Rating: K+ pour blessures et sujet pas hyper "trololol c rigolo".
Genre: Friendship:| Hurt/comfort:| Humour :| Angst :| Horror :|
- Chouchouus ! Allumeeettes ! Bidons d'essence !
C'est à peu près ce que Seychelles tente de vendre depuis bientôt une heure. Mais pour quelques raisons mystérieuses, les touristes semblent rebutés par son approche ! Voir pire, paraissent la fuir ! Cela fait mal au petit cœur de la nation africaine mais ce n'est pas comme si elle avait le choix... Si elle n'arrive pas à vendre un minimum de son stock, son patron sera furieux contre elle ! Il n'y en a nul doute !
Alors qu'elle se lamente intérieurement tout en continuant à vanter les « qualités » de ses « produits », elle tente d'aborder un européen de dos :
- Bonjour ! Ça ne vous tenterait pas d'acheter un paquet d'allumettes ? Elles ne sont pas chères vous savez ! Et puis pour faire du camping c'est le minimum vital !
L'étranger se retourne et la jeune femme sent son sang se glacer quand ses yeux croisent les siens :
- Seychelles ? Qu'est-ce que... Tu vends de drôle de chose à tes touristes, dit-il en fronçant les sourcils d'un air méfiant.
- Ru-Russie ! Bégaie celle-ci sous le choc, je ne savais pas que tu étais ici ! Ton séjour se passe bien ? Tu voulais peut-être parler politique, uh ?
Elle est vraiment trop nulle. Evidemment, sa feinte ne fonctionne pas comme prévue : si la nation de l'Est l'informe qu'il est là depuis hier et que non, il n'est pas là pour les affaires mais pour prendre quelques vacances, il insiste sur le comment du pourquoi elle se retrouve à vendre... Des objets pour le moins inhabituels.
- Je n'en sais pas plus que toi. C'est un ordre de mon supérieur –tu vois de qui je veux parler- et j'ignore dans quel but il m'inflige ça... Admet-elle d'un air abattue.
- Je vois. Ne t'en fais pas, je vais te prendre quelque chose.
- C'est vrai ?! Merci Russie ! Tu me sauves la vie, vraiment !
- ... Je vais prendre deux bidons d'essences et un paquet d'allumette s'il-te-plait.
- Tu es sûr ?! Tu ne voudrais pas plutôt quelques chouchous ? Je les aie fait moi-même ! Tente-t-elle en lui montrant les bonbons.
- Sans façon, je vais prendre mes bidons et mes allumettes.
- Bon, si tu insistes...
Ils échangent l'argent contre les marchandises. Seychelles ne peut s'empêcher de trouver Russie étrange : n'est-il pas celui qui disait qu'elle vendait des choses curieuses ? Ou alors il parlait des chouchous ? Cela doit-être ça... Pourtant, ils n'ont pas une apparence trop repoussante ! C'est normal s'ils sont un peu noirs, non ? Ils sont juste bien cuits !
Ils ont discuté un peu ensuite. Seychelles s'est proposée pour être le guide personnel de la grande nation, ce qu'il a accepté avec joie. Enfin elle croit. Il est toujours en train de sourire... Difficile de savoir s'il l'est vraiment ou s'il est juste indifférent.
Alors qu'ils se promènent, la femme nation lui avoue qu'elle regrette le temps passé de son empire :
- ... Et dire qu'autrefois, j'étais un pays puissant et respecté... Et regarde maintenant ! Je ne suis juste qu'une petite île bonne pour les touristes.
- Je connais ça.
- Tu ne peux pas dire ça Russie ! S'écrie-t-elle sous le choc, tu as peut-être perdu une partie de ta puissance mais tu es encore dans le terrain mondial ! Si quelqu'un dit « Russie » tout le monde sait de qui on parle. Si on dit « Seychelles »... Au pire on ne sait rien, au mieux on dit que c'est un amas de petites îles perdues au milieu de l'océan Indien. Rien de bien grandiose...
- Il fut un temps où je n'avais pas une si bonne réputation tu sais. Et certes je n'étais pas « une petite île » mais on me traitait de tous les noms d'oiseaux qui pouvaient exister.
Seychelles reste silencieuse un instant. Que valait-il mieux au final ? Être ignoré de tous ou être un paria ?
- Qu'est-ce qu'il te manque le plus de ton empire ? Demande-t-elle histoire de faire la conversation.
- Qu'est-ce qu'il me manque le plus... ?
Il réfléchit un peu avant de donner une réponse qui la surprit :
- La paperasse. Il y en avait beaucoup moins avant. Maintenant, j'ai l'impression qu'il n'y a que ça...
- Ah ? C'est vrai qu'autrefois s'embêtait moins avec tous ces papiers... Mais tant qu'ils sont utiles, c'est le plus important, non ?
- Justement. J'ai un gros doute sur leur utilité. Il faudrait qu'ils soient plus clairs, qu'on donne des exemples plutôt que de parler –écrire ?- pour ne rien dire.
- Je vois ce que tu veux dire. Tu as raison quelque part...
Leurs pas résonnent sur le goudron. Ils se sont éloignés de la plage et des touristes. Bientôt, ils atteignent un sentier de randonnée.
- J'aime beaucoup tes îles Seychelles, la complimente-t-il l'air de rien.
- Vraiment ? Merci ! Ça me touche beaucoup !
- Mais il manque quelque chose...
- Ah ! Euh, quoi donc ?
Tant que ça peut intéresser les touristes, elle est tout disposée à écouter !
- Des tournesols. Ça en manque beaucoup ici. En plus, le soleil n'est pas rare, je suis sûr qu'elles se plairaient ici !
- Ah ! Je... Je vais y réfléchir...
En réalité, elle ne se sent pas vraiment partant pour planter des tournesols. Ce sont de belles fleurs, certes, mais pas très locales et donc peu intéressantes commercialement. Mais elle se sent un peu mal de refuser la proposition de son « client »...
- Au fait, je sais que je t'avais dit que je prenais des vacances... Mais je voudrais prendre un peu d'avance sur l'un de mes projets à venir, ça ne te déranges pas ?
- Humm, ça dépend. De quoi s'agit-il ?
- J'aimerai construire une base militaire chez toi. Rien de spectaculaire, juste le nécessaire. J'ai les plans à mon hôtel, je te les montrerais.
- Il faudra que j'en discute avec mon patron aussi... Objecte-t-elle tout de même.
- Oui, bien sûr. Le mien arrivera surement d'ici un mois ou deux. Comme je te l'ai dit, ce n'est qu'un projet, peut-être que ça ne se fera pas.
- Uh, oui... Conclut-elle avec un sourire timide.
Ce n'est qu'en lui soulevant une branche que l'africaine remarque que son compagnon, en dépit de sa tenue vestimentaire très courte (short et t-shirt sans manche), porte aussi une écharpe rose pâle.
- Tu n'as pas trop chaud ? Questionne-t-elle, intriguée.
- « Chaud » ne fait pas parti de mon vocabulaire, sourit-il mièvrement en fermant les yeux.
Seychelles n'est pas convaincue par cette affirmation, mais elle ne fait pas de commentaire et se contentent de montrer le chemin.
Au bout d'une dizaine de minutes, ils arrivent enfin là où Seychelles tenait tant à emmener son touriste de l'Est : une falaise qui donne entièrement sur la mer. Aucun bateau à l'horizon, aucun rocher : la mer, seule, est reine. Pourtant le soleil, qui commence à teinter le ciel d'un doux orange, ose se mettre en travers de celle-ci mais c'est pour d'avantage la sublimée.
- C'est magnifique, déclare la nation masculine au bout de quelques secondes de contemplation.
- Ce qui est encore plus incroyable, ajoute la jeune femme, c'est que ce n'est jamais le même coucher de soleil, ce n'est jamais la "même" mer. Il faudrait que j'en prenne des photos... Ajoute-t-elle à mi-voix pour elle-même.
- Tu aimes les couchers de soleil Seychelles ?
- Je les adore. C'est tellement beau !
- Je comprends. Mais personnellement, je préfère le soleil au levé qu'au couché.
Elle se demande un instant s'il n'y a pas une autre signification dans cette phrase.
- On peut descendre d'ici pour aller à la plage ? Finit par interroger Russie.
- Oh ! Oui ! Mais il faut faire attention, c'est très pentu. D'ailleurs, c'est pour ça qu'il n'y a personne, c'est trop dangereux de descendre du côté de la ville. On peut seulement remonter. Mais il faut rester prudent quand même.
- D'accord.
Une fois en bas, ils se promènent le long de la mer, trempant leurs pieds dans l'eau. Elle tente de le cacher mais être à côté de Russie est... intimidant. Très intimidant. Déjà, car c'est un homme, qu'il est très grand mais aussi parce que... Parce qu'elle a entendu beaucoup de rumeurs à son sujet. Oh, elle se doute que c'est grossit, exagéré, et s'en est parfois ridicule... Pourtant, une petite voix dans sa tête lui souffle « et si c'était vrai ? ». A lui seul, cet irritant murmure arrive à la faire frissonner alors que le temps est agréablement doux.
- Tu as froid Seychelles ?
- Non-non ! J'ai, euh, juste eu un frisson, tu sais...
- Cela fait tout de même cinq fois en moins de deux minutes que tu « frisonnes ».
Un autre point « gênant » avec l'eurasien est qu'il parle tout doucement. Très doucement.
Et il le sait.
Alors, il se rapproche à chaque fois le plus possible d'elle pour qu'elle puisse tout de même l'entendre.
Si seulement il se rendait compte à quel point cela la perturbe !
- Euh –eh-eh bien je n'y suis pour rien si je frissonne ! Ahaha !
Il la regarde un instant avant d'arborer un sourire étrangement doux.
- Tu n'as pas besoin d'être nerveuse tu sais. Si nous avions des relations houleuses, je pourrais comprendre... Mais je t'aime bien Seychelles, lui avoue-t-il en touchant son écharpe d'un air gêné.
Elle en perd la parole pendant un instant.
Russie.
A dit.
Qu'il l'aime bien !
Elle ! Une petite nation insignifiante ! Ridicule, de rien du tout ! Et lui ! Une nation d'au moins mille fois sa superficie ! A ! Dit ! Qu'il ! L'aime ! Bien !
Wouah !
- Téhéhé, je t'ai gêné ? Rit-il doucement en voyant sa réaction.
- Un-un peu quand même ! Rougit-elle tout en regardant ses pieds.
- Désolé. Ce n'était pas mon attention. J'avais juste envie de dire ce que je pensais.
Embarrassés, ils ne se sont plus rien dit pendant un instant. Le soleil a presque disparu.
- J'aimerai apprendre à mieux te connaître Seychelles, ajoute-t-il humblement, est-ce que... Est-ce que nous pourrions devenir amis ?
Les joues de la jeune femme sont devenues encore plus brûlantes qu'elles ne l'étaient déjà.
Quand elle retrouve sa voix, elle lui annonce joyeusement :
- Il n'y aucune raison de refuser ! Bien sûr que j'aimerai devenir être ton amie !
- C'est vrai ? J'en suis si heureux !
Il met sa main dans la sienne et marche avec elle, côte à côte. Pour une raison qui lui échappe, Seychelles trouve ce geste rassurant.
La nuit tombe. Il est temps de rentrer.
Escalader la paroi est un peu périlleux, mais tant qu'ils ne se précipitent pas, ils ne rencontrent pas de difficultés. Lentement, ils sont allés à l'hôtel de Russie, échangeant des banalités sur le chemin.
Une fois à l'intérieur, ce dernier lui a présenté les plans. Il pense pouvoir acquérir un bout de territoire pour construire sa base, mais il ne sait pas encore exactement où.
Ils discutent encore un peu mais comme la nuit avance et qu'ils n'ont pas encore mangé, ils se séparent, non sans se donner un point de rendez-vous pour le lendemain.
La journée a paru passée à toute vitesse aux yeux de la nation africaine. Elle avait tellement de chose à montrer et il semblait si enthousiaste à chaque fois qu'elle proposait une activité !
Entre autre, ils ont rempli leur journée en visitant des musées, en faisant de la plongée et ils ont même pêché un peu ! Ils ont aussi été au casino mais ils n'y sont pas restés très longtemps -Russie ne voulait pas perdre trop d'argent.
Il fait nuit. Ils sont retournés à la plage, celle où ils sont allés hier. Ils se sentent mieux sans les touristes. Avant de partir, ils ont un peu bu (quelques bières, rien de méchant) et cela leur a joué des tours sur le chemin. Oh, elle n'est pas ivre ! Elle marche encore droit ! Par contre, elle est consciente que son rire est devenu nettement plus facile, et qu'elle fait moins attention aux racines qui sortent de terre. De sorte que, par moment, elle a failli s'écraser sur le sol la tête la première. Mais jusqu'à présent, elle s'est toujours réceptionnée à temps.
Son invité russe semble plus sobre qu'elle. Il a juste, peut-être, les joues un peu plus rosées que d'habitude.
- Youhouuu ! S'écrit la jeune femme en se jetant dans l'eau.
Entre le bruit des éclaboussures, elle entend un petit rire derrière elle.
Elle se retourne, regarde le russe un instant avant de l'apostropher :
- Allez, viens Russie ! Elle est bonne !
- Non... Non merci, ça ira.
- Rhooo, alleez !
Elle revient vers lui, l'attirant dans l'eau. Il continue de refuser mollement mais une fois les pieds mouillés, il cède. Il s'allonge dans la mer et fait la planche.
Pendant ce temps, Seychelles s'amuse à faire des allers-retours à la brasse. Il fait bon, et l'eau est juste rafraichissante.
A un moment, elle finit par le rejoindre. Il entrouvre les yeux, puis l'ayant aperçu, il les referme, serein. Pour le taquiner, elle lui envoie une gerbe salée en plein visage. Sa réaction ne se fait pas attendre : il se redresse aussitôt, toussotant. Seychelles glousse sottement, nageant le plus rapidement possible loin de sa victime. Une fois qu'elle se juge assez loin, elle se retourne toujours riante.
Mais elle ne voit personne.
Immédiatement, son rire cesse.
- Russie ?
Pas de réponse.
- Russie, où est-ce que tu es ?
Personne.
Elle commence à avoir peur.
Et brusquement, quelque chose lui attrape la jambe, l'entraînant de force dans l'eau. Elle n'a même pas le temps de crier qu'elle se retrouve dans l'eau. L'air lui manque, elle suffoque. Elle a beau se débattre, la « chose » ne veut pas la lâcher.
Alors qu'elle croit que tout est terminé, on la libère et la soulève. Tout de suite, elle crachote et tente de reprendre son souffle.
- Ahah ! Je t'ai eu ! Ricane Russie à côté d'elle.
- C'est pas drôle ! Réplique-t-elle agacée, j'ai cru que j'allais mourir !
Il ne répond pas. Peut-être est-il choqué par sa fermeté ? Elle se sent un peu mal puis revient sur sa décision. Il n'y a rien de comparable entre envoyer une minuscule vaguelette lorsqu'on a pied et tenter de noyer quelqu'un comme s'il s'agit d'une blague. Elle n'est pas en tort, alors que lui, si.
Alors qu'elle remue ses idées noires, elle sent quelque chose la frôler. C'est doux, mais pas visqueux. Ce n'est donc ni une algue ni un poisson. Mais l'obscurité l'empêche de distinguer clairement se dont il s'agit. L'africaine ne doute cependant pas d'une chose : cet objet n'a rien à faire dans la mer.
Pff, les touristes alors ! Pense-t-elle rageusement, ils pourraient quand même faire attention ! Il n'y a jamais assez de poubelles pour eux !
Elle attrape le déchet. Mais une grande partie reste dans l'eau. Elle récupère alors le reste, tirant l'objet longiforme.
- Seychelles...
La voix de Russie lui parait étrangement blafarde. Pourtant, emportée dans son élan, elle continue de faire sa besogne.
- Seychelles... Répète-t-il d'une voix encore plus faible.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demande-t-elle plus sèchement qu'elle ne l'a voulu.
- SEYCHELLES ARRÊTE !
L'africaine se retourne vers lui, effarée par un cri si brusque.
Elle ne comprend pas tout de suite. Ce n'est que lorsqu'elle le regarde qu'elle comprend.
Ce qu'elle tient...
Ce n'est pas un détritu.
C'est l'écharpe de Russie.
Son cou, désormais dénudé, laisse apparaître une cicatrice rougeâtre et violacée. Dès qu'il s'aperçoit qu'elle le fixe, il a comme un geste de pudeur, mais c'est trop tard.
Seychelles se rend compte qu'elle ne devait pas savoir ça.
Elle n'aurait jamais dû ramasser l'écharpe.
Elle n'aurait jamais dû se retourner.
Elle n'aurait jamais dû distinguer la cicatrice dans la pénombre.
Peut-être même, bien avant tout ceci, aurait-elle dû ne jamais proposer de venir sur cette plage, de proposer de se revoir aujourd'hui et peut-être même de l'avoir abordé le jour d'avant.
Mais c'est trop tard.
- Rends-la-moi.
Cet ordre ramène Seychelles à la réalité. Pour autant, son effroi ne diminue pas.
Au contraire, il empire.
Elle prend conscience à quel point il pouvait la dominer.
Il est tellement grand.
Il a tellement de force.
La scène de sa « presque » noyade s'est rejouée immédiatement dans son imaginaire, la plaisanterie en moins.
Si jamais cela se produit, elle n'aura pas la force de se débattre. Il n'y aura personne pour venir l'aider, ou ne serait-ce seulement l'entendre.
Les voix des autres pays résonnent en elle, hurlant toutes les atrocités que le russe a commis, à quel point il est dangereux, que sa santé mental est douteuse.
Tétanisée, elle n'ose même plus bouger. Le temps, le son, la brise qui souffle et les vagues qui caressent son corps, tout semble se suspendre. Seul le bruit de son propre cœur semble s'accélérer en crescendo.
Elle n'entend même pas la voix de Russie lui redemandant son écharpe.
Ce dernier finit par briser ce fragile équilibre en s'avançant d'un pas vers elle.
Seychelles réagit aussitôt.
Elle se met à courir comme elle ne l'a jamais fait auparavant, luttant contre la mer, faisant tout son possible pour s'enfuit loin de lui.
- SEYCHELLES ! REVIENS ! Rugit ce dernier dans son dos.
Même si la jeune femme avait compris, elle ne se serait pas arrêter. Tout ce qu'elle entend est l'orage qui tonne derrière elle, le grondemment d'une tempête qu'elle fuit.
La voilà face à la côte escarpée. Sans aucune précaution, elle escalade le mur mais à plusieurs reprises elle glisse de quelques pierres, se blessant jusqu'au sang les pieds, les jambes et le bout de ses mains. Pour autant, elle n'abandonne pas et une fois qu'elle trouve la bonne prise, elle ne s'arrête plus. Elle l'entend encore crier derrière, et il lui semble que plusieurs fois sa main calleuse frôle ses jambes. Mais plutôt que de l'arrêter, il encourage involontairement son effort.
En quelques minutes, elle se retrouve au sommet, et elle s'écroule sur le sol battu. Elle se sent hors de porter du russe et se permet de retrouver son souffle.
En même temps, sa tension s'apaise et prend conscience de la situation.
Dans ses mains tremblantes, elle tient fermement l'écharpe rosâtre du russe. Seychelles ne peut s'empêcher de se trouver idiote une fois qu'elle réalise cela : elle aurait dû lui rendre tout de suite. Cela aurait pu épargner cette scène.
Ce remord prend d'avantage d'ampleur quand elle remarque que plus de cinq minutes se sont écoulées depuis qu'elle a monté la roche.
- Russie ? Russie, est-ce que tu es là ?
Pas de réponse.
Mais elle entend les roches grincées de plus en plus fort, suivit bientôt d'une respiration saccadée et lourde.
Finalement, une ombre émerge enfin des ténèbres.
Elle le laisse monter, mais elle ne l'aide pas non plus. Au fond d'elle, son instinct reste sur ses gardes.
Il reprend son souffle. Elle ne bouge pas. Ils ne disent rien.
Et puis, Russie se relève. Il met toujours ses mains autour de son cou. C'est ridicule, parce qu'elle a déjà vu ses cicatrices, mais elle s'abstient de tout commentaire. Niveau crédibilité, elle n'est pas mieux lottie.
- Rends-la-moi... Rends-moi mon écharpe !
La lumière d'un lampadaire non loin d'eux éclaire faiblement son visage. Le simple fait de pouvoir distingué clairement son visage choque Seychelles.
Elle ne décèle pas de colère, ni dans sa voix ni sur son visage.
Elle y voit de la peur.
Alors, une voix plus forte que les cris de son instinct la submerge brutalement :
Est-ce que nous pourrions devenir amis ?
Un « ami » ne s'enfuirait pas pour une aussi grosse méprise... Ne peut-elle s'empêcher de penser amèrement.
Mais il n'est pas encore trop tard.
Balayant ses dernières craintes, elle s'avance vers lui et lui tend le bout de tissu, trempée par l'eau salée.
Il l'arrache de ses mains et se dépêche de l'entourer autour de son cou. Elle se recule une peu, se tenant les mains nerveusement. Lui, rajuste son écharpe méticuleusement.
Leurs regards se sont croisés.
La jeune femme ouvrit la bouche mais presque aussitôt, il lui demande de ne rien dire. Ils restent alors encore un moment à se fixer.
Et puis, malgré tout, des faibles murmures s'échappent des lèvres de l'africaine :
- Je suis désolée.
Son interlocuteur entrouvre sa bouche légèrement, surpris.
- Je suis désolée, répète-t-elle plus fort, je n'aurais pas dû réagir ainsi. C'était idiot, et je n'ai pas d'excuse. Pardon.
Il continue de la regarder. La juge-t-il ? Si c'est le cas, elle ne peut pas lui en vouloir.
Penaude, elle suggère de partir et de le laisser mais il la retient fermement. Puis, plus doucement, il lui demande :
- J'imagine que tu les as vues, pas vrai ?
- ... Les cicatrices ?
Il se contente de hocher tristement la tête en guise de réponse. Il ferme les yeux un instant.
- Seychelles, tu peux garder un secret ? Interroge-t-il lentement.
- O-oui, bien sûr. Je te jure que je n'en parlerai à personne ! Ajoute-t-elle rapidement.
L'homme lui porte de nouveau un regard inquisiteur. Mal à l'aise, Seychelles le fuit. La ville semble l'appeler au loin...
- Allons à l'hôtel. Il faut peut-être que je t'explique certaines choses... Mais pas ici.
Il est parti en avant. Elle a hésité un court instant mais elle finit par le rejoindre.
