Résumé de l'histoire: America Singer est beaucoup de chose. Une Cinq, une Sélectionnée, mais aussi et surtout une Renégate. Le Prince Maxon, héritier du trône d'Illéa, en est bien conscient. Mais rien n'est plus attirant que de jouer avec le feu.
Crédit: La saga littéraire La sélection appartient à Kiera Cass, tout comme les personnages. Rien n'est à moi, je ne suis pas ayant-droit, et je ne fais qu'emprunter les personnages dans un but de divertissement non lucratif.
N/A. Je n'ai aucun beta-lecteur pour cette histoire alors… Ayez pitié de moi si de méchantes fautes ce sont glissées dans cet OS. Surtout qu'écrire à la première personne et au présent est une première pour moi.
A l'heure où je commence cette histoire, je n'ai découvert la saga La Sélection que depuis un peu plus d'une semaine. Mais je veux mettre ma pièce sur l'édifice et créer une fanfiction plus politique, moins triangle-amoureux mais plus réaliste. C'est pourquoi ici America a un tempérament de feu et Maxon est un véritable Prince (intelligent, sournois s'il en est, manipulateur, fin guerrier, etc.).
Bonne lecture à tous,
Bises à vous,
Kallen
Politiquement incorrecte
« Les mots ont un pouvoir ».
-1-
La voix de mon érudit de père résonne dans mon esprit tandis que du bout des doigts, j'effleure le dos d'un livre, étonnée par le relief de la pièce-titre et subjuguée par le nom de l'ouvrage. Une dénomination qui ne peut que me parler, puisqu'il s'agit de mon prénom.
America.
Mon père considère que les mots ont un pouvoir et mes parents ont choisi mon nom non sans ironie. Celui d'un pays jadis prospère, uni sous une République. Un pays dont les valeurs qui étaient autrefois les siennes s'opposaient directement avec le monde dans lequel nous vivions aujourd'hui. Parfois, je me demande comment l'officier d'Etat a pu laisser passer un tel affront au système. Et la seule réponse qui me vient à l'esprit est qu'il est lui aussi un Renégat du Nord malgré son statut de Deux. Peut-être même l'un des donateurs.
La qualification de Renégat du Nord est en soit une erreur magistrale et également une façon de manipuler les esprits. En réalité, l'organisation qui s'oppose pacifiquement au système actuel d'Illéa s'appelle L'Etoile Polaire. Et ses membres ne sont pas plus du Nord du royaume que du Sud ; tout comme les illuminés sadiques connus comme les Renégats du Sud peuvent venir du Nord. « Aucune région n'a le monopole de la croyance ou de l'intelligence », affirme mon père. Et les sudistes ne sont pas par nature plus barbares que les autres.
Pour beaucoup, ces rectifications qualificatives n'ont qu'une consonance anodine et ne changent rien à la réalité du monde. Et certains -la grande majorité de la population- ignorent même qu'il existe différents groupes de rebelles. C'est bien là toute la puissance du vocabulaire employé. Car pour les citoyens d'Illéa, il n'y a que des Renégats, relégués au rang de sauvages ne causant que destructions autour d'eux. Les convictions des deux organisations s'en trouvant mélangée alors que le fondement même de nos actions est diamétralement opposable.
L'Etoile Polaire veut supprimer le système des castes et permettre à tout à chacun de choisir quel doit être son avenir. Créer une monarchie constitutionnelle. L'organisation dont je fais partie est pacifique. Les Sudistes, eux, veulent abolir la royauté. Pour cela, ils n'hésitent pas à tuer des innocents. Et c'est bien là une différence fondamentale, oubliée par un abus de langage.
Parfois, il m'arrive de me demander s'ils n'ont pas quelque peu raison de souhaiter voir disparaitre la royauté. Surtout quand je regarde à la télévision l'écoeurante opulence dans laquelle les castes supérieures vivent alors que leur peuple meurt de faim. Mais les moyens qu'utilisent les sudistes me rappellent presque instantanément pourquoi je ne veux pas leur ressembler.
Jamais je ne pourrai soutenir un groupe prêt à torturer pour obtenir des réponses à de simples questions, comme celle de savoir dans quel régiment se trouve le Prince Maxon. Une information qui plus est totalement inutile : le Prince-héritier est surement mieux protégé que la moitié des autres pays sur cette planète. Et même s'il a décidé de faire partie de l'armée -une première qui avait beaucoup plu aux dirigeants de l'Etoile Polaire- il n'y a aucun risque pour que sa vie soit en danger, contrairement aux milliers de jeunes hommes forcés d'aller se battre.
Heureusement pour nous tous, la situation en Nouvelle-Asie semble s'être tempérée et la guerre a été évitée de justesse. Beaucoup disent que c'est le courage de l'héritier du trône qui en est la raison. Je suis pour ma part persuadée que c'est l'un des plus gros mensonges de la propagande actuelle. Comme si. C'est le sacrifice de nos frères qui nous a permis la paix. Et c'est leur faire bien peu hommage que de dénigrer leur valeur au profit d'un gamin de dix-neuf ans qui n'a jamais eu besoin de se battre pour survivre.
Un putain de Un.
C'est ce que je déteste le plus dans Illéa : la ségrégation faite entre chaque personne en fonction de son statut de naissance. Si vous aviez de la chance, vous naissiez en étant dans les trois premières castes de la société. Si vous en aviez moins, vous étiez un Quatre, un Cinq ou un Six. Si vous n'en aviez pas du tout, vous deveniez un Sept ou pire un Huit.
Je suis une Cinq, je fais partie de la catégorie des artistes. Ce qui veut dire se serrer la ceinture et travailler le plus possible pour essayer de vivre. Quand ma mère est morte il y a sept ans en mettant au monde mon frère Gerad, il n'avait plus été question de vivre, mais de survivre. Et malgré l'aide de mon frère le plus âgé, six bouches à nourrir dont un nourrisson aurait dû décimer notre famille. Heureusement pour nous, mon père faisait alors déjà parti de l'Etoile Polaire. Et l'organisation -en tout illégalité évidemment- nous avait aidée financièrement pendant des années et avait même fournit à ma famille du lait-en-poudre pour bébé. Je leur en suis éternellement reconnaissante.
Dévouée aussi.
Nous n'avons pas beaucoup d'argent dans la famille. C'est le moins que l'on puisse dire. Mais depuis des années, j'économise quelques pièces dans un pot pour pouvoir m'installer dans l'un des camps et devenir un membre actif de l'Organisation. Mon père ne le sait pas. Il serait surement horrifié par cette idée. Mais c'est mon rêve. Celui de me battre pour notre liberté.
Je suis pour le moment à Angeles, la Capitale d'Illéa. Mon père a la chance d'avoir un « ami » dans la caste Deux. Un homme charmant qui aime la musique et qui paie bien. Pour l'anniversaire de sa femme, il n'a pas hésité à nous faire venir -père et moi- de Caroline pour que nous puissions être du spectacle.
Nous ne venons pas souvent dans la Capitale. Mais à chaque fois, mon père met un point d'honneur à aller remercier les dirigeants de l'Etoile Polaire pour toute l'aide qu'ils nous ont offert.
J'étais dans le camp quand le chef actuel de l'Etoile Polaire a demandé des volontaires pour une mission toute particulière : envahir -temporairement- le château royal pour y trouver les mémoires de Gregory Illéa. Des livres qui pourraient prouver que le fondateur de notre dictature n'avait eu que ses propres intérêts à coeur. Une preuve pour légitimer la suppression des castes.
Je n'ai pas hésité la moindre seconde. J'ai suivi le groupe. Les alarmes du château ont sonnées dès notre arrivée, permettant ainsi au Roi et à la Reine de se cacher dans les innombrables pièces secrètes de leur demeure. J'ai très rapidement trouvé l'une des nombreuses bibliothèques du château. Mes camarades de l'Organisation n'avaient pas eu envie de revérifier cette pièce et ne m'avaient pas suivi, justifiants qu'elle avait déjà été fouillée à mainte reprise. Je suis restée, hypnotisée par la vue de l'un des plus grands interdits du système : la culture.
Je n'ai jamais vu autant de livres de ma vie et je me sens égarée. Il n'y a pas moyens de vérifier chaque titre et je suis persuadée que l'Organisation peut être passé à côté des mémoires de Gregory Illéa dans ces anciennes inspections.
C'est comme rechercher une aiguille dans une motte de foin.
Déjà, le temps me manque.
L'attaque ne peut pas durer plus d'une vingtaine de minutes et c'est déjà une estimation large. J'allais partir quand j'ai découvert le livre. Pas celui que je cherche, non. Celui qui s'intitule America. Et ma curiosité a été piquée à vif.
Je ne suis pas particulièrement une grande savante. Normalement, aucun livre ne possède le pouvoir de me détourner de ma tâche. Cependant, j'ai vraiment envie d'en découvrir un peu plus sur l'Histoire de mon prénom et de mon pays. L'Histoire est proscrite dans le royaume et il est fort probable que je ne puisse jamais avoir une autre chance dans ma vie de lire une telle oeuvre. C'est injuste d'ailleurs que d'autres -sous prétexte d'avoir un sang royal- puissent y accéder et moi pas. Ces salops de riches n'ont pas vraiment besoin d'autant de bouquins. Ils ne remarqueront surement même pas qu'il leur en manque un.
Décidée, je sors le livre de la grande bibliothèque et je m'apprête à le glisser dans mon sac quand je sens soudain quelque chose se poser contre mon cou. Le froid d'une lame déclenche un frisson involontaire le long de ma colonne-vertébrale et se répand jusqu'à mes omoplates. Pourtant, je ne bouge pas d'un pouce, même quand une voix éminemment masculine murmure au creux de mon oreille :
« Je vous saurais gré de bien vouloir reposer ce livre où vous venez de le trouver, ma chère.
Aussitôt, un mépris indescriptible contre mon agresseur se loge dans mes entrailles. S'il y a bien une chose que j'ai toujours détestée et qui ne manque pas de me mettre en colère, c'est les surnoms affligeants qu'affublent certaines personnes. Et l'arrogance dans le ton employé me met dans de très mauvaises dispositions.
-Le savoir n'a pas à être monopolisé par quelques personnes sous prétexte qu'elles sont bien nées.
Un bras se resserre autour de ma taille, m'empêchant ainsi encore plus de bouger. Je me retrouve soudain collé contre un torse musclé et je n'ai qu'à regarder ses chaussures pour savoir que mon assaillant est un soldat. Avec du grade, si j'en crois les pinçons que je ressens dans le dos.
Ce qui veut dire que je suis dans une situation périlleuse.
-C'est un vol, constate-t-il.
Si mon agresseur avait été face à moi, il m'aurait vue rougir, mal à l'aise.
-C'est un emprunt, je rectifie aussitôt.
Ma réplique n'a pas le moindre effet sur l'homme derrière moi.
-Ce n'est pas ce que vous cherchez, dit-il froidement.
Le grave de sa voix me fait frissonner à nouveau. C'est un ténor mélodieux et il y a un accent que je n'ai jamais entendu ailleurs. Un accent d'Angeles. Je me demande soudain s'il a remarqué le mien. En Caroline, nous avons tendance à mâcher nos « A », ce qui nous vaut quelques plaisanteries à la télévision.
-Ce n'est pas une question, je réplique en faisant particulièrement attention à la prononciation de mon « pas ».
Quand je sortirai d'ici, il vaut mieux qu'il ne sache pas de quelle région je viens.
-Si cela en était une, me répondriez-vous ? s'enquit le soldat à mon oreille.
Cette fois-ci, je ne laisse aucun frisson m'envahir. Je redresse le plus possible le menton comme pour illustrer mon courage. Mais le couteau qui menace de trancher ma gorge ne me permet pas un large mouvement. J'espère cependant qu'il a compris le message.
-Je préfère encore la flagellation publique !
-Quelle drôle d'idée. C'est une condamnation somme-tout sommaire. Illéa est plus évoluée que ça.
Je me tords le cou autant que possible pour essayer de voir mon interlocuteur, stupéfaite d'entendre cette analyse de la bouche d'un soldat. Il devrait être bien placé pour savoir à quel point le régime peut être primaire sur beaucoup de choses.
-Illéa n'est pas évoluée, je l'informe.
Qui a-t-il d'évoluer à empêcher des gens de s'épanouir dans leur vie et faire ce qu'ils veulent faire ? A forcer des jeunes hommes à aller en guerre et à ne même pas payer leur cercueil ? A mépriser sa population et à la laisser vivre dans l'ignorance ?
-Vous êtes bien pessimiste pour une enfant, me fait remarquer l'homme.
J'ai l'envie brusque de le frapper avec le livre que je tiens dans les mains. Je ne suis pas une enfant. J'ai cessé de l'être à mes dix ans, quand ma mère est morte et que ma famille a failli la suivre dans la tombe.
-Et vous êtes bien bavard pour un soldat. Ne devriez-vous pas être en train de m'égorger, ou de me trainer par les cheveux vers vos cachots ?
-Vous avez une bien piètre opinion de notre armée, ma chère.
C'est une remarque stupide, évidemment. Mon assaillant n'est clairement pas l'homme le plus intelligent sur cette terre. Et je me demande comment un tel idiot peut avoir du grade dans l'armée s'il ne sait pas faire la différence entre le système et les hommes qui défendent la population.
-Une bien piètre opinion du système, ce n'est pas la même chose, je réponds.
-C'est tout comme, pourtant.
De nouveau, j'essaye de me retourner vers lui, sans grand succès. Sa prise est trop forte. Cela ne m'empêche pas de distinguer quelques mèches de cheveux blonds. Un joli blond, pas de ceux délavés que l'on croise souvent dans les rues.
Ses cheveux brillent comme des petits soleils.
-Pas du tout. Je ne respecte pas ceux qui s'engraissent sur le malheur des autres. Mais j'admire le courage de ceux qui sont appelés à se battre pour leur pays, j'explique en jetant un coup d'œil dans la bibliothèque, essayant de trouver un moyen de me défendre contre le soldat.
-Je peux trouver une certaine logique dans votre raisonnement, approuve-t-il.
-Alors relâchez-moi, je lui ordonne vaillamment.
Evidemment, il ne le fait pas.
-J'ai dit que je comprends, non que j'approuve. De fait, je n'aime pas les voleurs. Surtout ceux qui volent quelque chose dont ils n'ont pas besoin.
De nouveau une étrange chaleur me monte aux joues à l'accusation proférée par mon agresseur. Mais je ne compte pas le laisser gagner notre joute verbale. Aussi je réplique :
-C'est un emprunt, je rendrai le livre la prochaine fois que je viendrai.
Non pas que je compte revenir rapidement. L'exécution a été beaucoup plus intense que ce que j'imaginais.
-Je crains que vous ne soyez pas vraiment la bienvenue, ironise le soldat.
Je ne peux retenir un léger gloussement à sa remarque. Il est clair que je ne suis pas la meilleure amie de la royauté et que le Roi ne va pas m'accueillir à bras ouvert dans son château. Son propres fils supporte tellement peu de vivre avec lui qu'il a préféré s'engager dans l'armée. La rumeur dit que le Roi était rentré dans une colère noire à la décision de son fils. Une décision très médiatisée : le Prince avait mis son père au bout du mur en déclarant qu'il voulait se battre comme et pour le peuple d'Illéa.
Personnellement, j'avais trouvée l'idée plus amusante que brave à l'époque. Il fallait être totalement inconscient pour vouloir s'engager dans l'armée volontairement. Les massacres en Nouvelle-Asie était alors monnaie courante. Finalement, j'avais fini par comprendre que le Prince Maxon n'allait surement pas aller au coeur de la tempête, contrairement à ce que disait la propagande. Pour lui, ce n'était que des vacances et un coup de publicité.
-Personne n'ayant un sens moral n'est le bienvenu ici. Le Roi s'en assure depuis des années.
-Hum... Vous n'aimez pas la Royauté ? constate le soldat.
Ce qui renforce ma conviction qu'il est particulièrement stupide. J'ironise :
-Aimez-vous les Renégats ?
Mon mystérieux interlocuteur rit à ma pseudo-réponse et je peux sentir la lame posée sur mon cou s'éloignait de moi. Pas énormément, mais assez pour me permettre de me détendre quelque peu. L'homme doit considérer que je ne suis pas vraiment dangereuse. Je ne vais surement pas l'en détromper. Il aura tout le temps d'être surpris plus tard.
-S'ils sont tous comme vous, je pourrais commencer à les apprécier, déclare-t-il.
Surprise par sa réponse alors que j'attendais un net refus de sa part, je me laisse gagner par son amusement et rit à mon tour.
-Vous n'êtes peut-être pas irrécupérable alors, je remarque.
Ce n'est pas franchement un compliment, mais c'est le mieux que je peux faire pour un homme qui me tient en joug avec une épée.
-Et vous ? Êtes-vous récupérable ? Pourriez-vous aimer la royauté ?
Prise de court par sa question, je réfléchie quelques instants avant de répondre :
-Je n'aimerai jamais le Roi. Mais j'imagine que je pourrai peut-être aimer la Reine si elle ouvrait la bouche de temps en temps.
-Et le Prince ? il s'enquiert.
-Est bien mieux en Nouvelle-Asie qu'ici. Un Roi Clarkson est largement suffisant.
Je le sens se raidir à ma réponse, comme si je venais de l'insulter. Désarçonnée, j'essaie encore une fois de le voir, mais il n'est pas très coopératif. Malheureusement, même si sa prise est plus lâche, elle n'en est pas moins puissante. Il est plus doux, mais ferme.
Le paradoxe que je ressens du blond me déroute.
-Ce n'est pas très gentil, finit-il par répliquer.
Je n'ai pas eu l'intention d'être blessante et je me demande en quoi j'ai bien pu le froisser. Mais je ne vais tout de même pas m'excuser auprès de mon agresseur : le monde n'est pas devenu fou à ce point.
-Quoi ? Vous vouliez l'épouser peut-être ? je dis, acide.
Rien ne me prépare à sa réponse :
-Ce serait quelque peu narcissique.
Je me raidis aussitôt après cette annonce, totalement prise par surprise par la déclaration. Je plisse les yeux. Cet homme ne peut pas être sérieux. Il ne peut pas être le Prince Maxon. Celui-ci est de l'autre côté de la Terre, en train de se faire choyer dans une villa de luxe tout en s'attribuant des mérites de son armée. Et même s'il était revenu sans que je ne le sache -ce qui ne serait pas été tellement étonnant, je ne suis pas dans les petits papiers- il devrait être dans un bunker et non à la merci des Renégats.
-C'est impossible. Vous êtes dérangé, je l'accuse.
-C'est la deuxième fois que vous m'insultez en quelques minutes. Savez-vous que c'est passible de mort ?
Bien sûr, je sais qu'insulter un membre de la famille royale est un crime punissable de la peine capitale. Mais il ne peut pas être celui qu'il prétend, n'est-ce pas ?
Un terrible doute m'assaille soudain. J'ai besoin de savoir avec qui je m'entretiens. Maintenant. Rapidement, un plan s'impose dans mon esprit et je ne mets pas plus de quelques secondes pour le mettre en pratique. J'ouvre la main droite -celle qui tient encore le livre America- et je le laisse tomber sur le sol. Par réflexe, mon assaillant desserre son emprise sur moi pour évaluer le danger. J'en profite pour écraser de toutes mes forces l'un de ses pieds et me dégager de son emprise.
Fière de mon résultat, je me retourne vers lui, furibonde.
Et je fais face pour la première fois au Prince-héritier d'Illéa.
Maxon est plutôt beau. Comme je l'ai deviné, sa carrure est impressionnante. Ses épaules sont carrées et il a clairement suivi un entrainement intensif. C'est un soldat. Mais de sang royal. Tout chez lui dégage cette aura de confiance, de puissance, que l'on ne trouve que dans les castes supérieures. Mais c'est encore différent d'une certaine façon. Plus charismatique, plus noble.
Je ne l'en déteste que plus encore. Surtout quand il me sourit de ses dents parfaitement blanches et alignées.
-Vous avez perdu votre livre, remarque-t-il, amusé.
Ce gars est complètement fou. Il devrait être en colère contre moi -je viens de l'attaquer après tout- mais il parait plutôt enchanté.
-Ce n'est pas vraiment le mien de toute façon. A moins que vous comptiez me l'offrir, Votre Majesté ?
Je prononce ces derniers mots comme s'ils sont la pire des insultes au monde, outrée de mettre faite prendre au piège par un Un. Je déteste les Un. Et je déteste définitivement le Prince.
-Cela dépend, répond-il, de ce que vous pourriez m'offrir en retour.
Je le foudroie du regard.
-Je crains de ne pas être assez riche, Mon Seigneur.
Cet idiot continu de sourire. Je jette un coup d'oeil vers la seule porte sur notre droite. Je n'ai aucune chance d'y arriver avant lui, il en est nettement plus proche. M'enfuir par là est simplement in-envisageable. Et les renforts vont très-vite arrivés maintenant. J'ai besoin de partir et vite.
Le Prince doit suivre mon regard, car il déclare :
-Vous ne sortirez pas d'ici sans mon accord, ma chère.
Je vais lui prouver le contraire. Et par la même montrer que je suis bien plus intelligente que lui.
-Vas-y, Ed ! Je crie soudainement.
Surpris, Maxon se retourne vivement vers la porte, épée en main. Et tandis qu'il cherche bêtement un certain Ed du regard, prêt à se battre, je prends la poudre d'escampette et me précipite à tout allure vers la fenêtre. Quand le futur-Roi comprend qu'il n'y a personne, il est déjà trop tard. J'ai déjà dépassé la rembarre et je me plaque contre le mur extérieur, suspendue dans le vide dans un numéro d'équilibriste impressionnant.
-Attendez !
Comme si j'allais l'écouter. Sans même le regarder à nouveau -ou le sol d'ailleurs-, je m'éloigne précautionneusement de la fenêtre.
-Ne faites pas ça, je vous en prie. Vous-allez vous tuer. Revenez.
Mais je n'en ai cure. Je ne compte pas passer ma vie dans les cachots ou pire pour avoir eu la malchance de tomber sur le Prince d'Illéa. Sans plus attendre, je saute jusqu'à l'arbre face à moi. Je ne peux que bénir la cabane que nous avions dans les bois quand j'étais enfant pour être capable d'une telle cascade. Bien sûr, la réception ne se fait pas sans dommage et j'arrache un plan de mon tee-shirt, ce qui me donne une allure de débraillée furibonde. Finalement, une fois stabilisée et quelque peu dissimulée dans les feuillages, je me retourne vers Sa Majesté. Le Prince semble mi-stupéfait, mi-amusé.
-Vous ne devriez pas sous-estimer votre peuple, Maxon, je lui apprends fièrement.
Je sais qu'il n'oubliera pas de sitôt la leçon que je viens de lui donner.
-Vous êtes complètement malade ! m'accuse-t-il.
Je lui adresse un clin d'oeil.
-Gardez mon livre au chaud, je lui ordonne en commençant à descendre.
Je crois ne plus jamais l'entendre quand tout d'un coup, il m'interpelle de nouveau :
-Hé ! Lady Funambule ! Dites à votre chef que je suis d'accord pour l'écouter.
Surprise, je manque de louper une branche et de tomber brutalement sur le sol. Je me rattrape tout juste et je me retrouve dans une position pittoresque. Mais en ce moment, ça n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui importe c'est ce que le Prince-héritier vient de dire.
Et puis, c'est quoi cet horrible surnom ? Lady Funambule ?
-Qu...quoi ? je bégaye, incertaine.
-Vous m'avez bien entendu. Dites-lui que je ne suis pas le Roi. Et que je suis ouvert aux discussions.
Je hoche la tête pour lui montrer que j'ai bien compris ce qu'il vient de dire sans savoir quoi répondre. Il m'adresse un grand sourire et secoue la main comme pour me saluer. J'en reste coite, complètement stupéfaite par un tel comportement. Il doit être totalement fou. Je reprends mon ascension vers le sol. Une fois à terre, je cours vers la forêt.
Je cours, consciente que je détiens peut-être des informations capables de changer le destin de l'Etoile Polaire. Et celui d'Illéa.
J'espère que ce chapitre vous aura plu. A la base, il s'agissait d'un OS mais comme j'approche dangereusement des 60 000 mots, je crois qu'il est plus confortable pour tout le monde d'avoir plusieurs chapitres.
Je publierai normalement un chapitre chaque jour.
Si le coeur vous en dit, n'hésitez pas à laisser un commentaire.
Merci beaucoup d'avoir lu ce premier chapitre (sur un fandom déserté)
Bises à vous,
Kallen
