Red is still here
- Un enfant Lisbon! Ce n'était qu'un enfant!
Il cria presque en le disant. Il se tenait debout tout près de sa fenêtre, la regardant avec un mélange de colère et de désespoir. Elle le fixa avec la même détresse qu'elle pouvait percevoir de lui. Aujourd'hui, quelque chose les avait d'autant plus touchés, que la cruauté de ce crime n'était comparable à l'ampleur du geste en lui-même. Un enfant avait été une de ses nouvelles victimes.
Ses yeux remplis de tristesse cherchaient une échappatoire, mais la réalité était là. Il ne put dire que:
- Je suis fatigué.
Il alla s'asseoir sur son canapé qui lui servait aussi de lit. Il se courba mettant son visage au plus bas comme dans l'abîme dont il se trouvait en ce moment, ses avant-bras croisés sur ses genoux. Elle hésita un instant, ne sachant s'il fallait le laisser seul ou pas. Elle se décida enfin et s'approcha de lui. Sans relever la tête, il lui soupira:
- Laisse-moi s'il te plaît.
Elle ne fit pas acte de ce qu'il venait de dire et vint se mettre à ses côtés sur le canapé. Elle se tourna légèrement vers lui et d'une voix douce lui dit:
- On y arrivera, on l'aura! On a une liste de noms, c'est déjà un énorme bon en avant depuis toutes ces années! On ne va pas abandonner...
Sur cette dernière parole, il releva la tête et eut un tout petit rire, mélangé de quelques sanglots qu'il avait du mal à contenir:
- Regarde où on en est arrivé! Ce qu'est devenue ma vie! Nos vies! A la merci d'un tueur en série! Voilà pourquoi je ne voulais pas que tu t'impliques autant, tu as tellement mieux à faire que ça!
Il secoua la tête et paraissait tellement perdu. Elle ne l'avait jamais vu aussi touché. Elle lui répondit:
- Il ne faut pas le laisser gagner! Je veux autant que toi que tout s'arrête... C'est ce que j'ai de mieux à faire, t'aider à en finir! Pour toute la souffrance qu'il t'a apportée...
- Lisbon...
Elle avait les larmes aux yeux et tentait de se contrôler à ne pas les verser. Elle mit doucement ses doigts sur ses épaules et timidement se rapprocha de lui. Hésitante, elle l'enlaça finalement et posa délicatement sa tête sur son épaule droite.
Il ne bougea pas. Puis elle se redressa un peu et tourna son visage vers lui et il en fit de même au même moment. Ils se comprirent à travers les yeux. Elle déposa un baiser sur ses lèvres, très furtivement. Dans la seconde qui suivit il l'embrassa lui aussi. Elle allait l'embrasser à nouveau, mais il se recula. Il la regarda gêné et murmura:
- Désolé.
Il fit retomber un masque sur lui et se leva. Il se dirigea vers la porte de sortie du grenier sans la regarder. Elle resta assise, confuse et attristée, sans cesser de l'observer. Il se retourna avant d'ouvrir la porte et lui dit juste:
- Il faut le faire tomber.
Et il quitta la pièce. Elle ne se leva pas, elle soupira et laissa échapper une larme.
