Titre : Les Choses Qui Changent 1/26
Rating : NC17
Disclaimer : Rien ne m'appartient. Persos à JKR et histoire à Eutychides (voir profile pour le lien vers le site de l'auteur).

Résumé : Après Poudlard, tout change.

Avertissements : Slash HP/DM, Mpreg, langage.

Béta : Elentári.


1.

Au départ, Il s'est senti vide de toute émotion lorsqu'il a entendu la nouvelle. Ce n'est pas un hibou, ni une note, ni un au revoir murmuré.

C'est la Gazette du Sorcier qui l'a annoncé.

Narcissa Malfoy, 41, trouvée morte chez elle dans –

Mais il ne peut en lire plus. Le journal tombe en tas à ses pieds. Il ne peut pas le voir, à cause de toutes les larmes qui naissent dans ses yeux et qui brouillent tout tout tout. Il tombe à genoux, incapable de bouger, à part pour les sanglots qui secouent son corps, jusqu'à ce que ses jambes aient des crampes et que le soleil disparaisse derrière les toits de Londres.

Sa famille, son tout, est partie.

Et tout est de la faute de Potter.

2.

Le froid de l'hiver arrive. Il fait inhabituellement froid à Londres, la neige recouvre les trottoirs, la neige recouvre les routes. Il a toujours froid et il ne sent ses doigts et doigts de pieds que lorsqu'il y a de l'eau chaude dans la baignoire de son appartement, ce qui n'arrive pas souvent.

Il fait peut-être froid à l'extérieur, mais il est mort à l'intérieur.

Personne n'a envoyé de cartes de condoléances, pas même Rogue, qui aimait sa mère, mais encore plus son père. Il n'est pas stupide. Il entendait les bruits venant du bureau de son père, par le passé quand ils étaient une famille, tous ensemble et vivants, quand Rogue venait rendre visite à son père et que sa mère voletait dans la maison et ordonnait aux elfes de maison de préparer le plus grand, le meilleur dîner avec du gâteau au chocolat en dessert, juste parce que c'était le préféré de Draco.

Il avait trouvé un gâteau au chocolat, à moitié mangé et rassis, dans une poubelle la semaine dernière. Il l'avait tenu dans ses mains, sa bouche salivant, son estomac grognant, mais il n'avait pas pu se résoudre à le manger, pas sans Père et Mère.

Il se cachait toujours, ils le recherchaient toujours. Quand il sort, c'est à la tombée de la nuit, sous des voiles et des capuches. Il est trop grand pour passer pour une sorcière, trop normal pour passer pour une harpie. Les sorts de Désillusion aident à peine si vous ne voulez pas avoir le Ministère à vos trousses. Il refuse d'aller dans le Londres moldu, malgré qu'il puisse le voir à travers l'unique fenêtre poussiéreuse de son appartement.

Les gallions du coffre familial forment de hautes piles dans un coin, près du matelas qu'il a transfiguré, et il aurait souhaité pouvoir tous les dépenser, juste pour pouvoir passer quelques minutes supplémentaires avec ses parents. Mère, suicide, dans le grenier du Manoir, découverte une semaine plus tard. Le corps de Père, jeté dans la Mer du Nord, mangé par les poissons. Personne ne s'en est inquiété, personne sauf lui.

« Je nous ai laissé tomber, » murmure-t-il. C'est son mantra, Semper familia, semper familiae. Le code des Malfoy est ancré dans son être et il jure de ne jamais, jamais les laisser mourir.

« Je nous ai laissé tomber, » murmure-t-il, jusqu'à ce qu'un matin, un journal abandonné lui vole au visage. Il le fourre dans sa poche, et rentre en flèche dans son appartement, toujours le voisin invisible.

La publicité est courte et simple, mais les mots sont comme de la magie pour ses entrailles blessées. Nous avons tout ce que vous désirez – Apothicairerie Familiale Appuleanis, 993 Allée des Embrumes. Ils ondulent vers le bas de la page, puis disparaissent.

3.

Le magasin de l'apothicaire était planqué dans l'un des recoins les plus miteux de l'Allée des Embrumes, pas loin d'un kiosque tenu par une harpie, surveillant sa marchandise de mains flétries et de foies humains mis en bocaux. Draco abaisse un peu plus sa capuche sur son visage. Aucune précaution n'est superflue pour éviter de se faire reconnaître. Il pourrait y avoir une prime pour sa tête.

De plus, il a peur. La façon dont ces vielles femmes flétries sont assises et le reluquent, comme si elles savaient ce qu'il préparait. La façon dont les sorciers se retournent sur lui, grimaçant ou jetant un regard noir ou montrant des dents pourries le fait frissonner. Sa cape est en laine, épaisse et trop grande. Il a des sueurs froides sous cette dernière.

Il est le seul à l'intérieur du magasin. Il pénètre dans une pièce sombre, pleine de bois noir, recouvrant tout, du sol au plafond. Il y a quelques étagères et de rares fioles. Des plantes séchées sont accrochées aux chevrons, ainsi que quelque chose de poilu et vivant dans un coin. Tout ici sent les ordures pourries, la fumée de marijuana et l'encens lourd, très lourd. Il tousse sous sa cape.

Les ombres s'étirent derrière le comptoir, un objet âgé en bronze et vert poussiéreux, recouvert de toiles d'araignées.

« Puis-je vous aider ? » croasse quelque chose.

Draco se retourne d'un coup. Quelque chose tire sur ses robes. Il se dégage, et voit un petit homme, aussi fripé que Flitwick de l'école et presque aussi petit, sauf qu'il a un énorme sourcil qui lui barre le front. Il sourit d'un air méprisant au petit homme.

« Je ne sais pas, » dit-il après une longue pause. « La potion que je recherche - »

« Est de la magie noire ? » raille l'homme. « Vous croyez que moi, je serais incapable de posséder quelque chose de magie noire ? »

« Je - » Il ne sait pas pourquoi il est venu ici en premier lieu. Peut-être parce qu'il désespérait, peut-être parce qu'il espérait. Peut-être que cela le détournera de la douleur laissée par la disparition de sa famille, même si seulement pour quelques minutes. Mais maintenant que Draco, à l'instant, doit penser à pourquoi il est ici, les frissons reviennent. Il secoue la tête.

« C'était une erreur, » marmonne-t-il et se tourne pour partir. Ses robes et sa cape flottants lourdement derrière lui. Le petit homme, pourtant, se précipite aussi vite qu'un lièvre, et bloque la porte.

« Oh, non, Monsieur, je pense que je peux vous aider, » dit-il. Il sourit, une lèvre se recourbant qui couvre la totalité de son visage. Ses yeux sont aussi brillants que l'horizon à Londres, même s'ils ressemblent à ceux d'une fouine. Il s'éloigne d'un pas rapide, zigzaguant vers le fond de la boutique et disparaissant derrière un vieux rideau de velours rouge.

Avec un « Aha ! » triomphant il réapparaît à nouveau, à peine quelques instants plus tard. Il grimpe sur le comptoir, près de la caisse et fait signe à Draco d'approcher en recourbant un doigt, pas plus grand que celui d'un enfant.

« Il me semble, » dit-il, posant une petite fiole, « que c'est ce que vous voulez. » Il hausse la moitié de son sourcil et se recule, encourageant Draco à saisir la fiole.

Draco se sert de la manche de sa cape pour la saisir. Il a connu trop de poisons, trop d'objets de magie noire pour savoir qu'il faut toujours mettre des gants. Et pourtant il est là, dans l'Allée des Embrumes, sans gants.

Il examine minutieusement la fiole. Elle n'est pas plus grande que son petit doigt. Fine et fragile, faite d'un verre du rouge le plus profond, fermée avec un scellé de cire, rendue marron foncé par la poussière et la suie. L'étiquette est aussi petite, mais les mots sont écrits d'une écriture claire.

Semimas fieri.

« Qu'est-ce que c'est ? » demande-t-il.

« La solution a tous vos problèmes. Vos problèmes familiaux. » dit l'homme.

Le sang semble quitter son visage aux paroles de l'homme. Draco repose son regard sur la fiole et la pose sur le comptoir. Il ne peut pas être au courant. Il n'y a aucun moyen. « Je ne peux pas la prendre, » répond-il.

Mais l'homme n'est plus là.

Et la boutique non plus.

Il se tient debout au beau milieu d'une ruelle, où un petit monticule de neige s'est formé sur le côté d'un bâtiment de pierres. Et au milieu de ce blanc, une goutte rouge sang. Il se penche pour prendre la fiole dans sa main, frissonnant lorsque sa peau touche le verre gelé.

Une fois chez lui, alors qu'il mélangeait la potion à une tasse de thé tiède, il pouvait déjà sentir le vide en lui empli de douleur commencer à se combler.