La plupart des gens pensent que nous sommes fait pour une seule et même personne. Que quelque part sur cette terre il existe l'âme sœur. Qu'une seule personne correspond à notre attente de l'amour. Et que quand on rencontre cette être si précieux, car unique, on sait instinctivement que c'est elle. Un seul regard, un son de voix, un sourire et l'on sait à la seconde même que c'est elle, c'est cette même personne qui nous est destinée. Elle nous apportera le bonheur, nous fera atteindre le septième ciel, cette personne avec qui vous partagerez tout, les bons comme les mauvais moments.
Je pense que je fais partie de cette majorité de croyant à l'Amour unique, le légendaire coup de foudre.
Oh bien sur quand je l'ai rencontré je n'étais déjà plus objective, car je lui vouais déjà une admiration sans limite. Mais quand il m'a sourit la première fois, j'ai su que plus jamais au cours de ma vie je ne ressentirais à nouveau ce sentiment de béatitude que j'ai éprouvé.
J'avais 25ans, étudiante, je bossais le week-end dans un laboratoire pharmaceutique à ranger des médicaments, afin de mettre de l'argent de côté, mes études étant payées par une bourse dont j'avais bossé dur pour l'obtenir. Ma vie n'était pas très palpitante, et pour ce qui est de mon enfance elle était plus que misérable. Mais j'en avais tiré mon parti, et avais décidé que contre vents et marées je réussirais ma vie d'adulte. Je ne croyais plus en rien, ni Dieu, ni quelconque autre religion, je n'avais même plus confiance en l'être humain. Mais quelque part au fond de mon cœur, j'osais encore espérer que je méritais quelqu'un de bien, et qui me comprendrait sans trop me poser de questions.
Le mois de juillet cette année-là me paressait encore tellement loin, et pourtant nous étions déjà mi-juin. 15 jours, 15 jours avant le début du séminaire à l'université auquel je m'étais inscrite. Mais ces 15 jours me parurent une éternité, je savais déjà que je finissais mon année scolaire avec la plus grande distinction, donc l'énervement que je ressentais n'était pas du à l'attente des résultats, mais à autre chose. La personne invitée d'honneur à ce séminaire…. Docteur Gilbert Grissom.
Depuis des années je suivais sa carrière, il était l'un des plus célèbres entomologistes du pays. Tout y passait, articles de presse, interview dans les revues scientifiques, livres où il était simplement cité, oui je lui vouais une admiration sans borne. Il avait un curriculum impressionnant, et parfois je me prenais à rêver d'avoir comme lui un boulot aussi passionnant, d'avoir l'estime de mes confrères.
J'avais donc décidé qu'il fallait absolument que je le rencontre, et que par n'importe quel moyen il fallait que je réussisse à lui parler, sortir de cette masse d'étudiants, je voulais être différente à ses yeux. Attirer son attention, fut mon mot d'ordre. Et mes espoirs étaient loin d'approcher la réalité.
Premier jour du séminaire, et j'arrivais avec une demi-heure de retard, cette saleté de voiture pourrie avait décidé ce jour de perdre son pot d'échappement en plein milieu de la route qui me menait du travail à l'université.
Je rentrais donc en trombe dans l'amphithéâtre bondé de gens à moitié endormis. La porte claqua et l'assemblée se retourna vers moi, apparemment heureuse d'avoir un peu de divertissement. Voilà, pour une entrée remarquée je pense que je n'aurais pas pu espérer mieux.
Il était là derrière son bureau, il me regarda et je ne su que dire à part « heu… Je… Heu…. »
Il prit la parole afin de m'aider « Laissez moi deviner mademoiselle, vous avez eu un imprévu mécanique, et vous êtes désolée pour le retard ?????? »
« Je vous excuses votre retard, mieux vaux tard que jamais, si vous avez persisté à vouloir venir c'est que le sujet vous intéressé, vous pouvez prendre place.
Mon « oui » fut à peine audible, car je n'arrivais toujours pas à aligner 2 syllabes à la suite. Bien sur le sujet, lui en l'occurrence, m'intéressait. Je m'attendais à beaucoup de chose en rencontrant Grissom, mais certainement pas de me prendre 2 gifles comme ça. J'étais amoureuse.
Ma voisine habituelle de cours, et mon binôme en sciences, me fit signe au dernier rang de venir la rejoindre, je m'exécutais dans la seconde.
« Salut Amélie, j'ai raté beaucoup ????
« Honnêtement Sara ???? Je sais pas dans quoi tu m'as encore embarquée, mais je crois que je n'ai jamais eu un prof aussi barbant. Je crois qu'il s'explique le cours à lui-même. Je suis sure que tu as insisté pour que je vienne avec toi pour que tu ne sois pas seule à t'ennuyer !!!!
« Non absolument pas, le docteur Grissom est très reconnu dans le domaine de la police scientifique, tu ne te rends pas compte de la chance que nous avons de profiter de ses cours.
« Oui, à d'autre Sara.
« Non, je t'assure Amélie, regarde il a su à la seconde où je suis rentrée que j'avais eu une panne mécanique !
« Facile Sara, le grand scientifique t'a simplement regardé, et vu les preuves !! Tu as du cambouis sur le visage !
Oh mon Dieu, en plus d'arriver en retard, je m'étais ridiculisée devant lui. Moi qui avait mis plus d'une heure à retourner ma garde-robe, ne sachant que mettre. Et puis pressée par le temps, j'avais opté pour un simple jeans, une blouse noire col un peu décolleté, et une queue de cheval.
L'heure de cours restante passa très vite. Le sujet était passionnant. Un autre dilemme en moi croissait. Devais-je aller lui parler, ou attendre le lendemain d'être plus « propre » pour l'approcher. La deuxième solution était la meilleure. Je me faufilais donc parmi les autres étudiants, essayant tant bien que mal d'éviter qu'il ne me voit encore le visage sale.
« Mademoiselle, s'il vous plait.
Trop tard, j'étais prise au piège, je fis mine de ne rien entendre, espérant qu'il laisserait tomber. Mais apparemment j'avais lu beaucoup de choses sur lui, mais aussi loin que je me souvienne des articles, nul ne parlait de sa ténacité !
« Mademoiselle avec du cambouis, s'il vous plait !!!!
Honte sur moi, la foule se mit à rire et tout le monde me regarda.
Je me retournais lentement, il accueillit mon regard apeuré avec un grand sourire.
A mon tour je lui fis un petit sourire en coin, premier d'une longue série.
« Oui docteur grissom.
« Bien, je vois que vous avez retrouvé l'usage de la parole mademoiselle ????
« siddle, Sara Siddle
« Enchanté mademoiselle Siddle. J'ai remarqué que vous aviez l'air intéressée par le cours, contrairement malheureusement à la majorité de l'assistance. Les gens ne se rendent pas compte qu'ont l'importance des insectes.
« Oui en fait, il me tardait le début du séminaire pour vous rencontrer docteur grissom.
Pauvre folle, comment avais-je pu dire ça, saute lui au coup tant que tu y es, intérieurement je m'auto fouettais.
« Il est rare de rencontrer des étudiants de votre âge aussi enthousiaste, et s'il vous plait appelez moi Gil ou grissom si vous préférez.
Deuxième sourire en coin, j'étais totalement conquise.
« Je voulais vous dire mademoiselle, c'est bien mademoiselle ?
J'opinais de la tête
« J'ai pu constater que votre voisine n'était pas très attentive à ce que je disais, je pense donc, non à vrai dire je suis sûr, qu'elle n'a pris aucune note donc si vous avez besoin de renseignements je suis là pour ça.
J'étais définitivement partie à la conquête de l'espace, je voyageais entre la planète amour et le paradis. Et partie précipitamment sans précaution, j'avais oublié mon scaphandre avec ma bonbonne d'oxygène. Je suffoquais. Comment devais-je prendre cette phrase ???
Bien sur j'avais des renseignements à lui demander, par quoi devais-je commencer : je pourrais avoir votre numéro de portable ou à quel hôtel êtes vous et votre numéro de chambre ???
Je pis une profonde respiration.
« A vrai dire j'avais une multitude de question à vous poser sur votre travail car je me posais la question de savoir si c'est bien le métier que je voulais faire. Je suis plutôt du genre prudente, et je veux être certaine de faire le bon choix.
« Bien, que diriez-vous d'aller vous rafraîchir le visage et de venir me rejoindre à la cafétéria de l'université ?
Troisième sourire en coin, je le savais, je le sentais, c'était lui !
