'attraper une de ses mains.
Mais la roche s'effritait sous mon poids, il perdait sa prise. Un bloc se détacha, à ma droite, manquant de nous précipiter dans le vide.
« Jim ! Sois prudent ! » Hurla, Bones, en reculant, ainsi que Spock et Riley, le deuxième garde, pour ne pas aggraver la situation.
Je jetais un regard à mon compagnon, par-dessus mon épaule. Il était sur le qui-vive, prêt à bondir vers nous. Leonard le retenait, une main plaquée sur son torse et il ne semblait même pas s'en rendre compte, tant il était focalisé sur moi.
« Ne bouge surtout pas. C'est trop instable. » Pensais-je, en le fixant.
Il hocha simplement la tête, en gardant un calme olympien en apparence. Je retournais mon attention sur Jacobson et agrippais une manche de son uniforme, puis son col, avant de tirer de toutes mes forces. La faible gravité aidant, il ne semblait pas peser bien lourd, mais je devais faire attention à ne pas le propulser trop loin dans mon emportement. Je percevais son regard paniqué, à travers la visière de son casque, sa respiration saccadée, dans l'intercom, la poigne désespérée de ses doigts sur mon bras.
« Je ne vous lâcherai pas. » Affirmais-je, d'une voix déterminée.
Il hocha simplement la tête, en s'accrochant plus fermement à moi. Je le hissais, dans une dernière tentative et réussis enfin à le ramener sur le sol rocailleux. Le souffle court, nous rampâmes vers un endroit plus stable, avec l'aide de nos amis, dès que nous fûmes à leur portée. Spock me releva et je le serrais contre moi, soulagé.
Une fois hors de danger et remis de nos émotions, nous reprîmes notre route avec beaucoup plus de prudence. Ce genre d'expéditions comportait toujours un certain nombre de risques, souvent fatals. C'est donc patiemment, que nous finîmes par trouver une cavité dans la roche. L'entrée de la grotte était étroite, mais assez large pour laisser passer un homme. Nous entrâmes, l'un après l'autre, avec précautions, avant d'allumer nos lampes. La grotte était plongée dans l'obscurité et un chemin s'ouvrait devant nous. Nous évoluâmes en file indienne, tous nos sens en alerte, jusqu'à ce que Spock m'interpelle.
« Je détecte de l'oxygène, dans une caverne plus grande, à quelques mètres. » M'informa-t-il, perplexe, concentré sur la lecture des données de son tricordeur.
« Une poche ? C'est possible ? » Demandais-je.
« Hautement improbable. Je n'ai aucune explication. Surtout que la niche n'est pas hermétique. Nous pouvons y accéder. » Répondit-il.
« Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui vais dire ça, mais, c'est illogique. » Intervint Bones, mortifié.
« Le mieux c'est encore d'aller voir par nous-mêmes. Maintenant qu'on est là, on ne va pas faire demi-tour. » Décidais-je, déterminé, avant de me remettre en mouvement.
Et, en effet, nous atteignîmes assez facilement le lieu en question. Une lueur y brillait, ce qui pouvait signifier qu'il y avait quelqu'un. Je pressais le pas, enthousiaste et méfiant en même temps. Nous suivîmes la lumière, jusqu'à déboucher dans une salle bien plus large et haute, où un feu crépitait au centre. Il y avait donc réellement de l'oxygène. Nos pas résonnèrent tout-à-coup fortement. Spock s'immobilisa de nouveau.
« Mes résultats me laissent perplexe, mais d'après mon tricordeur, nous pouvons respirer ici. »
Je n'étais pas sûr de vouloir prendre le risque de vérifier si c'était vrai, mais soudainement, trois personnes, sans aucune combinaison, sortirent de l'obscurité. Deux hommes et une femme aux longs cheveux d'un roux flamboyant accentué par les flammes. Jeunes et manifestement indemnes, ils semblèrent heureux de nous voir.
« Quelqu'un nous a donc entendus. Je le savais ! » S'exclama l'un d'eux, à la silhouette longiligne, très mince, avec une tenue étrange, d'un autre temps. « Vous pouvez enlever votre équipement, vous ne risquez rien ici. » Nous assura-t-il.
Preuve en était qu'ils respiraient librement. Nous retirâmes donc nos casques. Quand ce fut le tour de Spock, la jeune femme poussa un cri de surprise, une main plaquée sur sa bouche, en le montrant du doigt. Cela ne m'étonna guère. Ils étaient manifestement humains, où très similaires, et n'avaient certainement jamais vu de Vulcain.
« N'ayez pas peur. Il n'est pas méchant, même si au début, les oreil… »
« Oh mon Dieu ! C'est monsieur Spock ! » S'écria-t-elle, en me coupant la parole.
Je restais la bouche ouverte, figé. Bones n'en menait pas large non plus. Mon compagnon leva un sourcil, en sursautant légèrement à l'entente de son nom. Jacobson et Riley observaient la scène, sans comprendre.
« Ne me dites pas que vous êtes le Capitaine Kirk ! » Continua-t-elle, sur le même ton, en me regardant.
« Heu… si. »
Ma réponse la fit sautiller sur place, telle une gamine le matin de Noël.
« C'est génial ! » Affirma-t-elle, en se jetant au cou de celui qui c'était adressé à nous, plus tôt. « Merci, merci, merci ! »
Le deuxième homme, lui, se contentait de nous fixer, les yeux écarquillés, apparemment en état de choc. Ces gens semblaient un peu fous et savaient manifestement qui nous étions. Si cela n'était pas forcément étonnant, qu'ils réagissent comme s'ils venaient de rencontrer Jésus et ses apôtres, en revanche… Je ne savais pas vraiment quoi dire. La situation prenait une tournure surréaliste qui commença sérieusement à m'inquiéter et cela n'était pas prêt de s'arranger.
« Jim, dans quoi nous as-tu encore fourré ? » Demanda Leonard, d'un air las.
Je n'en avais pas la moindre idée.
